Comme la plupart des analystes et des commentateurs politiques occidentaux, j’ignorais l’existence des néo-nazis ukrainiens jusqu’en 2014, avant de sillonner l’Ukraine en long et en large. J’ai compris lors de mes activités professionnelles, qui m’ont amené à fréquenter plusieurs strates socio-économiques, la différence culturelle, idéologique, profonde entre les ukrainiens de l’est et ceux de l’ouest.

Je dédie cet article à mes ami(e)s Ukrainien(ne)s qui partagent partiellement ou totalement mon analyse et à ceux qui m’ont aidé à comprendre les subtilités des cultures qui composent ce grand pays.

Depuis l’intervention militaire russe, j’ai découvert progressivement quantité de documents et d’informations sur ce mouvement politique qui représentait, en 2021, un tiers des forces armées ukrainiennes. Je vous en présente une synthèse.

La genèse du nationalisme ukrainien

C’est à Lviv qu’est proclamé, le 30 juin 1941, l’État d’Ukraine, après la création d’un Rassemblement national ukrainien. Cet État d’Ukraine planifie, avec la Grande Allemagne, l’instauration d’un nouvel ordre mondial. Stetsko devient le président, premier ministre du gouvernement de ce nouvel état. En juillet 1941, ce gouvernement édicte une déclaration d’indépendance dans laquelle il décrète ce qui suit :

Le nouvel État d’Ukraine, se fondant sur la pleine souveraineté de son pouvoir, s’inscrit volontairement dans les rangs du nouvel ordre européen qui est fondé par le chef de l’armée allemande et du peuple allemand lui-même : Adolf Hitler, son chef, a commencé la lutte pour l’instauration de ce nouvel ordre. »

source

Selon Wikipédia, la collaboration en Ukraine durant la Seconde Guerre mondiale désigne l’engagement de certains Ukrainiens aux côtés des nazis, avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, dès 1930, et se manifeste sous diverses formes, comme de l’assistance et de la coopération dans la lutte contre les communistes, les Polonais et les Juifs.

Or, cette explication minimaliste cache les profondeurs de ce qu’était la collaboration des « Bandéristes » de l’Ukraine pendant cette période et son influence « ethnique et politique », bien après la chute de l’URSS en 1991.

Les premiers nationalistes ukrainiens, leur pouvoir, leur influence

Qui connaît l’histoire des « nationalistes » ukrainiens ? Des « nazis » selon la terminologie du Kremlin ? Ou des « patriotes libérateurs » du joug communiste selon le pouvoir de Kiev ?

Elle commence durant la Première guerre mondiale, se poursuit durant la Seconde, la Guerre froide et continue aujourd’hui dans l’Ukraine moderne. De nombreux documents ont été détruits et l’Ukraine moderne interdit, sous peine de prison, d’évoquer leurs crimes. Il n’en reste pas moins que ces gens ont massacré au moins quatre millions de leurs compatriotes et ont conçu l’architecture de la solution finale, c’est-à-dire l’assassinat de millions de personnes au motif de leur appartenance réelle ou supposée aux communautés juives ou tsiganes d’Europe.

Avant la Première Guerre mondiale, l’Ukraine était une grande plaine qui avait toujours été ballotée entre les influences allemande et russe. Présentement, elle n’était pas un État indépendant, mais une province de l’empire tsariste. Elle était peuplée d’Allemands, de Bulgares, de Grecs, de Polonais, de Roumains, de Russes, de Tchèques, de Tatars et d’une très forte minorité juive sensée descendre de l’ancien peuple khazar.

L’agent allemand, penseur du « nationalisme » ukrainien, Dmytro Dontsov (Metipol 1883, Montréal 1973). La base de cette doctrine repose sur l’unité de la société.

Un jeune poète, Dmytro Dontsov, se passionna pour les mouvements d’avant-garde artistique, considérant qu’ils parviendraient à sortir son pays de son arriération sociale. L’empire tsariste étant immobile depuis la mort de la grande Catherine tandis que l’empire allemand était le centre scientifique de l’Occident, Dontsov choisit Berlin contre Moscou.

Lorsque la Grande Guerre éclata, il se transforma en agent des services secrets allemands. Il émigra en Suisse où il édita, pour le compte de ses maîtres, le Bulletin des nationalités de Russie en plusieurs langues appelant au soulèvement des minorités ethniques de l’empire tsariste afin de provoquer sa défaite.

