A Port-Haliguen, sur la presqu’île de Quiberon en Bretagne, près de la plage où se dresse la stèle commémorant le débarquement des émigrés royalistes en 1795, il existe une inscription, apposée au parapet de la digue : « À Port-Haliguen, le 14 février 1778, la France représentée par l’Escadre de la Motte-Picquet fut la première nation à rendre les honneurs au Pavillon des USA ». Rien d’autre que ces simples lignes gravées sur une plaque de marbre…
Le XVIIIème siècle des Lumières et des Révolutions, fut sur tous les océans du globe celui d’une lutte acharnée qui opposa la France et l’Angleterre pour la maîtrise de l’empire des mers. Guerre de sept ans puis guerre d’indépendance des États-Unis, dans les dernières décennies qui précèdent la Révolution française, les éclats de cette grande querelle atteignirent sporadiquement les rivages du Morbihan, interrompant le temps d’une marée la routine silencieuse de leurs habitants[1]. Samedi 14 février 1778, dans les lointains de la baie de Quiberon retentit le grondement sourd d’une salve d’artillerie de marine dont l’écho n’allait pas tarder à parcourir le monde… Ce jour-là, Le Robuste, un vaisseau de 74 canons de la Marine Royale portant la marque de l’Amiral Comte de la Motte-Picquet rendit pour la première fois de l’Histoire le salut du Roi de France à l’USS Ranger de la Continental Navy commandé par le corsaire américain John Paul Jones arborant à son mat le pavillon étoilé des États-Unis d’Amérique.
Pour les habitants de la côte, le bruit de la canonnade annonçait le retour imminent à l’état de guerre entre la France et l’Angleterre. En ces temps-là, la guerre constituait le cours naturel des choses entre les deux pays et la paix, lorsqu’elle était signée, n’était jamais qu’une exception, une trêve pour reprendre souffle avant le retour au brutal.
Le Roi reconnaît l’indépendance des États-Unis
Le 4 juillet 1776, les Insurgents américains réunis en Congrès à Philadelphie promulguent par une déclaration l’indépendance des 13 colonies anglaises d’Amérique. Inspiré par l’esprit des lumières, le texte proclame le droit à la vie, à la liberté et à la recherche du Bonheur. C’est la conséquence du conflit ouvert par la Boston Tea Party. Trois ans plus tôt, refusant d’acquitter impôts et taxes à la couronne britannique, de jeunes colons américains travestis en Peau-Rouge avait jeté par-dessus bord la cargaison de thé d’un navire marchand de la Compagnie des Indes Orientales dans le port de Boston. Pour le gouvernement de Londres, il s’agissait d’une révolte, c’était en fait la Révolution qui commençait au Nouveau monde et bientôt la guerre générale.
À Versailles, Louis XVI vient de succéder à son grand père mort en 1774. C’est un jeune prince au fait des questions de son temps, passionné de géographie et attentif aux affaires de sa Marine. Il est entouré de secrétaires d’États de premier ordre comme Sartine à la Marine ou Vergennes aux affaires étrangères qui parvient à isoler l’Angleterre en Europe tout en restant informé du développement des évènements en Amérique. Au début de l’année 1778 une nouvelle sensationnelle parvient en France : la reddition d’une armée anglaise de 7000 hommes à Saratoga le 17 octobre précédent. Cet évènement décide le Roi à conclure un traité d’Alliance franco-américain le 6 février 1778, dont la conséquence immédiate était la reconnaissance formelle de la nouvelle république américaine et signifiait la guerre contre l’Angleterre.
Un Américain à Paris
À Paris les Américains ne sont encore que des sujets rebelles de la Couronne d’Angleterre. Ils forment une commission[2] et se réunissent autour de leurs représentants et en particulier de Benjamin Franklin qui réside à l’écart au village de Passy. Rédacteur et signataire de la Déclaration d’indépendance, tout à la fois, scientifique, homme d’affaire et franc-maçon, Franklin est le principal artisan fondateur des États-Unis. Les billets de cent dollars qui circulent aujourd’hui ont répandu son effigie dans le monde entier. Il débarque au port de Saint-Goustan à Auray le 3 décembre 1776. De là il gagne Nantes puis Paris pour solliciter des armes et des subsides auprès du Roi de France. Place du Trocadéro, face au musée de la Marine et au début de la Rue qui porte son nom se dresse un monument en mémoire de Franklin qui rappelle l’influence qui fut la sienne à la tête de la délégation américaine pour entraîner la France aux côtés des Insurgents. Chaussé de gros souliers, vêtu comme un cultivateur, ne portant pas de perruque, Franklin affecta de paraître à la Cour dans cette singulière tenue et « cette nouveauté charma toute les têtes vives des femmes françaises » écrit dans ses Mémoires Madame Campan la première Dame de Chambre de la Reine Marie Antoinette.
