J’ai commencé début 2024, une série d’article sur le thème de l’énergie. J’invite le lecteur à s’y référer afin d’avoir toutes les notions importantes pour comprendre les tenants et aboutissants régissant le marché de l’électricité en Europe:
- L’exemple de la transition énergétique au Danemark
- Les mécanismes de la transition énergétique partie 1
- Les mécanismes de la transition énergétique partie 2
- Les mécanismes de la transition énergétique partie 3
- Le changement de paradigme énergétique et industriel
Aujourd’hui je vais présenter la doctrine qui structure la pensée de la “révolution verte”: la transition énergétique en Europe. Il s’agit bien d’une doctrine, puisqu’elle est une réflexion à but politique pour structurer, organiser et contrôler l’intégralité de la vie socio-économique et industrielle des pays membres de l’UE. Tout comme le communisme, le nazisme et le fascisme avaient été instaurés « religions d’états », l’écologisme politique est en train de le devenir en Europe via le pacte vert pour l’Europe.
Les objectifs non avoués de l’UE, sous couvert de transition énergétique indispensable, réchauffement climatique oblige, sont multiples. Tout cela est expliqué dans le pacte vert pour l’Europe. Ce document est la référence européenne en matière de transition sociétale. Voici ses buts :
- Effectuer un transfert de souveraineté énergétique des actifs publics vers des fonds privés.
- Donner les clefs du réseau électrique non plus aux sociétés électriques, mais aux majors du gaz.
- Financer l’ensemble de ces transformations à l’aide de taxes sur le carbone, taxes de réseau, subventions aux énergies renouvelables, et autres prélèvements obligatoires, afin que la quasi intégralité des changements soient financés par le citoyen ou l’état pour le meilleur bénéfice de fonds privés.
La lecture du document synthétique le pacte vert pour l’Europe est un ensemble théorique, dont la phraséologie donne l’illusion que tout est fait par altruisme pour son prochain. Ce document ayant été bizarrement supprimé de la base documentaire de la commission européenne, nous vous le proposons en téléchargement sur notre site au cas où il disparaisse des archives d’internet…
Attardons-nous donc sur quelques articles de ce pacte vert, qui a été édité en 2019 dont voici le plan général du document :
1. INTRODUCTION — TRANSFORMER UN DEFI URGENT EN UNE CHANCE UNIQUE A SAISIR
2. TRANSFORMER L’ECONOMIE DE L’UE POUR UN AVENIR DURABLE
2.1. Concevoir un ensemble de politiques porteuses de grands changements
2.1.1. Renforcer l’ambition climatique de l’UE pour 2030 et 2050
2.1.2. Un approvisionnement énergétique propre, abordable et sûr
2.1.3. Mobiliser les acteurs de l’industrie en faveur d’une économie circulaire et propre
2.1.4. Construction et rénovation économes en énergie et en ressources
2.1.5. Accélérer la transition vers une mobilité durable et intelligente
2.1.6. «De la ferme à la table»: concevoir un système alimentaire juste, sain et respectueux de l’environnement
2.1.7. Préserver et rétablir les écosystèmes et la biodiversité
2.1.8. Une ambition «zéro pollution» pour un environnement exempt de substances toxiques
2.2. Intégrer la durabilité dans toutes les politiques de l’Union
2.2.1. Promouvoir la finance et l’investissement verts et assurer une transition juste
2.2.2. Verdir les budgets nationaux et envoyer les bons signaux de prix
2.2.3. Mobiliser la recherche et favoriser l’innovation
2.2.4. Activer l’éducation et la formation
2.2.5. Un serment vert: «ne pas nuire»
3. L’UE, CHEF DE FILE MONDIAL
4. IL EST TEMPS D’AGIR — ENSEMBLE: UN PACTE EUROPEEN POUR LE CLIMAT
Voici donc l’ensemble des chapitres du pacte vert pour l’Europe qui, comme l’indique le chapitre 2, tend à transformer l’économie de l’UE. Le maître mot de cette transformation est la durabilité. Nous avons devant nous le manifeste du parfait écologiste prêt à tout pour planifier l’économie européenne, tout comme il y avait le manifeste du parfait communiste prêt à tout pour planifier l’économie soviétique. Tous les pans de l’activité humaine sont repris dans ce pacte vert pour l’Europe:
- Conception de politiques (comprendre règlementations & régulations)
- Approvisionnement énergétique (comprendre transition vers le tout renouvelable et le tout gaz)
- Mobiliser les industries (comprendre faire des plans de relance industrielle)
- Mobilité durable (comprendre le secteur des transports)
- Construction et rénovation (comprendre secteur BTP et infrastructure)
- De la ferme à la table (comprendre toute la chaine alimentaire, et l’agriculture)
- Finance et investissement (comprendre planification de l’économie)
En son temps, Mr Mouammar Khadafi avait théorisé dans un essai titré le livre vert, tout ce qu’était sa pensée politique ainsi que sa vision du monde pour la Lybie. Nous assistons au 21ème siècle à la planification entière des activités européenne, sous couvert du dogme de l’environnement et de la durabilité. Le 20ème siècle a prouvé avec les exemples soviétique, nazi et fasciste que la planification totale d’une économie sur la base d’un dogme conduisait à la faillite. Ces planifications menaient soit à la ruine, soit à la ruine et la guerre. Il semble que l’UE tente la même expérience de soviétisation de son économie non pas sur la base du dogme communiste, mais sur celle du libéralisme durable. Cette notion de libéralisme durable a une autre définition : cela s’appelle le monopolisme autorisé pour les industries privées, sous couvert de subventions publiques.
