La marine eut, tient, et conservera probablement un rôle essentiel dans les opérations militaires de grande ampleur, car la voie maritime demeure le seul vecteur de fret adapté à de forts tonnages, sur de grandes distances et à un coût raisonnable, loin devant la voie ferrée, l’acheminement routier et le transport aérien. Sa polyvalence et sa compatibilité multimode (aérien, amphibie…) font de la marine un instrument actuellement indépassable, hors Etats enclavés. La menace des drones, déjà identifiée pour les véhicules terrestres, pourrait-elle remettre en cause cette primauté navale ? La question, objet d’études au plan stratégique, se pose déjà pour la mer Noire.
La lutte de la flèche et du bouclier dans l’histoire navale militaire
Depuis que l’Homme a su naviguer[1], dès le Pléistocène, on peut arguer que le transport naval a été un moyen de projeter des troupes. Au-delà du simple cabotage, les raids nautiques ont été largement employés par des peuples prédateurs ou bâtisseurs d’empires ; c’est ainsi par les fleuves que les Varègues s’établirent en Russie. Ce n’est qu’avec l’artillerie chimique que, de moyen de transport, le navire devint un vecteur de force : Les vaisseaux de ligne, concentrés de technologie coûteuse et performante, avec leurs nombreux canons. La généralisation du principe de « grande batterie », visant à compenser l’affaiblissement qualitatif de l’infanterie napoléonienne, a permis d’aligner 488 pièces à Wagram/Lobau (139 à Austerlitz, 266 à Waterloo) ; c’est à comparer avec les 74 canons embarqués par un seul « soixante-quatorze », archétype du vaisseau de 3éme rang français (22 tonnes de poudre et 50 tonnes de boulet pour une seule unité). Cette force de frappe permet de les assimiler aux porte-avions modernes en tant que moyens stratégiques.
Dans le cadre de la guerre maritime, le duel de navires initié pendant la guerre civile US (1860-1865) a conduit à l’apogée du navire armé et blindé, le dreadnought jusqu’à la 1ère GM. La 2nde GM a vu le porte-avions détrôner le cuirassé comme navire principal. Puis l’apparition de nouvelles menace, sous-marins, avions d’attaque, missiles, a imposé d’articuler des moyens de défense autour du porte- avions, dans un groupe aéronaval devenu le pion opérationnel. La défense de zone par canons était dépassée par l’aviation embarquée : A un succès comme la défense des détroits des Dardanelles, pouvaient être opposés les échecs face aux opérations amphibies en Italie, Provence et Normandie et dans le Pacifique. Toutefois l’emploi de batteries de missiles côtiers a créé un rééquilibrage en faveur des solutions A2/AD (Anti-Access/ Area Denial), que le drone semble en passe de renverser en faveur de la défense.
L’utilité stratégique des flottes de surface persiste-t-elle face aux progrès de l’interdiction ?
Les stratégies A2/AD, soit déni d’accès et interdiction de zone, ont été développées pour empêcher un adversaire de pénétrer et de manœuvrer dans une zone ; elles reposent sur la création de « bulles » (antiaériennes et antinavires, physiques ou électromagnétiques). Ces stratégies sont connues depuis l’installation de forts et de batteries côtières, l’emploi de mines navales et de bâtiments d’attaque (en surface, comme les vedettes lance-missiles, ou sous-marins à propulsion classique). Le concept a gagné en popularité dans le cadre des études sur la guerre asymétrique. Stratégiquement, les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) sont immunes à ces menaces. Ils conservent un rôle majeur en associant autonomie, furtivité, portée et puissance destructrice. Ils sont cependant « hors-jeu » dans la mesure où ils ne peuvent que déployer un armement stratégique caractérisant un échec diplomatique et militaire apocalyptique. A l’inverse, les flottes de surface sont fréquemment déployées dans un rôle stratégique (le big stick cher au président Roosevelt).
