Avant le conflit la vie à Maaloula était paisible et de nombreux touristes venaient visiter le monastère de Saint Serge et Saint Bacchus ainsi que celui de Sainte Thècle. Ibrahim Al-Chaeer en a été le maire durant trois mandats avant de devenir le responsable de la coordination de l’association Aramia qui défend la culture et la langue araméennes. Rencontré à Damas en avril 2017 l’ancien maire de Maaloula est revenu au cours d’un entretien sur les troubles qui ont éclaté dans sa localité au début du conflit syrien ainsi que le calvaire subi par son village et ses concitoyens.
Ibrahim Al-Chaeer, l’ancien maire de Maaloula et responsable de la coordination de la Fondation Aramia
Ibrahim Al-Chaeer se souvient que Maaloula connut une période de développement de 2007 à 2011. Ses concitoyens s’attachaient à préserver leur village dont la valeur historique et culturelle était pour eux une source de grande fierté. Les projets menés par l’UNESCO et des fondations étrangères permirent de préserver cet héritage. À l’époque M. Al-Chaeer fut invité à de nombreuses conférences consacrées à Maaloula. Avant 2011 le village et ses environs étaient très sûrs, de nombreux touristes s’y rendaient à pied et aucun ne fut jamais volé ou attaqué. Lors de leurs voyages dans certains endroits reculés de Syrie, certains touristes dormaient dans des tentes en toute sécurité.
En 2011, au moment du Printemps Arabe, certains médias annoncèrent que les changements se produisant en Tunisie, en Libye et en Égypte arriveraient bientôt en Syrie, ce qui surprit M. Al-Chaeer, ses administrés et de nombreux Syriens. Ces derniers pensaient qu’ils n’en avaient pas besoin car ils étaient satisfaits de leurs conditions de vie jugées meilleures que dans ces pays. L’ancien maire explique que « le statut des minorités et leurs relations avec la majorité sunnite étaient bonnes, beaucoup pensaient que les Syriens ne se laisseraient pas diviser par le fanatisme ». À Maaloula les relations entre Chrétiens et Musulmans étaient aussi bonnes et basées sur le respect mutuel : la majorité chrétienne et en particulier le maire M. Al-Chaeer n’avaient jamais adopté d’approche confessionnelle car tous étaient avant tout Syriens.
Après le déclenchement du Printemps Arabe le contexte changea et les médias rapportèrent que les manifestations se produisant dans certaines villes syriennes avaient conduit à des violences. Après certains avertissements et des menaces les habitants de Maaloula organisèrent des patrouilles pour prévenir tout incident et en informer la police le cas échéant. En mars 2011 le maire et ses collègues remarquèrent que « deux voitures n’appartenant pas à des habitants de Maaloula rôdaient dans le village et ses alentours ». Le maire les fit suivre mais elles disparurent avant de réapparaître dans la localité et ses environs. Lorsque la police tenta de les contrôler, « les deux véhicules enfoncèrent le barrage puis six de leurs occupants en sortirent pour ouvrir le feu dans toutes les directions, contre des habitations et des civils qui eurent le temps de se mettre à couvert ». Personne ne fut blessé ou tué mais en sortant de Maaloula les assaillants croisèrent une voiture similaire à celle d’Ibrahim Al-Chaeer : croyant avoir affaire à lui, ils abattirent le conducteur puis s’assurèrent qu’il était bien mort.
« Après cet incident l’atmosphère changea à Maaloula, des enlèvements et une autre fusillade se produisirent. Certains habitants commencèrent à changer également de comportement et au lieu de se rendre à la mairie pour exprimer leurs demandes, ils le firent de manière violente et en utilisant une rhétorique sectaire ».
