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Point de vue sur l’attaque terroriste au Crocus City hall de Krasnorgorsk

Il est hasardeux de prétendre commenter un évènement de guerre clandestine surtout « à chaud ». La petite expérience de l’auteur lui permet d’affirmer que ceux qui savent doivent souvent se taire et que ceux qui parlent seraient souvent bien avisés de s’abstenir (à moins qu’ils ne participent d’un dessein de propagande et/ou de détournement). Construire une analyse est d’autant plus complexe que les motivations réelles et affichées sont souvent contradictoires, voire carrément mensongères, procédés de « faux drapeaux », manipulations et intoxications étant de règle. Cette situation a pour effet de brouiller Is fecit qui prodest (« A qui profite le crime », également cité comme Qui bono).

Rappels liminaires et précautions d’usage

L’application directe du simple Cui Bono est donc inopérante dans le cadre du terrorisme moderne, qui est justement un outil permettant dissimulation, opacité, inversion des causalités et des responsabilités apparentes, mais aussi souffrant du « complexe de Frankenstein » les créatures se retournant parfois contre leurs créateurs. Toutefois l’examen des informations (non classifiées), le recoupement et la technique du faisceau d’indices concordant permettent d’objectiver un constat. Cela ne vaut jamais preuve mais permet de distinguer des scenari. Il ne s’agit donc pas ici de donner davantage qu’un éclairage, en laissant le lecteur maître de ses conclusions.

Une rapidité suspecte dans l’analyse

Les commentaires des médias francophones ont été quasi-immédiatement unanimes et univoques (ce qui est déjà une piste de réflexion en soi, de même que la rapidité -moins de deux heures- à présenter un narratif visiblement préétabli) pour réfuter la théorie de la piste kiévienne en proposant soit de voir la main du Kremlin soit la piste islamiste unique dans l’attentat du Centre Crocus du 23 mars 2024. Or, écarter a priori des hypothèses ou en privilégier d’emblée sont les deux fautes cardinales de l’analyste, à moins qu’il ne s’inscrive dans un processus de communication de guerre/intoxication.

1. Scenario de la main de Moscou

Concernant la première allégation on rappellera que la thèse -devenue vérité par simple effet de martelage- d’une organisation par le FSB des attentats de 1999 qui ont initié la seconde guerre de Tchétchénie émanait de l’opposition interne relayée par les médias occidentaux, sans éléments probants autres que le rejet rabique de la personne du premier ministre puis président Vladimir Poutine. Les tenants de cette version n’ont jamais cru utile de s’intéresser à l’implication anglo-saxonne dans la radicalisation du Caucase et la politique énergétique dans la région, ni au soutien intéressé à l’opposition médiatique russe.

Provoquer ou faire croire à un incident dramatique majeur pour conditionner l’opinion ne serait certes pas une première[1], mais on voit mal quel en serait l’intérêt pour un président russe venant à peine d’être réélu triomphalement[2] ; à l’examen d’ailleurs, l’attentat suscite plutôt au sein de la population russe des critiques sur la politique de sécurité intérieure.

Message d’alerte diffusé le 7 mars par l’ambassade américaine en Russie

Bon exemple de communication opérative, les déclarations étatsuniennes sur les avertissements qu’avaient transmis les services de Washington permettent à la fois de justifier le message d’alerte diffusé par l’ambassade US aux Occidentaux le 7 mars sur une menace terroriste dans les lieux collectifs -et notamment les concerts- en Russie, et de jeter le discrédit sur l’exécutif russe, président Poutine en tête. A noter néanmoins que la dénonciation d’un message destiné à fragiliser le peuple russe par ce dernier était postérieur à la date prévue pour l’attentat, qui a eu lieu deux semaines après.

Il faut objectivement considérer qu’un montage par une opposition interne dans l’appareil d’Etat russe est une possibilité théorique. Les conditions du « coup » de Wagner, qui n’a jamais contesté Vladimir Poutine lui-même, a mis en évidence qu’il y avait une faction critiquant l’évolution interne de la société russe et une branche dure par rapport à la SVO. Une implication du FSB -ou d’autres entités civiles et militaires- pour radicaliser la position du président élu pourrait viser à:

  1. une prise en compte de la menace démographique et de l’immigration dans la Fédération[3]
  2. et à un casus belli faisant passer de l’état de SVO à l’état de guerre.