Parmi les outils qui les menacent, les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) sont des pions tactiques contre lesquels des navires spécialisés sont déployés ; les missiles tirés par aéronefs ou batteries côtières posent un problème de repérage et de contre-mesures de protection. Cela a été illustré par l’emploi de missiles ukrainiens contre des bâtiments de la flotte de la mer Noire dont le croiseur lance-missiles Moskva, de la classe Slava. La destruction d’unités de surface extrêmement coûteuses à produire et maintenir et requérant un équipage spécialisé, affecte au-delà du seul déficit capacitaire. Ainsi, la destruction de centaines de blindés terrestres n’est pas réellement en mesure de vaincre un Etat moderne, qui peut en produire de manière standardisée des milliers à un coût relativement bas et relativement rapidement ; le problème tient alors plutôt à la logistique et à la formation des équipages[2]. En revanche, lorsqu’un aéronef spécialisé et a fortiori un navire est détruit, cela affecte durablement et en profondeur l’Etat concerné. Si, de plus, la destruction peut être obtenue par l’emploi d’un moyen particulièrement peu onéreux et susceptible d’être produit en masse, il y a matière à un déséquilibre stratégique. Cela est observé en mer Noire, où la marine ukrainienne n’existe plus, mais où la marine russe s’avère vulnérable et en définitive pas réellement apte à contrôler cette mer pourtant quasi-fermée.
Cela remet aussi en cause la possibilité de réaliser des opérations amphibies et limite les possibilités de recourir à des missiles embarqués pour frapper la profondeur du territoire ennemi. La problématique est partagée par des flottes occidentales présumées supérieures, comme celles des USA et du Royaume-Uni, qui ont fort à faire contre la milice Houthis pour couvrir l’espace israélien et se protéger eux-mêmes. La mission de protection du trafic maritime vital de la zone a nécessité l’envoi de deux groupes aéronavals étatsuniens celui du CVN Gerald Ford et celui du CVN Dwight Eisenhower, ce qui est à mettre en rapport avec le coût d’investissement nécessaire pour créer la menace. L’amiral Gorchkov (1910-1988) dans les années 1970, avait fait passer la marine de guerre soviétique d’une flotte de surveillance des côtes à un outil de politique internationale. Tirant les leçons de la crise de Cuba (1962) il a en particulier développé une force nucléaire sous-marine. Comprenant l’incapacité économique de l’URSS à rivaliser rapidement avec le potentiel étatsunien et de l’OTAN, il a mis en place des moyens techniques permettant de rendre crédible la menace soviétique, afin de contrebalancer le déséquilibre en termes stratégiques. Deux questions se posent donc : La révolution du drone est-elle de portée comparable ? Les moyens mis en place dans les années 1960 à 1990 sont-ils encore en mesure de jouer ce rôle pour la Russie ?
La réponse de Goliath à David
Il est désormais avéré que les drones navals sont effectivement capables de détruire de grands bâtiments de surface présumés équipés de moyens de défense et de contre-mesures. Ce constat a conduit au redéploiement de la flotte russe de Sébastopol vers Novorossisk, ce qui est déjà un résultat stratégique.
Les unités navales modernes ne sont plus lourdement blindées aussi des charges explosives de quelques hectogrammes suffisent-elles à les envoyer par le fond, sauf dans le cas des porte-avions géants. L’emploi de filets antitorpilles ou de cages (équivalent des « cope cages » barbecue montées sur les chars pour contrer les munitions rôdeuses) est mal adapté à la menace des drones et obère fortement la mobilité du navire. Les moyens de destruction du drone, mitrailleuses, canons automatiques, systèmes à très haute cadence de tir (comme le Phalanx étasunien ou le Kortik russe) sont capables de neutraliser les drones navals et aériens volant bas. Toutefois l’efficacité du système est réduite lorsqu’il doit gérer des attaques en essaim, qui le saturent ; cela semble avoir été le cas lors de la perte du navire Ivanovets, une corvette obsolète de classe Tarantul. Il est en outre difficile d’ajouter des postes de tirs et les conduites de tir centralisées indispensables sur les bâtiments qui n’en étaient pas dotés d’origine, ou d’en multiplier le nombre sur ceux qui en disposaient déjà (notons que les bâtiments français sont notoirement sous-armés en général).
