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Les racines cachées de l’Union Européenne et de son réarmement

Le dernier délire de l’Union européenne, celui du réarmement face à une probable et imminente attaque russe contre l’Europe, pourrait être défini comme une “bouffée délirante” en utilisant un langage emprunté à la psychiatrie et à la psychologie. On observe une fois de plus le détachement, de la part des élites ou des classes sous-élites européennes, d’un principe minimum de réalité et aussi de la part des peuples qui, évidemment, ne veulent pas entendre parler de guerre.

Une subordination aux intérêts américains

Il faut rappeler qu’il n’y a jamais eu de déclaration du président Poutine ou du gouvernement russe visant à attaquer l’Europe. La raison stratégique ou géopolitique de cette éventuelle attaque n’est pas claire. Cette Union européenne, qui est la négation de l’Europe des patries voulue par De Gaulle, reste le seul rempart d’un monde lié au Parti démocrate américain, aux grandes banques d’investissement, aux centres d’investissement comme Blackrock et Vanguard, au complexe militaro-industriel comme l’appelait le président Eisenhower dans les années 1960 à la fin de sa présidence, aux intérêts privés et à ce qu’est l’axe financier spéculatif qui parcourt un axe imaginaire qui va de la City de Londres à New York (Wall Street).

Cela montre que les États-Unis ne sont pas une réalité monolithique et mono-structurée, mais une structure hétérogène fondée par un gouvernement officiel et un gouvernement non officiel que nous pouvons appeler synthétiquement deep state en anglais, c’est-à-dire l’État profond qui aujourd’hui, avec Trump, est miné de l’intérieur.

L’Europe est étroitement liée à cette puissance cachée au point d’en devenir l’acies ordinata. Surtout maintenant que les États-Unis et la Russie cherchent enfin à normaliser leurs relations et à tenter de résoudre la question ukrainienne causée par les États-Unis.

Les origines de l’UE : une structure antidémocratique

Il y a quelques années, l’intellectuel et dissident russe Vladimir Boukovski parlait de l’Union européenne comme d’un nouveau projet d’Union soviétique européenne, c’est-à-dire d’un état technocratique monstrueux, hautement bureaucratisé et avec de moins en moins de liberté d’expression. Le genre de monstre que l’Europe « libre » a toujours combattu. Ce qui est particulièrement inquiétant, c’est que les ministres de l’UE sont appelés commissaires, ce qui rappelle un peu les commissaires du peuple soviétiques. Cela se passe dans le domaine de la politique intérieure, mais du point de vue de la politique économique, c’est le libéralisme turbo-capitaliste qui prévaut, écrasant les économies des différents États-nations.

L’Union est une construction artificielle qui ne prévoit pas la participation des citoyens au processus européen. La soi-disant Commission européenne n’est pas élue, mais nommée selon des jeux de pouvoir particuliers et le Parlement européen n’a d’autre utilité que celle de ratifier les décisions prises par la Commission. Elle a été créée dans l’ombre avec l’intention, dès le début, de créer une Europe unie qui servirait les intérêts des banquiers et de ce que nous appelons brièvement la grande finance spéculative internationale.

Une vision fédéraliste

Cette UE s’inspire d’un document appelé le Manifeste de Ventotene, du nom d’une île italienne de la mer Tyrrhénienne, qui envisageait la nécessité d’établir une fédération européenne dotée d’un parlement et d’un gouvernement démocratique doté de véritables pouvoirs dans certains secteurs tels que l’économie et la politique étrangère. Il a été écrit par un groupe d’intellectuels antifascistes confinés par le régime sur cette île : Altiero Spinelli, Ernesto Rossi et Eugenio Colorni.

Aujourd’hui, il est considéré, par les européistes, comme un texte fondateur de l’Union européenne telle que nous la connaissons actuellement. Ce manifeste envisage la construction d’un super-État européen qui serait le précurseur d’un État mondial unique, surmontant les États nationaux qui auraient dû céder une partie de leur souveraineté. Ce texte ne prévoit pas de participation populaire et contient une attaque virulente contre l’Église catholique.

