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BRENNUS: Mais pourquoi donc Emmanuel Macron se rend-il en Israël ?

Emmanuel Macron n’aurait pas dû se rendre en Israël. Comme membre permanent du Conseil de sécurité, le président français peut recevoir à Paris qui il juge bon. Et les autorités israéliennes auraient pu solliciter une rencontre. Le président américain et le Premier ministre britannique ne se sont-ils pas rendus à Tel-Aviv, m’objectera-t-on? Précisément: c’est une terrible erreur. Les puissances anglo-saxonnes soutiennent les moindres initiatives d’ Israël malgré son refus d’appliquer les résolutions de l’ONU, depuis des décennies. Or la France, depuis le Général de Gaulle, a toujours insisté sur le fait que l’Etat d’Israël tirait sa légitimité des Nations Unies (en 1947) et devait en respecter les résolutions. La vocation de la France, c’est de rechercher l’équilibre des puissances au service du droit international,pour préserver la paix, condition de la prospérité et du bonheur des nations. Dans l’affaire de Gaza, la France devrait être du côté de la Russie et de la Chine, au service de la diplomatie et de la paix. De même, en Ukraine, où la Russie est partie prenante, le président français aurait dû suivre l’exemple des Etats qui recherche une médiation: Chine, Turquie, Brésil….

Au moment où nous bouclons ce papier, Emmanuel Macron est arrivé en Israël pour une visite dont on ne comprend pas l’opportunité.

La France est membre permanent du Conseil de sécurité. Le président américain et le Premier ministre britannique se sont déjà rendus à Tel-Aviv ces derniers jours. Il n’est pas sain qu’un troisième membre du Conseil de sécurité effectue le déplacement. Surtout, cela revient à faire basculer, dans la perception mondiale et en réalité, la majorité des membres du Conseil de sécurité des Nations Unies du côté du soutien à Israël.

Or faut-il rappeler deux évidences:1. Israël existe par la volonté des Nations Unies. 2. Israël ne respecte pas les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies concernant la création d’un Etat palestinien.

Louis XVI, jean Jaurès, Charles de Gaulle l’ont dit, chacun à sa manière: la France n’a pas d’autre vocation, dans les relations internationales, que d’être une puissance d’équilibre au service de la justice et de la paix entre les nations.

Macron aurait dû réécouter le Général de Gaulle

Réécoutons ce que disait le Général de Gaulle en novembre 1967:

« L’établissement, entre les deux guerres mondiales, car il faut remonter jusque-là, l’établissement d’un foyer sioniste en Palestine et puis, après la Deuxième guerre mondiale, l’établissement d’un Etat d’Israël, soulevait, à l’époque, un certain nombre d’appréhensions. On pouvait se demander, en effet, et on se demandait même chez beaucoup de Juifs, si l’implantation de cette communauté sur des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables et au milieu des peuples arabes qui lui étaient foncièrement hostiles, n’allait pas entraîner d’incessants, d’interminables, frictions et conflits. Certains même redoutaient que les Juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, n’en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles.

Cependant, en dépit du flot tantôt montant, tantôt descendant, des malveillances qu’ils suscitaient dans certains pays et à certaines époques, un capital considérable d’intérêt et même de sympathie, s’était accumulé en leur faveur, surtout, il faut bien le dire, dans la Chrétienté ; un capital qui était issu de l’immense souvenir du Testament, nourri par toutes les sources d’une magnifique liturgie, entretenu par la commisération qu’inspirait leur antique malheur et que poétisait, chez nous, la légende du Juif errant, accru par les abominables persécutions qu’ils avaient subies pendant la Deuxième guerre mondiale et grossi, depuis qu’ils avaient retrouvé une patrie, par leurs travaux constructifs et le courage de leurs soldats.

C’est pourquoi, indépendamment des vastes concours en argent, en influence, en propagande, que les Israéliens recevaient des milieux juifs d’Amérique et d’Europe, beaucoup de pays, dont la France, voyaient avec satisfaction l’établissement de leur Etat sur le territoire que leur reconnu les Puissances, tout en désirant qu’ils parviennent, en usant d’un peu de modestie, à trouver avec leurs voisins un « modus vivendi » pacifique.

