Certains éléments rendus publics permettent de préciser l’analyse des possibles conséquences de l’engagement de l’armée française directement contre les forces russes. Nous allons revenir sur les déclarations de différents responsables politiques dans ce cadre. Cela préparera à l’écoute des déclarations du président français le 14 mars 2024 sur le sujet.
« Nous irons pendre notre linge sur la ligne Surovikine »
En premier lieu, on peut considérer que l’hypothèse selon laquelle les déclarations du président français ne sont pas (uniquement) une lubie personnelle mais s’inscrivent dans une stratégie partagée est validée : Une forme de coalition semble bel et bien se dessiner au sein de l’OTAN [1]. La décision claire de Washington de ne pas envoyer de troupes au sol officiellement ne signifie nullement un refus d’intervenir. On peut penser qu’il s’agit plutôt d’éviter une confrontation avec un adversaire nucléaire et de privilégier l’approche indirecte qui fut caractéristique de la guerre froide. Tenant compte d’une opinion défavorable (après le traumatisme du Viet Nam, les désillusions de l’Irak et de l’Afghanistan) qui revient volontiers à un certain isolationnisme -réactivé par le candidat Trump[2]-, cette stratégie a porté ses fruits. Les USA apparaissent comme les principaux bénéficiaires de la guerre en Ukraine et activer les proxys otaniens paraît logique et profitable, dans un contexte qui rappelle superficiellement celui des années 1938/1941[3].
« Nous étions vingt ou trente brigands dans une bande »
- Les pays baltes, par russophobie et voisinage direct pourraient participer. La première ministre estonienne Kaja Kallas a ainsi refusé « de garantir que l’armée estonienne ne serait pas envoyée en Ukraine », la Lettonie, qui accueille l’exercice de l’OTAN steadfast defender est également engagée dans une démarche de préparation à un affrontement et crée des difficultés aux communications terrestres vers l’enclave russe de Kaliningrad depuis le début de la SVO et sous la pression de Bruxelles, une interdiction des céréales russes. Le ministre des affaires étrangères lithuanien Gabrielius Landsbergis a déclaré qu’il était « nécessaire de discuter de l’envoi de troupes de l’OTAN en Ukraine » ; il a envisagé « d’abolir les lignes rouges qu’ils se sont eux-mêmes imposées, en envoyant des troupes en Ukraine ».
- La Pologne tient également une posture belliciste. Donald Tusk, européiste et otanien convaincu, a maintenu la position russophobe des précédents dirigeants, majoritaire au sein des Polonais. Le ministre des affaires étrangères Sikorsky a déclaré que la présence de troupes de l’OTAN en Ukraine « n’était pas impensable » ». Le Chef d’état-major (CEM) Dymanowski a évoqué la possibilité que 300 000 soldats de l’OTAN (?) puissent arriver sur son sol « avant la guerre ». Le réarmement polonais, qui ambitionne d’en faire la première puissance militaire d’Europe, avait subi un arrêt, lorsque l’Allemagne, qui a le même objectif, avait bloqué les fonds européens nécessaires pour acquérir les armements étatsuniens, Coréens et israéliens ; cependant, une aide des USA de deux milliards d’USD été annoncée par le conseiller présidentiel étasunien Jake Sullivan, ainsi que la livraison de 69 hélicoptères d’attaque Apache, de missiles longue portée JASSM (1000 km) et de missiles Air-Air AIM adaptés aux F16 et F35 acquis par la Pologne. Le ministre Sikorski a également considéré que la proposition du président Macron serait « utile pour influencer la Russie ».
- La Finlande nouvellement membre de l’OTAN a récemment élu un président très anti-russe, qui surfe sur une opinion traditionnellement hostile à Moscou et dispose de forces armées convaincantes au plan tactique, des bases seront ouvertes aux forces étasuniennes sous couvert de l’Otan. En l’absence de revendications territoriales (la Carélie n’est plus récupérée depuis des années « que bouteille de bière par bouteille de bière »[4], comme l’on dit en Finlande) il est cependant improbable que les troupes d’Helsinki mènent une action offensive sur la frontière russe. Elles procéderont probablement avec les Suédois à la neutralisation du nouveau « lac otanien » de la Baltique, ce qui posera indirectement une menace sur Kaliningrad, isolée sur le plan terrestre par ses voisins hostiles[5].