Rejouer une sorte de 9/11 russe pourrait avoir pour objectif de convaincre la population mais aussi forcer la main d’un président qui dans tous ses discours a toujours insisté sur la nécessité de maintenir l’unité d’une Fédération composée de peuples d’ethnies et religions diverses (22 républiques associées et cinq peuples : peuples du Caucase, peuples turcs, peuples ouraliens, peuples mongols et les peuples slaves, avec une démographie défavorable à ces derniers). C’est une explication qui semble assez hasardeuse mais que l’honnêteté intellectuelle impose de livrer à la réflexion de chacun.

Précisons que l’amateurisme[4] des tueurs (origine sociale et statut en Russie, posts sur les réseaux, organisation de l’exfiltration…) s’oppose à l’excellente préparation de l’action (repérage, pré-positionnement des moyens…) qui dénote une formation militaire conventionnelle plutôt que celle d’agents). Mais la vidéo tournée lors des faits sur laquelle les visages sont clairement identifiables écarte l’idée de boucs émissaires (« Paltsy : pigeon » avait dit Le Harvey Oswald lors de son arrestation) sacrifiés pour détourner de véritables opérateurs. L’emploi de mercenaires amateurs plus ou moins « franchisés » supprime tout risque de « remonter» l’implication extérieure, d’autant que la communication s’est faite par les réseaux sociaux ouverts certes faciles à retrouver mais intraçables.

Curieusement (?) s’interroger sur le 9 septembre 2001 ou sur l’attaque terroriste du Hamas d’octobre 2023 est apparenté à du « complotisme », alors que les mises en accusation de la Fédération de Russie dans la destruction de l’avion MH17 en 2014, les viols de masse, le massacre à Butcha, la destruction du barrage de Nova Kakhovka, la destruction du gazoduc Nord Stream I, doivent être acceptées comme vérités établies.

2. Scénario du consensus sur la piste islamiste

Concernant la thèse désormais majoritaire d’une action terroriste imputable à l’islamisme, il convient de bien dissocier exécutants et commanditaires (v. infra). Comme toujours, les propos officiels du président russe relatifs à l’implication de Kiev, quoique tournés en dérision[5], méritent une attention plus sérieuse. Il faut ici bien comprendre que les options kiéviennes et islamistes ne sont en réalité pas contradictoires, la seconde n’invalidant pas la première. C’est tout l’intérêt de la technique du terrorisme que de dédouaner les instigateurs en manipulant (créer ou laisser faire) les acteurs directs. Objectivement, dans ce contexte, toutes les agences de Renseignement -mêmes celles des « gentils » selon le point de vue de chacun- rivalisent de cynisme et d’inhumanité.

Cette thèse bénéficie de la revendication par l’Etat Islamique. C’est un facteur à prendre en considération mais pas dirimant. L’EI a déjà procédé à des revendications dites opportunistes par le passé. Par nature, l’origine des publications reste incertaine d’autant que celle-ci est d’abord passé par Reuters ; le texte en arabe évoque par ailleurs que l’EI a reçu et diffuse cette revendication ce qui est ambigu. La procédure habituelle (enregistrement d’un message d’allégeance, exposition du drapeau noir avec le sceau du prophète, justification par des versets du Coran et justification par évocation d’une attaque des Fidèles) n’est pas respectée, sans que cela ne soit rédhibitoire.  Le choix d’une action en plein mois saint du Ramadan et la désignation du ciel avec l’index de la main gauche paraissent aussi choquants pour des musulmans présumés très pieux. Les Talibans afghans et le Hamas (ce qui ne manque pas de sel !) ont condamné l’attaque, mais cela ne prouve rien eu égard aux oppositions internes de la nébuleuse islamique.

Le mode opératoire est également inhabituel, les militants n’ayant pas cherché le martyr, ni prolongé le massacre ; le paiement pour mener l’action est également une anomalie. Cela crée certainement un doute sans pour autant totalement discréditer l’option. En 2016 l’hôtel Radisson Blue au Mali a fait l’objet d’une attaque meurtrière par deux noirs anglophones liquidés par les FS français, retrouvés avec des billets neufs dont les numéros se suivaient et chaussés de neuf. Ils avaient procédé comme au Crocus par mitraillage et incendie et disposaient d’un drapeau de l’EI. Les frères Couassi après l’attaque de Charlie Hebdo en 2015 ont fui de la même manière que les Tadjiks du Crocus, montrant une maladresse typique d’une exfiltration par des amateurs sacrifiables, bénéficiant d’un contrôleur professionnel mais pas d’un soutien.

