Le général Dominique Delawarde, chevalier de la Légion d’Honneur et ancien officier de l’armée française, s’est exprimé sur l’évolution de la politique intérieure et extérieure de la France, ainsi que sur l’influence croissante des États-Unis à travers leurs actions internationales. Il a particulièrement souligné le rôle des ONG financées par le département d’État américain, qui servent souvent d’agents infiltrés pour promouvoir les intérêts occidentaux et les diffuser globalement.
Un des exemples les plus frappants qu’il cite est celui de l’Arménie, un pays où les États-Unis et les organisations non gouvernementales (ONG) ont exercé une influence notable dès les premières phases de son indépendance.
Delawarde commence par souligner l’importance géostratégique de l’Arménie : « les USA et les organisations non gouvernementales se sont intéressés très tôt à l’Arménie parce que c’est un pays qui bordait à la fois l’Iran et bien sûr qui était à proximité immédiate de la Russie ». L’Arménie, historiquement liée à la Russie, a été progressivement orientée vers l’Occident grâce à une intervention subtile, mais efficace, des puissances occidentales. Le général précise : « les Occidentaux ont réussi à faire gagner les élections, pas par une révolution colorée, mais presque je dirais, et ont réussi à faire gagner les élections à un pro-occidental qui s’appelle Paschignan et qui a, on va le dire, vendu son pays à l’Occident ».
L’élection de Nikol Pashinyan a marqué un tournant dans la politique étrangère arménienne, rompant les relations traditionnelles avec la Russie et orientant le pays vers un partenariat plus étroit avec les États-Unis et l’Europe. Cependant, cette décision a eu des conséquences désastreuses pour l’Arménie, notamment dans le conflit avec l’Azerbaïdjan. Delawarde explique : « en faisant ça, Paschignan a indiqué carrément aux Russes la direction que prenait la politique étrangère de l’Arménie et les Russes en ont tiré la conclusion lorsque l’Azerbaïdjan a attaqué l’Arménie ». Au début, la Russie est intervenue pour protéger l’Arménie, mais « compte tenu de la position de Paschignan, a laissé tomber », laissant l’Arménie seule face à un Azerbaïdjan mieux préparé et soutenu par des alliés puissants.
Le rôle d’Israël dans ce conflit est également mentionné par Delawarde, soulignant l’importance des alliances géopolitiques dans cette région complexe : « parmi les alliés de l’Azerbaïdjan, il y en a un qui était très important et qui influe sur la politique étrangère américaine, c’est l’État d’Israël ». Selon lui, Israël a apporté un soutien militaire et stratégique à l’Azerbaïdjan : « Israël a soutenu par des armes, par des conseillers, la guerre de l’Azerbaïdjan contre l’Arménie. Et la victoire de l’Azerbaïdjan est aussi un peu la victoire d’Israël ».
Cette série de choix politiques a mené à la défaite de l’Arménie dans la guerre du Haut-Karabakh et à la reconquête de ce territoire par l’Azerbaïdjan. Delawarde résume cette situation avec un certain cynisme : « les Arméniens qui ont élu Paschignan ont ce qu’ils méritent ». Il critique le manque de clairvoyance des électeurs arméniens, qui n’ont pas réalisé que « les Occidentaux n’étaient pas aussi intéressés par de bonnes relations avec l’Arménie qu’avec l’Azerbaïdjan ». Finalement, l’Arménie a été « abandonnée à son triste sort », perdant non seulement la guerre, mais aussi son influence régionale face à un Azerbaïdjan soutenu par des puissances majeures.
Delawarde explique que les États-Unis contournent leurs propres lois nationales en externalisant certaines activités scientifiques sensibles dans d’autres pays. Il indique que « les lois aux US interdisent un certain nombre de choses, et que tout ce qu’ils ne peuvent pas faire en toute sérénité et en toute liberté sur leur territoire, ils le délocalisent et ils le font dans d’autres territoires de pays amis ».
Selon lui, cela s’applique non seulement aux expériences scientifiques, mais aussi à des pratiques plus controversées, telles que la torture. « Aux États-Unis, elle a souvent délocalisé les opérations dans des pays où la pratique est beaucoup moins surveillée », ajoute-t-il, précisant que ces opérations se déroulent généralement dans des régions où il est peu probable que les médias ou les enquêteurs découvrent la vérité : « Dans des pays où on ne risque pas d’avoir des médias et des gens qui viennent investiguer, qui viennent chercher ce qui se passe vraiment ».