En ce début d’année 1778, ces américains sont à la mode à Paris. Ils sont reçus et fêtés partout, tant est vif en France l’engouement pour leur cause et le désir de revanche contre l’Angleterre. On guette leur promenade au bois de la Muette, les salons philosophiques, le cercle d’Auteuil, ou la loge maçonnique des neuf sœurs leur ouvrent les portes en grand. À l’Académie Française, Voltaire malade et à la veille de son trépas se lève pour venir embrasser Franklin.
En décembre 1777, un marin en provenance du nouveau monde atterrit à Nantes à bord de l’USS Ranger, un sloop armé en course. Le Capitaine Paul Jones est un aventurier d’origine obscure, ambitieux et bien décidé à se faire un nom à Paris parmi ses compatriotes qui ont décidément le vent en poupe. Né en 1749 en Ecosse, fils du jardinier d’un grand aristocrate terrien[3], il embarque dès l’âge de 12 ans et obtient son premier commandement au commerce à 23 ans sur le John. Il traîne chez les siens une réputation douteuse de négrier. On l’accuse d’avoir fait fouetter à mort l’un de ses matelots puis une autre fois d’avoir tué d’un coup d’épée le charpentier du bord. Pour les Anglais, c’est un pirate. Pour échapper à son jugement, il émigre en Virginie. Il débarque à Philadelphie en 1775 au moment où le Congrès, sous l’impulsion de John Adams, met sur pied une marine américaine. Il s’engage donc dans la Continental Navy, ancêtre de l’actuelle United States Navy. Il embarque d’abord sur l’Alfred un petit corsaire dont la mission est de briser l’embargo britannique et permettre l’acheminement clandestin du matériel militaire en provenance de France. En juin 1777, le jour même où les États-Unis d’Amérique adoptent officiellement le Stars and Stripes banner comme emblème national, il reçoit le commandement de l’USS Ranger pour mener la guerre au commerce anglais depuis les côtes de France. Il profite de son arrivée en France pour se pousser à Paris dans le sillage de Benjamin Franklin. Il connaît bientôt une extraordinaire faveur auprès du public français. Pour l’heure en ce début d’année 1778, il intrigue afin d’obtenir un commandement prestigieux sans grand succès…
John Adams, créateur de la marine américaine, premier Vice-président puis second Président des États-Unis après George Washington, parle du capitaine Paul Jones qu’il a connu lors d’un dîner offert par le marin à bord de son navire dans le port de Lorient[4], comme d’un homme rongé par la vanité, malade d’orgueil, conduit par une inextinguible soif de gloire [5] mais non sans ajouter qu’il était aussi un véritable patriote que son habileté au combat distingue de la canaille de la Continental Navy. Au milieu de la bataille, Jones était exubérant, plein de ressources, impitoyable et brave. Adams mentionne aussi la voix de Paul Jones[6], une voix de basse qui semble-t-il plaisait aux femmes qui ne l’entendaient jamais rugir sur le pont d’un navire. Ce portrait moral montre qu’en Amérique même Paul Jones ne faisait pas l’unanimité. Il existe par ailleurs un portrait d’après nature gravé à l’eau forte de John Paul Jones, œuvre du dessinateur et graveur français Moreau le Jeune, datant de 1780. Le résultat est remarquable et rend vraisemblable l’impression de John Adams sur le personnage. Le trait de l’artiste laisse percer un caractère âpre et sauvage et le regard oblique qu’il lui donne produit sur le visage une expression étrange qui semble trahir à la fois un tourment secret et une volonté farouche.