C’est ce modèle qui a été choisi par les services secrets occidentaux pour organiser le « Forum des peuples libres de Russie », cet été à Prague[1]

En 1917, la révolution bolchévique renversa la donne. Les amis de Dontsov prirent fait et cause pour la révolution russe, mais lui resta pro-allemand. Dans l’anarchie qui suivit, l’Ukraine fut divisée de facto par trois régimes différents : les nationalistes de Symon Petlioura (qui s’imposèrent dans la zone tenue aujourd’hui par l’administration Zelensky), les anarchistes de Nestor Makhno (qui s’organisèrent en Novorosssia, la terre qui avait été développée par le prince Potemkine et qui n’avait jamais connu le servage), et les bolchéviques (surtout dans le Donbass). Le cri de guerre des partisans de Petlioura était « Mort aux juifs et aux bolchéviques ! ». Ils perpétrèrent de très nombreux pogroms meurtriers.

Dmytro Dontsov retourna en Ukraine avant la défaite allemande et devint le protégé de Symon Petlioura. Il participa brièvement à la conférence de paix de Paris mais, pour une raison inconnue, ne resta pas dans sa délégation. En Ukraine, il aida Petlioura à s’allier à la Pologne pour écraser les anarchistes et les bolchéviques. Après la prise de Kiev par les bolchéviques, Petlioura et Dontsov négocièrent le Traité de Varsovie (22 avril 1920) : l’armée polonaise s’engageait à repousser les bolchéviques et à libérer l’Ukraine en échange de la Galicie et de la Volhynie (exactement comme l’administration Zelensky négocie aujourd’hui l’entrée en guerre de la Pologne contre les mêmes terres). Cette nouvelle guerre fut un fiasco.

Vladimir Jabotinsky, né à Odessa, penseur du sionisme révisionniste. « Pour lui Israël était une terre sans peuple, pour un Peuple sans terre »

Pour renforcer son camp, Petlioura négocia en secret avec le fondateur des bataillons juifs de l’armée britannique (la « Légion juive ») et désormais administrateur de l’Organisation sioniste mondiale (OSM), Vladimir Jabotinsky. En septembre 1921, les deux hommes convinrent de s’unir contre les bolchéviques en échange de l’engagement de Petlioura d’interdire à ses troupes de continuer leurs pogroms. Le Légion juive devait devenir la « Gendarmerie juive ». Cependant, malgré ses efforts, Petlioura ne parvint pas à pacifier ses troupes, d’autant plus que son proche collaborateur Dontsov encourageait toujours à massacrer les juifs. En définitive, l’accord ayant été révélé, l’Organisation sioniste mondiale se rebiffa contre le régime Petlioura. Le 17 janvier 1923, l’OSM créa une commission d’enquête sur les activités de Jabotinsky. Celui-ci refusa de venir s’expliquer et démissionna de ses fonctions.

Simon Petlioura s’empara du Nord de l’Ukraine. Protecteur des nationalistes, il sacrifia la Galicie et la Volhynie pour combattre les Russes.

Petlioura s’enfuit en Pologne, puis en France, où il fut assassiné par un juif anarchiste de Bessarabie (l’actuelle Transnistrie). Lors du procès, ce dernier assuma son crime et plaida avoir vengé les centaines de milliers de juifs assassinés par les troupes de Petlioura et Dontsov. Le procès eut un grand retentissement. Le tribunal relaxa l’assassin. C’est à cette occasion que fut fondée la Ligue contre les pogroms, future Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme).

Non seulement les nationalistes furent vaincus, mais les anarchistes aussi. Partout les bolchéviques triomphèrent et choisirent, non sans débats, de rejoindre l’Union soviétique.

Dmytro Dontsov édita des revues littéraires qui exercèrent une fascination sur la jeunesse. Il continuait à promouvoir une Europe centrale dominée par l’Allemagne et se rapprocha du nazisme au fur et à mesure de sa montée. Il désigna bientôt sa doctrine comme le « nationalisme intégral » ukrainien. Ce faisant, il faisait référence au poète français, Charles Maurras. En effet, au départ la logique des deux hommes était identique : ils cherchaient dans leur propre culture les moyens d’affirmer un nationalisme moderne. Cependant Maurras était germanophobe, tandis que Dontsov était germanophile. L’expression « nationalisme intégral » est toujours revendiquée aujourd’hui par les adeptes de Dontsov, qui prennent soin, après la chute du IIIème Reich, de réfuter le terme de « nazisme » dont les Russes le qualifient, non sans raison.

Selon lui, le « nationalisme ukrainien » se caractérise par :

  • L’affirmation de la volonté de vivre, de puissance, d’expansion. Il promeut le droit des races fortes d’organiser les peuples et les nations pour renforcer la culture et la civilisation existantes ;
  • Le désir de combattre et la conscience de son extrémité. Il loue la violence créatrice de la minorité d’initiative.