Il faut dire que ces données psychologiques avaient quelque peu changé depuis 1956 ; à la faveur de l’expédition franco-britannique de Suez, on avait vu apparaître, en effet, un Etat d’Israël guerrier et résolu à s’agrandir. Ensuite, l’action qu’il menait pour doubler sa population par l’immigration de nouveaux éléments, donnait à penser que le territoire qu’il avait acquis ne lui suffirait pas longtemps et qu’il serait porté, pour l’agrandir, à utiliser toute occasion qui se présenterait. C’est pourquoi, d’ailleurs, la Ve République s’était dégagée, vis-à-vis d’Israël, des liens spéciaux et très étroits que le régime précédent avait noués avec cet Etat et s’était appliquée, au contraire, à favoriser la détente dans le Moyen-Orient. Bien sûr, nous conservions avec le gouvernement israélien des rapports cordiaux et, même, nous lui fournissions pour sa défense éventuelle les armements qu’il demandait d’acheter, mais, en même temps, nous lui prodiguions des avis de modération, notamment à propos des litiges qui concernaient les eaux du Jourdain ou bien des escarmouches qui opposaient périodiquement les forces des deux camps. Enfin, nous nous refusions à donner officiellement notre aval à son installation dans un quartier de Jérusalem dont il s’était emparé et nous maintenions notre ambassade à Tel Aviv.

D’autre part, une fois mis un terme à l’affaire algérienne, nous avions repris avec les peuples arabes d’Orient la même politique d’amitié, de coopération qui avait été pendant des siècles celle de la France dans cette partie du monde et dont la raison et le sentiment font qu’elle doit être, aujourd’hui, une des bases fondamentales de notre action extérieure. Bien entendu, nous ne laissions pas ignorer aux Arabes que, pour nous, l’Etat d’Israël était un fait accompli et que nous n’admettrions pas qu’il fût détruit. De sorte que, on pouvait imaginer qu’un jour viendrait où notre pays pourrait aider directement à ce qu’une paix réelle fût conclue et garantie en Orient, pourvu qu’aucun drame nouveau ne vint le déchirer.

Hélas ! le drame est venu. Il avait été préparé par une tension très grande et constante qui résultait du sort scandaleux des réfugiés en Jordanie, et aussi d’une menace de destruction prodiguée contre Israël. Le 22 mai, l’affaire d’Akaba, fâcheusement créée par l’Egypte, allait offrir un prétexte à ceux qui rêvaient d’en découdre. Pour éviter les hostilités, la France avait, dès le 24 mai, proposé aux trois autres grandes puissances d’interdire, conjointement avec elles, à chacune des deux parties, d’entamer le combat. Le 2 juin, le gouvernement français avait officiellement déclaré, qu’éventuellement, il donnerait tort à quiconque entamerait le premier l’action des armes, et c’est ce que j’avais, moi-même, le 24 mai, déclaré M. Eban, ministre des Affaires étrangères d’Israël, que je voyais à Paris. « Si Israël est attaqué, lui dis-je alors en substance, nous ne le laisserons pas détruire, mais si vous attaquez, nous condamnerons votre initiative. Certes, malgré l’infériorité numérique de votre population, étant donné que vous êtes beaucoup mieux organisés, beaucoup plus rassemblés, beaucoup mieux armés, que les Arabes, je ne doute pas que, le cas échéant, vous remportiez des succès militaires, mais, ensuite, vous vous trouveriez engagés sur le terrain, et au point de vue international, dans des difficultés grandissantes, d’autant plus que la guerre en Orient, ne peut manquer d’augmenter dans le monde une tension déplorable et d’avoir des conséquences très malencontreuses pour beaucoup de pays, si bien que c’est à vous, devenus des conquérants, qu’on en imputerait peu à peu les inconvénients ».