Début février, Paul Jones qui n’a pas obtenu tout ce qu’il espérait de son séjour à Paris regagne son bord à Nantes où le Ranger a été radoubé. Le 10 il met à la voile et descend la Loire pour faire route vers Brest son nouveau port d’armement où l’a autorisé à se rendre le roi Louis XVI pour y mener une descente au large des côtes d’Irlande et d’Ecosse. En chemin, il escorte quelques marchands américains jusqu’à la baie de Quiberon[7] où se trouvent cinq vaisseaux et quelques frégates de l’Escadre de l’Amiral Comte de La Motte Picquet au mouillage dans la baie. Les français doivent assurer la protection des navires marchands américains dans le Golfe de Gascogne jusqu’à l’ouest du Cap Finistère. La rencontre donne lieu à une tractation entre Monsieur de la Motte Picquet et le Capitaine du Ranger.
Le salut de la Baie de Quiberon
Dans ses lettres nombreuses, Paul Jones se plaint souvent de n’être jamais récompensé et ni reconnu à sa juste valeur par ses concitoyens. Par contre, la société parisienne ne cesse de s’enthousiasmer pour ses succès et le fête comme un héros. Les salons se l’arrachent pour entendre le récit de ses combats navals, il est ovationné à l’opéra et comblé de bonnes fortunes. Louis XVI lui remet une épée en or et le fit chevalier. Le célèbre sculpteur Houdon réalisa son buste en 1781…
En 1785, après la guerre, dans une lettre au Roi de France où il se donne beaucoup d’importance, il récrimine contre la mauvaise foi de ses compatriotes, en particulier contre Silas Deane[8] qui l’aurait desservi auprès du Roi en ne soutenant pas de bonne foi son plan d’expédition en Amérique. Il revient sur les circonstances du Salut de la Baie de Quiberon dont il ne manque pas de s’attribuer le mérite : « J’atteignis la baie de Quiberon le vendredi 13 février 1778. Je demandai à Monsieur de La Motte Picquet s’il acceptait de retourner mon salut, ce que ce digne officier accepta. Ni lui, ni moi n’avions eu connaissance du Traité d’Alliance signé sept jours auparavant à Versailles entre la France et l’Amérique. Ce fut le premier salut reçu par le pavillon américain de la part d’une puissance étrangère et qui provoqua maintes contestations de la part du Parlement d’Angleterre »[9]. John Paul Jones veut attacher à toute force une grande renommée à son nom.
Arrivé le 13 février en vue de Quiberon, le commandant du Ranger rapporte aussi selon une autre source s’être tenu en dehors de la baie et avoir envoyé comme émissaire William Carmichael[10] à bord du Robuste pour négocier l’échange de saluts[11]. Aux treize coups de canons du bâtiment américain, le français accepte de répondre par neuf détonations au plus ancien des officiers de la Continental Navy, soit quatre de moins comme pour un amiral de Hollande ou de toute autre République conformément à l’usage et aux instructions en vigueur dans la Marine Royale. Après une hésitation, car il aurait souhaité un nombre égal de détonations en réponse à son salut, l’américain accepte finalement l’offre de l’amiral Français. Le vent était contraire et soufflait fort, c’était le crépuscule du vendredi 13 février 1778. Aussi, le Capitaine Paul Jones et le Ranger attendirent-ils le jour du lendemain matin 14 février pour entrer dans la baie et défiler en arborant fièrement le Stars and Stripes devant la flotte française saluant de treize coups de canons… Neufs détonations retentirent en réponse du vaisseau amiral. La bannière étoilée qui ne comportait alors que treize étoiles était depuis le 14 juin 1777 l’emblème officiel des États-Unis. Paul Jones rendit compte à la commission de la Continental Navy en écrivant : « J’ai accepté cette offre car du moins constituait-elle une reconnaissance de fait de l’indépendance des États-Unis »[12] et en effet ce salut, contrairement à d’autres précédemment, ne fut pas désavoué par la suite. Le Corsaire américain, raconte qu’il a ensuite poursuivi sa route vers Brest et mouillé dans l’Anse de Camaret. Là, il fut retenu par des vents contraires jusqu’à ce que l’Ambassadeur de France à Londres annonce officiellement le 20 mars le Traité d’Alliance entre le Roi très Chrétien et les États-Unis[13]. Le Ranger entre alors dans la rade de Brest où il reçoit de nouveau le salut de l’Amiral Comte d’Orvilliers. Paul Jones insiste sur le fait d’avoir été reçu à bord du vaisseau La Bretagne avec les honneurs dus à un amiral.