En définitive, tournant le dos à son passé, Dontsov devint un admirateur inconditionnel du Führer Adolf Hitler. Ses disciples avaient fondé, en 1929, l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) autour du colonel Yevhen Konovalets. Ce dernier qualifia Dontsov de « dictateur spirituel de la jeunesse de Galicie ». Cependant une querelle opposa Dontsov à un autre intellectuel à propos de son extrémisme qui conduisait à faire la guerre contre tous, lorsque soudain Konovalets fut assassiné. L’OUN (financée par les services secrets allemands) se divisa alors en deux. Les « nationalistes » se réservant l’OUN-B du nom du disciple préféré de Dontsov, Stepan Bandera.

Durant les années 1932-33, les commissaires politiques bolchéviques, majoritairement juifs, levèrent un impôt sur les récoltes, comme dans les autres régions d’Union soviétique. Combinée avec d’importants et imprévisibles aléas climatiques, cette politique provoqua une gigantesque famine dans plusieurs régions d’URSS, dont l’Ukraine. Elle est connue sous le nom d’« Holodomor ». Contrairement à ce qu’en dit l’historien nationaliste intégral Lev Dobrianski, il ne s’agissait pas d’un plan d’extermination des Ukrainiens par les Russes puisque d’autres régions soviétiques en souffrirent, mais d’une gestion inadaptée des ressources publiques en période de changement climatique. La fille de Lev Dobrianski, Paula Dobrianski, devint une des collaboratrices du président George W. Bush. Elle mena une lutte sans pitié pour faire exclure des universités occidentales les historiens qui n’adhéraient pas à la propagande de son père[2].

En 1934, Bandera organisa, en tant que membre des services secrets nazis et chef de l’OUN-B, l’assassinat du ministre de l’Intérieur polonais, Bronisław Pieracki.

La collaboration avec l’Allemagne nazie

À partir de 1939, les membres de l’OUN-B, formant une organisation militaire, l’UPA, furent entrainés en Allemagne par l’armée allemande, puis toujours en Allemagne, mais par leurs alliés japonais. Stepan Bandera proposa à Dmytro Dontsov de devenir le chef de leur organisation, mais l’intellectuel refusa, préférant jouer un rôle de leader plutôt que de commandant opérationnel.

Les « nationalistes » admirent l’invasion de la Pologne, en application du pacte germano-soviétique. Ainsi que l’a démontré Henry Kissinger, qui ne saurait être suspect de pro-soviétisme, il ne s’agissait pas pour l’URSS d’annexer la Pologne, mais d’en neutraliser une partie afin de se préparer à l’affrontement avec le Reich. Au contraire, pour le chancelier Hitler, il s’agissait de débuter la conquête d’un « espace vital » en Europe centrale.

Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, sous les indications de Dmytro Dontsov, l’OUN-B (B pour Bandera) se battit aux côtés des armées nazies contre les juifs et les soviétiques.

Célébration de l’Ukraine indépendante avec les dignitaires nazis. Derrière les orateurs, les trois portraits affichés sont ceux de Stepan Bandera, d’Adolf Hitler et de Yevhen Konovalets.

La collaboration entre les « nationalistes » ukrainiens et les nazis se poursuivit avec des massacres permanents de la majorité de la population ukrainienne, accusée d’être juive ou communiste, jusqu’à la « libération » de l’Ukraine par le IIIème Reich à l’été 1941 au cri de « Slava Ukraїni ! » (Gloire à l’Ukraine), le cri de guerre utilisé aujourd’hui par l’administration Zelensky et les démocrates US. À ce moment-là, les « nationalistes » proclamèrent l’« indépendance » de l’Union soviétique en présence des représentants nazis et du clergé grec orthodoxe, non pas à Kiev, mais à Lviv, sur le modèle de la Garde Hlinka en Slovaquie et des Oustachis en Croatie. Ils formèrent un gouvernement sous le leadership du Providnyk (guide) Stepan Bandera dont son ami Yaroslav Stetsko fut le Premier ministre. On estime à 1,5 million de personnes leur soutien en Ukraine. C’est-à-dire que les « nationalistes » ont toujours été très minoritaires.

Les nazis se divisèrent entre d’un côté le commissaire du Reich pur l’Ukraine, Erich Koch, pour qui les Ukrainiens étaient des sous-hommes et, de l’autre, le ministre des Territoires occupés d’Orient, Alfred Rosenberg, pour qui les « nationalistes » étaient de vrais alliés. Finalement, le 5 juillet 1941, Bandera fut déporté à Berlin et placé en Ehrenhaft (honorable captivité), c’est-à-dire assigné à résidence comme une haute personnalité. Cependant, les membres de l’OUN-B ayant assassiné les chefs de la faction rivale, l’OUN-M, les nazis sanctionnèrent Stepan Bandera et son organisation, le 13 septembre 1941. 48 de leurs dirigeants furent déportés dans un camp de prisonniers, à Auschwitz (qui n’était pas encore un camp d’extermination, mais seulement une prison).