On sait que la voix de la France n’a pas été entendue. Israël ayant attaqué, s’est emparé, en six jours de combat, des objectifs qu’il voulait atteindre. Maintenant, il organise, sur les territoires qu’il a pris, l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour, il qualifie de terrorisme. Il est vrai que les deux belligérants observent, pour le moment, d’une manière plus ou moins précaire et irrégulière, le cessez-le-feu prescrit par les Nations Unies, mais il est bien évident que le conflit n’est que suspendu et qu’il ne peut y avoir de solution, sauf par la voie internationale. Mais un règlement dans cette voie, à moins que les Nations Unies ne déchirent elles-mêmes leur propre Charte, un règlement doit avoir pour base l’évacuation des territoires qui ont été pris par la force, la fin de toute belligérance et la reconnaissance réciproque de chacun des Etats en cause par tous les autres. Après quoi, par des décisions des Nations Unies, en présence et sous la garantie de leurs forces, il serait probablement possible d’arrêter le tracé précis des frontières, les conditions de la vie et de la sécurité des deux côtés, le sort des réfugiés et des minorités, et les modalités de la libre navigation pour tous, notamment dans le golfe d’Akaba et dans le canal de Suez. Suivant la France, dans cette hypothèse, Jérusalem devrait recevoir un statut international.

Pour qu’un tel règlement puisse être mis en œuvre, il faudrait qu’il y eût l’accord des grandes puissances (qui entraînerait ipso facto celui des Nations Unies) et, si un tel accord voyait le jour, la France est d’avance disposée à prêter sur place son concours politique, économique et militaire, pour que cet accord soit effectivement appliqué. Mais on ne voit pas comment un accord quelconque pourrait naître, non point fictivement sur quelque formule creuse, mais effectivement pour une action commune, tant que l’un des plus grands des Quatre ne se sera pas dégagé de la guerre odieuse qu’il mène ailleurs. Car tout se tient dans le monde d’aujourd’hui. Sans le drame du Vietnam, le conflit entre Israël et les Arabes ne serait pas devenu ce qu’il est  et si, demain, l’Asie du Sud-Est voyait renaître la paix, le Moyen-Orient l’aurait recouvrée à la faveur de la détente générale qui suivrait un pareil événement. »

Au lieu de se focaliser sur la formule “peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur”, du reste utilisée au style indirect, on devrait lire et relire ce texte qui posait la France en puissance d’équilibre et en garante du droit international.

Il est essentiel, en effet de souligner que le Général, tout en rendant justice aux périodes les plus sombres de l’histoire du peuple juif, se garde bien de fonder sur elles le à l’existence du peuple d’Israël.

Récemment, j’ai vu circuler une vidéo sur les réseaux sociaux: François Fillon y raconte comment il s’est trouvé idiot, un jour où il échangeait avec des dirigeants iraniens, quand il a justifié le droit à l’existence de l’Etat d’Israël par la présence des Juifs sur place il y a deux mille ans. Ses interlocuteurs ont ridiculisé son point de vue en lui rappelant que les Perses avaient temporairement occupé une partie de l’Inde mais n’avaient aucune raison d’y retourner.

Or il n’y a qu’une manière d’argumenter: l’Israël moderne existe par la volonté des Nations Unies. La France en est garante. Et elle doit se faire garante de l’application par Israël des résolutions des Nations Unies. Faut-il rappeler que la conférence de presse du Général de Gaulle du 27 novembre 1967 suivait de cinq jours le vote de la résolution 242 du Conseil de sécurité?

Les résolutions de l’ONU non respectées par Israël

Le Monde diplomatique avait fait, il y a quelques années, un utile récapitulatif des résolutions de l’ONU non respectées par Israël entre 1947 et 2009:

Assemblée générale
(ayant alors fonction d’organe décisionnaire)

Résolution 181 (29 novembre 1947). Adoption du plan de partage : la Palestine est divisée en deux Etats indépendants, l’un arabe, l’autre juif, et Jérusalem est placée sous administration des Nations unies.

Résolution 194 (11 décembre 1948). Les réfugiés qui le souhaitent doivent pouvoir « rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et vivre en paix avec leurs voisins »  ; les autres doivent être indemnisés de leurs biens « à titre de compensation ». Création de la commission de conciliation des Nations unies pour la Palestine.

Résolution 302 (8 décembre 1949). Création de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).

Conseil de sécurité

Résolution 236 (11 juin 1967). Au lendemain de la guerre de juin 1967, le Conseil de sécurité exige un cessez-le-feu et un arrêt immédiat de toutes les activités militaires dans le conflit opposant l’Egypte, la Jordanie et la Syrie à Israël.

Résolution 237 (14 juin 1967). Le Conseil de sécurité demande à Israël d’assurer « la sûreté, le bien-être et la sécurité des habitants des zones où des opérations militaires ont eu lieu » et de faciliter le retour des réfugiés.