Altiero Spinelli a épousé la femme de Colorni, tué en 1944 par les nazis, Ursula Hirschmann, issue d’une famille juive de Berlin. Le frère de Hirschmann, Albert, était un économiste qui avait travaillé pour la Federal Reserve et avait également été consultant pour la Fondation Rockefeller. L’un des frères d’Altiero Spinelli, Veniero, était marié à Ingrid Warburg, la fille du banquier américain d’origine allemande Warburg. Spinelli a ainsi pu bénéficier de financements américains et privés pour réaliser le « rêve » européen. Voyons ici quels sont les intérêts et les groupes de pouvoir qui se cachent derrière la fondation de l’Union européenne. En 1943, le groupe du Manifeste de Ventotene fonde le Mouvement fédéraliste européen (MFE) qui est la section italienne de l’Union des fédéralistes européens (UEF) qui à son tour fait partie du Mouvement fédéraliste mondial (WFM) qui préconise la formation d’un gouvernement mondial unique.

L’Europe unie devait être le prélude à un gouvernement mondial unique qui remplacerait les différents États nationaux qui devaient fusionner avec d’autres structures mondialistes afin de créer un gouvernement mondial au détriment des différentes cultures, états et traditions des différents pays européens.

Influences Financières

Un autre des architectes de cette Europe fut Jean Monnet, un entrepreneur français qui hérita d’une entreprise de son père qui vendait du cognac. Il abandonne ses études très jeune pour se rendre d’abord en Angleterre puis en Amérique où il accepte en 1925 un partenariat dans la banque Blair & Co. qui fusionne en 1929 avec la Bank of America. Après la Seconde Guerre mondiale, Jean Monnet, en tant que simple citoyen sans fonction publique, se voit confier par les grandes banques d’investissement américaines des fonds, le Plan Marshall, destinés à reconstruire l’Europe, sévèrement détruite par la Seconde Guerre mondiale, à condition que les États européens acceptent une perte progressive de souveraineté d’un point de vue économique, politique et même militaire pour accéder à ces fonds. Le principe sous-jacent, objectivement erroné, reposait sur le fait que ce sont les souverainetés qui créent le nationalisme, lequel à son tour crée les guerres. La Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) a été créée pour retirer la Ruhr à l’Allemagne de l’Ouest. Zone historiquement convoitée par les Français. Il en devient le représentant. Les États européens ont été confrontés à un véritable chantage. Il ne revendiquait pas un certain pouvoir politique pour ne pas être soumis à un jugement ou à un vote populaire. Curieusement, en 1940, après l’invasion nazie de la France, il proposa, comme on le lit dans ses mémoires de 1978, un plan d’unité entre la France et l’Angleterre pour faire face à l’invasion nazie. Le projet échoua cependant en raison du refus ferme de la France, qui craignait à juste titre de perdre sa souveraineté. Une telle union rappelle la tentative actuelle d’union, d’un point de vue militaire, entre la France et l’Angleterre pour faire face à une menace russe inventée pour l’Europe.

Le projet d’une Europe unie comprenait une monnaie unique, une politique commune et une armée unique, mais d’un point de vue militaire ce projet a échoué parce que De Gaulle s’opposait à une fusion des armées européennes car seul un état souverain peut décider de l’entrée en guerre d’une nation et donc de la mort conséquente de ses citoyens pour un intérêt national et non pour les intérêts de bureaucrates technocrates apatrides. Monnet pensait au contraire qu’on pouvait faire avec les armées ce qu’on pouvait faire avec les banques ou n’importe quelle entreprise, c’est-à-dire une fusion-acquisition.

Cependant, l’idée d’un réarmement européen ante litteram est apparue au début des années 1950 lorsque Monnet lui-même et d’autres personnalités importantes de l’Europe de l’époque, comme le Premier ministre français René Pleven et le Premier ministre italien Alcide De Gasperi, ont émis l’hypothèse d’un projet de coopération militaire entre la France, l’Italie, le Benelux (Belgique, Hollande, Luxembourg) et l’Allemagne de l’Ouest appelé CED (Communauté Européenne de Défense). Ce plan prévoyait la création d’une armée européenne complémentaire à l’OTAN et un nouveau réarmement allemand. C’est exactement ce à quoi nous assistons aujourd’hui. En 1950, la guerre de Corée éclate, impliquant les États-Unis. Cet événement a rendu les Européens paranoïaques car ils craignaient une éventuelle invasion soviétique de l’Europe et ils ont donc élaboré ce plan en réponse à l’URSS. Le projet échoua parce qu’il ne trouva pas le soutien du peuple allemand et du chancelier Adenauer qui ne voulait pas, pour des raisons historiques évidentes, se réarmer et aussi parce que l’Assemblée nationale française le rejeta en 1954.

Une Militarisation Croissante

En conséquence, le traité de Bruxelles de 1948 fut amendé et l’Italie et l’Allemagne de l’Ouest furent autorisées à rejoindre l’UEO (Union de l’Europe occidentale) précisément dans le but du réarmement allemand.

