Aujourd’hui, je voudrais revenir brièvement sur la carte des pays qui veulent devenir membre des BRICS. Une nouvelle géographie politique est en train d’émerger, sur le point de marginaliser le monde anglo-américain. De quel côté basculeront l’Europe continentale et le Japon? La question se pose particulièrement pour la France, qui doit d’urgence s’adapter à la nouvelle donne mondiale.
Une première version de cette article est parue sur lecourrierdesstrateges.fr
Certains trouveront que la carte reste encore trop « occidentalo-centrée » ou, plus précisément, « européo-centrée ». Mais du coup, elle fait sentir très précisément ce qui se joue dans la construction d’un nouvel équilibre mondial.
Le siècle de Mackinder
Tout au long du XXème siècle, la géopolitique mondiale a été déterminée par la théorie du « pivot » de Mackinder, professeur à Oxford, auteur d’un célèbre article au début du XXème siècle. Mackinder expliquait que la domination mondiale se jouait entre la puissance continentale et la puissance maritime. Le défi, pour la puissance maritime (Grande-Bretagne, Etats-Unis) était de contrôler la masse continentale eurasienne et d’empêcher que toute autre puissance venue de ce même continent le fasse à sa place. Le territoire clé était… l’Ukraine.
Toute la géopolitique du XXème siècle s’est jouée autour de cette théorie. Adolf Hitler fut influencé par les disciples allemands de Mackinder, à commencer par Karl Haushofer, et il développa la doctrine de « l’espace vital » allemand, programme de sa conquête des territoires soviétiques. Après la défaite d’Hitler, les Américains et les Soviétiques s’affrontèrent à propos des mêmes territoires. Après la fin de la Guerre froide, les Américains s’empressèrent d’exploiter l’affaiblissement du pouvoir russe pour tenter de s’approcher le plus possible du territoire-clé de la domination mondiale selon Mackinder. En 1997, dans le Grand Echiquier, Zbigniew Brzezinski se faisait le porte-parole de la géopolitique américaine et fixait comme objectif à son pays de faire basculer l’Ukraine pour asseoir la domination américaine aux dépens de la Russie. Et un jour être en position favorable pour affronter la Chine.
C’est cette volonté américaine qui a mené, 25 ans plus tard, à l’affrontement américano-russe, par Ukraine interposée. Cependant, la faiblesse de la position américaine devient évidente depuis février 2022. A force de répéter les versions successives de la théorie de Mackinder, les Britanniques et les Américains ont oublié ce fait essentiel : la décolonisation, l’essor de la Chine et de l’Inde, la mondialisation elle-même ont créé un jeu beaucoup plus complexe. La géopolitique ne se décide plus seulement en Eurasie. Elle se joue dans le monde entier.
Comment la Russie et la Chine sont en train de rendre Mackinder obsolète
Et c’est précisément ce que montre la carte des candidats à l’adhésion au groupe des BRICS. Je traiterai juste de sa signification géographique. Quelles que soient les limites d’une planisphère européo-centrée, on voit une tendance fondamentale : la constitution d’une diagonale, d’une sorte de nouvel axe géopolitique : de Vladivostok à Buenos-Aires ou de Pékin à Sao Paolo, comme on veut.
Cette carte nous montre un début de masse compacte au nord-est – avec un triangle Moscou-Pékin-New Dehli. Mais la tendance, c’est une consolidation progressive au Proche-Orient. Et un début de consolidation en Afrique et en Amérique latine.