Résolution 242 (22 novembre 1967). Le Conseil de sécurité condamne l’« acquisition de territoire par la guerre » et demande le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés ». Il affirme « l’inviolabilité territoriale et l’indépendance politique » de chaque Etat de la région.

Résolution 250 (27 avril 1968). Israël est invité à ne pas organiser le défilé militaire prévu à Jérusalem le 2 mai 1968 considérant que cela aggraverait les « tensions dans la région ».

Résolution 251 (2 mai 1968). Le Conseil de sécurité déplore la tenue du défilé militaire de Jérusalem « au mépris » de la résolution 250.

Résolution 252 (21 mai 1968). Le Conseil de sécurité déclare « non valides » les mesures prises par Israël, y compris l’« expropriation de terres et de biens immobiliers », qui visent à « modifier le statut de Jérusalem », et demande à celui-ci de s’abstenir de prendre de telles mesures.

Résolution 267 (3 juillet 1969). Le Conseil de sécurité censure « toutes les mesures prises [par Israël] pour modifier le statut de Jérusalem ».

Résolution 340 (25 octobre 1973). A la suite de la guerre de Ramadan ou de Kippour, création de la deuxième Force d’urgence des Nations unies (FUNU-II) qui vise à « superviser le cessez-le-feu entre les forces égyptiennes et israéliennes » et à assurer le « redéploiement » de ces mêmes forces.

Résolution 446 (22 mars 1979). Le Conseil de sécurité exige l’arrêt des « pratiques israéliennes visant à établir des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967 », déclare que ces pratiques « n’ont aucune validité en droit » et demande à Israël de respecter la convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre.

Résolution 468 (8 mai 1980). Le Conseil de sécurité déclare « illégales » les expulsions à l’étranger de notables palestiniens de Hébron et de Halhoul par les autorités militaires israéliennes et demande à Israël de les annuler.

Résolution 592 (8 décembre 1986). Le Conseil de sécurité rappelle que la convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre « est applicable aux territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés par Israël depuis 1967 ». Il condamne « l’armée israélienne qui, ayant ouvert le feu, a tué ou blessé des étudiants » de l’université Bir Zeit.

Résolution 605 (22 décembre 1987). Après le déclenchement de la première Intifada, le Conseil de sécurité condamne les pratiques d’Israël « qui violent les droits de l’homme du peuple palestinien dans les territoires occupés, en particulier le fait que l’armée israélienne a ouvert le feu, tuant ou blessant des civils palestiniens ».

Résolution 607 (5 janvier 1988). Israël doit « s’abstenir d’expulser des civils palestiniens des territoires occupés » et respecter les obligations que lui impose la convention de Genève.

Résolution 608 (14 janvier 1988). Le Conseil de sécurité demande à Israël « d’annuler l’ordre d’expulsion des civils palestiniens et d’assurer le retour immédiat et en toute sécurité » de tous ceux déjà expulsés.

Résolution 636 (6 juillet 1989). Le Conseil de sécurité demande à Israël, en conformité avec ses précédentes résolutions et avec la convention de Genève, de « cesser immédiatement d’expulser d’autres civils palestiniens » et d’assurer le retour en toute sécurité de ceux déjà expulsés.

Résolution 641 (30 août 1989). Le Conseil de sécurité « déplore qu’Israël, puissance occupante, continue d’expulser des civils palestiniens » et lui demande d’assurer le retour de tous les expulsés.

Résolution 672 (12 octobre 1990). Après les violences de l’esplanade des Mosquées – le mont du Temple, le Conseil de sécurité condamne « les actes de violence commis par les forces de sécurité israéliennes » à Al-Haram Al-Charif et dans d’autres lieux saints de Jérusalem et demande à Israël de « s’acquitter scrupuleusement des obligations juridiques et des responsabilités qui lui incombent » vis-à-vis des civils des territoires occupés.

Résolution 673 (24 octobre 1990). Le Conseil de sécurité condamne le refus d’Israël d’appliquer la résolution 672.

Résolution 681 (20 décembre 1990). Israël est sommé d’appliquer la convention de Genève.

