La dette chronique

L’objectif de la loi de finances pour 2024 était de ramener le déficit à 4,4% du PIB (après 4,9% en 2023), le gouvernement avait décidé de faire des économies d’un montant de 10 milliards d’euros en réduisant le budget 2024. Pourtant, malgré tous ces effets d’annonces, le déficit semble une fois de plus, plus élevé que prévu et supérieur à 5% en 2023.

Cela fait plus de 50 ans que le budget de la France n’est plus à l’équilibre :

À la fin du dernier trimestre 2023, la dette publique de notre pays se montait à 3.088,2 milliards d’euros selon l’INSEE, soit une augmentation de 41,3 milliards d’euros (après une augmentation de 34,5 milliards d’euros au trimestre précédent).

La loi de finances 2024 passée grâce au 49.3 et donc sous la seule responsabilité de la majorité actuelle prévoyait que le besoin prévisionnel de financement de l’État atteindrait 295,8 milliards d’euros, du fait principalement d’un déficit budgétaire de 144,4 milliards d’euros et de 156,4 milliards d’euros d’amortissement de dette à moyen et long terme venant à échéance en 2024.

Et l’UE dans tout cela

La France est également bien au-dessus de la moyenne des déficits des vingt-sept (82,6 %) de l’UE, avec une dette qui atteint 111,9 % de son PIB, soit plus de 3 000 milliards d’euros. À l’inverse, l’Estonie (18,2 %) et la Bulgarie (21 %) présentent actuellement les taux d’endettement les plus faibles au sein de l’UE.

Droite Gauche ou Centre

Pourtant certains me diront que tout cela est lié à une gestion de la droite ou de la gauche. En êtes-vous bien sûr ? ce diagramme montre le contraire :

Aujourd’hui, fin mars 2024, Bercy avoue que pour 2024 le déficit sera à 5,6% du PIB au lieu de 4,9%, donc alourdi de quelques 20 milliards d’euros, remettant en cause sa trajectoire de réduction.

Comparer des choux à des carottes

Alors si la dette de la France est égale à la différence cumulée des budgets de l’état et donc une différence entre les dépenses et les recettes perçues grâce aux impôts et taxes, pourquoi alors comparer notre déficit ou notre dette au PIB de la nation.

N’est-il pas stupide d’ainsi mettre dans l’équation des choux face à des carottes ?

En effet, le PIB, soit le produit intérieur brut aux prix du marché, vise à mesurer la richesse créée par tous les agents, privés et publics, sur un territoire national pendant une période donnée. Il représente le résultat final de l’activité de production des unités productrices résidentes. En deux mots l’état français n’en dispose pas à son gré. Soyons donc plus rigoureux et comparons le déficit et la dette à nos recettes fiscales.

Les recettes fiscales

Voici les chiffres des recettes de l’État par type d’impôts en France pour l’année 2023:

Recettes fiscales brutes : 470,6 milliards d’euros

  • Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) : 176,3 milliards d’euros
  • Impôt sur le revenu : 113,4 milliards d’euros
  • Impôt sur les sociétés : 86,8 milliards d’euros
  • Enregistrements, timbres, autres contributions et taxes indirectes : 40,2 milliards d’euros
  • Autres impôts directs et taxes assimilées : 31,4 milliards d’euros
  • Taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques : 18,3 milliards d’euros
  • Autres impôts directs perçus par voie d’émission de rôles : 2,4 milliards d’euros
  • Contribution sociale sur les bénéfices : 1,6 milliard d’euros

En somme, les recettes totales nettes du budget général (après déduction des remboursements et dégrèvements) sont projetées à 349,4 milliards d’euros en 2023, avec une augmentation de 5,2 % par rapport à l’année précédente.

Il est important de noter que ces chiffres sont des évaluations révisées pour l’année 2023 (source : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2381416)

Tout ceci signifie donc que si nous consacrions la totalité de nos recettes fiscales au remboursement de la dette il nous faudrait : 3088,2 milliards € / 349,4 milliards € = 8 ans et 10 mois pour la rembourser en nous privant de tous les services de l’état.

Capacité à prélever l’impôt et consentement à l’impôt de nos citoyens

Le fort niveau de recouvrement de l’impôt et, pour l’instant, un bon consentement à l’impôt de nos concitoyens rassurent nos investisseurs étrangers et les incitent toujours à racheter notre dette. Les trois agences de notation n’ont pas encore dégradé la note de la France.