- La République tchèque a initié un rachat d’obus hors de l’UE que le conseiller du premier ministre Tomas Pojar a annoncé « à partir de juin » ; le président tchèque a accepté l’idée d’envoi de soldats en Ukraine, comme « instructeurs ». La Roumanie se contente de fournir des bases aux appareils d’espionnage de l’OTAN en mer Noire et accueille déjà un bataillon français qui aurait été projeté[6] à Chisinau en vue d’un déploiement à Vinnitsa et/ou autour d‘Odessa. Il ne s’agit que d’une présence symbolique probablement destinée à permettre l’activation de l’article 5 de la Charte, ce qui est un facteur de risque. Le président roumain Iohannis a déclaré « qu’il refusait l’envoi de troupes roumaines en Ukraine ». Le premier ministre serbe Vukich, en position délicate car sous la pression de l’UE et de l’OTAN, considère que « l’engagement de l’OTAN aura lieu ».
« Krieg, groß Malheur ! »
La position de l’Allemagne est plus ambiguë. Le « triangle de Weimar » (France, Allemagne, Pologne) sera réuni à Berlin le 15 mars. On peut s’interroger sur les réticences germaniques, volonté de ne pas mettre un doigt dans l’engrenage ou tactique pour faire monter les enchères et s’assurer un leadership comme vassal des USA après leur désengagement progressif ? Les gesticulations médiatiques doivent être prises pour ce qu’elles sont et non pour argent comptant en la matière (Berlin « réticente » a fourni 18 milliards d’Euros à l’Ukraine, alors que Paris va-t-en guerre n’a donné « que » 640 millions de matériel de guerre). Naturellement, les agendas politiques internes et au sein de l’UE pèsent sur des décisions parées de vertu. Les écoutes de généraux allemands qui ont illustré la volonté d’organiser militairement les livraisons d’aides à Kiev mais sans apparaître directement, ainsi que les atermoiements pour livrer des missiles Taurus (qui pourraient aboutir à un « commerce circulaire » via le Royaume-Uni et l’échange avec des missiles Storm Shadow) ne peuvent cacher que Berlin est totalement inféodée à Washington depuis 1945.[7] D’ailleurs le refus de livrer des Taurus fait suite au refus de livrer des Chars Leopard 2 qui ont finalement constitué le matériel le plus nombreux dans les brigades blindées de Kiev, ce qui en relativise la portée. L’attitude du chancelier Scholz a certainement à voir avec des pressions internes et probablement une volonté de poignarder dans le dos l’ancien partenaire français.
En complément, on notera que Londres continue son action subversive contre la Fédération de Russie et semble envisager d’être présente à Odessa.
« Respirons maintenant, dit la Mouche aussitôt : J’ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine. »
Autres données périphériques, suite à la conférence d’Antalya, la Turquie pourrait obtenir du gaz via le Turkmenistan pour limiter ses achats à la Russie tout en maintenant son contrôle sur l’Azerbaidjan (producteur de pétrole), alors que le gouvernement arménien Pashinyan souhaite le départ des Russes de la base de Gyumri, le retrait de l’OTSC (Organisation du traité de sécurité collective) et une possible intégration dans l’UE avec un rapprochement marqué vers Paris. L’Ouzbékistan, enfin, déclare vouloir se rapprocher des USA militairement et de l’UE économiquement. On décèle une volonté anglosaxonne de réactiver le défunt Pacte de Bagdad voire pour Londres de raviver le « grand jeu » livré contre Moscou dans la région. Le traité d’organisation du Moyen-Orient (« pacte de Bagdad »), du 24 février 1955 rassemblait le royaume d’Irak, la Turquie, le Pakistan, l’Iran impérial et le Royaume-Uni. Avec le départ de l’Irak et l’entrée des USA en 1958, l’Alliance devient l’Organisation du traité central (Central Treaty Organisation, CenTO), dans le cadre de la stratégie d’endiguement (containment) mise en place par les USA au moyen d’alliances (OTAN, OTASE).
