Partie intégrante de l‘Union soviétique depuis les années 40 jusqu‘en 1991, les pays Baltes ont eu Moscou comme centre administratif principal durant près d‘un demi-siècle. De tous les pays européens, ils semblent désormais être les plus radicalement hostiles à la Russie en général et au Kremlin en particulier. Cette hostilité va de pair avec un alignement inconditionnel sur la politique atlantiste et une allégeance quasi absolue au gouvernement des Etats Unis. Pourquoi un tel revirement ? Quelles sont les raisons d’une telle aversion envers le protecteur de la veille ?
Image : Réseau International
1) Une identité construite contre la « slavité » ou la « russité ».
Contrairement à des schémas simplistes et couramment répandus, les états Baltes ne manifestent guère d‘unité ou de point communs, tant l‘identité de chacun d’eux s’affirme et se distingue des deux autres. Le seul point de convergence très fort, qui rassemble ces trois pays en une fausse unité, est leur hostilité historique vis-à -vis de la slavité. Les peuples Baltes ne sont ni slaves ni germaniques. Ils ont une identité autre que celle de leurs voisins russes, biélorusses ou polonais. Cette « anti-slavité » pourrait même être vue comme leur caractéristique principale.
– la Langue:
La propagande soviétique affirmait en son temps que les peuples slaves étaient des peuples frères. En ce qui concerne les Baltes, l’échec est complet. Le fait que les langues baltes sont absolument étrangères aux langues slaves y a largement contribué. Le russe subsiste dans ces pays grâce aux minorités russophones. La langue sépare donc les nations baltes de la Russie, mais elle les divise également entre eux.
La Lituanie a adopté le Lituanien comme langue nationale dès sa 1ère indépendance en 1918. C’est avec le Letton la seule langue balte encore vivante, réputée très ancienne et très difficile. La plupart des néologismes sont empruntés aux langues occidentales, allemande, polonaise, française ou anglo-américaines. Le fond linguistique du Lituanien conserve sa structure et son intégrité, ce qui le rend complètement incompréhensible pour un auditeur russe ou polonais.
La Lettonie a également adopté en 1918 le Letton comme langue nationale. C’est la seconde langue balte vivante. Elle est réputée moins pure que la première, ayant subi plus d’influences étrangères notamment l’Allemand, qui a beaucoup influé sur le vocabulaire et un peu la grammaire.
Enfin, l’Estonie a adopté l’Estonien comme langue nationale. Cette dernière appartient au groupe finno-ougrien et n’est donc pas indo-européenne. Elle est très proche du finnois, qui est la langue maternelle de 95% des Finlandais (Les 5 autres pourcents de Finlandais constituent une minorité de 5% de la population Suédoise). Les langues finno-ougriennes sont encore plus compliquées à la compréhension que les deux langues baltes lituanienne et lettonne.
– la Religion:
La division religieuse recoupe la division linguistique. Non seulement aucun de ces trois peuples n‘a adopté la religion orthodoxe qui caractérise l‘immense espace russe, mais il n’y a aucune unité religieuse entre eux.
Contrairement aux Russes convertis dès le Xème siècle, les Lituaniens sont restés païens jusqu‘à la fin du XIV siècle. Leur conversion au catholicisme a suivi le mariage de leur Prince avec la reine de Pologne. Ils sont restés fidèle à Rome au cours des siècles y compris durant la période soviétique. Les Lituaniens ethniques sont à plus de 95% catholiques, et on ne trouve parmis eux que très peu d‘orthodoxes et de protestants.
Les Lettons ont d’abord appartenu à l’Eglise romaine avec la fondation de Riga par les chevaliers porte-glaive, puis ils se sont convertis massivement au protestantisme dans sa forme luthérienne, suivant en cela l’aristocratie allemande locale. Cependant, de fortes minorités catholiques ont subsisté et les Lettons ethniques se répartissent aujourd’hui entre deux tiers de luthériens et un tiers de catholiques.