Ces personnes accusèrent le maire de ne pas les traiter équitablement parce qu’il était chrétien or le premier magistrat de Maaloula, conscient du caractère sensible de cette question, s’était toujours efforcé de traiter ses administrés musulmans de manière équitable, les considérant comme des citoyens syriens à part entière. Les autorités avaient accordé au maire une certaine marge de manœuvre et aussi bien Chrétiens que Musulmans bénéficiaient de certaines dérogations tant qu’elles ne portaient pas atteinte aux droits de l’autre communauté. À l’époque de ces premiers incidents M. Al-Chaeer remarqua que le niveau de vie d’une partie de ses concitoyens avait changé :
« Certains, qui étaient sans emploi ou étaient des agriculteurs modestes, commencèrent à faire des travaux et à agrandir leurs maisons, à acheter des meubles de qualité et des voitures chères. À Maaloula tout le monde se connaissait et la fortune subite de ces personnes surprit de nombreux habitants ».
« Ces fonds provenaient de l’extérieur et faisaient partie d’un plan car personne ne reçoit gratuitement autant d’argent sans aucune contrepartie. Ceux qui avaient fait preuve d’une attitude de plus en plus agressive et sectaire étaient les mêmes qui avaient reçu ces fonds. Leur agressivité augmenta avec le temps et fut accompagnée d’un mépris de plus en plus affiché envers les autorités et la loi. Ces individus exigeaient des permis de construire dans la partie ancienne de Maaloula qui est placée sous la protection de l’UNESCO et sur des terrains leur appartenant ou à d’autres propriétaires », indique M. Al-Chaeer.
Le maire leur expliqua qu’il y avait une législation à respecter mais ils lui répondirent « Nous ne reconnaissons pas les lois, votre autorité et l’État, nous sommes l’État et nous avons le droit le construire nos maisons où nous voulons ». De 30 à 40 personnes se rassemblèrent puis commencèrent à construire des habitations. Le maire, secondé par ses collègues en charge de l’urbanisme et par la police municipale, tenta de ramener pacifiquement à la raison ces personnes dont l’entêtement allait endommager la partie historique du village. M. Al-Chaeer ajoute qu’à cause de ces travaux « les touristes ne s’arrêtaient plus pour prendre de photos du panorama de Maaloula ».
L’action du maire eut peu d’effets et un des propriétaires de terrain ayant entamé illégalement des travaux de construction lui déclara qu’ « Il n’y a pas de loi, il n’y a pas de gouvernement, il n’y a pas d’État et nous construirons que nous ayons ou pas votre autorisation ! ». M. Al-Chaeer lui répondit « Vous vous trompez, il y a une loi et un État, et j’essaie de vous empêcher de commettre une grossière erreur mais si vous ne respectez pas la loi je serai forcé d’appeler du renfort ». Le propriétaire du terrain lui rétorqua qu’il allait poursuivre ses travaux de construction sans se soucier de la décision de la mairie. Souhaitant éviter que ce litige dégénère, M. Al-Chaeer contacta le gouverneur qui envoya près de 200 policiers en renfort dans la localité pour y faire respecter la loi et l’état de droit. Le maire fit aussi appel à un cheikh sunnite de Maaloula afin qu’il discute avec les fauteurs de trouble et résolve pacifiquement ce litige mais lors d’une rencontre organisée à la mairie ces personnes se montrèrent extrêmement grossières, notamment envers le clerc sunnite. Un responsable de la police était présent et informa le groupe de résidents qu’il ferait respecter la loi et ferait démolir leurs constructions. Un des résidents, très mécontent mais qui se garda d’affirmer en face du responsable de la police qu’il n’y avait ni loi ni État, déclara se sentir mal et après être sorti, fit un malaise puis fut emmené par une ambulance.