Le serment de fidélité au Führer Adolf Hitler des membres de l’OUN

L’OUN-B fut réorganisée sous commandement allemand. C’est à ce moment-là que tous les nationalistes ukrainiens portèrent le serment suivant : « Fils fidèle de ma Patrie, je rejoins volontairement les rangs de l’Armée de libération ukrainienne, et avec joie je jure que je combattrai fidèlement le bolchévisme pour l’honneur du peuple. Ce combat nous le menons aux cotés de l’Allemagne et de ses alliés contre un ennemi commun. Avec fidélité et soumission inconditionnelle, je crois en Adolf Hitler comme dirigeant et commandant suprême de l’Armée de libération. À tout moment, je suis disposé à donner ma vie pour la vérité ».

Les nazis annoncèrent que l’on avait découvert quantité de corps dans les prisons, victimes des « juifs bolchéviques ». Aussi, les « nationalistes » célébrèrent leur « indépendance » en assassinant plus de 30 000 juifs et en participant activement au rabattage des juifs de Kiev à Babi Yar, où 33 771 d’entre eux seront fusillés en deux jours, les 29 et 30 septembre 1941, par les Einsatzgruppen du SS Reinhard Heydrich.

Reinhard Heydrich s’exprimant au château de Prague. Il était en charge de la gestion de la Bohème-Moravie. Cependant sa véritable fonction était de coordonner la « solution finale » des questions juives et tsiganes. Dmytro Dontsov entra dans son équipe en 1942 et supervisa les massacres dans toute l’Europe jusqu’à la chute du Reich. NB : Le château de Prague a été le théâtre de la réunion de la Communauté politique européenne contre la Russie, en octobre dernier.

Dans ce tumulte, Dmytro Dontsov disparut. En réalité, il s’était rendu à Prague et s’était placé au service de l’architecte de la solution finale, Reinard Heydrich, qui venait d’être nommé vice-gouverneur de Bohême-Moravie. Heydrich organisa le Conférence de Wannsee qui planifia la « solution finale des questions juives et tsiganes »[3]. Puis, il créa l’Institut Reinard Heydrich à Prague afin de coordonner l’extermination systématique de toutes ces populations en Europe. L’Ukrainien Dontsov, qui résidait désormais à Prague dans un grand luxe, en devint immédiatement administrateur. C’est donc un des principaux architectes du plus grand massacre de l’Histoire. Heydrich fut assassiné en juin 1942, mais Dontsov conserva ses fonctions et ses privilèges.

Stepan Bandera et son adjoint Iaroslav Stetsko furent assignés à résidence au siège de l’Inspection générale des camps de concentration, à Oranienbourg-Sachsenhausen (à 30 kilomètres de Berlin). Ils adressaient des lettres à leurs partisans et aux dirigeants du Reich en toute liberté et ne souffraient d’aucune privation. En septembre 1944, alors que l’armée du Reich reculait et que les partisans de Bandera commençaient à se rebeller contre elle, les deux leaders furent libérés par les nazis et rétablis dans leurs fonctions antérieures. Bandera et Stetsko reprirent la lutte armée, parmi les nazis, contre les juifs et les bolchéviques.

Le “recyclage” des nationalistes ukrainiens après la guerre

Stepan Bandera durant son exil, célébrant la mémoire de Yevhen Konovalets.

Mais il était déjà trop tard. Le Reich s’effondra. Les Anglo-Saxons récupérèrent Dontsov, Bandera et Stetsko. Le théoricien du nationalisme intégral fut transféré au Canada, tandis que les deux praticiens du massacre le furent en Allemagne. Le MI6 et l’OSS (prédécesseur de la CIA) récrivirent leurs biographies, faisant disparaître leur engagement nazi et leur responsabilité dans la « solution finale ».

Bandera et Stetsko furent installés à Munich pour organiser les réseaux stay-behind anglo-saxons en Union soviétique. À partir de 1950, ils disposèrent d’une importante station de radio, Radio Free Europe, qu’ils partageaient avec les Frères musulmans de Saïd Ramadan (le père de Tariq Ramadan). La radio était fiancée par le « National Committee for a Free Europe », une émanation de la CIA dont son directeur Alan Dulles était membre, ainsi que le futur président Dwight Eisenhower, le magnat de la presse Henry Luce et le réalisateur Cecil B. DeMilles. Le spécialiste de la guerre psychologique, Charles D. Jackson, en était le président.

Vladimir Jabotinsky, quant à lui, après avoir habité en Palestine se réfugia à New York. Il fut rejoint par Benzion Netanyahu (le père du Premier ministre israélien de 2009 à 2021). Les deux hommes rédigèrent les textes doctrinaux du « sionisme révisionniste » et l’Encyclopédie juive.