Les Estoniens ont suivi un processus de conversion semblable à celui des Lettons, mais aujourd’hui le pourcentage de catholiques y est beaucoup plus faible. Chez les Estoniens ethniques, la proportion de luthériens est tout à fait comparable à celle existant en Finlande ou en Scandinavie.
– l‘Histoire :
Les trois pays ont appartenu successivement à l‘empire russe, puis à l‘Union soviétique après la brève parenthèse de leur première indépendance. Leur rattachement forcé à cette immense zone russe a cependant eu lieu relativement tardivement et dans des circonstances différentes.
Le cas le plus singulier est celui de la Lituanie. Ce territoire peuplé de Lituaniens ethniques a été annexé par l‘empire russe lors du partage de la Pologne, à la fin du XVIII siècle. Auparavant, l‘histoire de cette région rejoignait celle de la Pologne ou Rzeczpospolita. Le polonais était la langue administrative, les gens cultivés, les citadins et tous les gens appartenant aux catégories sociales élevées s’exprimaient dans cette langue. Le rattachement à l’empire russe alla de pair avec une russification, mais celle-ci pénétra peu le pays en dehors des Juifs citadins, la Lituanie étant alors un pays très largement rural.
L’histoire de l’Estonie et de la Lettonie est très semblable. Ces deux territoires sont convertis au christianisme et rattachés à la culture européenne par les chevaliers porte glaive et les teutoniques. Cette forte domination germanique perdura jusqu’à une époque récente. Durant des siècles, la classe dominante des propriétaires fonciers ainsi que celle des citadins cultivés, est d’origine allemande, elle correspond aux fameux barons Baltes. Cette zone protestante luthérienne, imprégnée de culture germanique est alors appelée Livonie, elle reste imperméable au monde slave même lors de son rattachement à l’empire russe après la « guerre du Nord » début XVIII siècle. Les barons Baltes conserveront la majorité de leurs privilèges et influence sur ces régions, demeurant ainsi très longtemps à l’écart de la russification.
2) Un douloureux passé soviétique
Aux grandes disparités culturelles et historiques des trois pays Baltes, s’oppose une « splendide unité » lorsqu’il s’agit d’apprécier la période soviétique. Cette appréciation très majoritairement négative est portée par les Baltes ethniques ayant vécu cette période. Elle est quelque peu tempérée par la population russe qui reste minoritaire au sein des trois Républiques. La période soviétique peut être abordée globalement tant les différences furent minimes d‘une république à l‘autre.
Les trois républiques Baltes, que nous connaissons actuellement (Lituanie, Lettonie, Estonie) ont toutes vues le jour à l‘issue de la 1ère guerre mondiale en 1918. Les espaces géographiques correspondant à ces trois états indépendants ont été définis à ce moment là et n‘ont plus varié depuis. On peut dire que l’apparition des pays Baltes est une résultante de la défaite de l‘Empire Russe en 1917.
De nos jours encore, les Baltes ethniques (Lituaniens, Lettons ou Estoniens) contemplent avec une infinie nostalgie, cette période de la première indépendance. Elle dura le temps de l’entre-deux-guerres et est considérée comme une sorte d’âge d’or. Cette période idéalisée fut pourtant loin d’être prospère et vit l’instauration de régimes politiques semi-autoritaire, sur le modèle polonais du Maréchal Pilsudski. Cette période, qui s’étend sur à peine vingt ans, a été marquée par une forte volonté d’affirmation de des identités nationales sur une base ethnique.
Ces deux décennies d‘indépendance nationale ont définitivement marqué les esprits. Les principaux leaders indépendantistes (tel le lituanien Landsbergis) qui sont nés durant cette époque s‘en sont servi pour assoir la légitimité des revendications indépendantistes de leurs peuples respectifs.
