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Le mythe de la société civile : influences sans frontières

Comme l’affirmait Joseph Goebbels, “Un mensonge répété mille fois devient la vérité.” De nos jours, pour transformer n’importe quel mensonge en vérité, il y a deux voies possibles : l’une verticale passant par les médias (de grand chemin dirait Despot), l’autre (d’apparence) horizontale qui diffuse le bobard de proche en proche dans le corps social avec une apparence de spontanéité. Comme la crédibilité des médias de grand chemin est carbonisée en occident, reste donc la soi-disant société civile. Dans notre ambiance de veillée d’armes, ses organes deviennent un enjeu géopolitique majeur.

Le grand cirque du chaos

La société civile a une apparence : celle d’un zoo hurlant d’ONG, de syndicats, de médias indépendants et de think-tanks qui prennent la pose pour mimer le cri du peuple. Elle a une réalité : celle d’une armée au service d’acteurs externes (États, oligarchies), utilisant des étudiants ou des déclassés comme soldats, l’argent public comme munitions, et des philantropes[1] comme généraux.

Archéologie du droit d’ingérence

Tout a réellement commencé au tournant des années 1980. Le 17 août 1977 est créé par décision du Congrès des Etats-Unis et sous l’influence du lobby pro-israélien (c’est l’époque de l’émigration des refuzniks d’Union Soviétique) le “State Department Bureau of Human Rights an Humanitarian Affairs”.

Renommé en 1994 sous l’orwellienne appellation de « Bureau de la démocratie » il fait des droits de l’homme, de la démocratie et de toutes ces sortes de choses partout dans le monde, un objectif de la politique étrangère des États-Unis soutenue par une flottille de B52s.

Dès le début de l’ère Reagan, le Département d’État finance directement des ONG qui interviendront sur les théâtres d’opération de la guerre froide notamment pour y faire du renseignement (pensons aux French doctors des sympathiques Kouchners et Malhuret ainsi qu’à leurs alliés des organisations caritatives salafistes en Afghanistan par exemple).

En 1983, apparait la NED (National Endowment for Democracy) qui assume la coordination des activités d’ingérence américaines travesties en combat pour la démocratie pendant que la CIA se concentre sur la politique de force.

Bientôt, le droit d’ingérence deviendra un devoir d’ingérence, et qu’importe si ces doctrines sont délinquantes au regard du droit international, the show must go on ! Les ONG – d’ailleurs parfaitement irresponsables au point de vue du droit international – sont passées de 50 au moment de leur reconnaissance officielle par l’ONU (1948) à près de 6000 aujourd’hui. Dans les années 1980, elles font la paire avec les nouveaux médias mainstream (CNN apparaît en 1980) :  elles fournissent gratuitement des informations “prêtes à l’emploi”, en échange du relai médiatique à leur propagande cosmopolite alimentant ainsi la machine de l’ingérence. Pensons aux casques blancs en Syrie, faux humanitaires, mais vrais communicants (accessoirement terroristes) financés par la NED, Le Royaume Uni et le Qatar !

Mais, et c’est la beauté de la chose, puisque nombre d’ONG ne sont en définitive que des extensions de l’État, elles se trouvent forts dépourvues lorsque l’État entre en révolution. C’est précisément ce qui est en train d’arriver aux Etats-Unis où l’absolutiste Trump vient de lancer sa croisade anti-oligarchique. A la faveur de celle-ci et aiguillonnée par l’audit du DOGE (Department of Government Efficiency, confié à Elon Musk) Trump a commencé par purger l’USAID. On ne découvre qu’aujourd’hui la vraie nature de cette pieuvre géante qui injectait 40 milliards de $ par an (l’équivalent de la moitié du budget de tous les services de renseignement US) dans ce que l’on peut voir comme l’une des plus grandes opérations de détournement et blanchiment d’argent de l’histoire.

Elon Musk, chasseur de vampires

Elon Musk s’en prend à une agence si corrompue qu’elle en ferait pleurer un cartel mexicain et il craint avec raison pour sa vie. L’audit en cours par le DOGE nous révèle un monde d’ONG moins romantique que la légende vendue par les médias.

Un exemple ? L’Aide humanitaire américaine en Haïti après le séisme de 2010, c’est 6 maisons construites et 4,4 milliards de $ évaporés. L’audit de l’USAID a déjà mis en lumière des méthodes comme l’utilisation de codes de catégorisation des paiements pour masquer la destination des fonds. On sait déjà que les fonds USAID ont massivement transité par la NED ou des ONG liées à Soros, le parrain de l’anarchie mondialiste.

Musk donne une idée du fonctionnement du système :

Soros n’est pas seulement un milliardaire, c’est un « programme parasite » – un « troyan » en jargon informatique – qui exploite le système de l’intérieur.

Soros utilise de petites quantités de son propre argent pour créer une influence massive : en fait, il amorce la pompe. Un don de 10 millions de dollars se transforme en une ONG d’un milliard de dollars, grâce à l’argent du contribuable acheminé par des organisations à but non lucratif soutenues par le gouvernement.

Étude de cas : Internews Network, l’ONG qui formate l’opinion mondiale

Fondée en 1982, Internews Network est une coproduction Soros – USAID – UE. Selon sa sympathique brochure, elle « travaille à améliorer la qualité du journalisme, se concentre sur la fourniture d’informations essentielles aux personnes pour qu’elles mènent une vie saine et épanouie, soutient les médias indépendants ».