Obsèques de Stepan Bandera

Bandera et Stetsko se déplaçaient beaucoup. Ils organisèrent des opérations de sabotage dans toute l’Union soviétique, et particulièrement en Ukraine, ainsi que des parachutages de tracts. Pour cela, ils créèrent le Bloc des nations anti-bolchéviques (ABN) qui rassembla leurs homologues d’Europe centrale[4]. L’agent double britannique, Kim Philby, informait à l’avance les Soviétiques des actions des bandéristes. Bandera rencontra Dontsov au Canada pour lui demander de prendre la tête de la lutte. Une nouvelle fois, l’intellectuel refusa, préférant se consacrer à ses écrits. Il dériva alors dans un délire mystique inspiré des mythes vikings varègues. Il annonçait le combat final des chevaliers ukrainiens contre le dragon russe. Bandera, quant à lui, s’allia avec le leader chinois Tchang Kaï-Chek qu’il rencontra, en 1958. Mais il fut assassiné l’année suivante par le KGB à Munich.

Tchang Kaï-Chek et Iaroslav Stetsko lors de la fondation de la Ligue anti-communiste mondiale

Laroslav Stetsko poursuivit le combat à travers Radio Free Europe et l’ABN. Il alla aux États-Unis pour témoigner devant la Commission des activités non-américaines du sénateur Joseph MacCarthy. En 1967, il fonda avec Tchang Kaï-Chek, la Ligue anti-communiste mondiale[5]. La Ligue comprenait de nombreux dictateurs pro-US du monde entier et deux écoles de torture, au Panama et à Taïwan. Klaus Barbie, qui assassina Jean Moulin en France puis Che Guevara en Bolivie, en fit partie. En 1983, Stetsko fut reçu à la Maison-Blanche par le président Ronald Reagan et participa, avec le vice-président George Bush père, aux cérémonies des « Nations captives » (c’est-à-dire des peuples occupés par les Soviétiques) de Lev Dobrianski. Il mourut finalement, en 1986.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Sa femme, Slava Stetsko, prit sa suite à la tête de ces organisations. Elle aussi parcourut le monde pour soutenir tout combat contre les « communistes », ou plutôt, si l’on se réfère aux écrits de Dontsov, contre les Russes et les Chinois. Lorsque l’URSS fut dissoute, la veuve Stetsko se contenta de modifier le titre de la Ligue en Ligue mondiale pour la liberté et la démocratie, dénomination qu’elle a toujours aujourd’hui. Elle se consacra alors à reprendre pied en Ukraine.

Slava Stetsko se présenta aux premières élections de l’Ukraine indépendante, en 1994. Elle fut élue à la Verkhovna Rada, mais ayant été déchue de sa nationalité par les Soviétiques, elle ne put pas siéger. Qu’à cela ne tienne, elle fit venir le président ukrainien, Leonid Kouchma, dans les locaux de la CIA à Munich et lui dicta des passages de la nouvelle Constitution. Aujourd’hui encore, celle-ci stipule en son article 16 : « Préserver le patrimoine génétique du peuple ukrainien relève de la responsabilité de l’État ». La discrimination raciale nazie est donc toujours proclamée par l’Ukraine moderne comme aux pires moments de la Seconde Guerre mondiale.

Le “nationalisme ukrainien” contemporain

Slava Stetsko ouvrant la session 2002 de la Verkhovna Rada.

Slava Stetsko fut réélue aux deux sessions suivantes. Elle présida solennellement les séances d’ouverture des sessions du 19 mars 1998 et le 14 mai 2002.

En 2000, Lev Dobriansky organisa un vaste colloque à Washington avec de nombreux officiels ukrainiens. Il y invita le straussien Paul Wolfowitz (un ancien collaborateur de Charles D. Jackson). Au cours de cette réunion, les « nationalistes » se mirent au service des straussiens pour détruire la Russie[6].

Le 8 mai 2007, à Ternopol, à l’initiative de la CIA, les « nationalistes » d’Autodéfense du Peuple ukrainien et les islamistes créèrent un « Front anti-impérialiste » anti-Russe sous la présidence conjointe de l’émir d’Itchkérie, Dokka Umarov, et de Dmytro Yarosh (l’actuel conseiller spécial du chef des armées ukrainiennes). Des organisations de Lituanie, de Pologne, d’Ukraine et de Russie participèrent à cette réunion, dont les séparatistes islamistes de Crimée, d’Adyguée, du Daghestan, d’Ingouchie, du Kabardino-Balkarie, du Karatchaïévo-Tcherkessie, d’Ossétie, de Tchétchénie. Ne pouvant s’y rendre du fait des sanctions internationales, Dokka Umarov, y fit lire sa contribution. Rétrospectivement, les Tatars de Crimée ne parviennent pas à expliquer leur présence à cette réunion, sinon leur passé au service de la CIA contre les Soviétiques.