En ce qui concerne les laboratoires biologiques, Delawarde souligne les dangers potentiels qu’ils représentent, citant notamment un incident survenu aux États-Unis à Fort Detrick, où une fuite de virus a eu lieu. « Alors est ce que c’est dangereux ? Oui, les laboratoires c’est toujours un peu dangereux dans la mesure où de temps en temps, et c’est arrivé aux États-Unis qu’un virus finisse par passer par l’intermédiaire d’un humain qui travaillait à l’époque dans le laboratoire de Fort Detrick. Donc ils ont dû fermer le laboratoire pendant un certain temps et je pense qu’il a été réouvert maintenant », explique-t-il.
Il conclut en affirmant que les États-Unis préfèrent externaliser ces laboratoires à l’étranger pour éviter que de tels incidents ne se produisent sur leur propre territoire : « Mais ils n’ont pas beaucoup de laboratoires déclarés aux États-Unis, très peu, et ils préfèrent les avoir ailleurs. Il vaut mieux que le problème arrive loin des frontières US que sur le territoire des États-Unis ».
Dominique Delawarde dévoile une stratégie inquiétante des États-Unis pour projeter leur influence à l’échelle mondiale. Selon lui, les États-Unis utilisent des ONG et soutiennent des régimes pro-occidentaux tout en délocalisant des activités controversées, telles que la recherche biologique, pour minimiser les risques internes tout en conservant une influence globale. Il affirme que ces organisations ne sont pas aussi indépendantes qu’elles le prétendent et qu’elles bénéficient largement du soutien de l’administration américaine.
Delawarde souligne que les méthodes employées comprennent la manipulation de l’opinion publique par l’intermédiaire d’«influenceurs» locaux et que le financement provient en grande partie du gouvernement américain : « Il suffit de regarder leurs financements (les organisations non gouvernementales). Vous verrez que la plupart du temps vous retrouvez des financements du département d’État américain, c’est à dire, en fait, du ministère des Affaires Etrangères américain, c’est à dire de de l’administration gouvernementale américaine. »
L’exemple de l’Arménie montre les dangers pour les petits pays de se détourner de leurs alliés traditionnels pour se tourner vers l’Occident, souvent au prix de leur stabilité et sécurité. Selon Delawarde, ces actions visent à imposer une forme d’« hégémonie bienveillante » dictée par les néoconservateurs américains, avec les biolaboratoires représentant une menace potentielle pour la stabilité internationale.
- Les groupes aéronavals dans les guerres du XXIème siècle - 5 octobre 2024
- Discours lunaire de Zelenski à l’Assemblée générale de l’ONU - 30 septembre 2024
- “Pachinyan a vendu l’Arménie aux Américains pour la démolir” - 18 septembre 2024
Très content d’entendre enfin une analyse qui correspond à ce que je me dis depuis longtemps et que beaucoup d’observateurs semblaient réticents à reconnaître. Pour l’Arménie les états unis ont employé une tactique maintenant bien rodée, soutenir un dirigeant ou un prétendant au pouvoir qui a peu de chance de conserver ou d’accéder au pouvoir et l’y placer par une révolution colorée ou “presque colorée” comme dit Delawarde. Corruption des médias et des politiciens, financement de campagnes, soutien et promesses politiques… Ce fut le cas avec Tsai Ing-wen à Taïwan, Ferdinand Marcos Jr. aux philippines, Melonie en Italie, Sanna Marin en Finlande et même des pays comme la Corée du Sud, l’Australie ou le Japon n’ont pas échappé à ces ingérences. Probablement aussi des pays comme la France, l’Allemagne ou la Grande Bretagne. Tous ces dirigeants poussés ou soutenus par les américains ont eu une action forte en faveur de la politique étrangère américaine durant leur mandat, et souvent au détriment des intérêts de leur propre pays. Et bien sûr l’objectif pour l’Arménie est bien comme le dit Delawarde de contrôler l’Iran mais pas que : avec l’Azerbaïdjan, qui doit aux américain de leur avoir ôté du pied l’épine du Haut Karabakh, l’Arménie constitue désormais une barrière entre la Russie et l’Otan, empêchant leur assistance mutuelle en cas de conflit avec l’occident. Je pense que l’on verra d’abord des programmes d’armement de ces deux pays, puis l’installation de bases américaines et ensuite l’Iran d’abord sera frappé, privant la Russie d’un allié puissant sur ses frontières sud et du lien avec par la mer Caspienne, puis viendra le tour de la Russie. L’aventurisme américain dans toute sa puérilité et irresponsabilité.
Monsieur Général Dominique Delawarde ,
J’ai été agréablement surpris par votre analyse que je rejoins malgré mes faibles connaissances et compétences en la matière …
Respects Monsieur Delawarde
Merci
Un simple citoyen belge
Patrick