  • En 1987, François Mitterrand et Helmut Kohl créent l’Eurocorps, force militaire multinationale, et la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) est renforcée.
  • En décembre 1998, Tony Blair, alors Premier ministre britannique, et le président français Jacques Chirac, lors du sommet de Saint-Malo de 1998, créent la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) pour permettre à l’Union européenne d’organiser des opérations conjointes de prévention des conflits internationaux et de gestion des crises.
  • En 2016, alors que le Royaume-Uni quittait l’Union européenne, Federica Mogherini, Haute Représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a proposé une Stratégie globale pour la politique étrangère et de sécurité de l’Union européenne afin de permettre à certains États de l’UE de coopérer sur des actions militaires conjointes au sein de l’Union.
  • En 2017, la Coopération structurée permanente (CSP) ou en anglais PESCO (Permanent Structured Cooperation) a été créée, toujours avec une fonction de défense commune.
  • En 2024, l’Agence européenne de défense (AED) a été créée pour développer les capacités militaires, de recherche et d’armement.

Aujourd’hui, avec les fonds de 800 milliards d’euros destinés au réarmement européen, il semble y avoir une possibilité concrète qu’une armée européenne soit formée, même si l’on ne sait pas clairement qui devrait la diriger. Je crains qu’il y ait des conflits entre les différents pays au sujet du commandement. Un réarmement qui aurait pour objectif la guerre contre la Russie et la destruction totale de l’Europe puisque l’Europe ne peut pas rivaliser, sans les États-Unis, du point de vue des armements, dans un affrontement direct avec la Fédération de Russie qui est plus avancée technologiquement et qui dispose de toutes les sources d’énergie et de nourriture pour faire face à une guerre de longue durée. Une Europe profondément en crise économique et politique qui ne serait pas en mesure de produire des armements et des munitions pour un conflit de grande ampleur avec la Russie.

Une Europe en Crise Morale

L’UE n’a pas su trouver un seul euro pour soulager les souffrances du peuple grec pendant la crise économique grecque de 2008-2016, lorsque le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un prêt de 110 milliards, donc une dette publique supplémentaire que la Grèce ne pourra jamais rembourser, à moins que des mesures d’austérité sévères ne soient mises en œuvre qui vont à l’encontre des intérêts du peuple grec, avec l’UE qui assiste à la destruction d’un de ses pays membres.

Ainsi s’achève sans pitié la rhétorique des 80 ans de paix garantie par l’Europe et les slogans selon lesquels l’Europe garantit la paix, remplacés par des slogans tout aussi grotesques comme ceux orwelliens selon lesquels le réarmement de l’UE + Royaume-Uni sert à garantir la paix en Europe.

L’Union européenne est ainsi née comme une idée mondialiste qui, aujourd’hui, jette son masque et se révèle dans toute sa férocité, subordonnée à ce monde unipolaire poursuivi jusqu’à présent par les différentes administrations américaines, s’opposant à la nouvelle structure d’un monde multipolaire dont la Russie et la Chine sont les piliers. Il semble, depuis les premiers mois de la présidence de Trump, que les États-Unis souhaitent un rapprochement avec ces deux puissances mondiales pour assurer au moins un minimum de stabilité, d’ordre et de normalisation des relations internationales.

Filippo Zicari

3 thoughts on “Les racines cachées de l’Union Européenne et de son réarmement

  • De Gaulle. encore de Gaulle, toujours de Gaulle, Et a part de Gaulle, qu’est-ce vous connaissez ?

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  • Très instructif, merci !

    Attention cependant, une rectification s’impose dans le paragraphe ci-dessous, où le mot “Europe” est utilisé deux fois à la place de “UE”. Ce sont deux choses bien différentes.

    “Ainsi s’achève sans pitié la rhétorique des 80 ans de paix garantie par l’Europe et les slogans selon lesquels l’Europe garantit la paix […]”

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  • La seule base morale et politique pertinente pour l’Europe serait le retablissementde l’empire d’occident, reunissant es Francs de l’ouest, francais, kes Francs de l’est qui parlent dialecte (theodisca Deutsch(, et les Lotharigiens (Italiens), Tous ont en commun le latin, le droit romain (dont la notion de res publica) et le christianisme, Cela fait beaucoup, d’autant plus que l;Etat ptussin ayany ete formellement dissous en 1947/ plus rirn nr d’oppodt au retour de l;Allemegne dans une Eutopr lstine, qui d’ailleurs airait seule une reoresentativite suffisante our oarler avec j;oru=ient russe en bon voisinage,

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