Ces différentes positions dont les conséquences réelles restent à déterminer, n’impliquant pas une action militaire directe, mais participent d’une stratégie de tension qui contraint la Russie à mobiliser ses forces sur des fronts multiples.
« Qui aures habet, audiat. »
Autre source d’information, le récent discours du président russe. En effet, alors que les médias français les écartent ou n’en retiennent que des éléments tronqués et biaisés, Vladimir Vladimirovitch Poutine a toujours tenu une position cohérente et argumentée, donc particulièrement utile pour tenter d’analyser les conséquences des propos présidentiels français.
- Alors que l’on omet de le signaler avant le discours du président Macron prévu le 14 mars pour expliciter sa position et la justifier en dénonçant la « menace russe », le président Poutine a déclaré « souhaiter négocier pour résoudre ce conflit de manière pacifique ». Il a cependant désiré « une conversation sérieuse. Mais nous devons comprendre clairement qu’il ne s’agit pas d’une pause que l’ennemi veut prendre pour réarmer, mais bien d’une conversation sérieuse avec des garanties de sécurité pour la Russie ». Ce souci s’explique aisément, après la tromperie des accords de Minsk en 2015, l’avortement commandé des négociations russo-ukrainiennes de mars 2022, celui du traité sur les céréales à Ankara. Disposer de garanties fiables (« je ne voudrais pas dire ça, mais je ne fais confiance à personne ») restera un problème difficile à résoudre (les objectifs de la SVO visaient à obtenir ce résultat en neutralisant l’Ukraine sur le modèle retenu contre l’Allemagne nazie).
- Toujours pour justifier la posture française, les médias de grand chemin ont mis en avant une supposée « menace nucléaire du Kremlin ». A ce sujet, le président russe a répondu au journaliste Dmitri Kisselyov, à propos de la possibilité et de la faisabilité d’utiliser des armes nucléaires dans le cadre d’une opération militaire spéciale « qu’il n’était pas nécessaire d’utiliser des armes nucléaires tactiques, comme toute autre arme de destruction massive, au cours de l’opération militaire ». Interrogé sur l’idée d’utiliser ces armes, Vladimir Poutine a répondu « qu’une telle idée ne lui était jamais venue à l’esprit ». En revanche, il a rappelé la doctrine russe, qui envisage le recours au Nucléaire dans des circonstances d’ailleurs identiques à celles qui prévalent en France dans le cadre de la Dissuasion. Le président russe a également signalé que « D’un point de vue militaro-technique nous sommes bien sûr prêts. Nos forces nucléaires sont constamment prêtes au combat ». Cela est tout simplement l’essence même de la Dissuasion et s’applique à tous les Etats dotés, un rappel qui n’est ni nouveau, ni spécialement agressif. Le président russe a toutefois évoqué l’évolution technologique qui permet d’envisager une confrontation avec les autres Etats dotés dont les USA.[8]
- Concernant les déclarations du président Macron, la réponse russe repose sur la notion de réciprocité, fondement du Droit International, lorsqu’il est dit « Quant aux Etats qui déclarent ne pas avoir de lignes rouges concernant la Russie, ils doivent comprendre que la Russie n’aura pas non plus de lignes rouges par rapport à eux ».
- Enfin, Vladimir Poutine a considéré « que les militaires des pays occidentaux sont présents en Ukraine depuis longtemps. Ils étaient présents avant le coup d’état (de 2014) et après. Mais si nous parlons de contingents militaires officiels d’Etats étrangers cela ne changera pas la situation sur le champ de bataille. De même que la fourniture d’armes ne change rien ».
Ce dernier point est important car il semble indiquer que le Kremlin ne considère pas que cette présence de troupes de l’OTAN sur le sol ukrainien justifierait un recours à des armes nucléaires. Si ces forces sont frappées autrement, c’est l’OTAN qui aurait l’initiative d’une escalade par l’article 5, option qui semble ne pas recevoir l’aval de toutes les parties (retrait US, refus italien, hongrois et slovaque, prudence allemande, silence espagnol…).