La fraction de l’Etat islamique dite Isis-K (Wilayet du Khorasand, ancienne appellation d’une région entre l’Afghanistan, le Sud du Turkménistan de l’Ouzbékistan du Tadjikistan et le Nord Est de l’Iran) a revendiqué l’attentat à l’aéroport de Kaboul lors du départ américain de 2020, celui du 3 janvier 2024 au tombeau du général Qassem Soleimani en Iran (dont la revendication a d’ailleurs été contestée par Téhéran) et une explosion de l’Uzbek Asadbek Madiyarov dans une banque gardée par les Talibans en Afghanistan le 25 mars. C’est donc soit une nouvelle création qui permet de revendiquer et mener des actions clandestines soit un parti rival des Talibans afghans (qui sont en rivalité chaude avec l’Iran et le Pakistan) effectivement responsable de l’attaque terroriste du Crocus.

L’option islamiste présente évidemment des avantages pour l’Occident, ce qui ne doit pas conduire à l’exclure mais à la relativiser.

3. Scénario de l’implication de Kiev

Inversement la piste kiévienne pose de nombreux problèmes ce qui explique, davantage que la revendication par l’ISIS-K, qu’elle ait été aussi rapidement évacuée.

L’itinéraire de fuite du commando, annoncé par le président russe, ne peut être considéré comme une preuve directe. L’autoroute E-101 est clairement un axe vers l’Ukraine et les fuyards ont raté le tournant vers Bryansk, se dirigeant vers Gomel. Les forces de sécurité les ont arrêtés dans une zone forestière pour éviter une éventuelle fusillade impliquant des civils, mais les terroristes n’avaient pas emporté leurs armes. Le repli vers l’ennemi de Moscou est logique, comme l’illustre le piratage d’un hélicoptère russe par son pilote transfuge -qui a été abattu par la suite en Espagne-. En revanche, on ne peut pas non plus écarter ce fait, surtout si les informations sur l’aménagement d’un recueil du côté ukrainien de la frontière sont confirmées. On peut imaginer que Vladimir Poutine a fondé son affirmation sur des éléments rationnels et analysés.

Le tropisme terroriste bandériste est une réalité avérée et documentée. Stratpol avait annoncé dès l’année dernière que les revers militaires entraineraient un accroissement des actions terroristes, qui sont dans l’ADN de Kiev et qui bénéficient de conditions favorables.

Les Britanniques qui en sont de grands spécialistes encadrent les opérations clandestines du SBU de Vasily Malyuk et du GUR de Kiryl Budanov. Au sabotage par infiltration se sont ajoutées des opérations homo d’assassinats ciblés sur le territoire du Donbass[6] puis en Russie même[7], ainsi que la création de cellules et le recrutement d’agents locaux par un système de franchise via l’internet (modèle connu pour le terrorisme islamique, qui recrute des « paumés » les auto-radicalise et les amène à des actes terroristes « low cost » dans leur société hôte).Toutes les semaines le FSB annonce des démantèlements et des interpellations dans ce cadre. Détail important, les agents ainsi recrutés, généralement de faible niveau culturel et social sont systématiquement payés, ce qui n’est généralement pas le cas des radicalisés islamistes.

Ces méthodes qui rappellent celles du SOE (« mettre l’Europe à feu et à sang ») lors de la seconde guerre mondiale sont complétées par des bombardements systématiques de villes russes (hors objectifs légitimes) qui perpétuent la tradition kiévienne en la matière depuis 2014 et par des tentatives de prise de gage territorial, parfois confiées à des renégats russes ou à des volontaires étrangers. Le numéro deux d’Azov -unité passée de bataillon à une brigade- Bogdan Krotevych avait expliqué en avril 2023 trouver dans les méthodes tchétchènes le modèle de ces actions visant à des prises d’otages massives (Budyannovsk en 1995, Kysliar en 1996, Beslan en 2004 et bien sûr celle du théâtre de Moscou en 2002). La « légion Liberté de la Russie » et le « Corps des volontaires russes » (RDK) composés d’extrémistes russes de droite ont tenté des incursions au printemps 2023 près de Bryansk et en mars 2024 dans les régions de Belgorod et de Koursk.

Les frappes de drones sur des objectifs en Russie entrent dans le même principe de diversion, légitime dans ce cas, car les dépôts pétroliers et les centres industriels sont des objectifs stratégiques. L’ensemble des mesures vise à la fois à rassurer les Ukrainiens et à convaincre les sponsors occidentaux qu’il n’est pas vain de continuer à perfuser Kiev, malgré les échecs sur le terrain, en menant une active communication de guerre.

