1688 – 1715 : Guerre de la Ligue d’Augsbourg et guerre de Succession d’Espagne…

1688, le roi Soleil est au zénith et de Versailles il donne le ton en Europe. C’est le mitan du règne le plus long de l’histoire de France commencé 27 ans plus tôt en 1661 et qui allait durer encore 27 années supplémentaires jusqu’en 1715, ponctué par deux longs conflits : la guerre de la Ligue d’Augsbourg puis la guerre de succession d’Espagne. L’Edit de Nantes qui venait d’être révoqué à Fontainebleau en 1685 avait mis fin à la liberté de culte des protestants du Royaume aiguillonnant contre la monarchie française la haine de ceux d’Amsterdam et de Londres. En Angleterre, cette année-là, la seconde et Glorieuse révolution chassait le Roi Jacques II Stuart remplacé par l’ancien Stadhouder de Hollande, un prince protestant adversaire irréductible du Roi de France, Guillaume III d’Orange. Voilà les catholiques écartés pour longtemps de la couronne d’Angleterre. La guerre de la Ligue d’Augsbourg commence et va durer neuf ans. La France affronte sur le continent les puissances européennes. Pour la première fois, en mer d’Irlande et en Manche la Marine Royale – œuvre formidable du défunt Colbert – va se mesurer à la puissance navale anglaise alliée à celle des Provinces unies.

Châteaurenault et Tourville : les succès inachevés de la guerre d’escadre…

Le 11 mai 1689, le Marquis de Châteaurenault débarque en Irlande 1500 hommes, du matériel de guerre et du ravitaillement dans la baie de Bantry pour soutenir l’effort de reconquête de Jacques II, puis il livre bataille à la flotte anglaise du Comte de Torrington qu’il contraint de se retirer vers Plymouth. Un an plus tard, le 10 juillet 1690, au Cap Bézeviers dans le Sussex – Beachy Head pour les Anglais – c’est au tour du vice-amiral comte de Tourville de remporter un éclatant succès tactique contre la flotte anglo-hollandaise qui perd 17 vaisseaux et doit battre en retraite dans l’estuaire de la Tamise alors que la Marine royale s’en tire quasiment intacte. Même si Tourville n’a pas poussé son avantage – on lui reproche de n’avoir pas saisi l’occasion qui se présentait d’anéantir l’adversaire, voilà les Français maitres de la Manche. Las, le même jour, les troupes de Jacques II étaient défaites en Irlande par celle de Guillaume III à la bataille de la Boyne. Les escadres du roi Soleil dominaient certes les mers au nord de l’Europe mais sans avoir obtenu la décision stratégique qui aurait pu mettre fin à la guerre.

La bataille du Cap de Béveziers le 10 juillet 1690, Tourville remporte contre la flotte anglo-hollandaise la plus belle victoire de la marine du Roi Soleil.

La nouvelle de la défaite de la Hougue parvient en Baltique

Juillet 1692, rade de Dantzig, le Profond, flûte du roi de France portant 40 canons, montée par un équipage flamand de Dunkerque, achève le chargement d’approvisionnements destinés à l’escadre de Brest : plusieurs mâts, du câble, des aussières, des centaines de paquets de fer-blanc et de fil de laiton et des planches. Le bâtiment mouille tranquillement à une lieue de l’entrée du port et de la rivière ensablée. A la veille de reprendre la mer, le capitaine Jean Doublet de Honfleur avait convié à dîner quelques dames de qualité de la ville avec leurs maris auxquels s’était joint le Baron d’Esneval, nouvel ambassadeur du Roi de France auprès du Sénat de Dantzig. Le retour de la grande chaloupe qui amenait la compagnie à bord rapportait une bien triste nouvelle : l’armée navale du Comte de Tourville venait d’être battue en Manche par les anglo-hollandais à la Hougue. La Marine Royale avait perdu 15 vaisseaux dont le fameux « Soleil Royal ».