Les identités baltes avaient commencé à ressurgir au XIXème siècle, bénéficiant du mouvement des nationalités, particulièrement en Europe de l’Est. Mais l‘histoire est tragique et le destin allait frapper cruellement à trois reprises ces petits états fragiles et isolés.
Ce fut une première fois le cas en 1939, lors du fameux pacte Molotov Ribbentrop. Les puissances allemandes et soviétiques se répartirent l‘espace qui les séparait. Les pays Baltes échurent à l‘Union soviétique, qui n’eut même pas à user de la force (au contraire de la Finlande) pour les annexer, tant le rapport de force était disproportionné. En 1940 les trois républiques de Lituanie, de Lettonie et d‘Estonie devinrent des républiques socialistes soviétiques. Cette année qui précéda l‘opération Barbarossa fut marquée par de nombreux bouleversements intérieurs. Expropriations et spoliations de masse furent suivies par les premières grandes déportations, conformément à la volonté du pouvoir soviétique de casser l’élite intellectuelle de ces petits pays. La première grande déportation frappa la fine fleur de la société et eut lieu le 14 juin 1941, soit juste une semaine avant l‘invasion allemande. Cette déportation a profondément marqué l‘inconscient collectif des Baltes, qui ne peuvent désormais voir dans leurs voisins Russes que des conquérants brutaux et barbares. Depuis que les 3 indépendances ont été recouvrées en 1991, les drapeaux nationaux sont mis en berne tous les 14 juin, en commémoration de la grande déportation soviétique.
La deuxième catastrophe fut celle de la Seconde Guerre Mondiale, marquée par l’occupation allemande entre 1941 et 1944. Cette dernière ne fut pas aussi brutale dans ces territoires qu‘elle ne le fut en Biélorussie ou en Ukraine. La période a tout de même été marquée par des conditions de vie très difficiles et par le massacre systématique des Juifs. La collaboration occasionnelle des peuples autochtones avec l‘occupant servit de prétexte pour la répression mise en œuvre par les Soviétiques après 1944. Celle-ci se prolongea jusqu’en 1953, où les derniers maquis de résistance furent liquidés.
La troisième et sans doute plus grande catastrophe de la période soviétique fut la vague de déportations entre 1944 et 1953 (mort de Staline). Une large part de la population fut ainsi châtiées de sa collaboration réelle ou supposée avec l‘occupant allemand. Des vagues d‘arrestations surprises s’abattaient sur les gens de toutes conditions et de tous âges et entretenaient une psychose de terreur permanente dans la population. On estime que dans un pays comme l‘Estonie, un habitant sur six a été victime du système répressif soviétique à un moment ou à un autre. Tous les déportés ne mourraient pas. On estime qu‘environ 50% d’entre eux sont morts suite aux des épouvantables conditions d‘existence dans les camps. Après le XXème congrès en 1956 et la déstalinisation, beaucoup de déportés revinrent dans leur patrie d‘origine, après ce qui constitua pour eux une expérience traumatisante.
Sous l‘impulsion de Kroutchev le système totalitaire soviétique se relâcha. Le goulag persistait, les libertés publiques étaient très restreintes, mais il n‘y eut plus ni déportation de masse ni l‘arbitraire sans limite du régime soviétique. Toute opposition politique était sévèrement réprimée et il était hors de question de procéder à un quelconque examen historique. Les ambitions nationalistes locales quoique momentanément étouffées ne s‘éteignirent jamais complètement.
Et elles se réveillèrent soudainement dès que le régime soviétique se fit moins brutal et moins répressif. Ce réveil se manifesta le 23 août 1989, lors de l’organisation d’une immense chaîne humaine allant de Tallinn à Riga et Vilnius, pour dénoncer la signature du pacte Molotov Ribbentrop, qui s‘était déroulée exactement 50 ans plus tôt. Cet accord avait eu pour conséquence la fin provisoire de l‘indépendance des pays Baltes.