Les propos poutiniens sur l’envoi de troupes étrangères démontrent également une volonté d’insérer un coin dans l’Alliance en ravivant des différends historiques : « Si des troupes polonaises entrent sur le territoire de l’Ukraine, pour couvrir la frontière biélorusse par exemple, je pense qu’elles n’en sortiront jamais. Parce qu’ils voudront récupérer ces terres qu’ils considèrent historiquement comme leur appartenant et enlevés par Josef Vissarionovitch Staline « le père des nations » et transférées à l’Ukraine. Bien sûr ils veulent les récupérer. » Ces différends sur les tracés frontaliers historiques ne sont pas sans évoquer le principe d’intangibilité des frontières coloniales qui nourrit tant de conflits en Afrique[9].
Dans le cadre de négociations de sortie de guerre, on ne peut exclure une résurgence de ce facteur, La Pologne revenant à l’alliance polono-lithuanienne et récupérant LVOV et sa région à défaut d’Intermarum, la Hongrie reprochant à Kiev la manière dont sont traités les magyarophones par suite du dépeçage du Royaume de Hongrie après la chute de l’Empire austro-hongrois, et la Roumanie ne voyant certainement pas d’un mauvais œil de récupérer la Moldavie arrachée par l’URSS. Exclue dès 2022 par les responsables occidentaux, cette option n’apparaît toutefois pas plus irréaliste ou injuste que le démembrement de la Yougoslavie en 1992, puis de la Serbie en 1999, ou la récupération du Karabakh par Bakou en 2020, entre autres[10].
S’il est probable que la France va tenter de nuire à la Russie par tous les moyens dont elle dispose, y compris par le truchement d’alliances, ses six brigades (2 blindées, deux mécanisées, une parachutiste et une de montagne) ne peuvent pas être déployées intégralement et ne pèseraient pas très lourd avec une demi- semaine d’autonomie de feu. Cependant, la dangerosité d’armées occidentales avancées même impropres à la guerre de haute intensité industrielle, reste importante comme l’illustre le cas britannique. Paris dispose de nombreuses options pour exister par sa capacité de nuisance, qu’il ne nous appartient pas de développer ici. Le défaitisme apparent de Kiev[11] semble pouvoir s’expliquer par une campagne psychologique visant à créer un excès d’optimisme russe et à générer un courant de sympathie et une résurgence de l’aide occidentale, dans le cadre de démarches comme celle du président Emmanuel Macron. Ce dernier est inamovible jusqu’en 2027 et dispose de facto de tous les leviers de commande malgré une absence de majorité absolue au Parlement. Un facteur qui semble minoré voire méconnu dans les analyses des médias français, tient aux critiques que subit le candidat à sa réélection en Russie. Loin de la simple formalité que les médias présentent, la présidentielle russe a mis en évidence des critiques d’un pouvoir qui commence à s’user après deux décennies : Non seulement celles des « libéraux » qui veulent faire pencher la Russie vers le mode de vie occidental et s’appuient sur des forces financières et l’investissement partiel de l’appareil d’Etat, mais aussi de ceux qui ont connu l’URSS et reprochent au président actuel une ligne trop « molle ». Le traitement de l’immigration, la répartition de la richesse et sa capture par des nantis, les relations avec « l’étranger proche », la confrontation avec l’Occident sont autant de sources de reproches, certes peu virulents mais réels. L’implication de plus en plus criante de l’Ouest aux côtés de Kiev renforce la stature et la décision du président russe, qui a su faire comprendre que la SVO était devenue une guerre existentielle. Cela, toutes proportions gardées, fait songer au fameux discours de Staline le 3 juillet 1941 « toutes les forces du peuple pour écraser l’ennemi ! ».