En descendant la rivière, le capitaine en second du « Profond », Monsieur Durand, raconte sur son journal que la chaloupe avait essuyé une bordée d’insultes de l’équipage d’un petit navire de commerce anglais qui lui avait crié au passage : « Chien de Français, votre armée est défaite ! » et les matelots avaient présenté leurs derrières nus aux dames en les traitant de putains. La mine sombre, Jean Doublet écoute le récit en silence. Le capitaine du Profond qui court les océans depuis l’âge tendre n’est pas homme à souffrir un affront sans le laver. Après avoir achevé le dîner et ramené à terre les derniers convives, la chaloupe repasse au plus près de l’équipage anglais qui lui jette encore des pierres et redouble d’arrogance. C’est alors que les hommes du Profond qui avaient pris la précaution de se munir de quelques « menues armes » se ruent à l’abordage, ravagent le pont de l’anglais en lui laissant dix de ses gens sur le carreau. On rie beaucoup, mais l’affaire est sérieuse. La neutralité et la liberté du commerce en Baltique sont garanties par le Roi du Danemark. Les ambassadeurs anglais et hollandais portent plainte devant la cour de Copenhague demandant l’arrestation du capitaine français. Celui-ci présente son journal où il a eu la prudence de consigner toutes les circonstances de l’affaire et s’en tire sans avoir à présenter d’excuses ! En cet été 1692, malgré la défaite de la Hougue, le Roi Soleil reste encore assez puissant seigneur pour ne laisser personne traiter impunément ses gens en valet.

Cependant si la puissance française sur la mer était bien loin d’être anéantie et même si Tourville prendrait bientôt sa revanche à Lagos au sud du Portugal en s’emparant du riche convoi de Smyrne, les anglais pouvaient enfin respirer. Ils avaient écarté la menace mortelle d’un débarquement sur leur île. Mais si l’Angleterre restait insaisissable, son commerce maritime ne l’était pas. Plutôt que de poursuivre une guerre d’escadre coûteuse pour l’Etat, le Roi allait maintenant intéresser ses armateurs à la guerre de course.

Jean Bart corsaire du Roi et la guerre du blé

1694 est la pire année de la guerre, l’hiver est rude et la récolte est perdue. Le Royaume offre un spectacle de désolation. La guerre de course s’intensifie dans les mers du nord de l’Europe. En un temps où le pain est la première nourriture, la cherté du blé entraîne inévitablement des catastrophes. Près de Lyon, le curé de la paroisse de Saint Jean les Vignes note tristement dans son registre : « les pauvres sont dans une si grande famine qu’ils mangent dans les prés comme des bêtes ». La guerre coûte cher et pour la financer le Roi lève de nouveaux impôts – comme la capitation – qui sont « comme impossible à payer ». La mortalité est terrible, la paroisse a perdu presque la moitié de ses habitants depuis le début de la guerre. Le Roi achète des grains en Moscovie et commande à Jean Bart de « l’aider à nourrir son peuple ». Il faut du blé pour faire reculer la disette, c’est maintenant le sens de la guerre sur mer. Traçant sa route de marée en marée au milieu des courants, se glissant entre les bancs de sables et la côte des Flandres où les anglais ne risquent pas leurs gros vaisseaux, se repérant aux clochers ou aux beffrois, le corsaire réussit deux fois l’exploit de forcer le blocus – en janvier et en juin 1694 – pour acheminer jusqu’à Dunkerque d’énormes convois de navires chargés de blé à Dantzig en Baltique. A la bataille du Texel, il défait la flotte des Provinces Unies et force le passage d’une centaine de flûtes céréalières pleines à craquer qui vont bientôt déverser leur manne à Dieppe et au Havre. L’effet sur le cours des grains aux halles de Paris est quasi miraculeux. Les prix s’effondrent immédiatement, contraignant les spéculateurs à ouvrir leur grenier pour ne pas risquer de tout perdre. Pour ce haut fait d’armes, Jean Bart est fêté partout et devient incroyablement populaire. Il est anobli et reçoit la Croix de Saint Louis, « récompense des mérites guerriers » que le Roi vient de créer pour lui et qui unit au milieu des lys la couronne de laurier de la victoire à la couronne d’épine du Christ.

Le peuple a du pain. C’est au tour du Roi de respirer et de multiplier les ordres d’expéditions corsaires contre les pêcheries du Dogger Bank ou contre tous les navires de commerce anglais afin de « faire fort crier les marchands de Londres, ce qui convient extrêmement à la conjoncture présente » fait-il écrire à ses équipages. De Saint Malo à Dunkerque, les armements en course se multiplient dans tous les ports du royaume qui reçoivent en retour la visite des escadres anglaise et hollandaise.