Peu après cet incident les proches de cet individu attaquèrent la mairie où se trouvait Ibrahim Al-Chaeer et des policiers qui durent défendre le bâtiment. Le maire demanda au cheikh la raison de cette attaque et celui-ci lui expliqua qu’elle était liée au malaise subi par un des constructeurs en infraction. M. Al-Chaeer ordonna de suspendre temporairement la démolition de certaines de ces habitations et renvoya chez eux ses collègues et les employés municipaux en attendant que le calme revienne. Le chef de la police lui rappela qu’il pouvait faire usage de la force pour le protéger ainsi que les autres fonctionnaires mais le maire lui répondit que « rien ne serait pire que la mort d’un de mes concitoyens » et qu’il pouvait bien supporter quelques outrages. L’officier de police comprit que le maire souhaitait éviter toute escalade et respecta sa décision. Ibrahim Al-Chaeer décida de partir à Damas le temps que cette affaire se calme et avec les policiers qui l’escortaient ils prirent une autre route car ces individus – dont certains rejoindraient par la suite les rebelles islamistes – les suivaient et cherchaient à les intercepter. Le maire appela alors son épouse et ses enfants qui l’attendaient dans un restaurant de Maaloula pour les avertir du danger et il envoya un de ses amis les récupérer pour les emmener dans la capitale syrienne.
Après leurs prières, les assaillants se rassemblèrent, entonnant des slogans violents envers le maire avant d’aller incendier sa maison et le petit magasin du rez-de-chaussée qui lui appartenait ainsi qu’à ses frères. Si la famille du maire avait été présente le pire aurait pu lui arriver. Une partie des habitants de Maaloula, Chrétiens et Musulmans, vinrent sur les lieux pour éteindre l’incendie. Le maire ne porta pas plainte et ne lança aucune poursuite : il demanda au cheikh de l’aider à agir en faveur d’une réconciliation et décida que les constructions illégales ne seraient pas démolies tant que les travaux seraient suspendus. Cette réconciliation eut lieu chez le maire mais ses adversaires revinrent plus tard sur leurs engagements. Vers la fin de l’année 2011 de plus en plus d’actes de violence et d’enlèvements furent rapportés, notamment des cas de meurtres de fonctionnaires, ce qui renforça les craintes de la population de Maaloula. Des constructions illégales commencèrent à apparaître également sur des terrains appartenant aux autorités et lorsque le maire tenta de les faire arrêter il reçut de nombreuses menaces de mort l’informant qu’il était avec sa famille sur une liste de personnes à abattre et lui ordonnant de faire cesser ses procédures.
Le 2 janvier 2012, alors qu’il circulait dans Maaloula à bord d’un pick-up de la municipalité, le maire fut encerclé et attaqué par des individus armés de couteaux et de bâtons. Les assaillants jetèrent également des pierres, endommageant la voiture mais ne blessant pas sérieusement Ibrahim Al-Chaeer :
« Des habitants tentèrent de s’interposer, je sortis de mon véhicule et fis face à mes agresseurs. Un de ces hommes me respectait et m’expliqua qu’il ne pouvait pas me protéger mais qu’il me laisserait passer. La violence ne cessa pas et ils me frappèrent à la tête et à différents endroits du corps avant que je puisse m’enfuir avec mon véhicule. Après avoir gagné la place centrale de Maaloula je réussis à semer mes poursuivants dans le dédale de rues du village ».
« Le but de cette embuscade était de me tuer ou de me pousser à tuer un des assaillants, ce qui aurait mené à un conflit confessionnel et à des représailles contre ma famille ou mes amis ».
Le maire se cacha dans différents lieux de la partie ancienne de Maaloula et chercha à comprendre ce qui se passait : « les personnes qui me poursuivaient tiraient des coups de feu dans ma direction. Les tirs cessèrent lorsqu’ils commencèrent à se disputer ».
M. Al-Chaeer se réfugia chez un de ses amis et partit pour Damas, espérant que son éloignement apaiserait les tensions. Il apprit peu après par ses amis restés sur place que « des habitants d’autres villages participaient à ces troubles, que des fermes avaient été pillées, de nombreuses voitures volées et des gens enlevés ». Les fauteurs de trouble contactèrent le maire par la suite et lui firent part de leur désir de régler définitivement cette affaire, le cheikh l’invita également à venir parlementer. Sentant qu’il s’agissait d’un traquenard le premier magistrat de Maaloula envoya deux personnes le représenter à cette rencontre :
« Arrivés à la mosquée où devaient se dérouler les pourparlers en vue d’une réconciliation, les deux émissaires découvrirent qu’une sorte de tribunal populaire y avait été préparé par des fondamentalistes locaux et des villages voisins ».