La suppression des « lignes rouges » ne permet pas de deviner quelles seront les rétorsions russes, mais l’hypothèse nucléaire paraît s’éloigner en l’état. Il est possible que les élections passées (présidentielle en Russie, européennes en France, voire présidentielle aux USA) la pression retombe un peu. A moins bien sûr que le président russe n’ait lui aussi cultivé la fameuse « ambiguïté stratégique » pour conserver un effet de surprise dont les forces françaises pâtiraient. Un survol des capacités respectives suscite quelque inquiétude :
- Le Royaume Uni dispose de 64 Trident-2 sur quatre SNLE, emportant normalement 160 ogives W-76/Mk4, dont l’emploi est subordonné à l’autorisation des USA. Il s’agit de missiles stratégiques. La composante française aligne 64 M-51.1 et M-51.2 sur quatre SNLE transportant un total de 384 ogives TN-75 et TNO. L’Armée de l’air et de l’espace dispose de 40 missiles air-sol ASMP-A avec ogives nucléaires TN-81. Les têtes nucléaires nordaméricaines stationnées dans les bases de l’OTAN s’élèvent à 180 bombes (20 à Kleine Brogel (Belgique), 20 à Buchel (Allemagne), 70 à Aviano, Ghedi Torre (Italie), 20 à Volkel (Pays-Bas), 50 à Incirlik (Turquie). La totalité de ces moyens peuvent frapper au-delà de 1000 km. Il n’y a plus de vecteurs à courte portée.
- La Russie dispose d’armes à moyenne portée avec 30 bombardiers Tu-22M3 (sur 330 dans les années 1980) et 10 chasseurs MiG-31K armés de l’ASBM Kinjal. Les moyens opérationnels et tactiques (jusqu’à 1 000 km) se composent des 24 missiles Iskander 12 SPU 9P78 de la 52ème Brigade à Tchernyakhovsk. La Biélorussie a reçu des lanceurs mobiles 9P78-1 et TZM 9T250 du complexe Iskander (remplaçant les vieux Totchka à tête conventionnelle) et de chasseurs SU-30 pouvant être armés de missiles à tête nucléaire mais rassemblés dans une seule base à Baranovichi. Pour les forces stratégiques russes, 1 674 ogives sont déployées, 834 en silos et 640 sur des SNLE. Les 3215 ogives restantes sont stockées au 12éme GUMO (12e division en charge du transport, de la sécurité et du stockage) et non déployées dans leurs unités de lancement pour des raisons de sécurité. Du moins était-ce le cas. On ne sait si la mise en condition d’alerte évoquée par le président russe a compris la mise en place des ogives à des unités de lancement (brigades de missiles, régiments de bombardiers) sur tout le territoire. Ce stock peut être complété par 1400 ogives déclassées mais toujours prêtes à l’emploi, soit un total théorique de 5889 têtes nucléaires opérationnelles. De plus certains vecteurs comme les missiles Kalibr, Zirkon et Onyx peuvent porter aussi bien des têtes conventionnelles que nucléaires.
On conclura toutefois en se rassurant, le tempo opérationnel russe ne laisse pas envisager une avancée sur Kiev ou Odessa avant des mois, ce qui laisse du temps pour évoluer aux orientations et positions politiques, avant que les éventuelles forces françaises avancées ne soient menacées directement.
Un souverain ne saurait lever une armée sous le coup d’un mouvement d’humeur et de sentiments de colère ou d’exaspération. Entreprendre une telle action ne doit être que le fait d’intérêts sereinement calculés et partagés par les intéressés.
N’oubliez jamais que votre dessein, en faisant la guerre, doit être de procurer à l’État la gloire, la splendeur et la paix, et non pas d’y mettre le trouble, la désolation et la confusion.
Car si la joie peut succéder à la colère et la sérénité à l’irritation, les nations anéanties ne ressuscitent pas de leurs cendres, ni les morts à la vie.
Sun Tzu, l’art de la guerre, chapitre XII, les cendres de la victoire
[1] On rappellera qu’une semblable idée de coalition contre le Hamas formulée par le président Macron, mais il est vrai, non téléguidée par l’hégémon US qui gère en direct son proxy israélien, est aussitôt tombée dans les limbes de l’Histoire
[2] Qui fut le seul président US depuis 1945 à n’avoir pas livré de guerre
[3] En se méfiant des comparaisons faciles, car le fait nucléaire n’existait pas à l’époque
[4] La bière finlandaise Karjala porte le nom de la province rattachée à l‘URSS après 1945
[5] Qui, parmi les politiciens français qui se prévalent abusivement de l’histoire de la seconde guerre mondiale se rappelle de « mourir pour Dantzig » ?
