Nous nous proposons dans cet article de résumer, de manière synthétique et non exhaustive, une série d’arguments, peu évoqués par les commentaires des grands médias français, en défaveur de l’indépendance de la Catalogne.
1° Ceux que les grands médias nous présentent comme de gentils manifestants pacifiques molestés par la police espagnole étaient en train de réaliser un acte séditieux. Contrairement au référendum pour l’indépendance de la Crimée où l’ordre constitutionnel ukrainien antérieur avait été aboli par la « révolution de Maïdan »[i], dans le cas de la Catalogne, l’ordre constitutionnel espagnol existe bel et bien. Le référendum organisé en Catalogne, quel qu’ait pu être son résultat, était illégal et inconstitutionnel.
2° Si référendum sur l’indépendance de la Catalogne il doit y avoir, tout le peuple espagnol doit être invité à se prononcer sur ce sujet, et pas uniquement les Catalans[ii]. Car si on commence à accepter l’idée qu’une région puisse déclarer unilatéralement son indépendance, comme ce fut le cas il y a plusieurs années pour le Kosovo, rien n’empêchera demain les Corses, Bretons, Ecossais, Flamands de déclarer à leur tour de manière unilatérale leur indépendance en se prévalant de l’exemple catalan[iii].
3° L’armée espagnole n’acceptera jamais que la Catalogne fasse sécession étant donné que tous les soldats espagnols, depuis la période franquiste, prêtent serment sur leur vie, en entrant dans l’armée, de défendre l’intégrité du territoire national[iv]. Ainsi, les manifestants catalans, par leurs velléités d’indépendance, ne font que nourrir le risque d’une guerre civile.
4° Peu de personnes parlent du caractère ethno-tribal des mouvements indépendantistes et particulièrement du régionalisme catalan. Qui sait par exemple qu’une partie des indépendantistes catalans est en faveur du droit du sang en ce qui concerne la reconnaissance de la citoyenneté catalane ? Ce qui se cache derrière l’opposition entre États-nations et régionalismes, c’est en réalité la distinction entre d’une part, une conception politique de l’appartenance nationale et d’autre part, une appréhension de la nation comme « communauté substantielle »[v].
5° Les promesses des régionalistes catalans sont mensongères envers les Catalans eux-mêmes puisqu’ils promettent d’obtenir une indépendance dans le cadre de l’Union européenne. Or, outre le fait qu’il n’y ait aucune indépendance possible dans le cadre de l’UE, si la Catalogne venait à déclarer son indépendance, elle sortirait conséquemment de la construction européenne, et ceci, dans les faits, de façon définitive. Car pour qu’un nouvel État puisse être accepté au sein de l’UE, sa candidature doit être acceptée par l’unanimité des États-membres. Or, il est très probable qu’en cas d’indépendance de la Catalogne, l’Espagne refuserait que cette dernière puisse réintégrer l’UE[vi]. Cette position serait sans doute imitée par d’autres pays, qui craignent aussi de voir une ou plusieurs de leurs régions faire sécession, tels que l’Italie, la Belgique ou encore la France.
une contribution libre de Tan-Toan Nguyen
Les propos tenus et opinions présentées ne représentent que l’opinion des auteurs des contributions libres et n’engagent pas STRATPOL ni son équipe.
[i] https://russeurope.hypotheses.org/2116
[ii] https://ruptures-presse.fr/actu/referendum-catalogne-independance-ue/
[iii] http://www.vududroit.com/2017/09/apres-yougoslavie-lespagne/
[iv] https://www.youtube.com/watch?v=bYZ-hsF3CSs
[v] https://blog.mondediplo.net/2015-04-06-Lecons-de-Grece-a-l-usage-d-un-internationalisme
[vi] https://www.upr.fr/actualite/catalogne-lue-leuro-se-passerait-cas-dindependance
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