3) Une indépendance signifiant changement de dépendance
Dans un monde de rapports de force dominé par des affrontements entre grandes puissances, lesquelles se livrent à des combats sans merci où tout avantage est bon à prendre et aucun point tactique ne doit être négligé, que signifie indépendance ?
L’indépendance ne peut être réelle que si chacune des parties au conflit a intérêt à reconnaître la neutralité d’un pays ou espace les séparant et à en garantir l’inviolabilité, que ce soit parce que ce pays constitue une sorte de glacis entre 2 zones d’affrontement (par ex. la Finlande au cours de la guerre froide) ou que cet état peut être vu comme une sorte de sanctuaire permettant la mise à l’abri d’intérêts privés (par ex. la Suisse durant la 2nde guerre mondiale), si l’on ne rentre ni dans l’un ni dans l’autre cas et que du fait d’une position géographique défavorable on se trouve placé dans une zone de conflit stratégique, toute vraie indépendance est illusoire, et l’on est forcé de basculer dans l’un ou l’autre camp, c’est ce qui s’est produit pour les états Baltes.
Les esprits les plus généreux ont pu croire un instant que suite aux accords historiques scellés entre le président Bush père et le 1er secrétaire du parti Gorbatchev qui ont amené la chute du mur de Berlin, une nouvelle ère de paix s’ouvrirait enfin qui verrait la fin d’un monde de guerre et d’affrontements permanents, on se souvient de formules telles que « la fin de l’Histoire », en fait c’était le début d’une nouvelle histoire encore plus dramatique que la précédente qui allait commencer sur le sol européen avec la destruction de la Yougoslavie, le fait que ce pays fut le seul qui se définissait comme « non aligné » dans le conflit Est/Ouest illustre bien de façon tragique l’impossibilité pour une puissance moyenne de rester neutre et de ne pas être obligée de choisir entre l’un ou l’autre camp des belligérants.
La libéralisation des pays d’Europe de l’est, leur marche vers la « démocratie » s’est faite comme une rangée de dominos, amenant le démembrement du pacte de Varsovie et la réunification de l’Allemagne, mais pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Une fois le bloc soviétique séparé de ses satellites, il fallait lui enfoncer l’épée dans les reins en le poussant à l’implosion ce qui fut fait dans la foulée, ceci doit servir de leçon à tous ceux qui croient en la bonne volonté et la sincérité des dirigeants des Etats Unis en vue d’amener un monde de paix et d’équilibre, c’est ne rien avoir compris à l’histoire de la Grande Bretagne puis à celle des Etats Unis son successeur, la volonté de puissance de la nation anglo-saxonne est totale, sans partage aucun et cela va de pair avec le reniement de toute promesse consentie ou parole donnée.
La chute de l’URSS n’a pas entrainé un apaisement des appétits US envers l’Europe, elle n’a fait que les renforcer, au lieu de dissoudre l’OTAN comme ils s’y étaient engagés sous Gorbatchev, les dirigeants US n’ont fait que de le développer et l’étendre vers l’Est en allant jusqu’à , humiliation et provocation suprême, y inclure en avril 2004 les ex-républiques Baltes, 3 anciennes républiques socialistes soviétiques !
Cet alignement à l’Ouest des états Baltes s’est fait par étape : indépendance de fait, abandon du rouble, construction de frontières avec la Russie, monnaie nationale alignée sur le Dollar puis ensuite sur l’Euro, enfin intégration au 1er Mai 2004 des 3 républiques Baltes comme nouveaux membres de l’Union Européenne, un organisme technocratique supranational d’états occidentaux dont le centre décisionnaire est en principe situé à Bruxelles mais en fait plus ou moins téléguidé en sous-main par Washington, force est de reconnaître que les états Baltes sont parmi les bons élèves de la zone Euro, que ceux-ci ne regimbent pas face aux mesures souvent déconcertantes dictées par la commission européenne mais alors, quid de la réalité de leur indépendance si récemment acquise ?