Résolution 694 (24 mai 1991). Le Conseil de sécurité déclare que l’expulsion de quatre nouveaux civils palestiniens en mai 1991 par les forces israéliennes constitue une violation de la convention de Genève.

Résolution 799 (18 décembre 1992). Le Conseil de sécurité condamne les quatre cents expulsions de décembre 1992, soulignant qu’elle est contraire aux obligations internationales imposées à Israël par la convention de Genève. Le Conseil réaffirme l’indépendance et l’intégrité territoriale du Liban.

Résolution 904 (18 mars 1994). A la suite du massacre de la mosquée de Hébron, le Conseil de sécurité demande à Israël de prendre les mesures nécessaires « afin de prévenir des actes de violence illégaux de la part des colons israéliens » envers les civils palestiniens.

Résolution 1322 (7 octobre 2000). A la suite du début de la seconde Intifada, le Conseil de sécurité déplore les violences et condamne le « recours à la force excessif contre les Palestiniens ». Il demande à Israël de respecter ses obligations relatives à la convention de Genève.

Résolution 1397 (12 mars 2002). Le Conseil de sécurité demande la « cessation immédiate de tous les actes de violence, y compris tous les actes de terreur et toutes provocations, incitations et destructions », et réclame la coopération des Israéliens et des Palestiniens visant à la reprise des négociations.

Résolution 1402 (30 mars 2002). Après la réoccupation totale de la Cisjordanie, le Conseil de sécurité demande un cessez-le-feu immédiat et le « retrait des troupes israéliennes des villes palestiniennes ».

Résolution 1405 (19 avril 2002). Le Conseil de sécurité déclare qu’« il est urgent que les organismes médicaux et humanitaires aient accès à la population civile palestinienne ».

Résolution 1435 (24 septembre 2002). Le Conseil de sécurité exige « le retrait rapide des forces d’occupation israéliennes des villes palestiniennes ». Il demande à l’Autorité palestinienne de « faire traduire en justice les auteurs d’actes terroristes ».

Résolution 1515 (19 novembre 2003). Le Conseil de sécurité se déclare « attaché à la vision d’une région dans laquelle deux Etats, Israël et la Palestine, vivent côte à côte, à l’intérieur de frontières sûres et reconnues », et demande en conséquence aux parties en conflit de s’acquitter des obligations relatives à la « feuille de route » du Quartet.

Résolution 1544 (19 mai 2004). Le Conseil de sécurité demande qu’Israël respecte « les obligations que lui impose le droit humanitaire international » et « l’obligation qui lui est faite de ne pas se livrer aux destructions d’habitations ».

Résolution 1850 (16 décembre 2008). Le Conseil de sécurité soutient le processus d’Annapolis, et demande aux parties de « s’abstenir de toute mesure suceptible d’entamer la confiance » et de ne pas « remettre en cause l’issue des négociations ».

Résolution 1860 (8 janvier 2009). Après l’incursion de l’armée israélienne dans la bande de Gaza, le Conseil de sécurité exige « l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu durable et pleinement respecté menant au retrait total des forces israéliennes de la bande de Gaza ». Il demande de ne pas entraver l’entrée des organisations médicales dans Gaza et d’empêcher le trafic illégal d’armes.

Le Monde diplomatique février 2009

Or, dans les quinze dernières années, les résolutions du Conseil de Sécurité se sont multipliées, au risque d’émousser l’autorités de l’ONU:

En 2022 seulement, Israël a battu tous les records en faisant l’objet de 15 résolutions de l’ONU, pendant que la Russie faisait l’objet de 6 résolutions, et ce, malgré la guerre entre cette dernière et l’Ukraine qui a débuté la même année.

Cette liste, très loin d’être exhaustive, de résolutions non respectées, laisse entrevoir à quel point les violations en matière de droits de l’homme auxquelles sont confrontés les Palestiniens, restent toujours les mêmes presque 70 ans plus tard. Mais les appels désespérés du peuple palestinien semblent malheureusement toujours inaudibles en Occident.

TRTFrançais, 10 octobre 2023

A ce titre, le refus de la France de voter, il y a quelques jours, la résolution russe appelant à un cessez-le-feu à Gaza, sous prétexte que le texte condamnait les crimes de guerre commises par les deux parties (Résistance palestinienne et Israël) – sans les nommer spécifiquement – est une grave faute, qui enlève toute capacité d’influence, sinon toute légitimité, à ce que pourra dire Emmanuel Macron ce jour en Israël.