Toutefois avec un taux de prélèvement obligatoire de 45,7 % en 2022 selon l’INSEE et malgré l’instauration tambour battant du prélèvement à la source au 1er janvier 2019 , il faudra certainement s’attendre à quelques grincements de dents.

Même si nos classes moyennes supérieures ont encore les moyens de se résigner bon gré mal gré à payer davantage, les faux prétextes liés à la transition climatique, l’aide à l’Ukraine ou les conséquences liées aux sanctions contre la Russie auront du mal à convaincre la France périphérique et des territoires.

Il nous faut toutefois considérer que les deux derniers occupants de l’Élysée on fait très fort en termes d’augmentation de nos prélèvements obligatoires:

Conclusion

Alors, pour parodier une célèbre émission de radio : « Stop ou encore » ?

Bien sûr personne ne niera ces chiffres et tout le monde espère que l’argent miracle existe !

Néanmoins les responsables qui nous gouvernent, des plus stupides aux plus instruits, savent qu’un jour le système craquera et que la crise emportera sur son passage vos liquidités, vos pensions de retraite, votre pouvoir d’achat avec un impôt et une inflation impitoyables.

Tout le monde fait semblant de regarder ailleurs en espérant un miracle. Que voulez-vous, comme dirait Bossuet : « Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes ».

Jean-Pierre PALAZO

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9 thoughts on “Dette souveraine de la France : appelons un chat, un chat !

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  • Amusant le graphe droite/gauche.
    1. Il est biaisé puisque cela dépend bien plus des cycles économiques que des gouvernements en place. Et je ne parle même pas de la Covid.
    2. Il est biaisé puisqu’il est exprimé en valeur nominale d’une monnaie fiduciaire qui ne cesse de se dévaluer.
    3. Il est biaisé puisque chaque nouveau gouvernement doit servir la dette crée avant lui.

    En France, il n’y a ni droite ni gauche. C’est un pays socialiste. Le capitalisme, c’est le respect de la propriété privée. Quand l’Etat vole 70% de vos revenus par la force, ce n’est pas du capitalisme. Quand il faut tout un service de juristes pour s’assurer que votre activité respecte la loi et les réglementations, ce n’est pas une économie de marché. Quand on s’enrichit en courtisant les politiques, plutôt qu’en répondant à la demande, ce n’est pas une économie de marché. Ca ne l’est pas non plus quand les prix sont fixés par l’Etat, tel que le taux d’intérêt, le salaire minimum, etc.

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  • Frédéric BASTIAT, le grand économiste libéral français (début XIXème siècle), défendait des caisses de mutualité ouvrière autogérées pour les dépense de santé et de retraite, et non une caisse étatique… Son analyse laisse d’ailleurs songeur quand on voit le système actuel… le libéralisme est la véritable arme des pauvres et des nations, contre les ploutocraties socialo-féodales… le libéralisme est d’abord basé sur la morale, la question individuelle, et la lucidité sur les réalités humaines…

    « Supposez que le gouvernement intervienne. Il est aisé de deviner le rôle qu’il s’attribuera. Son premier soin sera de s’emparer de toutes ces caisses sous prétexte de les centraliser et, pour colorer cette entreprise, il promettra de les grossir avec des ressources prises sur le contribuable. Mais, je le demande, que sera devenue la moralité de l’institution quand sa caisse sera alimentée par l’impôt ; quand nul, si ce n’est quelque bureaucrate, n’aura intérêt à défendre le fonds commun ; quand chacun, au lieu de se faire un devoir de prévenir les abus, se fera un plaisir de les favoriser ; quand aura cessé toute surveillance mutuelle et que feindre une maladie ce ne sera autre chose que de jouer un bon tour au gouvernement ? Il nommera des vérificateurs, des contrôleurs, des inspecteurs, on verra des formalités sans nombre s’interposer entre le besoin et le secours. Bref, une admirable institution sera, dès sa naissance, transformée en une branche de police. Les ouvriers ne verront plus dans la caisse commune une propriété qu’ils administrent, qu’ils alimentent, et dont les limites bornent leurs droits. Peu à peu, ils s’accoutumeront à regarder le secours, en cas de maladie ou de chômage, non comme provenant d’un fonds limité préparé par leur propre prévoyance, mais comme une dette de la société. L’État se verra contraint de demander sans cesse des subventions au budget. Là, rencontrant l’opposition des commissions de finances, il se trouvera engagé dans des difficultés inextricables. Les abus iront toujours croissant, et on en reculera le redressement d’année en année, comme c’est l’usage, jusqu’à ce que vienne le jour d’une explosion. Mais alors on s’apercevra qu’on est réduit à compter avec une population qui ne sait plus agir par elle-même, qui attend tout d’un ministre ou d’un préfet, même la subsistance, et dont les idées sont perverties au point d’avoir perdu jusqu’à la notion du droit, de la propriété, de la liberté et de la justice. »