Après l’attaque du Crocus de nombreux appels ont tenté de saturer les réseaux téléphoniques et internet en complément d’une campagne de fausses alertes portant sur les services d’urgences, centres commerciaux et différents points dont l’hôpital où se trouvaient les victimes. Cette forme de cyber-harcèlement est très couramment employée par Kiev qui n’hésite pas à appeler directement les familles de membres de la SVO, ce qui constitue non une preuve mais un autre indice.

Kiev a donc un intérêt objectif à mener des actions de déstabilisation et de compensation en raison d’une situation de faible au fort au fil de ses échecs militaires. Il existe pour cela une tradition, des compétences du SBU avec un appui MI6 et SAS (et peut être…) probable, un vivier considérable en Russie associant des nationaux des réfugies ukrainiens et de membres des diasporas d’Asie centrale qui peuvent par ailleurs entrer et sortir librement de la Fédération. Il semble donc y avoir des précédents (historiques et contemporaines), un mobile (recherche d’un pouvoir de nuisance asymétrique), des moyens (services organisés et compétents) et une volonté. On comprend néanmoins qu’il soit préférable vis-à-vis de l’opinion internationale de ne pas revendiquer ni assumer les actions terroristes, ce qui explique le recours à des « intermittents » stipendiés. Pour rester objectif, on doit souligner qu’une variante d’une opposition intérieure existe aussi en Ukraine. Le GUR de dispose d’une certaine autonomie de décisions et de moyens. Il a également des relations avec les centrales occidentales et une implantation clandestine en Russie. Les objectifs de l’opération au Crocus pourraient être:

  1. de créer un casus belli obligeant les Alliés occidentaux à maintenir leur aide, financière comme militaire, dans une démarche de montée aux extrêmes
  2. de mettre à mal le pouvoir de l’actuel président Zelensky [8] éventuellement par chantage
  3. de nuire à un processus de négociation
  4. de favoriser indirectement des intérêts ethniques et religieux
  5. liés à des dissensions intestines au sein du complexe appareil d’Etat kiévien[9] voire à des divergences entre les centrales occidentales.

Il reste une dernière possibilité :

4. Scénario d’une stratégie de l’OTAN

 L’implication de Kiev serait le premier étage opératif d’une fusée dont le second serait stratégique. En effet, USA et Royaume Uni dans le cadre de l’OTAN développent une stratégie périphérique :

Résurgence des techniques [10] de la guerre froide afin d’éviter une confrontation directe créant un risque nucléaire :

Le recours à des proxys (dont l’Ukraine) se combine avec des actions terroristes non revendiquées (deniable) qui nécessitent des agents sacrifiables (expendable). On assiste donc à la réapparition d’une vision stratégique qui avait été relativement délaissée après la chute de l’URSS et la suprématie étatsunienne. A la différence du terrorisme nihiliste anarchiste ou révolutionnaire de la fin du XIX ème siècle et du terrorisme nationaliste de la première moitié du XX ème, la guerre froide entre les blocs a conduit à définir une forme d’action instrumentalisant diverses causes (décolonisation, idéologie, droit des peuples, lutte contre la menace extérieure, religion…), dont les tenants après avoir bénéficié de ce transfert de compétences les retournent parfois contre ceux qui le leur avait fourni. Entre Etats dotés cela permet un dialogue clandestin, des actions de déstabilisation des régimes et de contrôle des populations, des justifications d’interventions plus lourdes ou une stratégie de tension. Ce premier axe explique l’assistance occidentale à Kiev dans les actions autres que militaires conventionnelles[11].

Retour à une stratégie d’enveloppement :

Au Nord, la Suède et la Finlande nouvellement membres de l’Alliance atlantique font de la Baltique un lac otanien, vont autoriser l’implantation de bases militaires US et permettront de peser sur les plans russes de développement des nouvelles routes du Nord et de mobiliser des effectifs (re-création de l’ancien district militaire de Leningrad et renforcement de la défense de Kaliningrad, dotation nucléaire de la Biélorussie)