Surtout, pendant la visite du président français, la guerre continue:

Guerre de Gaza – Jour 18

Selon le Flash Info (8h30) du canal Telegram Rester Libre:

  • L’armée israélienne rapporte avoir mené des frappes aériennes sur 400 cibles à Gaza ces dernières 24h. D’intenses tirs d’artillerie ont visé le nord de Gaza cette nuit.
  • Google désactive les données traffic en temps réel en Israël en prévision de l’invasion terrestre de Gaza (CNN)
  • Les Nations Unies ont rapporté que 6 employés de l’UNRWA ont été tués à Gaza au cours des dernières 24 heures
  • Une importante panne d’électricité a eu lieu cette nuit à l’hôpital indonésien de Gaza en raison de la pénurie de carburant (médias locaux)
  • L’administration Biden prépare l’évacuation de tous les Américains du Moyen-Orient (Washington Post)
  • Des affrontements entre troupes au sol de Tsahal et le Hamas ont eu lieu au abords de la bande de Gaza.

Le Flash info de 11 heures: Les États-Unis ont publié une déclaration selon laquelle tout cessez-le-feu à Gaza profiterait au Hamas

  • Selon le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, un cessez-le-feu «donnerait au Hamas la possibilité de se reposer, de se rééquiper et de se préparer à continuer à lancer des attaques terroristes contre Israël»
  • Selon le New York Times : «L’administration Biden est préoccupée par le fait qu’Israël n’a pas d’objectifs militaires tangibles à Gaza et que les forces de défense israéliennes ne sont pas encore prêtes à lancer une invasion terrestre selon un plan réalisable»
  • La Maison Blanche insiste cependant sur le fait que la décision concernant l’opération terrestre dans la bande de Gaza appartient uniquement à Israël. De plus, un diplomate de l’ambassade d’Israël a nié que le gouvernement américain conseillait aux Israéliens de retarder l’invasion terrestre.

Le Flash Info de 13h30: 5 791 tués à Gaza (2360 enfants et 1292 femmes) / le système de santé de la bande de Gaza est en train de s’effondrer

  • Le chirurgien palestino-britannique, Ghassan Abu Sitta, a déclaré que les 14000 blessés qui se trouvent dans les hôpitaux de Gaza seront bientôt laissés sans soins, faute de matériel et de carburant pour le générateurs.
  • Israël a envoyé un message de mécontentement et de déception à Moscou en raison des déclarations russes concernant la guerre contre Gaza (médias israéliens)
  • Déclaration de l’Émir de l’État du Qatar : «il ne sera pas permis à Israël de recevoir un feu vert inconditionnel et une autorisation illimitée de tuer des Palestiniens sans conséquences […] Nous n’acceptons pas qu’il y ait deux poids deux mesures et que l’on agisse comme si la vie des enfants ne comptait pas […] Il n’est pas permis de continuer à ignorer les faits de l’occupation sioniste, du siège et des colonies illégales sur les terres palestiniennes»

Pensez à suivre les flash info réguliers sur ce canal, animé par le Courrier des Stratèges.

Emouvant témoignage sur la communauté catholique de Gaza

Emmanuel Macron se rappellera-t-il, lors de sa visite en Israël, que, depuis le Moyen-Âge, la France est garante de la liberté d’accès aux Lieux Saints sur cette terre sacrée pour les trois descendances d’Abraham: enfants d’Isaac selon la lignée (judaïsme), enfants d’Ismaël selon la lignée (Islam) et disciples de Jésus-Christ, enfants du Père des croyants dans l’Esprit-Saint?

Lisons par exemple cet émouvant témoignage sur la communauté catholique de Gaza, qui garde fidèlement l’église construite en un lieu où s’arrêtèrent Joseph, Marie et Jésus durant la Fuite en Egypte:

Alors que des dizaines de milliers de Palestiniens de la bande de Gaza ont fui vers le sud de l’enclave après l’ultimatum de l’armée israélienne, espérant échapper aux bombardements, un groupe de réfugiés chrétiens dans l’église catholique de la ville de Gaza a célébré le baptême d’un enfant de 11 mois nommé Daniel. L’image du 15 octobre dernier se voulait un message au monde. “Nous avons choisi la vie, bien que nous soyons entourés par la mort”, déclare George Antone, responsable de l’ONG Caritas Jérusalem dans la bande de Gaza. Sa voix se brise lorsqu’il se souvient de ce moment. Il est épuisé et terrifié, admet-il lors d’une conversation téléphonique avec ce journal.