Présente dans 30 pays, elle a collaboré avec plus de 4 200 médias à travers le monde, touchant une audience de 778 millions de personnes et formant plus de 9 000 journalistes en 2023.

Parmi les bénéficiaires : Politico (désormais ruiné par le gel des subventions USAID) mais aussi Reuters et l’AFP dont les journalistes ont été formés aux ateliers de “fact-checking”.

Car chez ces gens-là, on ne se contente pas de financer, on formate : 279 ONG ont été formées aux “bonnes pratiques journalistiques”, notamment au fact-checking pro-occidental en Géorgie et en Ukraine.

La recherche par les anglo-saxons de « l’infodominance » est théorisée depuis l’immédiat après-guerre froide, mais elle est ancienne : l’Opération Mockingbird mise au point dans les années 1950 sous la direction de Frank Wisner, chef du Directorate of Plans de la CIA, et accessoirement beau-père de Nicolas Sarkozy (le monde est petit !), a été révélée publiquement dans les années 1970. Le contrôle du narratif médiatique (y compris par la rédaction directe d’articles par la CIA – cf. Gekaufte Journalisten écrit par Udo Ulfkotte publié en 2014 – est bien sûr toujours d’actualité.

La nouveauté est l’accent mis aujourd’hui sur les médias indépendants issus de la sacro-sainte société civile.

Ainsi des médias d’opposition russes et biélorusses exilés dans l’UE mais aussi (et peut-être surtout) des nouveaux chiens de garde du politiquement correct que sont les ONG occidentales de fact-checking.

La caisse est tenue par l’UE, la NED et l’Open Society Foundation de Soros depuis le gel des fonds de l’USAID. Sources de financement alternative : la fondation Google News Initiative, des collaborations avec The Insider ou Bellingcat (MI6 et CIA, Atlantic Council (CIA toujours) et NED), Deutsche Welle ou BBC Russian.

Enfin, l’UNESCO, Freedom House (CIA) ou International Press Institute (UE et Soros), Reporters sans frontières (CIA) permettent de boucler les fins de mois.

Euromaïdan, Ukraine, 2014

Derrière les pavés, les cris et les morts, il y a du cash ! De 2004 à 2014, des ONG comme Chesno (USAID, NED), New Citizen (NED et Soros) et Internews (USAID) ont agi en chefs d’orchestre, mais ils étaient financés par des acteurs étrangers.

L’International Renaissance Foundation, branche ukrainienne de l’Open Society de Soros, a reçu les fonds USAID et NED pour des « projets civiques ». Elle interviendra régulièrement comme un intermédiaire entre les donneurs internationaux (les fameux 5 milliards$ de Victoria Nuland notamment) et les acteurs locaux.

Sociologie du chaos en Occident

Soros, avec son milliard annuel, prêche une société ouverte où tout est relatif sauf l’ouverture ! En Europe, ses milices humanitaires orchestrent les migrations tandis que son Project Syndicate (ONG basée à Prague qui fournit des articles à un réseau de plus de 500 médias) lave les cerveaux.

En Europe, une bonne nouvelle : les Américains partent. Le démantèlement d’USAID fragilise les ONG et les médias dépendants.

Une mauvaise nouvelle : le mondialisme s’enracine dans cette Europe occidentale qui maintient l’agenda relativiste, Ursula von der Leyen incarnant cette continuité.

Voici ce qu’en dit Orban : “Nos craintes se sont confirmées, le réseau d’ONG mondialistes-libérales-Soros s’est réfugié à Bruxelles, après que le président Trump a porté un coup dur à leurs activités aux États-Unis.”

Il est certain que le retrait américain sera au moins partiellement compensé par le contribuable européen. Déjà 132 millions pour des médias pro-UE ! Premiers servis : les médias « indépendants » ukrainiens, géorgiens et serbes. Mais aussi des médias officiels en déshérence (AFP, ZDF, Deutsche Welle, Euronews…). Nouvelle tendance : l’appel « citoyen » à la censure pour « protéger la démocratie ». Dernier exemple en date : plus de 75 ONG totalement obscures, des syndicats, des représentants de diocèses allemands, etc. (bref, la prétendue société civile allemande) demandent à Merz une régulation plus stricte des plateformes de réseaux sociaux.

Ce qu’on nous demande de croire : la société civile exige plus de censure pour sauver la liberté d’expression ! Cette dénaturation paranoïaque de la société civile est la voie non plus d’un simple maccarthysme mais d’un authentique totalitarisme !

Un “Système à trois têtes” (Washington, Bruxelles, et Soros) en crise

L’hydre a perdu une tête à Washington. Orbán, cet audacieux chasseur de vampires des Carpates affirme avoir “pour la première fois, vu la peur dans leurs yeux” suggérant que la victoire de Trump a “fermé les robinets financiers” aux ONG libérales. Elles sont aujourd’hui repliées chez nous, avides de vengeance et de sang frais.

La bataille pour l’Europe vient de commencer.

Thierry Thodinor


[1] Notons que dans la bouche menteuse des médias, les occidentaux ont le bonheur d’avoir des milliardaires philanthropes, là où les Russes souffrent sous le knout de vulgaires oligarques !

STRATPOL
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