Dmitro Yarosh lors de la fondation du Front anti-impérialiste contre la Russie avec les jihadistes. Il est aujourd’hui conseiller spécial du chef des armées ukrainiennes.

Le président pro-US, Viktor Iouchtchenko, crée un Institut Dmytro Dontsov, à la suite de la « révolution orange ». Iouchtchenko est un exemple du blanchiment anglo-saxon. Il a toujours prétendu n’avoir aucun rapport avec les nationalistes, mais son père, Andrei, était gardien dans un camp d’extermination nazi[7]. L’Institut Dmytro Dontsov sera fermé en 2010, puis rouvert après le coup d’État de 2014.

Le président Viktor Iouchtchenko, peu avant la fin de son mandat, éleva le criminel contre l’Humanité Stepan Bandera au titre de « héros de la Nation ».

En 2011, les « nationalistes » parvinrent à faire passer une loi interdisant de commémorer la fin de la Seconde Guerre mondiale parce qu’elle avait été gagnée par les Soviétiques et perdue par les bandéristes. Mais le président Viktor Ianoukovytch refusa de la promulguer. Furieux, les « nationalistes » attaquèrent le cortège des anciens combattants de l’Armée rouge, passant à tabac des vieillards. Deux ans plus tard, les villes de Lviv et d’Ivano-Frankivsk abolirent les cérémonies de la Victoire et interdirent toute manifestation de joie.

En 2014, les Ukrainiens de Crimée et du Donbass refusèrent de reconnaître le gouvernement issu du coup d’État. La Crimée, qui s’était déclarée indépendante avant le reste de l’Ukraine, le réaffirma une seconde fois et adhéra à la Fédération de Russie. Le Donbass chercha un compromis. Les « nationalistes ukrainiens », conduits par le président Petro Porochenko, cessèrent d’y entretenir les services publics et bombardèrent sa population. En huit ans, ils assassinèrent au moins 16 000 de leurs concitoyens dans l’indifférence générale.

Inauguration d’une plaque commémorative du criminel contre l’Humanité Dmytro Dontsov sur la façade de l’agence de presse d’État Ukrinform. Lors de la cérémonie, le directeur général d’Ukrinform a assuré que Dontsov avait fondé, en 1918, la première agence de presse ukrainienne, UTA, dont Ukrinform est la successeuse.

C’est aussi, à partir du coup d’État de 2014, que les milices nationalistes intégrales furent incorporées aux Forces armées ukrainiennes. Dans leur règlement intérieur, elles enjoignent chaque combattant à lire les œuvres de Dmytro Dontsov, notamment son maître-livre, Націоналізм (Nationalisme). J’ai pu le constater sur place en discutant avec des soldats.

En avril 2015, la Verkhovna Rada déclara les membres de l’Organisation des nationalistes ukrainiens (OUN) « combattants de l’indépendance ». La loi fut promulguée, en décembre 2018, par le président Porochenko. Les anciens Waffen-SS eurent droit rétrospectivement à une pension de retraite et à toutes sortes d’avantages. La même loi criminalisa toute affirmation selon laquelle les militants de l’OUN et les combattants de l’UPA collaborèrent avec les nazis et pratiquèrent le nettoyage ethnique des juifs et des Polonais. Publié en Ukraine, le présent article m’enverrait en prison pour l’avoir écrit et vous aussi pour l’avoir lu.

Le 1er juillet 2021, le président Volodymyr Zelenski promulgua la loi sur les peuples autochtones d’Ukraine qui les place sous la protection des Droits de l’homme. Par défaut, les citoyens d’origine russe ne peuvent plus les invoquer devant les tribunaux ?

La vice-Première ministre canadienne, Chrystia Freeland, manifeste son soutien au président Zelensky avec les membres de la section canadienne de l’OUN. Aujourd’hui, Mme Freeland est candidate au secrétariat général de l’Otan.

En février 2022, les milices « nationalistes intégrales », qui formaient un tiers des Forces armées du pays, planifièrent une invasion coordonnée de la Crimée et du Donbass. Elles furent arrêtées par l’opération militaire russe visant à appliquer la résolution 2202 du Conseil de sécurité des Nations unies pour abréger le calvaire des populations du Donbass.