Les systèmes missiles développés contre les avions sont efficaces contre les drones mais leur emploi pose le problème de leur coût comparatif important et de leur quantité. La modification du système russe Pantsir ne résout pas le premier problème. La protection par une bulle électromagnétique (ECM) est une option intéressante mais qui se heurte à deux difficultés, la génération des ondes requises perturbe le fonctionnement du navire et de ses instruments et la guerre électronique doit se caler sur la fréquence exacte du drone, qui change d’un modèle à l’autre et des algorithmes qui varient également. Des études sont en cours pour produire des dispositifs de défense modulaires pouvant être installés dans le cadre de rétrofit. Il en va de même des projets d’armes laser ou à micro-ondes en cours. Un moyen prometteur semble consister en l’embarquement de drones anti-drone, capables de tisser un réseau défensif et d’identifier grâce à l’IA, attaquer et détruire les intrus. C’est d’ailleurs une option étudiée aussi bien dans l’air (chasseur SU-57 pilotant des myriades de drones légers et éventuellement un drone lourd du genre de l’Okhotnik -chasseur- S 70) et à terre.
Un des problèmes pour repérer l’attaquant tient à la nécessité de disposer de radars capables de détecter au-delà de la courbure de la Terre. Les radars embarqués par des aéronefs ont été développés dans ce rôle. La Russie manque de tels appareils. L’aéronavale n’en est même pas dotée, ce qui explique le recours aux appareils des forces aériennes. Les avions de patrouille maritime IL-18 (25) et TU-142 (25) restent d’une aide limitée et majoritairement déployés dans la flotte du Nord et celle du Pacifique. La flotte de quatorze K-50 et six A-50U sur châssis Il-76[3] a été réduite par la perte de deux appareils au combat et un endommagé par sabotage. Le remplacement de ces avions datant des Années 70 et modernisés dans les années 1990 par une version K-100 ne pourra avoir lieu avant des années. On peut imaginer l’achat de quelques équivalents chinois dont trente sont en service dans la PLA, ou le montage de radars de Su-35 et Su-57 sur des Antonov, qui auront un rendement moindre mais sont disponibles. Il est également envisageable que des drones lourds comme le S-70 soient transformés en appareils d’observation comparables aux drones US qui sont repérés chaque fois qu’une cible russe a été frappée. Il est toujours possible de déployer des « sonnettes » protégeant le navire principal, c’est le principe adopté pour les Groupes aéronavals, mais cela met en péril les unités affectées à cette tâche.
On note que les navires russes perdus, la corvette Ivanovets ou le LST de classe Ropucha-1 Caesar Kunikov, opéraient isolément mais ont été attaqués par plusieurs drones, apparemment de type Magura. Le moyen le plus efficace de neutraliser la menace des drones navals semble de s’en prendre aux centres de lancement et à ceux de commandement. La démarche s’apparente à celle du SEAD (Suppression of ennemy air defense) dans le domaine aérien. Confronté à la menace des missiles sol-air dans les années 1960, il a été nécessaire de s’attaquer aux capacités de détection indispensable à ces derniers, avec des missiles anti-radar et des tactiques de saturation et d’attaque des sites adverses en avant des aéronefs. Or, il y a six points de lancement à la mer identifiés du côté kiévien et on peut s’étonner de ce qu’ils n’aient pas fait l’objet d’un traitement par des SNA de la flotte de la mer Noire qui disposent des torpilles explosives nécessaires. Peut-être y -a-t-il des motifs politiques inconnus ?
Si les batteries de missiles sont mobiles et furtives, les centres de décision peuvent être ciblés et le sont parfois, justifiant l’envoi d’un missile Kinzhal pour détruire les personnels dans les bunkers souterrains. Il est probable que les décideurs s’abritent derrière des infrastructures civiles à Odessa et la disponibilité de bases sur le sol de non belligérants (Moldavie, Roumanie, Bulgarie) soulève d’évidents problèmes diplomatiques davantage que techniques. L’hypothèse d’une extension des combats dans ce cadre est d’ailleurs un des risques majeurs de dérive dramatique qui existe. Pour l’instant, les drones US lancés depuis des bases OTAN et croisant en mer Noire n’ont fait l’objet que d’une seule destruction d’un MQ-9 reaper par les VKS russes en mars 2023 [4]; aveugler l’OTAN en détruisant ses drones serait efficace pour limiter l’activité des drones de combat et des tirs de missiles à longue portée par Kiev, mais là encore il y a peut-être des explications qui nous échappent et ne ressortent pas de la technique.