4) Un rôle de cordon protecteur sans masse critique
Des fois l‘Histoire ressort les mêmes plats, en tout cas avec un fort goût de „déjà vu“, à observer la géographie actuelle de l‘Europe de l‘est et les alliances géostratégiques qui se sont nouées, en particulier l‘avancée de l‘OTAN (en trahison de la promesse donnée) sur la frontière Est, en juxtaposition directe avec la fédération de Russie ou son allié très proche qu‘est la Biélorussie, on ne peut que se remémorer la stratégie du „cordon sanitaire“ d‘Etats qui avait été définie après la 1ère guerre mondiale afin d‘encercler ce qui était alors la Russie bolchévique et les débuts de l‘URSS, saisissante ressemblance avec la cartographie actuelle.
Actuellement du golfe de Finlande jusqu‘au Bosphore, c‘est une chaîne ininterrompue d‘Etats qui forment un mur Nord Sud des forces de l‘Otan face à ce qui serait un adversaire potentiel, cette configuration est très révélatrice des intentions véritables des stratèges américains, un autre fait frappant est la relative petitesse des pays ou territoires formant cette chaîne, à part la Pologne et dans un moindre mesure la Roumanie, on a uniquement affaire à de petits Etats (en dessous de 10 millions d‘habitants) et même de très petits états dans le cas des pays Baltes, à eux 3 ils sont déjà moins peuplés que le Bélarus voisin, aussi quelle est la marge d‘autonomie en matière de géopolitique de si petites nations?
Ils ne disposent pas d‘une tradition d‘ancienneté et de neutralité comme la Suisse située au coeur de vieilles nations, en vérité ils sont tellement petits et isolés que même s‘ils ont le statut d‘état-nation, leur marge de manoeuvre est hyper réduite, sans masse critique aucune (ni puissance économique, ni démographique et encore moins militaire) ils offrent l‘aspect peu enviable d‘être réduits au triste rôle de pion sur un échiquier de lutte entre grandes puissances, condition peu avantageuse et d‘autant plus inquiétante de par la fragilité qu‘elle révèle.
5) Un défaut de vision globale, l‘absence d‘universalisme
Les entraves ou limitations des états Baltes, pour employer un terme convenable, ne concernent pas que la géographie et la superficie, elles ont aussi beaucoup à voir avec l’histoire et la culture de ces pays, s’il est indéniable que les 3 peuples Baltes sont une réalité en terme d’identité culturelle et de sentiment national, il n’en est manifestement pas de même en terme de culture historique et de réalité politique, il faut bien avoir présent à l’esprit que ces 3 états sont des créations politiques récentes, qu’ils sont le fruit du mouvement romantique des peuples qui a embrasé l’Europe dans la 2nde moitié du XIX siècle et que ces identités nationales plutôt fraîches ont été exploitées à l’issue de la 1ère guerre mondiale dans le cadre de calculs géopolitiques assez cyniques, aussi ces 3 petites républiques n’ont pas pour elles la « longue histoire », l’épreuve des conflits et l’habitude du jeu politique entre les nations, elles se sont vues presque par hasard projetées sur la scène mondiale à la fin du XXème siècle et leurs dirigeants élus « démocratiquement », se sont retrouvés pris en étau entre une volonté populaire en proie à un vif ressentiment envers l’ancien occupant, désireuse d’afficher avec fierté la nouvelle indépendance et une réalité économique confinant au tragique une fois l’ancien appareil de production devenu complètement obsolète et sans une nouvelle économie « de rechange » même embryonnaire, qui aurait été initiée.