En mars 2022, le Premier ministre israélien, Nafatali Bennett, rompant avec le « sionisme révisionniste » de Benjamin Netanyahu (le fils du secrétaire de Jabotinsky), suggéra au président Volodymyr Zelensky de souscrire aux demandes russes et de dénazifier son pays. Face aux réactions indignées de ses alliés, il fit démentir ses propos. Enhardi par ce soutien inattendu, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, osa évoquer le cas du président juif ukrainien en disant : « Le peuple juif dans sa sagesse a dit que les antisémites les plus ardents sont généralement des juifs. Chaque famille a son mouton noir, comme on dit ». C’était trop pour les Israéliens qui s’inquiètent toujours lorsqu’on tente de les diviser. Son homologue d’alors, Yaïr Lapid, rappela que les juifs n’ont jamais organisé eux-mêmes l’holocauste dont ils ont été victimes. Coincé entre sa conscience et ses alliances, l’État hébreu répéta à satiété soutenir l’Ukraine, mais refusa de lui envoyer la moindre arme. En définitive, l’état-major trancha et le ministre de la Défense, Benny Gantz ferma toute possibilité d’un soutien aux successeurs des massacreurs de juifs.

Selon le rapport de l’IERES (Institute for European, Russian, and Eurasian studies) – Far-Right Group Made Its Home in Ukraine’s Western Military Training Hub – de l’université George Washington en 2021, la milice néo-nazie, l’Ordre Centuria a déjà « pénétré » les armées en Allemagne, au Canada, en France, en Pologne, au Royaume-Uni et aux USA pour être formée à la guerre opérationnelle selon les standards OTANiens.

Les Ukrainiens nationalistes dans les sphères qui gouvernent l’Ukraine, y compris, à son sommet, sont les seuls nationalistes à ne pas se battre ni pour leur peuple, ni pour leur terre, mais pour une seule idée : anéantir les juifs et les populations ukrainiennes russophones attachées à leur langue natale car considérées comme des russes.

Conclusion

L’histoire et la mémoire ont en commun une actualisation du passé. Mais l’histoire cherche à comprendre le passé pour en libérer le présent, alors que la mémoire entretien le poids du passé sur le présent. Seul le temps pansera les blessures du peuple Ukrainien pétri d’idéologues mortifères.

Nos responsabilités dans la résurgence du nazisme à nos portes sont flagrantes. Arno klarsfeld, conseiller d’Etat, et fils du célèbre chasseur de nazis, Serge Klarsfeld, fustige l’aveuglement du camp occidental devant le néonazisme affiché du camp ukrainophile dans une tribune sur radio J :

« Je ne veux pas au sein de l’Union européenne d’une Ukraine qui au lieu de condamner des crimes commis contre des dizaines de milliers de familles juives par les nationalistes ukrainiens et par une partie importante de la population ukrainienne, dresse des statues aux génocidaires comme Bandera et abat celles commémorant la victoire contre le nazisme.

Je ne veux pas d’une Europe qui risque de considérer dans l’histoire et dans l’avenir que la Russie était le véritable ennemi et que l’Allemagne nazie et les nationalistes ukrainiens défendaient la civilisation européenne. Cette tendance à sataniser la Russie existe déjà, non seulement dans les médias, mais aussi chez les responsables politiques européens qui disent ou laissent dire que la Russie commet un génocide à l’encontre du peuple ukrainien.

Si j’écris sur Twitter que la Russie commet des crimes de guerre mais ne commet pas un génocide, j’obtiens la réponse suivante de Nathalie Loiseau, responsable du parti centriste français au Parlement européen : et les atrocités, et les privations d’eau et d’électricité ?

Je venais pourtant de dire que la Russie commettait des crimes de guerre, mais cela ne suffit pas. Pour la doxa, il faut dire aussi que la Russie commet un génocide. Il faut noircir la Russie le plus possible quitte à tordre la vérité. »[8]

Il ne faudrait pas non plus oublier les mensonges éhontés et les calculs de politique politicienne par la chancelière allemande, Angela Merkel et l’ancien président français, François Hollande, afin d’enterrer les accords de Minsk, provoquant ou ne laissant pas d’autres choix au président Vladimir Vladimorovitch Poutine, que nous oublions souvent sous la pression du parti communiste russe, plus radical sur les questions concernant la protection des populations russophones au Donbass et ayant fortement progressé lors des dernières élections législatives en Russie, que d’intervenir le 24 février 2022 en Ukraine. L’histoire jugera ces deux personnes, si la CPI (chargé de sanctionner les crimes contre l’humanité) ne le fait pas !

En effet, Dans une interview exclusive au Kyiv Independent[9], l’ancien président François Hollande confirme les propos de l’ancienne chancelière Angela Merkel à Die Zeit[10] « …les accords de Minsk n’étaient qu’un moyen pour l’Ukraine de se renforcer militairement afin de se préparer à un conflit inévitable… ». À la question « Pensez-vous également que les négociations de Minsk visaient à retarder les avancées russes en Ukraine ? », il répond « Oui, Angela Merkel a raison sur ce point ».