A la place des Américains, non seulement, on serait inquiet de voir cette tendance générale ; mais au lieu d’essayer de combattre la tête stratégique du nouvel axe géopolitique mondiale à la marge – en Ukraine ou à Taïwan – on se préoccuperait de ne pas perdre pied en Afrique, en tentant d’empêcher la consolidation de la diagonale sur ce continent. Ce qui est en train de se construire, potentiellement, c’est la création d’un espace homogène où se mettront en place les flux de l’économie mondiale du XXème siècle, tandis que l’espace anglophone sera replié sur lui-même. Au risque de faire une mauvaise plaisanterie, on voit se dessiner un boomerang Londres-San-Francisco-Sydney…
Bien entendu aussi, dans cette nouvelle configuration, la question pour l’Europe est de savoir si elle veut accompagner le repli anglo-saxon ou se joindre, par l’espace méditerranéen et l’espace-est-européen à la construction du nouveau monde. Une question similaire se pose pour le Japon. A-t-il intérêt à cultiver, sous influence américaine, son inimitié séculaire avec la Chine? Pas plus que l’Allemagne n’a intérêt à rester longtemps coupée de la Russie!
La diagonale terrestre et la maîtrise des océans
Mackinder était parti d’une opposition simple entre puissance maritime et puissance continentale. Son approche était conditionnée par la culture classique. Lisez son célèbre article et vous verrez qu’il réfléchit dans les coordonnées de l’histoire romaine et des “grandes invasions”. Prenez le “remake” de Brzezinski presque un siècle plus tard, vous constaterez qu’il n’ose pas prendre trop de distances avec “le maître”.
Il est bien évident que, dès les lendemains de la Seconde Guerre mondiale, la géopolitique est devenue plus complexe: les Etats-Unis n’ont pas mis en place la Guerre froide seulement en Europe. Non seulement, ils ont défendu la doctrine Monroe héritée du XIXème siècle, (interdire une ingérence non américaine sur le continent américain) mais Ils ont lutté pour le contrôle du Golfe Persique et celui de l’Extrême-Orient. Ce que l’historien Odd Arne Westad appelle la “Guerre froide globale” s’est déroulé, dans les années 1970 et 1980, également en Asie.
On comprend avec le recul que, face au moment “unipolaire” américain, l’invention des BRICS – la coopération entre Brésil, Russie, Inde Chine et Afrique du Sud, a été un moment clé. Lorsque vous faites un puzzle, vous commencez par placer quelques pièces bien identifiées, pour pouvoir faciliter la disposition des autres pièces. Eh bien, c’est ce qui est en train de se passer: aujourd’hui d’autres pièces vont être ajoutées: une première vague pourrait rejoindre assez vite: Indonésie, Malaysie, Iran, Egypte, Algérie, Sénégal, Nigeria, Argentine. Et l’on envisage que d’autres rejoignent assez vite: Kazakhstan, Irak, Arabie Saoudite, monarchies du Golfe, Turquie, Mexique…
Les enjeux sont gigantesques: au moment où Chine et Brésil commencent à mener des transactions en yuan, on entrevoit le jour où les Etats-Unis ne pourront plus tenir la doctrine Monroe. On voit déjà le Proche et le Moyen-Orient s’éloigner de la sphère d’influence américaine. Et à écouter le rejet de l’influence occidentale en Afrique, on ne voit pas ce qui détournera l’Afrique de basculer massivement vers les BRICS.
Ainsi peut-on imaginer que l’histoire du monde se décide, d’ici une génération, dans une gigantesque masse terrestre et maritime à la fois, qui ait marginalisé, au sens propre et figuré, le monde anglo-américain.
Quelle place pour la France?
Dans cette nouvelle donne, pourvu qu’elle renoue avec la tradition qui a fait notre puissance, des rois capétiens au Général de Gaulle, la France a beaucoup plus de cartes que ce qu’elle pense. D’abord, elle seule a les cartes politiques en Europe pour mettre fin à l’atlantisme; ensuite, la France est une puissance méditerranéenne; enfin, par notre immense domaine maritime, le premier ou le deuxième du monde selon les calculs, nous sommes en mesure d’occuper des positions clés dans la nouvelle donne mondiale: pensons à ce que signifient, géopolitiquement parlant, la Guyane, la Réunion ou la Polynésie.