Au Sud, l’action militaro-diplomatique sur l’Asie centrale concerne 70 millions de Musulmans avec d’importantes diasporas en Russie. L’attitude de la Turquie de Reccep Erdogan reste ambigüe du fait de ses prétentions panturques[12] qui rivalisent avec la Russie et l’Iran et de son appartenance aux Frères musulmans qui l’opposent aux monarchies du Golfe, tout en étant à la tête d’un Etat membre de l’OTAN. La Chine se veut également une puissance régionale et même l’Inde envisage de s’implanter dans l’ancien « pré carré » russe. La France tente d’être présente en Arménie (qui subit la pression de Bakou soutenue par Ankara), au Kazahkstan et en Ouzbekistan (deux de ses sources en uranium). Mais la zone est aussi celle du « grand jeu » qui opposa au XIX éme siècle l’Empire russe et la monarchie britannique. Dans le cadre de la stratégie d’endiguement (containement), dans l’esprit du traité de l’atlantique Nord (OTAN) et de l’Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est (OTASE), en 1955, le pacte de Bagdad a réuni royaume d’Irak, la Turquie, le Pakistan, l’État impérial d’Iran et le Royaume-Uni. En 1958, il associait les USA et devenait le Central Treaty Organisation ou CenTO, dissous en 1979. Le Royaume Uni dispose encore de cartes dans cette région. Lors de l’invasion soviétique de l’Afghanistan les USA ont fourni une aide militaire aux Moudjahidines, et les Britanniques ont envoyés des soldats des forces spéciales sur place. Il en fut de même en Ex-Yougoslavie contre Belgrade puis dans le Caucase contre Moscou.

Ouverture d’un troisième front intérieur :

On peut envisager un troisième volet stratégique, l’activation d’un front intérieur reposant sur les diasporas en Russie. Une tentative a été menée dès 2022 en Tchétchénie, mais le verrou posé par Ramzan Kadyrov, fidèle de Vladimir Poutine, ne l’a pas permis. Un deuxième essai à Makhatchkala au Daghestan le 30 octobre 2023 a confirmé qu’un terrain favorable existait. En Russie de nombreux commentateurs et même le patriarche Cyrille dénoncent la présence d’immigrés qui n’adoptent ni les mœurs ni les lois russes. La réponse du Kremlin est restée modérée jusque lors (v. supra, scenario Un) car le président a toujours mis en avant la nécessité de ne pas fissurer la coexistence d’ethnies variées au sein de la Fédération, et parce que l’économie russe manque de bras, ce qui conduit à tolérer l’immigration. Le mécanisme bien connu provocation/répression/réaction permet de mettre à mal cet équilibre : Employer des Tadjiks pour assassiner en masse des Russes permet de stigmatiser ces immigrés et d’initier des réactions violentes (« ratonnades ») qui affecteront la cohésion sociale et faciliteront les tentations extrémistes. Cela pourrait non seulement déstabiliser gravement la Fédération (facilitant les projets de démembrements qui ont été rendus publics par les pays baltes, la Pologne et même les USA, sur le modèle de leur restructuration du Moyen orient initiée en 2011) mais également livrer les faibles républiques d’Asie centrale à une mainmise occidentale en coupant les ponts avec Moscou. La réactivation du fondamentalisme islamique déjà manipulé lors de la guerre soviétique en Afghanistan puis lors deux guerres de Tchétchénie, aurait probablement des répercussions dans les républiques musulmanes de la Fédération, mais aussi en Afrique et au Moyen orient, détruisant les tentatives russes de s’imposer par sa politique arabe et le modèle des BRICS. Il s’agit là de « grande stratégie » comme l’aiment les Anglosaxons. Britanniques héritiers des politiques subtiles de l’Empire et Nord-américains héritiers de la logique hégémoniste de la Rome antique. Ce jeu d’échec mondial est souvent défini par une élite intellectuelle originaire d’Europe centrale servant un patriciat financier disposant pour l’exécution de cette politique d’exécutants inscrits dans la pensée militaire germanique.

Lorsque l’on analyse cette stratégie, il est intéressant de garder à l’esprit les opérations « d’apprenti sorciers » qui ont vu les Moudjahidines antisoviétiques de 1980 se transformer en Talibans anti-occidentaux de 2001, mais n’ont pas empêché CIA et Mi6 de persévérer en Irak puis en Syrie. Afin de s’opposer à l’Iran à travers ses alliés et proxys chiites, les services anglosaxons ont formés des entités terroristes en regroupant prisonniers militaires et extrémistes religieux en Irak, notamment au camp Bucca. Après avoir poussé la rébellion et fait tomber le régime de Mouammar Kadafi en Libye, ils ont tenté de faire chuter Bassar el Assad en Syrie pour remodeler le monde arabo-musulman déjà objet de leur intervention en Irak, dans le cadre de leur politique d’hégémonie énergétique et politique. Fournissant aide et armements dans le cadre de l’opération Timber Sycamore pour un milliard de Dollars par année cette politique visait à bâtir des oppositions sunnites aux régimes chiites, ce qui a conduit à la multiplication et au renforcement d’entités islamistes terroristes revendiquant paradoxalement un anti-occidentalisme virulent. La multiplication de chapelles terroristes s’explique par une gestion au coup-par-coup tentant de compenser une erreur initiale en en commettant de nouvelles. Favoriser les Sunnites permettait de gagner les faveurs des Etats du Golfe censément alliés (mais eux-mêmes divisés entre les tenants d’une vision dynastique et celle des frères musulmans). Les responsables de cette stratégie choisis par Hillary Clinton sous l’administration Obama (le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, le Secrétaire d’Etat Anthony Blinken, John Kerry, Samantha Power, Wendy Sherman[13], Brett Mc Gurk Derek Chollet…) sont actuellement en charge dans celle du président Biden. Sans tirer de conclusions hâtives, il n’est pas indifférent que le général Mark Miley, ancien chef d’état-major des armées des USA de 2015 à sa retraite en septembre 2023, très critique envers Donald Trump, a déclaré en décembre 2023 que « aucun russe ne devrait se coucher sans se demander s’il ne sera pas égorgé pendant son sommeil ».