Le maire leur expliqua par téléphone qu’ils pouvaient s’adresser à l’État s’ils avaient des requêtes ou des besoins mais ces individus lui répondirent « Nous ne reconnaissons aucun État, venez et nous verrons si vous êtes coupable ou pas ». M. Al-Chaeer refusa de se soumettre à leur injonction et de tomber dans leur piège.
Après cet autre incident le climat sécuritaire se détériora encore plus, le nombre d’enlèvements contre rançons et de vols de véhicules – dont ceux de la municipalité – augmenta : « Des groupes armés apparurent et commencèrent à faire des démonstrations de force dans Maaloula ». Les rangs des fauteurs de trouble devenus émeutiers puis rebelles s’étaient agrandis en l’espace de quelques mois, du printemps 2011 au milieu de l’année 2012, car ces individus croyaient qu’un changement de système politique était proche.
« Ces personnes avaient reçu un soutien extérieur et en particulier des pays du Golfe où vivaient leurs proches. Certains de leurs « amis » en provenance du Golfe étaient aussi venus à Maaloula au cours des deux années précédentes, non comme touristes intéressés par l’archéologie mais pour identifier certaines cibles comme l’avaient montré leurs activités. En 2012 un résident de Maaloula fut arrêté pour le meurtre d’un officier de police. Sa famille et les membres de son gang s’en servirent de prétexte pour envahir par la suite la localité et occuper le monastère de Saint Serge et Saint Bacchus, un des plus vieux au monde, un hôtel 4 étoiles [vraisemblablement l’hôtel Safir], des terrains appartenant à l’Église et à des habitants ainsi que des fermes. Le prêtre fut chassé du monastère et les employés de l’hôtel 4 étoiles où ils travaillaient alors que les paysans – dont beaucoup étaient des Chrétiens – ne furent plus autorisés à se rendre sur leurs terrains pour les cultiver. L’hôtel fut transformé en quartier général et occupé par des commandants locaux de Jabhat Al-Nusra ».
Dans la nuit du 4 septembre 2013 un kamikaze jordanien fut envoyé contre le check-point de l’Armée Arabe Syrienne protégeant l’entrée de Maaloula. Les combattants de Jabhat Al-Nusra, d’Ahrar al-Cham et de l’Armée Syrienne Libre prirent position autour de la localité, dans sa mosquée, près de la mairie et dans des maisons, dont celle des parents d’un djihadiste local, où furent retrouvées par la suite des vidéos filmées par ces terroristes. Comme l’ont rapporté de nombreux témoignages, une partie de ces rebelles islamistes et un de leurs leaders, Emad Diab, étaient des résidents de cette localité.[1] Des combats opposèrent les forces rebelles à l’armée syrienne du 6 au 7 septembre mais le 8 les djihadistes reçurent des renforts et purent reprendre la localité. De nombreux villageois s’enfuirent, d’autres, Chrétiens, furent pris en otage par les djihadistes, certains torturés comme Sarkis Perkil et 12 habitants – dont 3 qui refusaient de se convertir à l’Islam (Sarkis Zaklem, Antoine et Michel Taalab) – furent tués par les rebelles islamistes.[2] Un autre, Atef, qui servait également dans la milice d’autodéfense villageoise fut capturé et égorgé par des membres de l’Armée Syrienne Libre après avoir refusé de se convertir à l’Islam. Sa fiancée Rasha avait cherché à le joindre sur son téléphone mobile mais un combattant de l’ASL avait répondu à la place d’Atef, l’informant de son meurtre en ajoutant cyniquement que « Jésus n’était pas venu pour le sauver ».[3] Le 9 les troupes syriennes lancèrent une opération qui mena à la libération de Maaloula le 15 septembre mais les combattants du Front Al-Nosra continuèrent à occuper les collines proches de Maaloula. Dans la nuit du 1er au 2 décembre les djihadistes attaquèrent le village et l’occupèrent à nouveau. Ce fut à ce moment que douze religieuses du couvent de Mar Takla (Sainte Thècle) furent enlevées par Jabhat Al-Nusra avant d’être libérées avec une autre religieuse et trois auxiliaires le 9 mars 2014, suite à la médiation du Qatar et du Liban, en échange de 150 prisonniers rebelles dont des épouses de djihadistes.[4]