[6] Information non confirmée officiellement le 14 mars 2024
[7] L’industrie germanique, impactée par la guerre et la crise de l’énergie, se délocalise, Mercedes Benz vient de décider de quitter le pays pour s’implanter en Chine, alors que d’autres industries notamment chimiques se redéploient aux USA.
[8] Le complexe Avant-garde est annoncé comme capable de défaire la défense antimissile des USA
[9] Certains en Russie mettent en cause la validité juridique et l’applicabilité des démembrements de l’URSS, voire de la réunification de l’Allemagne
[10] Nous excluons volontairement toute mention à Israël et à la Palestine, sujet trop complexe et polémique
[11] Les difficultés sont réelles, mais il existe toujours des réserves, des munitions pour appuyer les actions, des drones parfois supérieurs et un effort de préparation de l’intégration de nouveaux équipements, missiles et aéronefs. Malgré un repli désordonné à Avdieivka, il n’y a pas d’écroulement généralisé et systémique.
- Rapport de situation sur l’évolution politique en Russie - 31 août 2024
- Point de vue sur la situation opérationnelle de la SVO à la fin juin 2024 - 1 juillet 2024
- Perspectives de la SVO au printemps 2024 - 28 avril 2024
une chose, parmi d’autres, m’échappe profondément… comment faire la guerre nous-mêmes alors que nous sommes déjà incapables de fournir aux Kiéviens les munitions et les matériels pour la faire ? Contrairement à une idée-reçue, on ne relance pas une industrie de guerre d’un claquement de doigt. Une industrie de guerre est en vérité une industrie civile de masse basculée en militaire… J’ai bien entendu que Macron souhaite installer des usines militaires françaises en Ukraine (avec main-d’oeuvre locale ou migrante à bas-coût) mais avec quelle sécurité et quelle rentabilité ? Tout cela me paraît nébuleux… Les arsenaux sont vides (les têtes aussi) : va-t-on envoyer nos soldats au feu sans cartouches ? … par contre, il me semble clair que le bellicisme français vient des “euro-bonapartistes” qui s’imaginent à travers l’Armée et l’Europe reconstituer l’empire sous conduite française ; ça paraît dingue, mais j’ai attentivement écouté les européistes français, et beaucoup sont des néo-bonapartistes cachés. Le gros écueil de leur pensée, c’est d’une part qu’aucun Européen ne veut de la gouvernance française et d’autre part que nous n’en avons plus la dimension (démographique, économique, financière, industrielle, intellectuelle, stratégique, etc.). L’empire français a déjà échoué aux temps pré-industriels de Bonaparte, alors on ne voit pas bien comment il réussirait aujourd’hui ! C’est pure folie… nos militaires sont auto-intoxiqués avec leur orgueil de “l’armée d’emploi” (adaptée à l’Afrique mais non à l’Europe). Il est vrai que la défaite de l’Occident en Ukraine annoncera la débâcle de l’euro-atlantisme politique, donc ça leur fait peur.
Bonjour,
Je ne suis pas tout-à-fait d’accord, mais peut-être n’ai-je pas compris :
Il me parait que le bonapartisme s’ancrait sur un homme, l’ idée qu’il incarnait et le patriotisme (un peu hégémonique, certes) français. Son heure de gloire était due au rayonnement de l’Homme et à une conjoncture favorable à une synthèse politique entre l’Ancien Régime et certains facteurs révolutionnaires (notamment l’émergence sociale de l’économie capitaliste et de la classe bourgeoise, perceptible au XVIéme siècle mais amplifiée par la révolution industrielle et l’essor urbain). A une époque où la France était aussi peuplée que la Russie et capitalisait sur cette puissance démographique pour développer son poids militaire en exploitant les réformes de la fin de la monarchie en la matière, notamment pour répondre aux faiblesses manifestées pendant la guerre de sept ans.
Il me semble que les bellicistes européanistes actuels ne peuvent s’appuyer sur aucun facteur comparable pour revendiquer un leadership européen. La capacité nucléaire étant une force inexploitable. Il ne me semble y avoir aucun patriotisme chez ces gens là, nul leader de très haut niveau, pas de vraie idéologie de support mais au contraire un triomphe du sentiment de décadence nihiliste, aucune puissance démographique, pas d’unité ethno-sociale ni politico-culturelle, au contraire.