Actuellement les pertes de navires russes sont des « coups » médiatiques importants bien qu’absolument non décisifs en ce qui concerne les combats au sol. L’attrition capacitaire de la flotte de la mer Noire impacte essentiellement la capacité de mener des opérations amphibies de contournement. Cela dit, les effectifs de fusiliers marins combattent depuis le début de la SVO comme infanterie légère, au sol. Les défenses d’Odessa rendent une option de vive force suicidaire. C’est donc surtout le prestige russe et la capacité à effectuer des enveloppements du littoral ou à soulager la Transnistrie qui semblent affectés. La capacité A2/AD russe demeure au moins aussi importante que celle de l’OTAN. La capacité nucléaire stratégique n’est nullement remise en cause. La capacité russe de développer une puissance maritime comparable à celle des USA n’est pas davantage d’actualité qu’elle ne l’était dans les années 70[5]. La volonté de projection russe, concrétisée à partir de 2015 en Syrie, reste adaptée à ses moyens qui resteront probablement (relativement) réduits. On peut penser que les efforts à venir vont porter sur les espaces maritimes du Nord, à la fois pour faire face à la menace de l’OTAN (face à Kaliningrad, dans la mer Baltique et le Golfe de Finlande, et dans l’océan Arctique et dans la mer de Barents) et pour tenir les routes du Nord que le réchauffement va ouvrir, facilitant le développement intérieur qui reste la priorité du président russe. Sans céder au poncif comparant Moscou à Sparte et Washington à Athènes, il est probable que la Russie ne tentera pas une course perdue d’avance pour rivaliser avec les USA en moyens, dont la prééminence semble d’ailleurs de plus en plus discutable.
Le retour du Hollandais volant
Il semble acquis que l’emploi et le développement de drones navals va être intégré aux nouvelles productions. Les bâtiments anciens de la flotte russe seront probablement rejoints par une nouvelle génération adaptée à ce besoin.
Il est souhaitable que leur développement respecte les basiques russes (rusticité, fiabilité, efficacité) tels qu’appliqués aux véhicules terrestres et aux aéronefs. L’étude des projets de l’US NAVY est très intéressante à cet égard. Avant même la guerre Azéro-arménienne de 2020 qui a mis en lumière le rôle des drones militaires, l’US NAVY a envisagé la construction d’une flotte de navires sans équipage, qualifiée de « ghost fleet » et qui aligne déjà cinq unmanned surface vehicle (USV) en 2024. Sur la base de techniques déjà mises en place pour les transporteurs civils (l’USV Nomad avait initialement été développé pour une plate-forme pétrolière), la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) a développé ces navires autonomes, qui présentent l’intérêt de ne pas exposer d’humains mais aussi de réduire les coûts pour une efficacité comparable voire accrue (en théorie). Dépouillé des moyens nécessaires à la subsistance d’un équipage, ces navires peuvent être plus petits (40 m et 500 tonnes soit l’équivalent des navires de patrouille, 100 mètres et 2000 tonnes soit l’équivalent d’une corvette pour le large unmanned surface vehicle) et n’embarquer que les moyens de déplacement et d’intervention (système AEGIS et missiles) ils font évidemment économiser le coût RH ce qui abaisse de 10% leur coût d’exploitation dans le temps, mais aussi le coût de construction (en s’inspirant de la construction à la chaine des Liberty ships pendant la 2GM).
