L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) est une alliance politique et militaire internationale composée de 32 États membres d’Europe et d’Amérique du Nord. Parmi ces membres, deux sont localisés en Amérique du Nord, tandis que 30 se trouvent en Europe. Bien que l’on puisse considérer la Turquie comme faisant partie de l’Asie occidentale, elle est également membre de l’OTAN.

L’OTAN a été créée lors de la signature du traité de l’Atlantique Nord (ou traité de Washington) le 4 avril 1949 par ses 12 membres fondateurs. Son but principal est « la sauvegarde de la liberté et de la sécurité de tous ses membres par des moyens politiques et militaires ».

L’article 5 de la Charte

Il s’agit du pilier de la solidarité et de la coopération mutuelle entre les membres de l’alliance, et il vise à dissuader toute agression potentielle contre les États membres en garantissant une réponse collective et coordonnée en cas de besoin.

Mais pourrait-on dire que nos amis américains ont été étourdis ou du moins trop sûrs d’eux lorsqu’ils ont rédigé le texte de la charte, notamment en ce qui concerne les limites géographiques de cette dernière ?

Un précédent instructif

Lors de la guerre des Malouines (ou guerre de l’Atlantique Sud) en 1982, l’Argentine a envahi les îles Malouines, la Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud, territoires revendiqués par le Royaume-Uni. Bien que le Royaume-Uni soit membre de l’OTAN, l’article 5 n’a pas été invoqué dans ce conflit. Voici pourquoi :

Territorialité : Les îles Malouines ne sont pas situées en Europe ni en Amérique du Nord, les zones géographiques spécifiquement couvertes par l’article 5.

Contexte politique : L’OTAN est avant tout une alliance de défense collective en Europe et en Amérique du Nord. La guerre des Malouines était un conflit territorial spécifique entre l’Argentine et le Royaume-Uni, sans implication directe de l’ensemble des membres de l’OTAN. En résumé, bien que l’article 5 soit la pierre angulaire de l’Alliance, il n’a pas été appliqué dans la guerre des Malouines en raison de la situation géographique et du contexte politique spécifique de ce conflit.

Et Hawaï dans tout cela ?

Hawaï, en tant qu’État des États-Unis, ne fait toutefois pas partie de l’OTAN sur la base d’un contrat ou d’un traité formel. L’OTAN est une alliance militaire intergouvernementale incluant des pays d’Europe du Nord et de l’Ouest ainsi que les États-Unis et le Canada, mais il ne spécifie pas Hawaï en tant que membre.

Hawaï est un territoire des États-Unis et, en tant que tel, il participe aux engagements internationaux des États-Unis, y compris les accords de défense conclus par le pays. Cependant, Hawaï n’est pas une entité distincte et souveraine au sein de l’OTAN. La participation des États-Unis à l’OTAN en tant que membre ne signifie pas nécessairement que tous ses territoires sont automatiquement inclus dans l’alliance.

En résumé, Hawaï n’est pas contractuellement membre de l’OTAN, car cela dépend de la souveraineté des États-Unis en tant que nation, et Hawaï est un territoire de cette nation. Si nous allons jusqu’au bout du raisonnement, l’article 5 de la charte ne s’appliquerait pas de fait à Hawaï si l’archipel était attaqué.

En effet, Hawaï abrite une base navale US d’une importance stratégique : la très célèbre Base navale de Pearl Harbor. Cette dernière est située sur l’île d’Oahu, à Hawaï.

  • Pearl Harbor a été acquis par les États-Unis en 1887 et est toujours en service aujourd’hui.
  • Elle couvre une superficie d’environ 53 Kilomètres carrés (la moitié de la ville de Paris)
  • Depuis 1940, Pearl Harbor est le quartier général de la Flotte du Pacifique des États-Unis.
Vue aérienne des navires amarrés à Joint Base Harbor-Hickam pendant l’exercice Rim of the Pacific (RIMPAC) 2014 (U.S. Navy photo)

À partir de 2010, dans le cadre des recommandations de la Commission de réalignement et de fermeture des bases (BRAC), la base navale de Pearl Harbor a été fusionnée avec la base aérienne des US Air Force, Hickam Air force Base, pour former la Base commune Pearl Harbor-Hickam. Le rôle et l’importance de cette base sont capitaux car cette dernière :