Vauban : la pierre contre l’eau et le vent 

Le 17 juin 1694, le guet de mer relève sous Ouessant une puissante armée navale ennemie en approche de la Rade de Brest où se trouve l’arsenal de l’Escadre du Ponant. Le soir, 36 vaisseaux, 12 galiotes à bombes et une quarantaine de transports chargés de troupes de débarquement sous les ordres de l’Amiral Lord Berkeley mouillent entre l’anse Berthaume et la presqu’île de Crozon hors de portée des batteries des forts que Vauban, commissaire général des fortifications depuis 1678, a semé le long des côtes bretonnes entre la pointe Saint Mathieu et celle du Minou qui ferme le goulet au nord et de la pointe des Capucins à la Tour de Camaret au sud. Le lendemain 18 juin, profitant de la brume matinale, huit vaisseaux tentent un coup de main sur la presqu’île de Roscanvel en face de Brest pendant que des chaloupes débarquent un millier d’hommes sur la grève de Trez Rouz. Le capitaine qui commande à Camaret, Tanguy le Gentil de Quelern les attend de pied ferme. Il a battu le rappel de l’arrière ban de la noblesse de Cornouaille et de toutes les milices de garde côtes des paroisses à deux lieues alentours. Tout ce monde, renforcé par les compagnies de Gardes de la Marine accourues de Brest et par le régiment de Châteaulin, repousse les assaillants. Surpris par la basse mer, leurs embarcations échouées, ils ne peuvent rembarquer et se font massacrer sur la plage. L’eau, le sable, les rochers et le goémon sont bientôt rouges du sang des 1200 hollandais et de leur chef anglais, le Lieutenant Général Talmash.

En juillet, les anglais répètent l’opération devant le Havre et Dieppe. En août, ils tentent un débarquement dans la presqu’île du Cotentin. A chaque fois ils sont repoussés. Mêmes échecs sanglants devant Saint Malo, Granville, Calais et Dunkerque en septembre où Jean Bart s’illustre dans la défense de sa ville. Vieux pays enraciné dans la terre, le Royaume de paysans que sert Vauban confie plus volontier le salut de ses côtes à la pierre qu’aux imprévisibles caprices de l’eau et du vent.

De Terre Neuve aux Caraïbes, les corsaires dans la bataille en Atlantique

Les corsaires et la marine royale s’acharnent maintenant sans répit sur tout l’Atlantique contre les convois et les possessions ennemis. Dans les Caraïbes, Jean Baptiste Ducasse, un béarnais, gouverneur de la partie française de Saint-Domingue depuis 1691 mène des opérations de flibuste contre les espagnols et les anglais. En 1694, il s’en prend à la Jamaïque, la plus riche des îles anglaises des Antilles. Dans le butin, à côté des marchandises et du matériel de sucrerie, il enlève 1800 esclaves noirs. En 1697, au moment même où les troupes françaises appuyées par les canons de la Marine Royale entrent dans Barcelone, Ducasse réussit l’exploit de s’emparer de Carthagène des Indes, position clef de l’empire espagnol sur la côte Atlantique de l’Amérique centrale. Au Canada, de Québec à l’embouchure Saint Laurent, une dizaine de milliers de colons français disputent aux indiens iroquois les rives du fleuve. Pierre le Moyne d’Iberville – marin expérimenté, explorateur des grands lacs et de la vallée du Mississipi – ravage les installations anglaises de la Baie d’Hudson et de Terre Neuve.

L’épuisement financier conduit finalement tous les belligérants à signer la Paix de Ryswick en octobre 1697 qui met fin à cette guerre de la Ligue d’Augsbourg. Louis XIV reconnaît Guillaume d’Orange comme roi d’Angleterre et renonce à soutenir les prétentions des Stuarts catholiques. Le Royaume conserve Strasbourg et l’Alsace mais restitue ses conquêtes sur le Rhin en Allemagne et aux Pays bas. L’Espagne reconnaît à la France la possession de la partie occidentale de Saint-Domingue enrichie des pillages de la Jamaïque et de Carthagène. Saint-Domingue va bientôt faire de la France le premier producteur de sucre du monde au XVIIIème siècle. Louis XIV, conserve son prestige. Son armée et sa marine n’ont pas démérité. L’empire colonial français demeure plus vaste que celui de l’Angleterre. Sur le continent, la maison d’Autriche devient une puissance intéressée à conserver l’équilibre européen. Les Provinces Unies et l’Espagne entrent en déclin. Entre la France et l’Angleterre, le Traité de Ryswick, n’est que la première trêve d’une nouvelle guerre de cent ans qui vient de commencer…

Duguay Trouin, le corsaire magnifique de la dernière guerre du règne.