“Nous sommes morts de peur. La plupart des gens pensent que nous ne sortirons pas vivants de l’église, qu’ils vont nous bombarder. Mais il faut continuer, il faut être fort. Nous sommes dans la maison de Jésus, nous sommes entre ses mains”, déclare-t-il depuis l’église de la Sainte-Famille, dans la ville de Gaza.

Parmi les plus de deux millions d’habitants de la bande de Gaza, il existe une minuscule communauté chrétienne d’environ 1 000 personnes. Elle est en déclin depuis des années, en particulier depuis que le mouvement islamiste Hamas a pris le contrôle de Gaza en 2007. Comme les autres habitants de Gaza, ils souffrent de l’isolement et du manque de liberté dus au blocus imposé par Israël depuis 16 ans. Mais les chrétiens doivent également faire face à l’exclusion du travail et de la société, qui est favorisée par des secteurs liés au Hamas et à d’autres mouvements islamistes radicaux présents dans la région.

“Malheureusement, nous avons une grande expérience des guerres et lorsque nous avons vu l’attaque du Hamas le 7 [octobre], nous savions qu’il y aurait une énorme réponse militaire israélienne. Ma femme, mes trois filles et moi-même avons décidé de nous réfugier dans l’église. Petit à petit, d’autres personnes sont arrivées, qui avaient peur dans leur maison ou qui avaient tout perdu. Aujourd’hui, 500 chrétiens sont ici”, explique lentement Antone, 42 ans. Un prêtre égyptien, le père Yussef, et une dizaine de religieuses de différentes congrégations ont rejoint le groupe. Tous savent qu’ils courent un risque énorme et même les plus optimistes se sont sentis découragés jeudi dernier, lorsque l’église orthodoxe grecque, l’église Saint-Porphyre, située à quelques mètres de la leur, a été touchée par un bombardement qui a tué au moins 18 des 350 personnes qui s’étaient réfugiées à l’intérieur.

La communauté chrétienne de la bande de Gaza, consciente que la région était une poudrière prête à exploser, a créé il y a quelques mois un comité de gestion des crises futures et a commencé à se préparer à des temps difficiles, explique Antone. “Nous avons commencé à stocker des matelas, des couvertures, des produits d’hygiène, du carburant et des denrées alimentaires non périssables, à préparer des générateurs et à voir comment nous pourrions rapidement acheter de l’eau et d’autres fournitures en cas d’urgence. Nous vivons ici et nous connaissons la situation. Nous craignions que quelque chose ne se produise parce que la violence à Gaza est cyclique, mais nous avons dépassé nos pires craintes”, reconnaît-il.

Lorsque l’armée israélienne a averti la population civile qu’elle devait se déplacer vers la partie sud de l’enclave pour sauver sa vie, la grande majorité des familles chrétiennes a décidé de ne pas quitter l’église. “En ce moment, nous pouvons tenir jusqu’à deux mois ici. L’idée est de garantir la survie de la communauté chrétienne de Gaza à la fin de la guerre. Nous ne voulons pas être forcés de partir d’ici, notre place est à Gaza”, explique Antone, qui est né dans une famille de réfugiés palestiniens au Liban et qui est retourné dans la bande de Gaza en 1994, encouragé par l’optimisme suscité par les accords d’Oslo et espérant participer à la construction d’un État palestinien.

(…)
“Désolé, nous sommes en train d’évacuer les gens de l’église orthodoxe. Nous allons devoir parler plus tard”, répond, agitée, Nisreen Antone, épouse de George et responsable des projets du Patriarcat de Jérusalem à Gaza, quelques heures après le bombardement de l’église Saint-Porphyre, la plus ancienne de Gaza. “Nous ne savons pas combien de personnes sont mortes, nous pensons qu’il y a encore des gens sous les décombres. Il n’y a pas de mots pour exprimer ce que nous ressentons aujourd’hui”, ajoute la femme.