Techniquement on pourrait avancer que le terrorisme islamiste associe sur certaines sourates du Coran[14] une pincée de tradition du « livre des ruses », de tradition militaire arabe et de la secte des Haschachins avec une forte dose de manuels de lutte anti-insurrectionnelle, FM 3-24 étatsunien et  FM 1-10 britannique (en réalité leurs versions antérieures), le tout synthétisés dans le « traité de gestion de la Barbarie ». Le fameux général britannique Kitson a théorisé dans le cadre de la contre-insurrection (COIN) différents procédés dont les opérations sous faux drapeaux (false flag) et les pseudo-gangs qui permettent de brouiller les cartes, briser les alliances et créer des luttes intestines au sein de l’opposition[15] comme ce fut le cas en Afrique, au Moyen Orient et en Irlande du Nord. Le général Petraeus -s’inspirant des méthodes françaises en Algérie- a lancé des opérations également évocatrices de la guerre au Salvador avec des escadrons de la mort sectaires pour affaiblir la résistance irakienne. L’expérience soviétique a également fourni des modèles transposables mais les tentatives d’instrumentalisation de l’Islam sont plutôt restées le propre des Occidentaux[16].

Bref, l’imbrication des services anglosaxons avec la nébuleuse terroriste islamique est avérée depuis longtemps. Le choix d’exécutant Tadjiks est facile au vu du vivier disponible, supporte aisément la couverture islamiste, est propice à une exploitation postérieure tout en dédouanant officiellement Kiev et plus encore Londres et Washington. Il n’est pas indifférent que suite à la porosité entre les guerres du Caucase, celles en Irak et en Syrie, des combattants islamistes issus de groupes terroristes (Al Nosra[17], Daesh) servent dans des unités de Kiev. Un des terroristes du Crocus a d’ailleurs été identifié comme étant passé par l’armée de Kiev. Des formations « tchétchènes »[18] existent des deux côtés de la ligne de front, Kadyrovtsyi de Moscou contre anciens (?) terroristes formés en quatre « bataillons » qui ont d’ailleurs souvent retrouvé en Ukraine leurs instructeurs occidentaux du passé. Il existe sans conteste un véritable problème de terrorisme islamique caucasien qu’il paraît facile d’instrumentaliser comme le furent en leur temps les Moudjahidines afghans, les Palestiniens, les Sunnites syriens et irakiens et les populations de l’Asie centrale. Quitte une fois encore à se retrouver « arroseurs arrosés ». La chose parait d’autant plus aisée que les « soldats perdus » de guerres vieilles de trois décennies sont désormais motivés par le lucre au moins autant, sinon plus, que par la foi. Il est juste de rappeler ici l’existence de la Coalition Islamique Militaire Contre le Terrorisme (CIMCT), peu évoquée par les médias français.

Ces éléments ne permettent pas d’affirmer la culpabilité certaine ni des Anglosaxons ni de l’exécutif ukrainien dans l’attentat du Crocus. Cependant, alors que Washington cherche une voie de sortie par le haut mais que Londres et Paris envisagent une implication plus lourde et conflictuelle (et le leadership correspondant), les réflexions sur l’implication de chacun sur fond de fondamentalisme islamique sont laissées à l’appréciation du lecteur. Toute vérité n’est en réalité pas bonne à dire. Au-delà des déclarations du secrétaire du Conseil de sécurité Nikolaï Patrouchev ou d’Alexandre Bortnikov, chef des services russes de sécurité, si des éléments probants confirmant l’implication de puissances au travers de l’entité terroriste Etat Islamique étaient rendus publics, cela correspondrait à une volonté de confrontation directe. Celle-ci pourrait rapidement prendre la forme d’une guerre à fort risque nucléaire. Cela n’a jamais été la volonté du président russe, comme il l’a lui-même déclaré lors de son interview avant son élection. La non-communication de certaines informations par la Commission d’enquête placée sous l’autorité du Kremlin[19] « pour des motifs de sécurité nationale » semble plaider en ce sens. Il faut donc espérer que les mesures de rétorsion, inévitables et annoncées par le président russe, se limiteront à des frappes hypersoniques sur les centres de décision[20] et à des disparitions malheureuses mais ciblées. [21]