Originaire de Maaloula, Abdo était homme d’affaires à Dubaï mais lorsque la Syrie plongea dans le chaos en 2011 il décida d’y revenir afin d’être utile à son pays. Abdo a perdu des proches comme son oncle qui fut tué par un sniper rebelle à Maaloula : « Mes deux cousins Simon et Sarkis risquèrent leur vie afin de récupérer le corps de leur père. Pendant que l’un attirait l’attention du sniper en jouant le rôle de cible mouvante, l’autre put s’approcher peu à peu du corps de son père et le ramener auprès de sa famille ». L’armée syrienne et les combattants du Hezbollah libérèrent Maaloula le 14 avril 2014 mais entre-temps le village avait subi de nombreuses destructions, comme ses lieux saints qui avaient été aussi pillés. Le monastère de Sainte Thècle et celui de Saint Serge et Saint Bacchus avaient été vandalisés, l’église Saint Élias incendiée à deux reprises et l’église Saint Thomas une fois, la cathédrale Saint Georges, l’église Sainte Barbara, l’église Saint Léonce, le sanctuaire de Saint Cosme et Saint Damien, l’église Saint Saba avaient subi de sévères dommages et les croix ainsi que la statue de la Vierge Marie installées sur les collines avaient été détruites.[5] De nombreuses icônes furent saccagées et un nombre tout aussi important d’icônes et d’objets de culte furent volés. Après de longues recherches Abdo en récupéra une partie retrouvée au Liban.
En septembre 2013 six hommes de Maaloula (Ghassan Michel Shnis, Atef Ragheb Kalomeh, Shady Michel Taalab, Daoud Sarkis Milaneh, Jihad Mtanios Taalab et Moussa Shanis) furent enlevés par les djihadistes.[6] Durant plusieurs années leurs proches restèrent sans nouvelles d’eux et espérèrent, aidés par leur foi profonde, qu’ils seraient libérés sous peu. Ce fut aussi le cas pour Abdo et son cousin le Père Makarios dont le frère faisait partie de ce groupe de personnes enlevées. Portant cette croix depuis plus de trois ans le Père Makarios n’en laissait rien transparaître, se consacrant – toujours souriant et avec une grande énergie – à ses paroissiens. Son sermon de Pâques avait été une grande source d’inspiration et de réconfort pour les nombreux fidèles venus assister à la divine liturgie à la Cathédrale Notre-Dame-de-la-Dormition, dans la vieille ville de Damas. Une semaine plus tard, le 20 avril 2017, le Père Makarios et Abdo apprirent que les corps de cinq des hommes qui avaient été enlevés à Maaloula avaient été retrouvés dans une grotte à Ersal, au Liban (Moussa Shanis est toujours porté disparu).[7]
Funérailles des jeunes de Maaloula à Damas. Source: Vanessa Beeley
Les funérailles des cinq martyrs eurent lieu le 25 avril et rassemblèrent des milliers de personnes dans les rues de la vieille ville de Damas. On pouvait voir des Syriennes et des Syriens de tous milieux sociaux et de différentes confessions, des officiels, des dignitaires religieux comme le Patriarche Melkite Grec-Catholique Grégoire III Laham, des militaires, des citoyens ordinaires et les proches des victimes comme le frère de Daoud Milaneh, Dany, paralysé suite au tir d’un sniper rebelle dans le quartier de Zamalkah à Damas en 2013.[8] Les cercueils des martyrs furent transportés par leurs proches au Patriarcat Melkite Grec-Catholique à travers les rues des quartiers de Bab Touma et de Bab Charqi, entourés par une foule nombreuse et très émue. En arrivant au Parc des Martyrs du Sayfo – le Génocides des Assyriens commis par les Ottomans de 1914 à 1920 – où un mur arbore les couleurs du drapeau syrien et les portraits de combattants du quartier tombés au champ d’honneur, la foule rendit hommage aux martyrs de Maaloula en faisant tourner leurs cercueils sous les youyous des nombreuses femmes présentes, toutes vêtues de noir et les yeux rougis par les larmes.