  • Sert de soutien aux navires et sous-marins.
  • Fournit des services d’amarrage et de support à terre aux navires de surface et aux sous-marins. Elle peut accueillir les plus grands navires de la flotte, y compris les services de cale sèche.
  • Concentre plus de 160 commandements qui sont maintenant basés à Pearl Harbor.
  • Assure la maintenance des sous-marins et est la seule installation de maintenance intermédiaire pour les sous-marins dans le Pacifique central, accueillant ainsi un grand nombre de sous-mariniers en visite.
  • Organise les télécommunications avec la station maîtresse de la zone informatique et de télécommunications navales, Pacifique (NCTAMS PAC), située à Wahiawa, Hawaï, est la plus grande station de communication au monde.

Conclusion

La base navale de Pearl Harbor joue un rôle essentiel dans la défense et la sécurité de la région du Pacifique, offrant un soutien vital aux navires, aux sous-marins et aux équipages de la flotte américaine. De plus cette plateforme militaire sert de centre de coordination.

Paradoxalement le territoire concerné par son implantation n’est pas concerné par la charte de l’OTAN.

Elle concentre près de 45 000 hommes à plus de 4 000 kilomètres de la côte ouest des USA. Pourtant l’histoire nous rappelle que le 7 décembre 1941 cette base fut complètement détruite par une attaque surprise menée par les forces aéronavales japonaises.

Lors de l‘anéantissement de la principale flotte américaine, l’empire du Japon voulait continuer à établir sa sphère de coprospérité de la grande Asie orientale, il décida donc de priver les Américains des moyens de s’y opposer militairement ; il s’agissait aussi d’une réponse aux sanctions économiques prises par Washington en juillet 1941, contre sa politique impérialiste, après l’invasion de la Chine et de l’Indochine française dans le cadre de l’expansionnisme du Japon Shōwa. Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?

Le monde d’aujourd’hui est bien plus dangereux et instable que celui antérieur à la Seconde Guerre mondiale. De nouvelles alliances se construisent contre les puissances occidentales. Alors que d’autres conflits semblent se préparer en Asie. L’empire américain donne l’impression de ressembler à un Colosse lourd et imposant soutenu par des pieds d’argile friable. À l’heure des missiles supersoniques impossible à intercepter, il suffirait d’un seul d’entre eux, chargé d’une ogive nucléaire tactique pour rayer de la carte une base comme celle de Pearl Harbour.  

Faisons un instant un peu de politique fiction. Supposons que malheureusement, l’histoire se répète et que Pearl Harbor soit détruite dans le cadre d’un conflit armé sur Taïwan entre les USA et la Chine alliée à la Russie, pensez-vous :

  • Que les autres membres de l’OTAN décideraient d’appliquer l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord, qui stipule la défense collective?
  • Qu’il existe d’autres pays ayant les capacités opérationnelle et financière pour intervenir dans le pacifique au côté des Américains?

Le monde change et les peuples aussi. Les dividendes de la paix risquent de coûter très cher à ceux qui les ont perçus et gaspillés dans des dépenses stupides et funestes. Telle Rome, l’occident perd irrémédiablement de son influence, car ses ressources économiques se tarissent et ne lui permettent plus de contrôler son vaste territoire. Le conflit en Ukraine a démontré que l’écran de fumé dispersé par le Soft Power américano-hollywoodien n’a pas résisté aux réalités du terrain.

En fait, seuls comptent, le travail, la préparation, la modestie et la stabilité politique sur le long terme. Rien ne remplacera, une bonne gestion économique des conflits, une logistique sans faille, un complexe industriel et militaro-industriel solide, des ressources naturelles importantes, des armes rustiques et adaptées au terrain, des munitions à profusion et surtout un peuple prêt à verser son sang pour ses idéaux.

Gesticuler en posture guerrière devant la presse ou dans les salons feutrés d’instances internationales alors que nous sommes désindustrialisés, partiellement démilitarisés, socialement divisés et criblés de dettes, est irresponsable. Cette attitude pathétique ne serait-elle pas l’apanage des faibles et des dirigeants condescendants ? Certains considéreront qu’il s’agit d’une sorte de chant du cygne annonçant le déshonneur et la servitude.

Le fait qu’un territoire abritant une des plus grandes bases américaines ne s’inscrive pas dans la charte de l’OTAN constitue-t-il un gros trou dans la raquette ? Fallait-il modifier la charte et en étendre ses compétences territoriales ? L’avenir nous le dira…

Jean-Pierre PALAZO

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7 thoughts on “Y a-t-il un trou dans la raquette de l’OTAN?