[1] De manière non exhaustive : Dépêche d’Elms en 1870, Explosion du Maine en baie de La Havane en 1898, télégramme Zimmerman en 1917, attaque de Pearl Harbour en 1941, incident du Golfe du Tonkin de 1964, charnier de Timisoara en 1989, couveuses de Koweit City en 1991, bombardement au mortier du marché Markale de Sarajevo en 1994, soi-disant opération fer à cheval en ex Yougoslavie, massacre de Racak au Kossovo en 1999, menace d’armes de destruction de masse en Irak en 2003…

[2] Les commentaires sur une élection truquée ignorent l’élan patriotique réel du peuple russe qui s’est traduit dans d’autres manifestations qu’électorales ; sur ce plan, non seulement le candidat bénéficie d’un score triomphal, mais surtout avec un taux de participation supérieur aux précédentes élections. Les homologues occidentaux seraient bien en peine de revendiquer ce succès et les conditions des votes aux USA, mais pas seulement, n’interdisent pas de s’interroger sur leur transparence et leur honnêteté, au moins autant qu’en Russie. Cela n’empêche ni une posture de supériorité morale de l’Occident collectif, ni les accusations systématiques sur le système illibéral russe. Sans même évoquer le constat de trois décennies catastrophiques en Afrique après le discours de la Baule du président Mitterrand sur la démocratisation du continent, qui n’ont apporté ni la paix ni la prospérité ni la liberté politique, sans que cela n’entraîne aucune remise en question notamment en France. La Russie a su capitaliser sur cet échec pour nouer des partenariats africains et faire « éjecter » Paris de ses anciennes possessions.

[3] Les opérations de rafle de migrants illégaux sont déjà menées depuis des mois mais s’intensifient. C’est aussi un levier par rapport aux anciennes Républiques d’Asie centrale très tributaires de l’économie russe mais travaillées par les Occidentaux dont la France. En bref il s’agit de mettre la société russe en état de guerre, tant interne qu’externe comme c’est désormais le cas pour l’industrie.

[4] On peut s’interroger sur la peinture à la bombe de chantier d’une des AK utilisée (?)

[5] On reste songeur lorsqu’un ancien préfet, ancien chef du GIGN, ancien responsable de la cellule des Irlandais de Vincennes, dénonce à l’antenne les « magouilles » russes.

[6] Revendiqués comme « chasse aux collabos » et concernant des dizaines de personnes, autorités militaires et responsables politiques mais aussi simples gestionnaires administratifs ou sociaux civils, enseignants, animateurs sportifs et autres… Comme dans toute guerre subversive il s’agit de détruire l’organisation politico-administrative (OPA) pour capturer les populations ainsi privées de cadres. A l’inverse, les rebelles tentent de bâtir un ensemble collectif organisé challengeant l’Etat contre lequel ils luttent. Les républiques de Lugansk et de Donetsk ont dépassé ce stade en intégrant officiellement la fédération de Russie par référendum.

[7] La regrettée Daria Dugina, les courageux Maxim Fomine alias Vladen Tatarsky et Zakhar Prilepine (qui a survécu), sans compter des attaques anonymes contre des militaires, anciens de la SVO ou responsables de centres en Russie…)

[8] Il se dit en Russie que ce dernier bénéficiait d’une protection pour sa vie garantie par le président russe, qui pourrait être reconsidérée par suite du massacre du Crocus

[9] Rustem Umerov, nommé ministre de la défense en septembre 2023 est un autonomiste tatar de Crimée chargé de la « clarification financière » et ayant mené des négociations diplomatiques, il est proche de la Turquie. Il a géré l’accord sur le blé et des échanges de prisonniers, ce qui pourrait jeter une certaine lumière sur la destruction d’un IL-76 russe transportant des prisonniers ukrainiens libérés

[10] Et des logiques de la guerre froide, comme l’idée de gel du conflit inspiré de la division de l’Allemagne et de celle de la Corée

[11] L’aide américaine, à partir des 12 bases de la CIA en Ukraine semble ralentir, alors que celle des Britanniques reste constante et la France paraît vouloir intensifier sa présence et son appui.