Attardons-nous sur quelques échantillons de ce pacte vert édité en 2019 :
« Il est indispensable de prévenir le risque de précarité énergétique pesant sur les ménages »
Le citoyen européen a pu constater l’efficacité des mesures prises par « les élites » européennes puisque les prix de l’énergie n’ont eu de cesse que d’augmenter, encore plus fortement depuis 2019. Dans un monde libéral, où les travailleurs et les entrepreneurs sont responsables de leurs actes, face à un tel bilan en totale opposition avec les objectifs avancés, l’employé se trouve licencié. Qu’en est-il de nos « élites? » Pourquoi la politique appliquée reste la même sachant qu’elle n’a pas été couronnée de succès. Quelles sont les puissances qui imposent cette direction politique? Et comment expliquer que l’ensemble des pays membres de l’UE, qui ont tous une densité de population et un maillage industriel fort dissemblable, doivent appliquer les mêmes politiques énergétiques?
« La transition vers la neutralité climatique nécessite également des infrastructures intelligentes. Une coopération régionale et transfrontalière accrue permettra de récolter les fruits de la transition vers une énergie propre à des prix abordables »
Une fois encore le citoyen pourra questionner ce qu’entendent « nos élites » lorsqu’elles parlent d’infrastructures intelligentes. Il faudrait déjà avoir des dirigeants qui fassent preuve d’intelligence, avant d’en avoir les infrastructures. Dans l’article précédent, sur le seul cas de l’éolien off-shore, le budget estimé est de 400 milliards d’Euros d’investissements pour une politique énergétique qui ne cesse de précariser les pays Européens. On peut également se demander où se trouve la jauge, le curseur qui détermine le seuil de prix abordables?
« Le pacte vert pour l’Europe est une réponse à ces défis. Cette nouvelle stratégie de croissance vise à transformer l’UE en une société juste et prospère, dotée d’une économie moderne, efficace dans l’utilisation des ressources et compétitive, caractérisée par l’absence d’émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050 et dans laquelle la croissance économique sera dissociée de l’utilisation des ressources »
Comme nous avons pu le constater depuis 10 ans maintenant, mais plus particulièrement depuis 3 ans (depuis que l’Allemagne est en récession), le pacte vert pour l’Europe est une réellement une nouvelle stratégie de croissance, c’est du jamais vu : Nous sommes en croissance! Si, si, si, mais vous ne le savez pas. Elle est négative, mais elle croît. Tout comme Orwell mentionnait dans 1984 : « La guerre c’est la paix, la liberté c’est l’esclavage, l’ignorance c’est la force », nous vivons dans une Europe Orwellienne où la croissance c’est la décroissance. Mais cela ne semble pas affoler « nos élites » car tout se déroule suivant le plan, celui du pacte vert. On notera tout de même le postulat indiquant « la croissance économique sera dissociée de l’utilisation des ressources ». Je me demande comment la création de valeur et de richesse peut être possible si cela n’est basé sur aucune ressource. Peut-être est-ce le même paradigme que celui qui soutient l’industrie éolienne: du vent, et des taxes? Sous cette remarque se cache tout de même le spectre d’une économie de services et une économie numérique à 100%. Cela interpelle! On pourra néanmoins préciser que pour assouvir une économie de service et 100% numérique, il faut des serveurs, des calculateurs, des réseaux, qui fonctionnent… à l’énergie électrique.
