La Chine occupe naturellement le vide laissé par l’Union Européenne sur le continent: de facteur de paix, cette dernière est devenue partie prenante du côté de Kiev et même fauteuse de guerre. Pékin va donc poser à la place de Paris, Berlin et Bruxelles, les bases d’une négociation pour sortir du conflit ukrainien. Pour cela elle envoie en Europe le diplomate Li Hui, qui est un ancien ambassadeur de Chine à Moscou (entre 2009 et 2019). Quelle humiliation pour les gouvernements des Etats-membres de l’UE!
Cet article est publié en partenariat avec le Courrier des Stratèges
La Chine envoie Li Hui en Europe
Selon le Global Times, journal de langue anglaise proche du Parti Communiste Chinois :
« L’envoyé spécial de la Chine pour les affaires eurasiennes, Li Hui, s’apprête à se rendre en Ukraine, en Pologne, en France, en Allemagne et en Russie dans le cadre des efforts déployés par la Chine pour contribuer à trouver une solution politique à la crise russo-ukrainienne. La mission principale de la visite sera d’apprendre et de communiquer sur les demandes et les opinions des principales parties concernées, selon les experts. (…)
Répondant à une question sur la visite lors d’une conférence de presse de routine lundi 15 mai, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Wang Wenbin, a réaffirmé que la Chine continuerait, avec la communauté internationale, à jouer un rôle constructif dans la recherche d’une solution politique à la crise entre la Russie et l’Ukraine. M. Wang a indiqué que la Chine communiquerait bientôt les détails de la visite.
En tant qu’envoyé spécial, la mission de Li est de collecter et d’échanger des informations entre les parties plutôt que de les persuader, a déclaré lundi au Global Times Cui Heng, chercheur adjoint au Centre d’études russes de l’Université normale de Chine de l’Est.
À en juger par l’ordre des cinq étapes, M. Cui pense que M. Li s’informera d’abord des demandes et des opinions de l’Ukraine, puis communiquera ces opinions aux autres principales parties concernées par la crise et, lors de la dernière étape, cherchera à obtenir une réponse de la Russie à toutes ces informations.
Li serait le plus haut fonctionnaire chinois à se rendre en Ukraine au cours des 15 mois qui se sont écoulés depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine ».
Le journal chinois souligne le paradoxe qu’il y a à lancer une telle mission au moment où les Ukrainiens parlent de contre-offensive et où le président ukrainien vient d’achever une tournée en Italie, en Allemagne et en France, pour obtenir de nouvelles livraisons d’armes.
Motivations chinoises
Néanmoins, il faut comprendre les motivations chinoises :
+ La Chine aspire à un retour à la normale : cet automne, cela fera quatre ans que la crise du COVID-19 est venu perturber les perspectives de développement du pays. Le représentant permanent de la Chine à l’ONU, Zhang Jun, a insisté sur la nécessité de créer immédiatement des conditions favorables à une négociation.
+ L’attitude jusqu’au-boutiste des Américains, des Britanniques et de l’Union Européenne concernant le conflit ukrainien permet à la Chine d’apparaître comme la grande puissance diplomatique du monde. On se rappelle que, récemment, Pékin, a été en mesure de faire aboutir une réconciliation entre l’Arabie Saoudite et l’Iran.
+ Vu la pression américaine sur Taïwan, la Chine a besoin de consolider ses liens déjà étroits avec la Russie. Pékin aide diplomatiquement Moscou en comptant sur le soutien militaire de cette dernière en cas d’affrontement sino-américain. On notera que Li Hui est l’ancien ambassadeur de Chine à Moscou !
+ La guerre d’Ukraine a causé un grand basculement géopolitique mondial. Du point de vue de la Chine, une guerre qui durerait trop longtemps risquerait de compromettre la moisson attendue : renforcement de l’Asie, en particulier à travers la structuration de l’Organisation de la Coopération de Shanghai, émergence et élargissement des BRICS.
+ Enfin, dernier aspect, essentiel : la Chine occupe naturellement le vide laissé par l’Union Européenne, qui a renoncé à être un facteur de paix en Europe et dans le monde.
Kissinger est éternel
Quand on parle de diplomatie avec la Chine, on voit ressortir Henry Kissinger. Ce dernier assurait hier qu’il fallait s’attendre à la conclusion d’une négociation à la fin de l’année. Le presque centenaire diplomate, artisan, aux côtés de Richard Nixon, d’une politique réaliste restée rare dans l’histoire des Etats-Unis, sait (1) que militairement l’Ukraine est mal partie et qu’après l’ échec d’une « contre-offensive ukrainienne » qui est peut-être terminée avant d’avoir commencé, on se rapproche d’un dénouement militaire ; (2) que la Maison-Blanche aura intérêt à trouver une porte de sortie, sous peine de voir le Parti Démocrate balayé lors des prochaines élections présidentielles. (3) que, quoi qu’ils disent, les dirigeants américains ne peuvent pas se permettre d’affronter à la fois la Russie et la Chine. Notons que jeudi 11 mai, Jake Sullivan, Conseiller National à la Sécurité (le poste que Kissinger occupa auprès de Nixon avant de devenir Secrétaire d’Etat), a rencontré le numéro 2 du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Yi. Et lundi 15 mai, l’OTAN faisait savoir qu’à son prochain sommet il ne serait pas question d’admettre l’Ukraine comme membre.
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When we talk about diplomacy with China, we see Henry Kissinger stand out. The latter assured yesterday that it was necessary to expect the conclusion of a negotiation at the end of the year. The nearly centenarian diplomat, craftsman, alongside Richard Nixon, of a realistic policy that has remained rare in the history of the United States, knows (1) that militarily Ukraine got off to a bad start and that after the failure of a “Ukrainian counter-offensive” which may be over before it started, we are getting closer to a military outcome; (2) that the White House will have an interest in finding a way out, otherwise the Democratic Party will be swept away in the next presidential elections. (3) that, no matter what they say, US leaders cannot afford to confront both Russia and China. Note that Thursday, May 11, Jake Sullivan, National Security Advisor (the position Kissinger held with Nixon before becoming Secretary of State), met with the number 2 of the Chinese Ministry of Foreign Affairs, Wang Yi. And on Monday, May 15, NATO let it be known that at its next summit there would be no question of admitting Ukraine as a member.
Il est temps de mettre les rames dans le bateau, mais l’UE continue de ramer, ce qui n’est pas le cas de la Chine qui aimerait probablement construire la station de Kiev de la Silk Road.
Le general de Gaulle obje de votre devotion est exemplaire en cette matiere, qui a declare, le 5septembre 1961, en conderence de presse, que “le metier d’etre les possesseurs et le bourrisseurs de cette region nous n’y tenons pas du tout”. Justement, les Russes et le V=Chinois, eux, sont interesses. Le general objet de votre veneration voyait loin.