Gilles-Emmanuel Jacquet
[1] Fady Noun, « Maaloula Christians say town Muslims took part in attack », AsiaNews, 27/09/2013 : http://www.asianews.it/news-en/Maaloula-Christians-say-town-Muslims-took-part-in-attack-29131.html et Eva Bartlett, « Overcoming Savagery and Treachery, Maaloula’s Heroic Defenders Fight for the Future », Strategic Culture, 18/10/2016 : http://www.strategic-culture.org/news/2016/10/18/overcoming-savagery-treachery-maaloulas-heroic-defenders-fight-future.html
[2] « Maaloula, le village-symbole de Syrie,martyrisé parce qu’on y parlait la langue de Jésus-Christ) », La Dépêche, 28/04/2016 : http://www.ladepeche.fr/article/2016/04/28/2334179-maaloula-village-symbole-syrie-martyrise-parce-parlait-langue-jesus-christ.html et « Syrie : libération des religieuses orthodoxes », Aide à l’Église en Détresse, 10/03/2014 : https://www.aed-france.org/syrie-liberation-des-religieuses-orthodoxes/
[3] « Jihadists force Syria Christians « to convert at gunpoint », The Daily Star, 11/09/2013 : http://www.dailystar.com.lb/News/Middle-East/2013/Sep-11/230872-jihadists-force-syria-christian-to-convert-at-gunpoint.ashx#axzz2eedb8z9n
[4] « Liban : libération des religieuses de Maaloula en Syrie », Radio France Internationale, 10/03/2014 : http://www.rfi.fr/moyen-orient/20140310-liban-syrie-liberation-religieuses-maaloula-al-nosra-al-qaida
[5] « Maaloula churches burned and vandalized », Université Cardinal Stefan Wyszyński de Varsovie, 2016 : http://katedra.uksw.edu.pl/001wydarzenia/2016/malula/Maaloula%20Churches%20Burned%20and%20Vandalized.pdf ; « Photos : Report on Damage Affecting Historical Buildings in Maaloula », Direction Générale des Antiquités et des Musées du Ministère de la Culture de la République Arabe Syrienne, 30/04/2014 : http://dgam.gov.sy/index.php?d=314&id=1261 ; « Maaloula », Observatoire du Patrimoine Culturel Syrien, UNESCO : http://fr.unesco.org/syrian-observatory/news/maaloula et « Maaloula », Observatory of Syrian Cultural Heritage, UNESCO : http://en.unesco.org/syrian-observatory/news/maaloula
[6] Vanessa Beeley, « Damascus : Honouring Maloula’s Martyrs – The Long Road Home », 21st Century Wire, 25/04/2017 : http://21stcenturywire.com/2017/04/25/damascus-honouring-maloulas-martyrs-the-long-road-home/
[7] « Remains of abducted Syrian Christians are finally laid to rest », Aid to the Church in Need, 02/05/2017 : http://www.churchinneed.org/site/News2?page=NewsArticle&id=9286&news_iv_ctrl=1481
[8] Vanessa Beeley, « Damascus : Honouring Maloula’s Martyrs – The Long Road Home », 21st Century Wire, 25/04/2017 : http://21stcenturywire.com/2017/04/25/damascus-honouring-maloulas-martyrs-the-long-road-home/
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