« La réalisation d’une économie circulaire et neutre pour le climat nécessite l’engagement plein et entier des acteurs de l’industrie. Il faut 25 ans – une génération – pour transformer un secteur industriel et toutes les chaînes de valeur. Pour être prêts en 2050, nous devons prendre des décisions et des mesures dans les cinq années à venir. »
Le pacte vert insiste fortement sur la notion d’économie circulaire. Que le lecteur de ne trompe pas, il ne s’agit pas d’une économie circulaire ouverte sur le monde. Il s’agit d’une économie circulaire autocentrée sur elle-même. N’y a-t-il pas ici le spectre de l’économie soviétique? Ce que proposent « nos élites » est de cloisonner l’UE dans un périmètre prédéfinit dans lequel quelques industries se partageraient le gâteau européen. Nous revenons à cette notion de monopolisme institutionnalisé. Comme indiqué, il faut 25 ans pour transformer un secteur industriel. Je pose encore et toujours la même question: Quel industriel va se lancer dans l’aventure européenne sur 25 ans, s’il n’a aucune garantie sur les prix de l’énergie à l’horizon même de 3 ans? Seul les grands groupes ayant quasi-monopole et activité de lobbying peuvent s’engager à risque contrôlé. Nous sommes bien loin de la liberté d’entreprendre défendue par le libéralisme. Et surtout quelles sont les garanties données par l’UE à ces groupes afin de leur garantir retour sur marge?
« L’accès aux ressources constitue également une question de sécurité stratégique au regard de l’ambition de l’Europe de concrétiser son «pacte vert». Aux fins de cette transition, il est donc indispensable, entre autres conditions préalables, de garantir l’approvisionnement en matières premières durables, notamment en matières premières critiques nécessaires aux technologies propres, aux applications numériques et spatiales, ainsi qu’aux applications de défense, grâce à la diversification des sources d’approvisionnement tant primaires que secondaires. »
Ce point est assez croustillant sachant que quelques paragraphes auparavant, il est clairement indiqué que « la croissance économique sera dissociée de l’utilisation des ressources ». Au-delà de l’incohérence des propos tenus dans ce pacte vert, il faudra tout de même noter la chose suivante. L’UE s’attache à s’embrouiller avec tous les « géants » de ce monde: La Chine, l’Inde, l’Iran, la Russie. Sachant que l’UE a des réserves en ressources naturelles limitées dans certains secteurs, l’UE devrait s’attacher à développer des partenariats stratégiques sur le long terme avec de nombreux pays différents. Au lieu de cela, l’UE calque sa diplomatie sur celle des USA qui est le pays le plus belliciste du monde. Je doute qu’à ce jeu les approvisionnements en ressource ne soient « durablement durables » comme le petit manifeste vert le souhaiterait. L’UE est en train de s’isoler du reste du monde. Et il ne restera pour assurer son approvisionnement que les majors qui ont justement structuré les marchés divers pour s’assurer le monopole partagé sur le marché fermé européen global. Cette économie circulaire est une soviétisation de l’économie européenne.
« Pour couvrir les besoins de financement à long terme liés à la transition, la Commission continuera de rechercher avec les partenaires compétents, dans le cadre du plan d’investissement pour une Europe durable, des sources de financement supplémentaires susceptibles d’être mobilisées ainsi que des manières innovantes de le faire. »
« Des signaux à long terme sont nécessaires pour orienter les flux financiers et les flux de capitaux vers les investissements écologiques et éviter les actifs échoués. La Commission présentera une stratégie renouvelée en matière de finance durable au troisième trimestre de 2020 qui mettra l’accent sur un certain nombre d’actions. Premièrement, la stratégie renforcera les fondements de l’investissement durable. Il sera notamment nécessaire que le Parlement européen et le Conseil adoptent la taxonomie de classification des activités considérées comme écologiquement durables. »
« Aussi longtemps qu’un grand nombre de partenaires internationaux ne partageront pas la même ambition que l’UE, le risque de fuite de carbone sera présent, soit parce que la production est transférée de l’UE vers d’autres pays moins ambitieux en matière de réduction des émissions, soit parce que les produits de l’UE sont remplacés par des produits importés à plus forte intensité de carbone. Si ce risque se concrétise, il n’y aura aucune réduction dans les émissions mondiales et cela ruinera les efforts consentis par l’UE et ses industries pour atteindre les objectifs mondiaux en matière de lutte contre le changement climatique définis dans l’accord de Paris. Si les écarts entre les niveaux d’ambition à travers le monde persistent alors que l’UE renforce son ambition climatique, la Commission proposera un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières pour certains secteurs afin de réduire le risque de fuite de carbone. Cela permettrait que les prix des importations rendent mieux compte du contenu en carbone de ces dernières. Cette mesure sera conçue de façon à respecter les règles de l’Organisation mondiale du commerce et les autres obligations internationales de l’UE. Il s’agirait d’une solution de substitution aux mesures destinées à faire face au risque de fuite de carbone dans le système d’échange de quotas d’émission de l’UE »
Il faut bien comprendre que l’UE a tout pouvoir sur la monnaie européenne et sur la taxonomie qu’elle peut imposer aux frontières. Donc pour assurer ses besoins en financement, l’UE nous indique qu’elle va mobiliser des manières innovantes de financement: les taxes! Quelle innovation!