Il semble que la guerre, comme le COVID, soit destinés à permettre une gestion par la peur, une stratégie de contrôle des populations par l’ingénierie sociale en vue d’un totalitarisme assumé, mais au seul profit de certaines élites parasitaires dépourvues des éléments fédérateurs indispensables à une action dans la durée.
En bref, ils sont capables de détruire mais pas de remplacer, ce qui diffère fortement d’avec le bilan bonapartiste.
Dans ce cadre, effectivement, l’idée de bâtir une capacité militaire de premier plan adossée à une puissance industrielle et économique, apparaît largement irréaliste. Là encore, il existe une capacité de nuisance certaine mais pas davantage. Et cela est une maison d’inquiétude car cela semble devoir pousser aux extrêmes.
on est assez d’accord en fait… je ne mets évidemment pas dans le même pot Bonaparte et Macron ! Je souhaitais simplement mettre à jour cette tendance paradoxale mais pourtant bien réelle d’une partie non négligeable des européistes français dans l’appareil d’état : nous présenter l’UE comme un “levier de puissance” française, notamment par l’ascendant que serait supposé nous conférer notre outil militaire au sein d’une Union réputée démilitarisée (ils n’arrêtent pas de radoter “la 1ère armée d’Europe”, une “armée d’emploi”, une “puissance dotée”, etc.). J’appelle cela, par bravade et provocation, euro-bonapartisme. On aurait pu l’appeler néo-girondinisme (ce qui serait peut-être plus juste), ou ce que vous voulez. Le but étant de marquer le paradoxe, leur européisme sirupeux étant finalement teinté (sincèrement ou tactiquement) de nostalgie impériale nationale ! Et, je partage avec vous qu’ils n’ont absolument pas les moyens de leur inquiétant fantasme (si l’Empire continental français a échoué en 1815 a combien plus forte raison il est voué à l’échec aujourd’hui !). Mais je crois détecter de cela dans la rhétorique belliqueuse de Macron.
Les missiles hypersoniques contribuent à un changement majeur de la doctrine nucléaire russe, dans le fait qu’ils pourront interceptés en dehors du territoire russe toutes slaves de missile nucléaire Sans pour autant envoyé leurs propres slaves nucléaires. Rien d’interdit de pensé qu’une partie des missiles nucléaires soient interceptés sur leurs propres territoires, qui changemeraient considérablement le gain d’utiliser ses armes du fait du pays lanceur recevrait les retombés de la destruction de leurs propres missiles. Au vue de cette éventualité, il s’avère l’impossibilité d’utiliser les armes atomiques du fait du haut pouvoir de destruction des différents types de missiles hypersoniques en possession de la Russie, de la Chine et de l’Iran. Cette éventualité est elle prise en compte actuellement aux siens des différents états majors occidentaux ?
L’hypervelocité crée en effet des conditions nouvelles, notamment en termes de délai de réponse et parce que les missiles hypersoniques sont, autant que l’on sache, impossibles à stopper. ZA noter que toutes les ogives en phase de réentrée sont hypersoniques, c’est dans la capacité du vecteur de l’être aussi que se situe la nouveauté. Cependant cela ne modifie pas le principe de la dissuasion car les SNLE à la mer restent capables de délivrer une frappe de rétorsion. Plus inquiétant est la dénonciation du traité ABM par les USA, suivis par la Russie : désormais des Etats dotés reprennent le développement de systèmes d’interception qui pourraient neutraliser la dissuasion. C’est dans ce cadre que les hypersoniques introduisent un facteur important. Le film de S Kubrick “doctor str
angelove” (en VF docteur Folamour”) reste d’actualité…
Si seulement tous ces “brasseurs d’air” pouvaient mettre autant d’énergie pour agir réellement afin de changer le cours des choses, plutôt que de s’installer dans des fauteuils moelleux, derrière leur pc ou devant les caméras, p..in que le monde serait agréable !