Star and Stripes 1777
« Aux treize coups de canons du bâtiment américain, le français accepte de répondre par neuf détonations au plus ancien des officiers de la Continental Navy, soit quatre de moins comme pour un amiral de Hollande ou de toute autre République conformément à l’usage et aux instructions en vigueur dans la Marine Royale ».
La controverse…
Par la suite au XIXème siècle, l’histoire de ce premier salut au pavillon américain tombe dans l’oubli surtout aux États-Unis où les détracteurs de John Paul Jones affirment qu’il y a eu au moins deux précédents historiques. Le premier à Saint Eustache, colonie hollandaise des Antilles, en 1776 et le second à Brest en 1777.
En 1906, alors que les cendres du Corsaire américain venaient d’être solennellement ramenées de France en Amérique et de recevoir l’hommage appuyé du Président Théodore Roosevelt, un article polémique du New York Time affirmait que le premier salut au drapeau du congrès continental et aux États-Unis n’avait pas eu lieu à Quiberon le 14 février 1778 mais sur l’île de Saint Eustache aux Antilles néerlandaises après la déclaration d’indépendance le 16 novembre 1776 où le gouverneur Johannes de Graeff répondit favorablement au salut de l’USS Andrea Doria. L’île était alors la principale plaque tournante d’un intense trafic d’armes et de munitions entre le Nouveau Monde et l’Europe principalement en provenance de France. Cependant les anglais protestèrent et ce salut fut promptement désavoué par le gouvernement des Provinces-unies qui ne reconnut les États-Unis qu’en 1780.
Evan Thomas[14], ancien rédacteur en chef de Newsweek et auteur en 1983 de la biographie la plus complète de John Paul Jones note également que le général américain Mifflin a reçu à Brest le salut de 9 coups de canons en 1777.
Cependant ni à Saint Eustache en 1776, ni à Brest en 1777 ne flottait le Stars and Stripes, c’est-à-dire le drapeau officiel des États-Unis d’aujourd’hui qui comptait alors 13 étoiles en cercle sur son canton. Il s’agissait du Grand Union Flag qui était le drapeau du Congrès et de la Continental Navy portant également treize bandes rouges et blanches mais arborant sur le canton non pas les fameuses étoiles mais l’Union Jack anglais.
La conclusion est donc que l’USS Ranger a bien été le premier navire de guerre américain à avoir été salué par une puissance étrangère en Baie de Quiberon le 14 février 1778 arborant les couleurs du Stars and Stripes. Un évènement pratiquement passé inaperçu à l’époque. La Motte Picquet a simplement salué le plus ancien officier de la continental navy en ignorant le traité qui avait été signé à Paris une semaine auparavant mais la guerre imminente contre l’Angleterre fit que ce salut ne fut jamais désavoué par le gouvernement en France.
…et la puissance des légendes !
Après le retour de la Paix le Chevalier John Paul Jones devient par la faveur du Roi Louis XVI le plus aristocratique des citoyens américains et cherche à s’employer. Il échafaude avec La Fayette des plans sans suite de croisière en Méditerranée contre les barbaresques. Enfin, en avril 1788, il part courir l’aventure au service de l’Impératrice Catherine II de Russie. Il traverse la Baltique encore largement prise dans les glaces et parvient tout de même en terrorisant son équipage à atteindre Reval[15] à l’entrée du golfe de Finlande puis Saint-Pétersbourg. En mai 1783, quatre mois avant le traité de Versailles où l’Angleterre reconnaît l’indépendance des États-Unis, Catherine II charge Potemkine, le Prince de Tauride, d’aménager la rade de Sébastopol en Crimée pour ses vaisseaux de guerre. L’Impératrice nomme Pavel Djons contre-amiral en mer Noire pour combattre les Ottomans et rendre Constantinople aux chrétiens orthodoxes. Il commande un vaisseau, le Vladimir.