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  • le site Elucid (parfois intéressant cependant), gauchiste social-démocrate, est ici assez malhonnête… la dette, l’impression monétaire, l’intégration financière, le keynesianisme, l’aide sociale, etc. est le programme de la gauche… de Gaulle apparaît clairement comme le dernier libéral : rigueur monétaire et budgétaire, liquidation de l’empire, modernisation agricole, investissement dans les nouveaux secteurs industriels, intéressement des salariés à l’actionnariat (participation)… bref, tout le contraire du socialisme féodal pro-dette… jusqu’à Mélenchon et les zozos gauchistes qui parlent de MMT (théorie monétaire moderne) selon laquelle l’argent n’est qu’une convention et qu’il conviendrait d’en imprimer comme du papier-chiffon… ou bien encore les élucubrations écolo-davosiennes d’un argent “dirigé” (durée limitée ou réservé à certains achats… bref des coupons de rationnement) ce qui est contraire à la fongibilité, à l’épargne et à la discrétion qui font la force de la monnaie. L’argent n’est pas une convention ni une aliénation, mais une précieuse invention humaine, un concept qui permet l’abstraction et la manipulation de la valeur. L’argent doit être proportionné à la richesse réelle (on peut en imprimer uniquement dans la stricte proportion de l’anticipation de richesses réelles). Quand l’état imprime de l’argent et le distribue, il spolie en fait le peuple et surtout les pauvres : l’inflation dévore le pouvoir-d’achat des pauvres, et l’argent va se réfugier dans les actifs (biens mobiliers et immobiliers) accroissant la richesse des riches. La rigueur monétaire (à condition de ne pas être dépressive) est plus favorable aux pauvres. C’est pour cela que les riches sont de gauche et les pauvres (sauf les assistés) de droite. … de Gaulle travaillait avec Jacques Rueff (colloque Lipmann et société du Mont Pèlerin) qui était néolibéral… contrairement à une légende urbaine, la politique du Général n’était ni socialiste ni corporatiste, mais très rigoureusement libérale. … le seul truc intéressant, c’est qu’Elucid et quelques socialistes commencent à comprendre que la planche-à-billets et l’assistanat sont une arnaque (à la bonne heure !) …. mais à ce stade, c’est irréformable : l’Occident bénéficie d’un privilège monétaire et financier à l’échelle mondiale ; les excédents du tiersmonde continuent de venir s’investir dans nos places boursières, contribuant à entretenir et solvabiliser le système et l’assistanat qu’il rend nécessaire et possible. Le serpent se mord la queue.

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  • Bonjour,

    Vous attribuez à la Droite la dette de MACRON ce qui est faux, la dette de Bruno LE MAIRE n’est pas une dette de droite c’est une dette d’ailleurs !!!!!

    Cordialement

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  • Je suis quand même surpris que ce site classe Macron et Le Maire à droite sur ce graphique… de mon point de vue dans leurs décisions et leur gouvernement ils sont parfaitement représentatifs de l’extrême-gauche.

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    • C’est une frise du temps chronologique. Pas un graphique politique!

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  • Comme le dit justement cet article, rapporter le déficit budgétaire au PIB
    n’est fait que pour rendre le chiffre peu important (quelques pourcents voyons !)
    alors que si vous le rapportez aux recettes , il est de 50 % !!!
    ce qui est un scandale total
    Quelle entreprise, quel ménage penserait un instant à dépense r50 % de plus que ce qu’ils gagnent ? Et on vous dit que le budget est établi à l’euro près (sic)
    Incompétence ? Cynisme ? les deux ? ou maladie psychiatrique ? ou les trois ?
    A ce niveau la troisième hypothèse n’est pas à écarter

