Le Premier ministre qatari révèle une coordination avec les États-Unis et Israël pour lutter contre le Hamas !
Les États-Unis et Israël sont « pleinement conscients » de la manière dont le Qatar a acheminé des fonds vers Gaza, contrôlée par le Hamas, durant la longue décennie précédant les attaques du 7 octobre 2023 contre l’État hébreu.
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al Thani, s’est exprimé lors du Forum de Doha qui se tenait dans sa capitale. Dans une interview accordée au présentateur Tucker Carlson, il a expliqué l’origine des scénarios qui ont souvent conduit à accuser le Qatar de « financement du terrorisme » en raison de ses liens avec le Hamas, dont il abrite le siège politique depuis 2012.
Al Thani dévoile le triangle Qatar-États-Unis-Israël
S’adressant à Carlson, Al Thani n’a pas révélé d’éléments nouveaux particuliers, mais il s’est exprimé clairement d’un point de vue institutionnel, révélant ce qui s’est passé politiquement au début des années 2010, période chaotique marquée par le Printemps arabe au Moyen-Orient et la proximité de Doha avec l’Occident, tant pour soutenir le changement de régime en Libye que pour déstabiliser le dictateur syrien Bachar el-Assad.
Al Thani a déclaré à Carlson que ce sont les États-Unis qui ont demandé au Qatar d’accueillir le bureau politique du Hamas lorsque l’organisation, qui gouverne Gaza depuis 2006, a quitté la Syrie en 2012. « L’établissement de relations et de communications avec le Hamas remonte à plus de dix ans, treize ans, à la demande des États-Unis », a-t-il affirmé. Par ailleurs, le Premier ministre et membre de la famille royale qatarie a soutenu que le Qatar avait envoyé des fonds à Gaza, insistant sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un financement du Hamas, mais d’un soutien à la population palestinienne, et que toutes ces actions avaient été menées en coordination avec Israël et les États-Unis.
L’article de Meshal sur le Hamas et les craintes américaines concernant la Turquie
Il est certain que la distinction entre « financement de Gaza » et « financement du Hamas » est fallacieuse, d’autant plus que dans la bande de Gaza, le Hamas constitue un État-parti à part entière. Cependant, les propos d’Al Thani sont fondamentalement exacts. De 2012 à 2023, le Qatar a transféré environ 1,8 milliard de dollars à Gaza, sous forme de versements mensuels pouvant atteindre 30 millions de dollars, en coordination avec Washington et Tel-Aviv.
En 2012, l’invitation faite au Qatar d’accueillir le Hamas visait à empêcher la Turquie d’acquérir une hégémonie et une prépondérance régionales excessives. La Turquie était le protecteur de Khaled Mashal, alors chef et véritable stratège politique du groupe. Ce n’est pas un hasard si ce dernier réside aujourd’hui dans ce pays d’Anatolie et a été la cible d’une tentative d’assassinat israélienne visant lui et d’autres négociateurs du Hamas, qui a frappé Doha le 9 septembre.
C’est ainsi qu’Israël a légitimé le Hamas.
Dans les années qui ont suivi, pour Israël et Benjamin Netanyahou, autoriser le Qatar à ouvrir des flux financiers vers Gaza leur permettait de légitimer, sans l’admettre ouvertement, le Hamas au sein de la sphère palestinienne, promouvant ainsi une politique de division et de domination à l’encontre de l’Autorité palestinienne basée en Cisjordanie.
Pour les États-Unis, ces deux mesures garantissaient la résolution de tout risque de conflit entre Israël et les Frères musulmans, considérés comme deux des trois piliers, avec l’Arabie saoudite, du confinement de l’influence iranienne dans la région. Les liens entre le Qatar et le Hamas ont ensuite été activement exploités par le président américain Donald Trump pour faciliter une médiation entre les militants de Gaza et le Hamas au cours du second semestre 2025, et Al Thani, s’exprimant auprès de Carlson, a réaffirmé le rôle régional de Doha.
L’interview du Premier ministre avec le présentateur américain est donc l’occasion de rappeler la complexité du passé et, surtout, la nécessité de rejeter toute explication simpliste. Lorsque, en Israël, ces derniers mois, l’extrême droite a qualifié le Qatar d’État « soutenant le terrorisme », elle a souvent oublié que ce même État a été aidé dans son expansion à Gaza par celui qui, aujourd’hui, se présente comme le champion de la lutte contre le terrorisme : Benjamin Netanyahou. Et par une Amérique désireuse d’instrumentaliser Israël et les fractures régionales pour contenir ses adversaires au Moyen-Orient, quitte à rendre la région ingouvernable.
- Le Premier ministre qatari révèle une coordination avec les États-Unis et Israël pour lutter contre le Hamas ! - 9 décembre 2025
- États-Unis. Le chef du Pentagone, Pete Hegseth, dans la tempête ! - 8 décembre 2025
- Pourquoi l’affaire Mogherini est un avertissement pour l’Union européenne ! - 4 décembre 2025