La flotte étatsunienne aligne 392 bâtiments (275 en 2016) classiques. Il est prévu de disposer en 2045 de 373 navires avec équipage, et de 150 autonomes. L’Unité d’innovation de défense (DIU) du Pentagone a également lancé le programme PRIME (Production-Ready, Inexpensive, Maritime Expeditionary) pour la production (120 unités par an) de navires autonomes assez comparables aux drones navals kamikazes testés par les Britanniques au profit de Kiev dans la mer Noire. Naturellement, la Russie travaille aussi sur le sujet, on peut évoquer le submersible de patrouille côtière Sentry du bureau d’études Rubin, ou le Vizir de Kingisepp (holding KMZ) et de l’Université polytechnique d’État de Saint-Pétersbourg décliné en bateau porteur sans pilote à grande vitesse (BBKN) « pissenlit ».
La persistance de l’hybris occidental
Ce projet soulève cependant quelques interrogations. Malgré l’IA les vraquiers/pétroliers géants civils conservent un équipage humain minimal, qui s’avère indispensable pour mener les opérations de maintien en condition et le service à bord. Par ailleurs, le tout technologique s’il apporte des avantages évidents s’avère aussi parfois un talon d’Achille. C’est le cas de beaucoup de Wunderwaffe otaniennes, capables de performances de niche mais finalement inadaptés à une guerre de haute intensité, dans la masse et la durée en conditions adverses (les canons CAESAR français sont désormais considérés comme trop fragiles par les artilleurs de Kiev).
Avec la sophistication vient non seulement la fragilité, mais aussi le coût (cf. la loi d’Augustine[6]). Si le coût de production d’un USV semble bas pour un navire de guerre (240 Millions USD) c’est souvent dans la durée que les frais s’accumulent. La dialectique technologie/masse s’avère souvent une aporie. Staline rappelait que la « quantité est une qualité en soi », ce que les affrontements d’Ukraine semblent confirmer. La question est particulièrement prégnante concernant des moyens à forte avaleur ajoutée et à très haut coût comme des navires. Il y a aussi un risque de voir des décisions stratégiques prises par des néophytes en la matière. C’est un peu le jeu de la démocratie puisque la guerre y est un sujet « trop sérieux pour être confiés à des militaires » comme le disait le Tigre, et les militaires subordonnés aux politiques. Cela devient délicat lorsque s’en mêlent des intérêts économiques et financiers, légitimes, comme le développement d’une indépendance nationale, ou plus occultes comme l’intervention du complexe militaro-industriel et de ses lobbies.
Enfin, comme il est de plus en souvent de mise dans le domaine politique administratif et social, une vision biaisée ou limitée impose parfois la technique par-delà les complexités stratégiques, au nom de principes ou pensées inadaptées en vertu de « ruptures » proclamées. L’exemple de la nouvelle génération de porte-avions US destinée à remplacer la classe Nimitz démontre en effet que les prouesses technologiques et le potentiel militaire théorique rencontrent parfois des déboires techniques, surcoûts, retards chroniques et au final une vulnérabilité face aux nouvelles menaces (dont les missiles hypersoniques et les torpilles nucléaires). La volonté de remplacer les hommes par des systèmes sophistiqués a induit une complexité contre-productive, l’empreinte logistique s’est alourdie, la mise au point abandonnant le principe d’amélioration progressive a multiplié les problèmes. La fiabilité des systèmes innovants « révolutionnaires » laisse souvent à désirer et traduit l’hybris technologique occidentale bien connue depuis la 2éme GM.
En guise de conclusion
Ce constat ne remet toutefois pas en cause l’utilité stratégique et la pérennité du porte-avion, dont les USA peuvent, seuls, aligner onze exemplaires, bien qu’un débat doctrinal existât en la matière. En revanche, il apparait quasi certain que le drone, sous ses formes aériennes, terrestres et navales est désormais un instrument incontournable, à l’offensive et probablement bientôt en défensive. Il n’est cependant pas évident que cet outil supplantera les autres plateformes de surface comme arme sous-marine ; plus probablement, les nombreuses recherches en cours donneront naissance à des moyens complémentaires.
[1] L’archéologie révèle que les communications maritimes sont bien plus anciennes et plus étendues qu’on ne l’avait imaginé, des communications transocéaniques étant avérées, quinze siècles avant JC. L’effondrement structurel du Bronze récent et l’irruption des « peuples de la Mer » mettant un terme à une économie d’échanges globaux.