Le mot d’ordre à peu de nuance près de la quasi-totalité de la classe politique en matière d’économie fut « à l’Ouest, toutes » et en matière de géostratégie « hors l’Amérique, point de salut », c’est à peine si certains vieux briscards de l’ancien appareil soviétique osaient exprimer que certaines concessions vis-à -vis du géant Russe seraient nécessaires si les habitants souhaitaient tout simplement pouvoir continuer à acheter l’indispensable pour survivre et se chauffer en hiver tellement dans l’enthousiasme de cette Liberté si chèrement acquise, une vision réaliste des choses vous faisaient passer pour un rabat joie et un antipatriote.
Les vieilles nations occidentales, ouest européennes, qui ont une longue histoire, ont appris souvent au prix de terribles souffrances, ce que un nationalisme irraisonné se posant en vertu suprême de la politique, peut produire de débordement irrationnel et de tragédie hautement regrettable, mais le citoyen Balte ordinaire, qu’il soit lituanien, letton ou estonien, n’entend généralement rien à ces méditations historiques et ne s’embarrasse pas de telles finesses casuistiques, pour lui tout ce qui constitue ou représente l’identité nationale c’est-à -dire anti soviétique (correspondant souvent à anti russe) est bon en soi et à prendre sans réserve, on peut dire que ces jeunes peuples (même s’ils correspondent à de vieilles ethnies) n’ont pas encore digéré ce qu’est le nationalisme et les avatars qu’il comporte, pour prendre une image (peu flatteuse) il y a parfois dans le langage de certains hommes politiques Baltes quelque chose qui rappelle dans les albums de Tintin les discours enflammés des dirigeants de la Bordurie et de la Syldavie…
Si pour toutes les raisons qui ont déjà été mentionnées, la Realpolitik implique un large alignement à l’Ouest des pays Baltes, il est toujours plus judicieux pour tout Etat de jouer de sa marge de manœuvre, si faible soit-elle, que de se plier à un alignement inconditionnel, apparemment ces nuances et ces finesses ont jusqu’à présent majoritairement fait défaut aux dirigeants des républiques Baltes qu’on a toujours vus approuver sans réserve aucune les agissements de l’Oncle Sam que ce soit lors de l’écrasement de l’Irak, des crises des printemps arabes ou plus inquiétant car plus près géographiquement, lors du bras de fer Otan-Russie consécutif au coup d’état en Ukraine de 2014, un tel manque de recul historique et d’appréciation tempérée lors de conflits majeurs est la marque flagrante de l’absence d’universalisme dans le mode de raisonnement de l’homo Balticus, encore trop jeune politiquement pour faire montre d’une véritable autonomie de pensée et d’une perception globale des évènements planétaires.
Un mot de conclusion:
Il n‘y a hélas pas d‘esprit européen, une conscience européenne supra nationale est un leurre, l‘assujettissement complet et inconditionnel de ces petites nations que sont les états Baltes à une puissance extra européenne en est la meilleure preuve.
- L’attentat du Drakkar: retour sur un drame français au Liban en 1983 - 10 octobre 2024
- Donald Trump et la fin de l’empire américain - 6 octobre 2024
- Dans la tête de l’Oncle Sam - 5 octobre 2024
Les dirigeants actuels viennent de la diaspora d’Amérique et sont aux ordres des Américains.
C’est oublier le rôle des diasporas, notamment lituaniennes très importantes dans la région de Chicago
Tres interessant. A la fin de la gueere froide, la bonne solution eut ete de faire une zone neutre tampon entre l’orient et l’occident, auitte a conserver le COMECON pour en faire un organe de cooperation economique sur le modele de la CEE. La politique de l’OTAN est un abus de droit.Avec le recul on voit que l’echec est complet.
Le sentiment europeen existe, il n’est pas contestable; mais il est limite aux seuls pays qui derivent de l’empire romain d’occident, c’est-a-dire la France, l’Allemagne et l’Italie. De ce point de vue, la politique francaise est suicidaire. La regeneration de l’Europe occidentale passera necessairement par le rapprochement avec l’orient russe: c’est evidemment ce que craignent les Anglo-saxons; et pendant ce temps, de l’autre cote de la planete…