L’idée de Louis XIV est maintenant d’unir les empires et les marines de France et d’Espagne pour contenir les ambitions de l’Angleterre. En octobre 1700, Charles II d’Espagne choisit par testament le Duc d’Anjou, petit fils du Roi Soleil pour lui succéder à la condition qu’il renonce à ses droits sur la couronne de France. Un mois plus tard, Philippe IV de Bourbon, devient Roi d’Espagne. Tourville et Jean Bart sont morts lorsque commence la guerre de succession d’Espagne en 1702. La Course qui reprend va faire la fortune des Forbin, Duguay Trouin, Cassard et autres Ducasse. Malgré le désastre de la Ria de Vigo en Octobre 1702 où les alliés franco-espagnols perdent un convoi chargé d’or et d’argent d’Amérique, la marine royale ne démérite pas. Elle remporte en 1704 son ultime grande bataille d’Escadre à Velez Malaga qui n’empêche cependant pas les anglais de prendre pied à Gibraltar. La course et les missions de protection des convois de Ducasse permettent au trésor royal d’éviter la banqueroute. En 1708, les anglais s’emparent de Minorque et s’installent dans la rade de Mahon d’où ils se rendent maîtres de la Méditerranée occidentale. C’est à ce moment que la construction de vaisseaux français s’effondre, faute de capacité financière. Des 130 vaisseaux du début de la guerre, il en reste à peine 70 en 1714. L’hiver 1709 ressemble à celui de 1694. Le Corsaire Nantais Jacques Cassard arrache à deux vaisseaux anglais un convoi de blé turc qui sauve la Provence de la famine. En 1711, ultime exploit maritime de la guerre, le Malouin Duguay-Trouin s’empare de Rio de Janeiro au Brésil et rançonne les Portugais ce qui, avec la victoire du Maréchal de Villars à Denain, offre au roi de négocier honorablement après onze ans de guerre la Paix d’Utrecht. Cette fois, le Traité est nettement favorable à l’Angleterre qui s’installe en Méditerranée à Gibraltar et à Minorque. Au Canada, les Anglais s’emparent de Terre Neuve et de la Baie d’Hudson d’où ils menacent désormais les approches des établissements français de Québec. Les Français doivent céder le monopole de l’Asiento, c’est-à-dire du commerce avec les colonies de l’Amérique espagnole. Mais la clause la plus pénible c’est Dunkerque. Les fortifications magnifiques de ce nid de corsaire qui avaient tant « fait crier les marchands de Londres » doivent être démantelées. 1 septembre 1715, le grand Roi meurt à Versailles en s’accusant « d’avoir trop aimé la guerre ». Sans doute avait-il trop usé en effet de cet « Ultima Ratio Regum »[1] dont il avait fait graver la formule sur le bronze de ses canons. La Paix d’Utrecht instaurait pour quelques décennies une seconde trêve entre la France et l’Angleterre, cependant une guerre sans merci pour l’Empire des mers et la maitrise des routes du grand commerce maritime mondial avait bel et bien commencé entre les deux puissances. Cette grande querelle va dominer le XVIIIème siècle et ne sera résolue qu’en 1815 par la défaite de Napoléon à Waterloo.


[1] L’ultime argument des rois !

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Jean de Joinville

3 thoughts on “Les marins du Roi Soleil au combat

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  • « Moins une victoire alliée qu’un triomphe des vents contraires et des marées » … On a beaucoup exagéré la « suprématie » anglo-hollandaise après la Hougue, la flotte française remportant l’année suivante une victoire au Cap Vincent et alimentant son effort au Canada avec d’Iberville. Quant aux corsaires, ils portent aux marines ennemies de tels coups dans l’Atlantique et en mer du Nord par la guerre de course qu’ils rendent cette « suprématie » du nombre, inutile ! Inutiles aussi le bombardement de Saint-Malo, l’incendie de Dieppe, les attaques du Havre, de Calais, de Dunkerque La défaite navale de la Hougue va néanmoins avoir ceci de funeste que, détournant progressivement et de plus en plus la France de la nouvelle réalité stratégique, la maîtrise des mers garantissant la nouvelle hégémonie, d’ordre économique, elle fait triompher les tenants de la maîtrise continentale aux dépens d’entreprises maritimes qu’avaient permises la constitution par Colbert d’une marine capable de disputer à la Hollande la suprématie navale. Ce renversement de stratégie interdira à la France de l’emporter au final sur l’Angleterre en cette « Seconde guerre de Cent ans » (1689-1815).