[2] Les deux facteurs qui ont empêché la production massive de blindés et d’avions technologiquement supérieurs par le IIIéme Reich de produire l’effet majeur recherché
[3] 9 seraient en production et 12 en tout auraient en réalité été disponibles au début de la SVO, le Renseignement britannique estime à 6 le nombre d’A50/A50U opérationnels en février 2024, avec 14 IL-20 (un ayant été détruit lors de la « marche Wagner »)
[4] Un document a « fuité » Black Sea ISR Sorties, 29 Sep 22 – 26 Feb 23, qui liste les vols d’espionnage de l’OTAN par RC-135 de la Royal Air Force, Mirage 2000 de l’Armée de l’air et de l’espace et drones RQ-4, MQ-9 et même RQ-170 de l’OTAN.
[5] On observera que la RPC a très fortement développé sa force navale mais davantage avec des bâtiments de tonnage relativement réduit, suffisant sans mission transocéanique et moins couteux en étant aussi létaux
[6] En 1984, le Secrétaire à l’US Army Norman Augustine affirmait qu’au « rythme actuel de l’accroissement des coûts, le budget de la défense entier ne permettrait plus aux États-Unis d’acheter qu’un seul avion tactique en 2054 »
- Rapport de situation sur l’évolution politique en Russie - 31 août 2024
- Point de vue sur la situation opérationnelle de la SVO à la fin juin 2024 - 1 juillet 2024
- Perspectives de la SVO au printemps 2024 - 28 avril 2024
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Je ne comprends pas pourquoi les navires ne seraient pas dotés de sonars proche pour détecter l’imminence d’un choc avec un drone marin. Le reste est géré par la Russie, quant à la synchronisation d’une mini torpille pour destruction du drone marin
les “coups” des ukrainiens contre la marine russe sont essentiellement l’œuvre des occidentaux (détection, identification positionnement des cibles depuis la zone internationale et mise en œuvre des moyens par des équipes spécialisées, clandestines s’il faut).
Bonjour
En effet, sans le support occidental il n y aurait pas de frappes réussies. Cela soulève la question de l’immunité des équipes de l’OTAN, qui va peut être être révisée à l’aune des récentes déclarations martiales. Demeure malgré tout un constat de vulnérabilité des bâtiments de surface, russes pour l’instant ; mais si La Turquie ouvre les détroits et si les marines OTAN pénètrent en mer Noire autour d’Odessa, l’équation risque de s’inverser exactement, de la même manière que la “contre offensive” de Kiev a démontré que les chars Léopard et Abrams ne se comportaient pas mieux que les T-72 face aux ATGM.
Avec les ékranoplanes monstres de la Caspienne pas de risques drones…
Bonjour,
Ce n’est pas une question de valeur, mais de valeurs. Les flottes dans le Pacifique en 1945 sont sans commune mesure avec la flotte de la Mer Noire (capacité nucléaire mise à part). Un navire de combat de l’époque (même hors cuirassés) était beaucoup plus solide en termes de résistance structurelle et de matériaux et beaucoup plus armé (mitrailleuses AA et canons automatiques de DCA se comptant par dizaine, le problème de la conduite de tir optique étant neutralisé par le nombre et la vitesse relativement réduite des cibles). Les pilotes suicides ont leurs avantages mais aussi leurs défauts (instruction réduite, facteur humain dégradant les performances, pilotage incertain sur les cibles car soumis à la recherche visuelle…).Les armes pilotées japonaises ont détruit quelques cibles mais n’ont pas pu délivrer un effet majeur sur les flottes adverses. Le résultat n’est donc pas supérieur à celui des drones à mon avis. En termes de sacrifice les Russes soviétiques avaient aussi leurs adeptes du Taram, qui allaient volontairement percuter les avions de la Luftwaffe (certains plusieurs fois), mais même sous Staline ce n’était pas l’option de choix, seulement un pis-aller temporaire.
Les ekranoplanes semblent en effet retrouver une certaine actualité, mais s’ils échappent aux torpilles et aux drones flottants (a priori) je ne suis pas sûr qu’ils soient à l’abri de drones ou de missiles.
