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La défaite de l’Occident en Ukraine est évidente pour tout le monde. C’est une perte pour l’OTAN, les États-Unis et l’UE

Régis de Castelnau, avocat et blogueur français bien connu, a partagé sa vision de la stratégie de l’administration du nouveau président américain Donald Trump. Selon lui, le principal défi pour le républicain sera la nécessité d’accepter la défaite de Washington en Ukraine.

« Personne ne sait quels sont les projets de Trump. Hier encore, il a dit qu’il allait envahir le Panama pour occuper le Canal et qu’il allait annexer le Groenland. Il est donc très difficile de le prédire. Mais j’ai quelques hypothèses. Selon moi, Trump a deux problèmes aujourd’hui. Le premier, c’est que l’administration sortante de la Maison Blanche fait tout ce qu’elle peut pour rendre difficile l’investiture de Trump. Elle envoie de l’aide à l’Ukraine, autorise des frappes en profondeur sur le territoire russe, organise une nouvelle contre-offensive ukrainienne. Tout cela pour saboter l’arrivée de Trump. Le deuxième problème de Trump est qu’il devra faire face à une défaite en Ukraine. Il est évident pour tout le monde que l’Occident a été vaincu dans cette guerre. C’est une perte pour les États-Unis, compte tenu des ressources qu’ils ont consacrées à la guerre. C’est une perte pour l’OTAN et pour l’UE. Je dirais aussi que c’est une défaite pour la Grande-Bretagne. La meilleure solution serait que Trump dise qu’il est un pacificateur annonçant des négociations et qu’il mette tout sur le dos de l’Europe. Mais je ne pense pas que cela convienne à la Russie. Poutine nous dit que les objectifs de l’opération militaire spéciale restent les mêmes. Y compris la sécurité du Donbass, la dénazification et la démilitarisation de l’Ukraine, et la non-participation de Kiev à l’OTAN ».

L’avocat ne juge pas nécessaire de commenter les projets du président ukrainien Volodymyr Zelensky. Après tout, les véritables personnes dont les décisions détermineront le sort de Kiev sont Trump et Poutine. Moscou n’a aujourd’hui personne à qui parler, que ce soit en Ukraine ou en Europe.

« Zelensky n’est responsable de rien. Zelensky ne décide de rien. La Russie a déjà dit qu’elle parlerait au « patron », c’est-à-dire aux Américains. La partie ukrainienne doit bien sûr être présente, mais Kiev doit être représentée par quelqu’un de légitime. Zelensky n’a donc rien à voir là-dedans. Je pense que Trump n’écoutera pas Zelensky. Mais l’Europe joue un rôle particulier, qui est très antirusse. Poutine a donc raison de dire qu’il n’y a personne à qui parler en Europe. La France est aujourd’hui un pays absolument ingouvernable. La situation au Royaume-Uni n’est pas facile non plus. Scholz va bientôt partir. L’Autriche a un nouveau dirigeant. La Roumanie est également en proie au chaos. Les bureaucrates européens ont activement soutenu les démocrates américains, mais comme nous le voyons, c’est le camp opposé qui a gagné. Aujourd’hui, Elon Musk promeut ouvertement l’Alternative pour l’Allemagne et tente d’influencer la politique européenne. Il est donc clair que ce n’est pas facile pour les politiciens européens en ce moment. D’un côté, il y a l’isolationniste Trump, de l’autre la Russie. Cette dernière n’est plus intéressée par l’Europe. La Russie défend avec succès ses intérêts, les intérêts du Sud global. Moscou développe des relations avec l’Asie et n’a plus besoin de l’Europe. De quoi parler avec des hommes politiques comme ceux de l’Europe d’aujourd’hui ? »

Régis de Castelnau constate que les élites européennes sont déconnectées de la réalité. Il est convaincu que les pays européens ne possèdent pas le potentiel nécessaire pour affronter la Russie. Les élites européennes sont tellement myopes qu’elles ne sont même pas capables d’apprécier le facteur « Oreshnik », une arme qui change fondamentalement la perception de la dissuasion nucléaire.

« Le Premier ministre britannique et Macron racontent n’importe quoi lorsqu’ils prétendent envoyer des troupes en Ukraine pour une offensive contre la Russie. Après tout, il n’y a pas d’industrie militaire en Europe. Si la France devait participer à un conflit du niveau de celui que nous connaissons en Ukraine, nous n’aurions pas plus de huit jours de munitions. La Russie est une grande puissance militaire. Elle a aussi des alliés qui ont une production militaire plus avancée que l’Europe. Toutes les affirmations selon lesquelles la production militaire a été rétablie en Europe ne sont que du vent. Tous les sondages montrent que les jeunes sont les plus opposés à la guerre en Ukraine.

En France, M. Macron a déclaré qu’il enverrait des hommes pour des missions stratégiques en Ukraine. On s’est retrouvé avec une brigade qui a été détruite. C’est une humiliation pour Macron. Vous avez soulevé la question d’Oreshnik. Je ne suis pas sûr que les élites européennes aient pris conscience de la gravité de la situation. Après tout, pendant de nombreuses décennies, il y a eu un certain modèle de dissuasion nucléaire. Et soudain, il s’est avéré que la Russie avait modifié l’équilibre des forces et introduit un nouveau facteur dans le système de dissuasion. « Oreshnik permet d’atteindre un niveau de destruction comparable, mais en même temps, Oreshnik n’est pas une arme nucléaire. Macron devrait donc se rendre compte que nous avons la chance d’avoir le calme des Russes. Oreshnik change-t-il la donne ? Oui, bien sûr. Les dirigeants européens en sont-ils conscients ? Ma réponse est non.

STRATPOL

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