Vladimir Poutine, a cru à la bonne foi de ses partenaires. Cependant le fait qu’il ait proposé au Conseil de sécurité des Nations unies et fait adopter la résolution 2202 avalisant ces accords atteste qu’il ne croyait plus les Occidentaux et commençait à préparer l’intervention actuelle. Cette résolution lui donne le droit, en tant que garant des accords de Minsk, d’intervenir. La suite, nous la connaissons, et personne ne peut prétendre « qu’une guerre est propre ». Elle contient en elle-même les germes des crimes contre l’humanité, quel que soit l’acteur.

Je conclurai en paraphrasant Charles Pasqua : « Avec de tels alliés, on n’a pas besoin d’ennemis lointains »

Jérémie POIZZA


Sources principales :

Ukrainian Nationalism in the age of extremes. An intllectual biography of Dmytro Dontsov, Trevor Erlacher, Harvard University Press (2021).

Stepan Bandera, The Life and Afterlife of a Ukrainian Nationalist. Fascism, Genocide, and Cult, Grzegorz Rossoliński-Liebe, Ibidem (2014).

Lire aussi :

Liga der Fremdvölker Russlands 1916–1918. Ein Beitrag zu Deutschlands antirussischem Propagandakrieg unter den Fremdvölkern Russlands im Ersten Weltkrieg, Seppo Zetterberg, Akateeminen Kirjakauppa (1978).

« The Nexus Between Far-Right Extremists in the United States and Ukraine », Tim Lister, CTC Sentinel April 2020 Vol. 13 #4, Combating Terrorism Center at West Point.

« Exclusive : Documents Reveal Erik Prince’s $10 Billion Plan to Make Weapons and Create a Private Army in Ukraine », Simon Shuster, Time, July 7, 2021.

Kyle Burke, Revolutionaries for the Right: Anticommunist Internationalism and Paramilitary Warfare in the Cold War, Chapel Hill, University of North Carolina Press, 2018 (ISBN 1469640740)

Russ Bellant, Old Nazis, the New Right, and the Republican Party, Boston, South End Press, 1991 (ISBN 0896084183)

L’Affaire Gladio, les réseaux secrets américains au cœur du terrorisme en Europe, Jean-François Brozzu-Gentile, Albin Michel, 1994.

Voir aussi le remarquable documentaire d’Allan Francovitch : Gladio, les meneurs de jeu, Observer Film Company, 1992.

Rapport de la Commission d’enquête parlementaire chargée de clarifier les faits d’une grande portée survenus au Département militaire fédéral, 1990.

Relazione sulla vicenda « Gladio » presentatat dal Presidente del Consiglio dei Ministri (Andreotti) communicata alla Presidenza il 26 febbraio 1991, Senato della Repubblica, X Legislativa, Doc XXVII, n°6.

Gérald Arboit. Quelles « armées secrètes » de l’OTAN ? Rapport de recherche #18., Centre français de recherche sur le renseignement. 2016, p.40.


Notes :

[1] « Overextending and Unbalancing Russia » Rapport de la Rand Corporation. Think-Tank d’influence attaché à la CIA. La stratégie occidentale pour démanteler la Fédération de Russie.

[2] « L’Holodomor, nouvel avatar de l’anticommunisme “européen” » (extrait de Le Choix de la défaite), Annie Lacroix-Riz (2010). Famine et transformation agricole en URSS, Mark Tauger, Delga (2017).

[3] « The Wannsee Conference in 1942 and the National Socialist living space dystopia », Gerhard Wolf, Journal of Genocide Research, Vol 17 N°2 (2015).

[4] Stephen Dorril, MI6: Inside the Covert World of Her Majesty’s Secret Intelligence Service, New York, Simon and Schuster, 2002 (ISBN 0743217780)

[5] Bertil Lintner, Blood Brothers : Crime, Business and Politics in Asia, Australie, Allen and Unwin, 2002, 470 p.

[6] Les bandéristes ont progressivement pris le pouvoir dans ce pays durant les trente dernières années, récrivant l’histoire, formant la jeunesse et modifiant un à un tous les symboles de l’État. Ils ont endoctriné un tiers de la population et représentent un bon tiers des forces armées.

[7] Андрей Ющенко : “Персонаж и легенда”, (Personnage et légende) Юрий Вильнер, Yuri Vilner (2007).

[8] Ukraine/Russie : « Un génocide » ? De l’importance des mots – Le billet d’humeur d’Arno Klarsfeld

[9] « Hollande: ‘There will only be a way out of the conflict when Russia fails on the ground’ », Theo Prouvost, Kyiv Independent, December 28, 2022.

[10] « Hatten Sie gedacht, ich komme mit Pferdeschwanz ? », Tina Hildebrandt und Giovanni di Lorenzo, Die Zeit, 7. Dezember 2022.

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4 thoughts on “Le nationalisme ukrainien: réel patriotisme ou néo-nazisme ?

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