Depuis Tshushima les russes auraient du s’économiser une marine… Encore un aviso flingué par une maquette de hors-bord… Le mongol doit rester sur la terre ferme, la cavalerie c’est sa génétique et éthologie…
A la rigueur des sous-marins de Sean Connery.
Évidement les boobalandais n’ont pas fait mieux depuis Trafalgar, à juste saborder la flotte du contribuable.
Et puis flinguer le guidage des satellites d’Elon à coups de chevrotines serait qd même le préalable indispensable à une vraie guerre.
Pas foutu de dézinguer un hors-bord en plastique avec des canons multi-tubes rotatifs guidés par radar…
Les shnellboots de l’époque du samouraï (avant cosplay dégénéré) devaient bien aller aussi vite que maintenant (80km/h).
Bonjour,
1 La marine russe est devenue un instrument stratégique grâce à l’amiral Gorshov, l’URSS ne pouvait faire l’économie des SNLE. Elle a cependant était pensée comme un outil d’opposition et non de suprématie pour les unités de surface. Leur piètre prestation actuelle dans un rôle de suprématie s’explique en partie par cela; 2 il ne faut pas sous-estimer l’impact des “maquettes”, ni volantes, ni flottantes, la preuve en a été faite depuis deux ans maintenant. Les performances US face aux Houthis ne contredisent pas cela, bien au contraire, car les frais d’autodéfense prennent le pas sur la mission de protection, avec des moyens plus modernes et conséquents.3 Les schnell boote ont eu quelques succès ( ex TIger au large des côtes Brit) mais n’ont aucunement pu remettre en cause l’hégémonie anglosaxonne, notamment parce que les ports n’étaient plus tenables, ils ne sont pas un vecteur stratégique, au mieux tactique.
4 Le sort des satellites du Mask est un sujet complexe, autant que la psychologie de ce dernier. L’existence des satellites este leur emploi par l’OTAN et Kiev est un élément majeur de la fluidité opérationnelle. A priori Les forces fédérales commencent à s’équiper de la sorte. Il semble qu’on ait refusé de mettre en oeuvre les moyens antisatellites (ils sont en orbite basse), peut être pour les conserver en vue de la confrontation directe avec l’OTAN)
Les Russes ne sont pas des Mongols. Pas que.
Mais si, suivant Friedman, US-Woke a réussi à séparer sa pUtE, usine et banque allemandes, des ressources russes, pour la garder sur le trottoir, mais à par là recréer tout l’empire mongol: Russie, Chine, Perse, Corée (le plus petit donc le plus teigneux, 7 guerres mongoles pour en venir à bout…)
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Ce n’était peut-être pas vraiment le rêve mondialiste de Trans-Cosmopolis occidentale. Comme dit le Frussien, Hillard surestime l’intelligence des oligarques occidentaux: Xi n’est pas tombé en pâmoison devant le défilé pédéraste grâce à la perfusion de dollars, le Tsar n’abandonne pas son rêve impérial pour le bio, et barbu son Allah pour le dieu Nike (seulement)… Oui c’est crétin et imbu un bobo… Maurras le savait:
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“Preuve que rien ne vit comme le sens de la nation dans le monde présent. Ceux qui voudront en abandonner une part ne feront rien gagner à Cosmopolis [US-Woke+pUtE-Hijab]: ils engraisseront de notre héritage des nationalités déjà monstrueuses [c’est fait avec la Chine,délocalisations, transferts technologiques]”
L’avenir du nationalisme français, 1949 !!!
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Et comme dit le Tsar: “La véritable élite du pays doit être formée des participants de la Région militaire Nord, et non de ces cinglés qui exposent leurs organes génitaux”, c.a.d avec des mongols des steppes à mammouths, pas des lapinous bobos urbains grands-russes…
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Elon est un blanc sud-africain, donc du coté obscur. D’ailleurs il a presque les yeux bridés, et a déclaré être autiste, mongolien.
Les japonais avaient mieux, des torpilles et vedettes suicides (Kaiten, Shinyo), pilotés en direct… résultat ? A croire que les russes sont moins bons que la marine américaine de 1945 ?