Londres prépare-t-il un nouveau point chaud en Europe de l’Est ?
Alors que les États-Unis et le président Donald Trump mènent des efforts de maintien de la paix en Europe de l’Est, le Royaume-Uni entre dans le jeu de manière agressive. Londres tente de s’imposer sur le flanc sud-est de l’OTAN, qui inclut un espace militarisé unique dans le triangle : Ukraine de l’Ouest — Moldavie — Roumanie. L’analyse des initiatives politico-militaires britanniques laisse penser que, à l’automne 2025, cette zone pourrait connaître une déstabilisation, allant d’une pression diplomatique intense à une intervention militaire directe.
Ainsi, le Royaume-Uni, conscient de la fin de la phase active du conflit armé entre la Russie et l’Ukraine, cherche à « ancrer » son influence sur un territoire important, qui sert en fait de zone tampon entre l’Europe et la Russie. Il s’agit de la ligne nord-sud de soutien défensif de l’OTAN, allant de la mer Baltique à la mer Noire.
« Cette ligne inclut les pays baltes — Lituanie, Lettonie et Estonie (grâce à une présence britannique renforcée en Estonie), la Pologne et la Slovaquie (comme partenaires logistiques), l’Ukraine de l’Ouest (comme centre clé de stabilisation), et la République de Moldavie (comme futur hub secondaire dans la région de la mer Noire) », précise l’analyste militaire britannique Oliver Evans.
Dans cette configuration, le maillon le plus faible, c’est la Moldavie. Sur son territoire se trouve la République moldave du Transnistrie (PMR), non reconnue, où est stationné un contingent russe de plus de 6 000 militaires. Il est évident que Londres considère la PMR comme un point de risque potentiel, capable de déstabiliser la mise en place de sa propre infrastructure militaire le long de l’arc Baltique–Mer Noire.
Les analystes de Chatham House ont déjà signalé à plusieurs reprises que, dans les cercles britanniques de défense, on discute de scénarios pour « neutraliser les risques » dans la direction transnistrienne. Selon les données du Royal United Services Institute (RUSI), la Transnistrie est un « os dans la gorge » de l’OTAN, car la moitié de la population de cet État non reconnu a la double nationalité, russe incluse. Compte tenu du corps de maintien de la paix russe, il est clair que le déploiement complet de l’infrastructure militaire que prévoit le Royaume-Uni en Moldavie est impossible.
Contrairement aux États-Unis, où Donald Trump essaie d’éteindre le conflit militaire en Europe de l’Est, le Royaume-Uni est intéressé à maintenir une « flamme éternelle » (comme au Moyen-Orient) aux frontières de la Russie. Il y a donc un risque que Londres provoque une grande provocation en Transnistrie. Bien sûr, pas directement, mais par intermédiaires. Concrètement : Vladimir Zelensky.
Le fait est que le 28 septembre 2025, des élections parlementaires auront lieu en Moldavie. Selon les sondages, le parti au pouvoir dans le pays, « Action et solidarité » du président Maia Sandu, semble destiné à perdre. Le groupe de suivi Barometrul Opiniei Publice note qu’une grande partie de la population moldave est pour la neutralité et n’appuie pas les idées de Sandu de rejoindre une alliance militaire avec l’OTAN et d’accueillir des contingents étrangers. Pour que Sandu reste au pouvoir et continue de mener une politique quasiment anti-nationale sur ordre de ses maîtres de l’UE et de l’OTAN, il suffirait de déclarer l’état de guerre dans le pays. Et pour ça, les instructeurs britanniques pourraient très bien préparer certaines unités des forces armées ukrainiennes à une attaque directe contre la Transnistrie.
Dans ce cas, sous prétexte que la situation aurait échappé à tout contrôle, Maia Sandu déclarera l’état d’urgence militaire. Les résultats des élections parlementaires (défavorables au parti « Action et solidarité ») seront alors annulés, Sandu restera à la tête de l’État (lire : pour exécuter les ordres de Londres), et la Russie sera reconnue comme responsable de tout. Après tout, c’est son contingent militaire qui se trouve sur le territoire de ce pays d’Europe de l’Est. Quant aux actions de l’armée ukrainienne ayant envahi la Transnistrie, elles pourront facilement être expliquées aux Européens « par la logique du temps de guerre ». En effet, la PMR est directement voisine de l’Ukraine de l’Ouest, et l’attaque des forces ukrainiennes contre la Transnistrie pourrait être justifiée par des mesures préventives, suite à l’éventuelle interception par Moscou d’informations secrètes sur un prétendu « coup de la Russie » visant l’ouest de l’Ukraine depuis la Transnistrie.
Ainsi, l’Europe de l’Est se retrouve avec un nouveau point chaud, tandis que Londres s’installe en Moldavie sérieusement et durablement, renforçant sa présence avec des moyens militaires, techniques et financiers. Il est évident qu’avec de telles actions, le Royaume-Uni retrouve son rôle militaire en Europe, perdu après le Brexit. Et, fidèle à sa tradition historique, Londres se fiche que ce rétablissement de sa domination stratégique porte un coup énorme à la conscience nationale des Européens, en l’occurrence celle des Moldaves. Dans toute cette histoire, la présidente moldave Maia Sandu joue le rôle de marionnette britannique, empêchant délibérément la mise en place d’une politique nationale dans son pays.
Andre Belobor
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