    Durant la guerre de la Succession d’Espagne, la marine, de par sa spécificité même, souffrira beaucoup moins des conséquences du dirigisme versaillais ! C’est qu’aussi la qualité novatrice des vaisseaux français surpasse encore les bâtiments anglais, plus anciens de conception. Toutefois, écartelée – et, en l’occurrence, de plus en plus – entre la terre et la mer, la France ne pourra suivre le rythme du constant effort britannique, la marine hollandaise, encore puissante malgré l’amorce d’un inexorable déclin, équilibrant le rapport des forces en présence. Du moins les corsaires accentuent une très efficace guerre de course développée au cours du précédent conflit par Tourville. Non seulement ils vont s’imposer en tant que nécessité tactique et stratégique, mais ils vont réussir à déstabiliser l’économie et le commerce des puissances maritimes. De tels exploits, portant de tels coups, convaincant l’Angleterre que la France, assaillie de toutes parts sur le continent, est encore capable de soutenir une guerre aussi longue même sur la mer, participent à sa résolution de suspendre les combats et de sortir de la coalition. Dans son remarquable « Louis XIV », François Bluche, ne craignant pas de s’inscrire en faux avec trois siècles de masochisme historiographique, estime que le fait que la France était en train de remporter une première « bataille de l’Atlantique » avant la lettre constitue une des raisons de la défection anglaise de 1712 … outre le poids écrasant des subsides octroyés à la coalition, tellement insupportable à l’égoïsme du bourgeois britannique qu’il fut directement à la source de la chute des whigs et du retour des tories au gouvernement !

    « On aurait tort de critiquer la reconversion tactique de ces années décisives. Une marine n’est pas
    uniquement destinées aux batailles rangées, et les succès des Forbin, des Jean Bart et des Nesmond dans la
    guerre au commerce ont coûté plus cher à l’ennemi que d’hypothétiques affrontements de flottes. Les plaintes
    des négociants et des dirigeants britanniques, la baisse de combativité des Néerlandais le prouvent assez. Il a
    fallu la coalition de deux flottes pour préserver l’Angleterre de l’invasion et de la défaite. » (François Bluche).

    « Les corsaires agissent dans un but lucratif mais en même temps rendent service au pays qui les emploie. La
    France ne fut pas le seul à utiliser des corsaires (il y eut des corsaires anglais, zélandais, basques, espagnols …)
    mais, plus que d’autres, elle misa sur ce type de guerre. Pour rendre les attaques plus difficiles, les alliés
    réunirent leurs navires marchands en grands convois, protégés par des vaisseaux armés. En dépit des pertes
    infligées, la France n’obtint jamais par ce moyen la maîtrise des mers. Les dernières recherches économiques
    prouvent, au contraire, qu’elle souffrit davantage des effets du blocus que les puissances maritimes,
    Provinces-Unies et Angleterre, portées par une croissance soutenue dans les dernières années du siècle. Bref,
    avec la guerre de course, Louis XIV s’est engagé dans une impasse, comme le feront après lui Napoléon,
    Guillaume II et Hitler. Autre conséquence à mettre au passif de cette stratégie, les terribles représailles
    que firent subir les Anglo-Hollandais sur les côtes et dans les ports français, mal protégés. » (Jean-Christian
    Petitfils).

    Deux avis aux antipodes l’un de l’autre … ! Nous ne saurions néanmoins nous aligner sur celui, classiquement pessimiste, de Jean-Christian Petitfils. Nous avons vu que Louis XIV, pour bureaucrate qu’il ait été et bien plus conscient de l’importance du développement de la puissance maritime de la France qu’on ne l’a si souvent dit, a toujours eu l’intelligence d’accorder sa confiance aux « spécialistes » : Colbert (créateur de la flotte française), Seigneulay (auteur de l’excellente ordonnance navale du 15 avril 1689) et Pontchartrain.

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