  • De même il serait intéressant de savoir si l’Otan réagirait ou non en cas d’envahissement de la Guyane française et de Kourou en particulier…

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  • Je vois que Stratpol est comme OTAN-Woke, censure ce qui n’est pas insignifiant… ça suce le politiquement correct…

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  • Hawaii est le cinquantième état des États Unis.
    Plus qu’un simple “territoire”.
    Fait partie de l’intégrité territoriale des États Unis.

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  • Oui, le gland remplacement est aussi la voie vers le sous-développement.
    .
    “Un peuple qui hériterait du capital d’un autre peuple, en peu de temps retournerait à son premier degré.” Antoine Blanc de Saint-Bonnet
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    Oui, Orange mécanique, Archipel de Fourquet, smicardisation, acculturation, drogue, pornographie sont le purin dans lequel nagent avec délectation les requins de la finance nowhere, mais ce purin n’est pas fait pour se défendre contre l’extérieur, il est fait pour que l’oligarchie d’UE-Hijab domine son troupeau intérieur.
    .
    Cette contradiction du libéralisme multi-et-niqué Noborder a été vue depuis fort longtemps.
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    “Mais quel que soit le caractère non héroïque de la société bourgeoise, il a pourtant fallu l’héroïsme, le sacrifice, la terreur, la guerre civile, et les batailles des nations pour la mettre au monde.” Marx
    .
    Avec l’égalitarisme droitdelhommiste cosmopolitiste dans une ploutocratie sans patrie colonisatrice “mondialiste” ennemie de sa propre civilisation et des ses propres peuples on ne fait pas les empires.
    .
    Il faudrait que vous compreniez qu’il n’y a bientôt plus de peuple en Occident, l’occidentalisation a tué les peuples européens de l’Ouest, en attendant ceux de l’Est, et est en train de tuer le peuple américain. Car un peuple holiste, aux mœurs, Histoire, traditions communes, s’incarne dans un état national et social qui peut dominer l’Argent, à abattre pour le Capital nowhere (et gôôcho le libéral-libertaire). Théorisé aux conférences de Macy par ex:
    .
    youtu%2Ebe/Dbbh9aymEx4?t=271
    dailymotion%2Ecom/video/xdvnx8
    .
    Souchien ne se bat pas pour piscine des burkinis, école des voilée, dealers, béton africain, UE-Hijab, Mackinsey et la clique de glands-remplacistes.
    Barbu dit merde à l’impie céfranc, dealer se marre, et bobo biobio prend le boboeing pour se branler ailleurs.
    .
    Réveil !

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  • A ma connaissance, l’article 5 de l’OTAN n’implique pas un soutien militaire automatique, mais une simple “concertation sur les moyens à mettre en oeuvre”. De Gaulle ne croyait pas à la garantie américaine ni atlantique : c’est pour cela qu’il a forgé la propre force de dissuasion française. En 1870 comme en 1940, la France a été laissée en rade par les autres puissances. Les états n’ont ni amis ni ennemis, ils n’ont que des intérêts. Ce qui compte, c’est l’intérêt objectif des états à intervenir. A part ça, je ne vois pas en quoi les Zeuropéens avec leurs petits bras et leurs armées créoles pourraient être du moindre secours à l’armée américaine, à plus forte raison dans le Pacifique ! A ce stade, l’Amérique, bordée par deux océans, ne risque pas grand chose ; alors que l’Europe, coincée entre le Levant et l’Afrique, risque d’avoir disparu d’ici la fin du siècle.

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    • “A ce stade, l’Amérique, bordée par deux océans, ne risque pas grand chose” Il y a 25 ans peut être, mais aujourd hui à l’ere des missile hypersonique – en particulier l’Avangard russe capable de transporter à mach 25 une bombe H de plusieurs mega tonnes – si l’Amerique risque beaucoup, beaucoup…

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      • certes… le risque nucléaire existait d’ailleurs déjà pendant la guerre froide… nul n’a jamais été à l’abri… mais une frappe nucléaire est une chose, une attaque conventionnelle en est une autre. Comme avaient résumé ensemble de Gaulle et Churchill après 1940 : “la France est un cap et l’Angleterre est une île”. Voilà ce que je voulais dire…

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