(…)
Quelques heures plus tard, 18 chrétiens morts dans cet attentat ont été enterrés. Au total, 40 survivants et plusieurs blessés sont hébergés dans l’église de la Sainte-Famille, où des médecins et des infirmières se trouvent parmi les réfugiés. La famille Antone insiste sur le fait que les autorités ecclésiastiques de Jérusalem ont informé l’armée israélienne que les églises et leurs institutions associées, telles que les écoles catholiques, sont des abris pour des centaines de personnes, “des gens de paix qui n’ont rien à voir avec ce conflit”.

“Mais nous sommes tous des Palestiniens, il n’y a pas de différence entre les Palestiniens musulmans et nous. Nous ne sommes pas une exception, et nous sommes en permanence en danger. Nous essayons juste de survivre, mais nous ne savons pas ce qui va se passer, ce que les jours à venir nous réservent”, dit Antone avec angoisse.

Le patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem a sévèrement dénoncé l’attaque et a souligné que le fait d’attaquer une église en tant que cible militaire, alors qu’elle “offre un abri à des citoyens innocents” qui ont perdu leur maison, “est un crime de guerre qui ne peut être ignoré”. Un porte-parole de l’armée israélienne a déclaré à Reuters que ses avions de combat avaient attaqué un “poste de commandement d’une organisation terroriste” et que “le mur d’une église de la région avait été endommagé”. Il a ajouté que “l’incident est en cours d’examen”.

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Depuis des années, les chrétiens de Gaza maintiennent un équilibre fragile entre les autorités islamistes de la bande de Gaza, le dialogue avec Israël et la préservation de leurs coutumes. Il est arrivé que l’église et ses fidèles, facilement identifiables par leur nom de famille et leur apparence, en particulier les femmes, fassent l’objet de menaces et de quelques attaques. Dans le passé, les chrétiens occupaient également des postes importants au sein du gouvernement, des universités et des organisations palestiniennes, mais ils ont progressivement disparu de la vie publique à Gaza et, dans le meilleur des cas, ils travaillent dans des organisations catholiques telles que Caritas ou d’autres ONG. Contrairement aux grandes familles chrétiennes de Cisjordanie, qui sont souvent influentes, n’ont pas de difficultés financières et sont bien intégrées dans la société, être chrétien à Gaza implique un parcours compliqué et semé d’embûches au quotidien.

C’est pourquoi beaucoup ont fait leurs valises. En 2007, la bande de Gaza comptait environ 7 000 chrétiens, soit sept fois plus qu’aujourd’hui. Dans l’ensemble des territoires palestiniens, la communauté ne représente pas plus de 2 % de la population. La communauté chrétienne de Gaza ne compte pas plus de 130 catholiques.

La vie quotidienne à l’intérieur de l’église de la Sainte-Famille est parfaitement organisée pour conjurer le sentiment de chaos et étouffer la peur. Il y a deux messes, l’une le matin et l’autre l’après-midi, la prière du rosaire, des moments pour cuisiner et faire le ménage… “Nous sortons peu, car nous risquons notre vie. Seulement si c’est nécessaire pour obtenir des médicaments que nous n’avons pas ou pour soigner quelqu’un qui se trouve dans nos écoles, où nous avons accueilli des familles musulmanes”, explique Antone.

Lorsqu’il y a une menace de bombardement à proximité, les responsables de la sécurité à l’intérieur de l’église organisent rapidement les personnes présentes, les aident à se déplacer vers l’un des abris qui ont été installés dans des zones plus sûres de l’église, où il y a également de l’eau et de la nourriture, et ils s’occupent des enfants, des personnes âgées et des personnes handicapées du groupe.

Pour George Antone, les trois appels du pape François ont été l’un des rares moments de paix de ces derniers jours : “Il était préoccupé par la communauté, par la façon dont nous vivions au sein de l’église, et il souhaitait que nous puissions bientôt rentrer chez nous. Je l’espère”.

Ce texte est publié en partenariat avec l’Institut BrennusAnticipation et Le Courrier des Stratèges

Edouard Husson

One thought on “BRENNUS: Mais pourquoi donc Emmanuel Macron se rend-il en Israël ?

  • Merci pour ce bel article qui détonne avec tout ce que l’on peut entendre officiellement…

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