Bonsoir
Vous avez tellement raison ! Mais ce n’est pas le cas. on a même l’impression que les jeunes génération habituées au virtuel et vivant dans un environnement médiatique exacerbé “brassent” encore davantage, au risque de créer des situations ingérables par souci d’images et de mots
Bla bla bla, pourvu qu’il n’y en ait pas un qui pète un plomb et tout ira pour le mieux. Rouler des mécaniques c’est une chose, mais quand on voit les arsenaux mis face à face, moi je ne rigole plus.
Bonsoir;
A vrai dire il n’y a plus rien qui pousse à rigoler. Et on peut s’inquièter de la possibilité de ce “pétage de plomb”
Le président Macron et ses collaborateurs :
1 IVG dans la constitution
2 Accélération de l aide à mourir pour les malades en phase terminale..et après pour quelle autre catégorie de personnes ?
3 Envoi de troupes en nombre sur le sol ukrainien en toute connaissance de cause..( la puissance de feu Russe est hors norme)
Un beau programme…mortel
Après avoir dezingué de ce qu il restait d industrie et d agriculture de qualité..
Il va être difficile de continuer à vivre heureux dans notre pays.
Bonsoir
Vous avez raison.
Sans trop espérer d’institutions qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité , ni de leur moralité, il convient peut être à l’occasion des “élections européennes de faire savoir que le peuple(j’oserai encore écrire la Nation) ne souhaite pas que cette orientation soit maintenue. Après tout les propos présidentiels ont tenté de faire accroire que l’intérêt des Français était à Kiev, sans le démontrer rationnellement. Quant à l’inimitié russe et à l’amitié kiévienne qui sont martelées depuis deux ans, elles ne sont pas non plus avérées. Un Etat a sa raison et les intérêts, économiques, stratégiques et civilisationnels de la France auraient du conduire à une neutralité utile et bénéfique, qu’il est toujours possible de restaurer.
tout comme Pétain, Macron a été mis en place légalement… j’espère que ça fera réfléchir les “légalistes” vichystes qui continuent à nous chanter les louanges de la soumission…
Bonsoir,
En effet, le président de la République française a été élu, mal mais deux fois.
On peut déplorer qu’il décide d’user des moyens de l’Etat comme un monarque absolu ou qu’il puise dans les finances de la Nation comme s’il s’agissait de sa cassette personnelle. Il reste cependant l’autorité légale jusqu’en 2027 car les mécanismes constitutionnels qui permettraient de changer cet état de fait comme de droit ne semblent pas prêts d’être réunis. En particulier il demeure le chef des armées de la France. La dialectique légalité/légitimité a déjà déchiré la France et son armée en 1940 et en 1962. En tous cas les orientations prises en fonction d’un postulat selon lequel les intérêts de la France sont à Kiev, ne sont ni évidentes, ni univoques malgré ce que l’on voudrait faire admettre au peuple. Au delà du contrat social certains choix personnels ressortent de l’âme et de la con science de chacun, mais cela a un prix. Le but des analyses proposées n’est pas de peser sur les consciences mais d’essayer d’apporter un complément d’information plus objectif que le discours propagandiste des médias mainstream.
@ Chambrun : nos systèmes juridiques, malgré les ravages du relativisme moderne, reposent encore sur le droit naturel. Selon le droit naturel, si le Prince vise à à détruire la Cité alors il perd sa légitimité et sa légalité. C’est sur ces bases, par exemple, que Charles Martel ou Jeanne d’Arc ont pu agir en leur temps. C’est encore sur ces bases que de Gaulle a agi. On peut donc dire que la querelle légalité/légitimité était tranchée. Par exemple, sur ces mêmes bases juridiques solides, on peut considérer que la politique migratoire qui consiste, par le remplacement ethno-culturel, à renverser à terme la Cité et la République, est une politique qui délégitime le Prince et libère le peuple de son devoir d’obéissance. Je ne fais que réfléchir ici à voix haute de droit naturel dans la plus pure tradition classique et libérale.
Non c’est faux, macron a été désigné par les us qui dirigent l’entité ectoplasmique europe,les machines à voter Scylt font du ” bon boulot “,il n’a aucune légitimité,d’ailleurs ce fait a été confirmé par les vrais dirigeants de la planète ouest
Ping : Macron s'en va-t-en guerre, mironton, mirontaine... - STRATPOL