Et quel sera l’argument pour justifier des taxes, encore des taxes et toujours des taxes? La durabilité et le carbone. Sachant que l’UE importe énormément de Chine, d’Inde, de Russie, du Japon et des USA qui sont les plus grands consommateurs de charbon au monde, j’émets un doute sur la pérennité du plan de financement établi par l’UE. Les productions des pays cités seront taxées car polluantes, ce qui augmentera au final le prix pour le consommateur, et ça contribuera à appauvrir les populations Européennes. Lorsqu’elles ne pourront plus payer ces produits taxés, les pays producteurs réorienteront leurs productions vers des pays solvables. La destruction de l’UE, avec de telles stratégies, semble inéluctable. J’invite le lecteur à prendre connaissance des analyses faites par Mr Charles Gave sur ce sujet.
Il faut que le lecteur sache qu’il y a en France comme ailleurs, des personnalités qui poussent à la création d’un club carbone, regroupant les pays utilisant le charbon. Les productions des pays utilisant le charbon comme moyen de production électrique seront donc taxées. Il serait grand temps que la France arrête d’imaginer pouvoir gérer les problèmes du monde avec des taxes. Il faudrait que la France soit la France et protège ses savoir-faire historiques. Le savoir-faire historique Français en matière énergétique c’est le nucléaire et l’hydro-électricité. Le savoir-faire historique Français en matière d’industrie est multiple, divers et surtout extrêmement créatif. Il faudrait le rapatrier sur le territoire national et le débrider. Le savoir-faire historique Français en matière alimentaire est millénaire, reconnu, hautement qualitatif et il conviendrait de le protéger au lieu de favoriser des mono-cultures à vendre sur les marchés internationaux.
Le but de cet article n’est pas de commenter l’ensemble du pacte vert européen. Ce chapitre n’a pour vocation que d’interpeller le lecteur sur quelques points portés à son attention. J’invite donc le lecteur, les médias, les financiers de tout bord, les capitaines d’industries à lire ce pacte vert, ils y trouveront un ensemble d’informations bien utiles à la compréhension des transformations actuelles survenant en Europe.
Je partage au lecteur une réflexion faite par le Maître, dans le livre le Maître et Marguerite écrit par Boulgakov lors de sa critique de l’Union Soviétique Stalinienne : « Pour être en mesure de gouverner, vous avez beau dire, il faut avoir un plan précis portant sur une durée qui soit malgré tout d’une certaine ampleur. Or, je me permets de vous le demander, comment l’homme serait-il en mesure de gouverner, alors qu’il est non seulement dans l’incapacité d’établir un plan quelconque sur une durée même ridiculement brève – disons un millier d’années- mais qu’il ne peut même pas se porter garant de son propre lendemain »
Le lecteur doit bien comprendre que si la France semble sans plan, sans avenir, cela est uniquement dû au fait que les détenteurs du plan sont en action depuis Bruxelles et que les sbires de Paris n’en sont que les exécutants. Les plans existent, et ils sont mis en application. Une des raisons pour laquelle les citoyens ne comprennent plus ce qui arrive (et notamment en matière d’énergie) c’est que les plans sont présentés mais leur but véritable est caché. Je partage ici le discours fait en 1992 par Philippe Seguin à l’assemblée nationale. Il y est dit à propos de Bruxelles et de la politique des Euro- Régions:
C’est la manifestation d’un dessein régionaliste qui ne prend même plus la peine de se déguiser, mais dont comme toujours on dissimule les véritables ambitions. »