Il y va d’ailleurs de la pérennité de nos territoires du Grand Large, car on imagine facilement, si nous ne faisons rien, qu’ils deviennent la proie d’une rivalité entre grandes puissances, les plus avides de nous les subtiliser étant sans aucun doute des Etats-Unis en perte de vitesse.
Toute notre politique étrangère est à repenser. Mais il ne s’agit pas d’une table rase ou de développer une pensée a priori! Le cadre de la grande mutation géopolitique mondiale est là . Sachons nous y adapter.
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Ce Brennus est un maniaque et un farceur. Le celebre general de Gaulle est l’antithese des Capetiens. Les Capetiens ont installe la dynastie des Nguyen a Saigon (Mgr Pigneau de Behaine, 1789), et ont donne l’Algerie a la France (Charles X, 5 juillet 1830). Les Capetiens ont inaugure la poliique francaise d’entente avec l”Angleterre pour faire face a la menace germano-russse (instructions aux Ambassadeurs, 10 septembre 1814, traite secret anglo-franco-autrichien du 1er mars 1815). La Republique a poursuivi cette politique, ce qui lui a permis de s’imposer a l’Allemagne (conference d’Algesiras, 1906, victoires de 1918 et 1945).
Le celebre general de Gaulle a entierement detruit l’oeuvre des Capetiens et de la Republique. Il a cause la guerre d’Indochine (“le sang francais verse sur le sol de l’Indochine serait un titre imposant’), il a installe en Algerie une republique “meilleure amie de la Russie” (1000 chars de combat – combien, la France?). C’est l’Algerie, et donc la Russie, qui est une puissance mediterraneenne, non la France.
Le 2e domaine maritime du monde est une farce: cf. le succes independantiste a Tahiti et en Nouvelle-Caledonie; il ne reste que les Antilles pare que les Americains le veulent bien.
Et comme les Francais ne sont pas gaullistes, pour remettre la main sur les fausses factures, les retro-commissions et les valises de billets, le mouvement gaulliste a du se resigner a soutenir M. Mitterrand; les resultats sont la.
En conclusion, un historien lucide reconnaitra que la Ve Republique a entierement detruit l’oeuvre de la Restauration et de la IIIe Republique, et a signe ainsi la fin de l’histoire de France.
Mais comme le dit lui-meme le celebre general de Gaulle. ‘les regrets sont superflus”.
Donc, tournons la page et passons a autre chose.
Il y a bien d’autres Américains du même calibre, courageux, propagateurs de vérités qui fachent : Colonel Mc Gregor, Scott Ritter, pour Redacted : Clayton Moris, Juge Andrew Napolitano. Tous très bien renseignés.
Finalement, c’est simple:
1. Les US doivent se recentrer sur une production intérieure
2. Les US doivent arrêter de s’investir militairement
3. Il faut interdire la suprématie du droit US sur les échanges en $
4. Les pays de l’Europe doivent retrouver leur indépendance, hors du montage communiste de l’UE, catastrophique pour leurs économies
5. Les organisations supranationales infiltrées doivent cesser d’exister ou d’agir (ex. la CEDH, l’OMS, etc)
Bien sûr, il faudrait juger et condamner sévèrement les responsables de cette catastrophe, en France Sarkozy, Hollande et Macron.
Mais surtout, au niveau macroéconomique, ce sont des millions de profiteurs qu’il faut déposséder et mettre en prison.
C’est la seule manière de rendre la paix sociale.
A l’heure où l’AN vient de voter pour imposer le drapeau européen sur tous les bâtiments publics de France et Navarre il faut avoir le patriotisme chevillé au corps pour penser que la France pourrait tirer son épingle du jeu dans cette nouvelle géopolitique. Elle a en effet des atouts non négligeables mais elle n’a pas les élites pour rester dans l’histoire.
Merci à stratpol, à Xavier Moreau de nous mettre au parfum de la géopolitique. Vous faites un travail énorme.
https://institutdeslibertes.org/locean-indien-la-prochaine-grande-zone-de-developpement/
L’Europe est sortie de l’Histoire. Est-ce irrémédiable ?