Mais l’américain se heurte au caractère asiatique des russes qu’il ne comprend pas et en particulier à celui de Potemkine le premier ministre et favori de l’impératrice. En Amérique et surtout en France, il a fréquenté avec succès toute la société. Ici sa personnalité individualiste éveille le soupçon et son tempérament de « corsaire démocrate » ne séduit pas. Déçu, il décide de rentrer en France dans le pays qui lui a toujours fait le meilleur accueil. Il traverse l’Europe. On le voit à Varsovie, dans le Royaume de Pologne pour quelques mois encore indépendant. Il s’entretient avec le patriote polonais Tadeusz Kosciuszko qui avait combattu dans les rangs des insurgent. Puis il passe à Vienne et à Amsterdam… En mai 1790, il s’installe enfin au 19 rue de Tournon à Paris avec sa compagne Aimée de Télisson[16] qui aurait été une fille naturelle de Louis XV.
La révolution a commencé en France, le Roi est désormais prisonnier aux Tuileries. Cambon, Carnot, Barère au club des jacobins boivent à la santé du futur amiral de France ! Mais le héros malade meurt bientôt le 18 juillet 1792 à quarante-cinq ans, entre les deux émeutes qui mettent fin à la monarchie[17]. Quelques jours trop tôt pour voir s’effondrer l’ancien régime, les massacres de septembre, l’avènement de la République[18], la mort sous la guillotine du Roi Louis XVI son bienfaiteur[19], la dictature de Robespierre et la Terreur… Le docteur Vicq d’Azyr, médecin de la Reine Marie Antoinette dépêché sur place ne put que constater le décès de son patient. Son corps fut préservé dans l’alcool et enseveli dans un cercueil de plomb dans l’éventualité où les États-Unis décidaient un jour de réclamer les restes du corsaire… ce qui advint en 1904 ! Il fut exhumé à Paris à l’emplacement de l’ancien cimetière Saint Louis réservé aux protestants étrangers, devenu depuis la Révolution un terrain vague.
Le héros oublié de l’Amérique survit dans l’imagination romanesque des français. En 1838, Alexandre Dumas présente au théâtre un drame en cinq actes intitulé Paul Jones ou Paul le Corsaire une intrigue se déroulant à Auray mettant en scène un bâtard magnifique coureur d’océan entre l’Amérique et la Bretagne en pleine révolution… Le 30 juin 1905, la dépouille du Capitaine Paul Jones fut embarquée à Cherbourg à bord du croiseur USS Brooklyn pour l’Amérique escortée de nombreux navires de guerre. Les États-Unis du début du XXème siècle sont déjà la première puissance industrielle mondiale et bien que deux fois victorieuses de l’Espagne à Cuba et aux Philippine l’US Navy promise à un bel avenir est encore dans l’enfance et se cherche une histoire. Ce voyage posthume sur l’océan peut sembler évoquer le retour des cendres de Napoléon de Sainte Hélène. John Paul Jones repose aujourd’hui dans un lourd tombeau de marbre dans la chapelle de l’Académie Navale d’Annapolis dans le Maryland qui semble avoir été inspiré par celui de l’Empereur aux Invalides. Napoléon enfin aurait estimé un jour devant le Maréchal Berthier que John Paul Jones n’avait pas accompli toute sa destinée. L’empereur aurait aussi regretté de n’avoir pu en faire un amiral pour lui fournir la possibilité de se mesurer à Nelson avec des forces égales[20]. Car telle est la puissance des légendes…
Bibliographie et références
Alain Boulaire, 2012 – John Paul Jones où la vie aventureuse d’un corsaire américain, Chevalier de Louis XVI et Amiral de Russie
Evan Thomas, 1983 – John Paul Jones, Sailor, Hero, Father of the American Navy
Robert de la Croix, 1981 – John Paul Jones, le loup des Océans – Histoires de la mer n° 17
Allen G. W, 1913 – A Naval History of the American Revolution. Houghton Mifflin Company
Ezra Green, February, 13,1778 – The diary of the Ranger’s surgeon
New York Times, February 11, 1906 – First Foreign Salute to the American Flag; the Dutch of St. Eustatius, West Indies, November, 16, 1776
AMERICANREVOLUTION.ORG – A naval History of the American Revolution – Chapter X