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  • Financer le glands remplacement, l’Archipel de Fourquet/Orange mécanique assurance-vie-purin de l’oligarchie nowhere d’OTAN-Woke est LA SEULE priorité des laquais de l’Argent, juste des mimes politiques.
    .
    Et se payer sur la bête dans l’entre-soi des bonniches, 400€/h un Mackinsey, 600 millions de salaires pour les copains des JO, les SMS de Van der Layen avec son fils à Mackinsey et le mari à Pfitzer, cadeau à GE, Uber etc. privatisations des autoroutes, de l’énergie.
    Non ces laquais là ne sont pas stupides, l’accumulation primitive du capital dit “mondialiste”, en pillant les communaux des nations occidentales au profit de la Finance nowhere.
    .
    Le gueux paie par la dévaluation et sa smicardisation, fortunes des super-riches nowhere x10 en 25 ans pendant que la classe moyenne est déclassée. La dette sera payée par la dévaluation des assurances-vie de vieux 68ards, des livrets A des pauvres, l’inflation des actifs réels.
    .
    Le PIB est truqué car il n’est ni par habitant ni en parité de pouvoir d’achat, de même l’inflation est sous-évaluée (“facteur qualité” etc.)
    .
    Mes parents dans les années 60 s’étaient fait construire une villa sur 2500m2 à Annecy-Le-Vieux avec 50 smics !!! : 5 francs le m2 de terrain constructible, 12500 francs la villa, smic à 500 francs/mois. Et ailleurs c’était du même ordre. Le vrai appauvrissement inflationniste du bobo…
    .
    LE SOUCHIEN PAIE AUSSI SON GLANDS REMPLACEMENT AVEC LE PRIX DE L’IMMOBILIER ET L’INFLATION.
    .
    «L’IMMIGRATION fait baisser ainsi les salaires [smicardisation], et abaisse la condition morale [profs tabassés] et matérielle de la classe ouvrière […] une classe ouvrière divisée en deux camps hostiles [archipel de Fourquet], les prolétaires anglais et les prolétaires irlandais [imaginez avec musulmans/chrétiens] Le SECRET de l’impuissance de la classe ouvrière anglaise [souchienne], en dépit de son organisation […] grâce auquel la classe CAPITALISTE maintient son pouvoir. Et cette classe [Soros] en est parfaitement consciente »
    .
    MARX, lettre à Meyer et Vogt, 1870
    .
    PURINER LES PEUPLES ET SUPER-RICHE NOWHERE SERA BIEN GARDÉ:
    .
    youtu%2Ebe/Dbbh9aymEx4?t=271
    .
    dailymotion%2Ecom/video/xdvnx8
    .
    Extrait documentaire Arte “Das Netz” (avant journalope), conférences de Macy, “tuer le holisme autoritaire du blanc” et son incarnation, l’état social et national; détruire la dangereuse cohésion du peuple en sapant son histoire, ses traditions et ses mœurs communes (la philia, la sittlichkeit) pour instaurer la féodalité d’une Cosmopolis ploutocratique
    .
    Trump, lui, ne s’est pas dégonflé de le dire:
    .
    « Ceux qui contrôlent les manettes du pouvoir à Washington, le font pour ces intérêts particuliers globaux, ils travaillent avec ces gens qui n’ont pas votre bien à l’esprit[…] C’est une structure de pouvoir mondialisé qui est responsable de ces décisions économiques qui ont volé la classe des travailleurs, dépouillé notre pays de sa richesse, et placé l’argent dans les poches d’une poignée de grands trusts et lobbies politiques. Hillary Clinton rencontre secrètement des banques internationales pour comploter à la destruction de la souveraineté américaine, afin d’enrichir ces puissances financières mondialisées, ses amis des intérêts particuliers, et ses donateurs. »
    .
    Trump le barbare marxiste a pas peur d’être complotisé…lui.. pas de la Boboblonde à chats ni du pt’it Zob avec son “immigration juste opportunité saisie par les colons, pas voulue.”
    .
    Qui ne dit pas l’ennemi, qui dit juste son moyen (le glands remplacement, l’islamisation), et fait juste ce constat de purinage, ne fait pas de politique, à dire à p’tit Zob:
    .
    “Les masses ne se laissent convaincre non par les faits, même inventés, mais seulement par la cohérence du système dont elles sont censées faire partie“. Hannah Arendt
    .
    Mais le purin sans holisme est bon pour le requin face aux gueux, moins face à un ennemi extérieur…

    Répondre

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