[1] 1759, la Bataille des Cardinaux, 1778 la reconnaissance du pavillon des États-Unis et 1795 la tentative de débarquement des émigrés royalistes à Quiberon contre le Directoire. De 1756 à 1815 la France et l’Angleterre ont été quatre fois en guerre pendant 35 années sur 59…
[2] American committee
[3] Le comte de Selkirk
[4] Le 13 mai 1779 John Paul Jones de retour à Lorient après une descente foudroyante sur le port anglais de Whitehaven et la capture du Drake offre un dîner à son bord. À ses distingués convives américains qui peinent à comprendre le français et commencent à le jalouser, il explique qu’il y a que deux façons d’apprendre la langue « prendre une maîtresse ou aller à la comédie ». Citation de John Adams
[5] “« (…) leprous with vanity ». Jones was, in a way, sickened by his own pride, driven by an unquenchable thirst for glory (…). But he was also a true-blue patriot, and he was unusual in the rag-tag Continental Navy for his ability to fight. In the battle, he was exuberant, resourceful, relentless, and brave.” Citation de John Adams
[6] “His voice is soft and small” Citation de John Adams
[7] “I escorted several American vessels leaving Nantes for Quiberon Bay, where Monsieur de la Motte-Picquet waited with five ships of the line and some frigates under to protect and escort them until of Cape Finisterre.” Lettre de John Paul Jones au Roy Louis XVI en 1785
[8] “When Mr. Deane informed the court at Versailles of my plan for expedition to America, he showed such bad faith as to take credit for this project and call himself the author; as the result, he received a portrait of His Majesty on a gold box set with diamonds (…)”. Lettre de John Paul Jones au Roy Louis XVI en 1785
[9] “I reached Quiberon Bay on February 13, 1778. I asked Monsieur de La Motte-Picquet if he would return my salute; that brave officer agreed to do so. Neither he nor I knew that the alliance between France and America had been signed seven days before at Versailles. This was the first salute received by an American Flag from any sovereign power and gave birth to much dispute in the Parliament of England.” John Paul Jones 1785
[10] William Carmichael était le secrétaire de Silas Deane.
[11] A naval history of the American Revolution (Chapter 10)
[12] “(…) I was induced to accept his offer, the more so as it was in fact an acknowledgement of American Independence”. A Naval history of the American Revolution.
[13] “The final treaty between His most Christian Majesty and the United States…” John Paul Jones 1785
[14] Evan Thomas est le petit fil de Norman Thomas, un socialiste américain six fois candidats malheureux à la présidence américaine
[15] Aujourd’hui Tallinn en Estonie
[16] Robert de la Croix – John Paul Jones, le loup des Océans. Histoires de la mer n°17 mai 1981
[17] Le 20 juin 1792 et le 10 août 1792
[18] 21 septembre 1792 proclamation de la République
[19] 21 janvier 1793 exécution du Roi Louis XVI, Place de la Révolution aujourd’hui Place de la Concorde
[20] Mémoires du Maréchal Berthier. Louis-Alexandre Berthier (1753 1815), Prince de Neufchâtel et Maréchal d’Empire. Il participe à la guerre d’Indépendance des États-Unis sous les ordres de La Fayette. Major Général de la Grande Armée, il suit Napoléon dans toutes les campagnes et sur tous les champs de bataille de l’Empire.
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Bonjour Monsieur. J’ai eu connaissance de John Paul Jones par l’ouvrage du contre-amiral Le Pottier “Lorient Porte des Indes” (1970, editions france Empire) dont un chapitre est dedie a Jones. Cet ouvrage detaille evidement tous les evenements se deroulant autour du Morbihan et a Lorient meme, mais il ne mentionne pas la negociation precedant le salut au canon avec Lamotte-Piquet, ni les regles appliquees par Lamotte-Piquet.
Je vous remercie donc pour votre article de Wikipedia qui fournit nombre de details interessants.
Cordialement.
PS. Jusqu’en 1791, Lorient s’appelait “l’Orient”. Savez-vous par quelle autorite, et quel acte, son nom a ete change?