[12] Les terroristes du Crocus auraient subi un entrainement en Turquie, leur présence y est avérée grâce aux réseaux sociaux, et 40 membres de l’EI ont été interpelés par les forces d’Ankara le lendemain de l’attaque, ce qui peut s’interpréter de diverses façons contradictoires. On notera que Erdogan avait bénéficié des informations russes pour écraser la tentative Güleniste en 2016, l’imam Gülen étant toujours réfugiés aux USA en 2024. Les SR turcs ont évoqué l’implication du Russe Abdullo Buriev, de l’EI, comme étant le « prédicateur » qui a guidé les terroristes. Evidemment cela peut-être une information capitale tout autant qu’une diversion ou le produit d’une intoxication…

[13] Cette dernière, comme Victoria « fuck the EU » Nuland quittera ses fonctions en mars-avril 2024, remplacée par le responsable du retrait de Kaboul en 2020, puis probablement par le responsable Chine du département d’Etat, ce qui pourrait être le signe d’un changement de la politique de Washington en Ukraine ; option qui pourrait être contrecarrée par un évènement du type Crocus…

[14] Le « grand Djihad » -intérieur- n’est venu compléter le « petit Djihad » -militaire- que tardivement, sous l’inspiration des Soufis.

[15] Technique antisubversive également développée en France cf. la « bleuite » du CNE Léger, et qui ont été transférées via l’école des Amériques aux forces spéciales US.

[16] Un rapport déclassifié de la Defense intelligence agency de 2012 évoque Al Qaeda en Irak (ensuite ISIS) et jetait les bases de ce qui deviendra l’Etat Islamique en 2014. La collusion et la tolérance occidentale avec les terroristes a été admise par le président Biden, dénoncée par le président Trump et reconnue publiquement par J. Kerry. L’implication de la CIA a également été rendue publique lors du désastre de Benghazi et à propos des actions ayant rendu nécessaire l’intervention russe en Syrie en 2015.

[17] Ceux-là même dont le ministre Laurent Fabius trouvait qu’ils faisaient « du bon boulot » en Syrie, vision d’ailleurs totalement partagée par la CIA et le MI6.

[18] Par abus de langage car il y a effectivement des Tchétchènes mais aussi de nombreux volontaires issus des autres républiques russes, Daghestan, Ingouchie, Balkharie, mais aussi d’Uzbekistan (les Uzbeks d’Idlib y sont très nombreux dans les rangs de Daesh), Tadjikistan, Kirghizstan, Turkménistan, Kazakhstan…

[19] 3 auteurs directs et plus d’une dizaine de personnes interrogées dans le cadre de la fourniture de moyens ; il subsiste des interrogations comme l’absence de la sécurité du Crocus city hall Profi LLC, qui disposait de gardes armés et d’une équipe d’intervention rapide, alors que leur présence avait dissuadé les terroristes le 7 mars, identifiés sur vidéo lors de cinq repérages sur les lieux lors du concert de Shaman apparemment visé. Il est établi que les issues avaient été verrouillées et des dépôts de matière inflammables constituées à l’avance, par une complicité intérieure.

[20] Cela a déjà été le cas et semble se poursuivre avec des atteintes de centres du SBU et du GUR et de PC abritant des officiers otaniens dont un général polonais.

[21] On songe à la vengeance d’Israël après l’assassinat des athlètes à Munich lors des JO de 1972. Une option implacable mais en finesse, à comparer avec la réponse à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023.

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Olivier CHAMBRIN

16 thoughts on “Point de vue sur l’attaque terroriste au Crocus City hall de Krasnorgorsk

  • Par bleu ! , Je ne sais pas ce que prennent certains de ceux qui font des commentaires mais ça doit être puissant !

    Même pas on a envie de lire leur diatribe !

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  • Excellente analyse, pondérée et soigneusement étayée par des arguments logiques et le rappel de précédents.
    Si l’auteur laisse effectivement le lecteur libre de se faire son opinion, une lecture attentive de l’article permet – je crois ! – de deviner celle qui a sa préférence.

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  • Une piste pas évoquée : la volonté du clan Biden de liquider le projet 404 avant les éléctions.
    Comment se débarasser d’une bandes d’extrémistes qu’on a soutenu mordicus sans avoir l’air de tourner casaque au grès du vent ? Transphormer les amis d’hier en vilains terroristes tueurs de femme et d’enfants c’est trèèèès habituel en occident. On a bien vu Sarko camper sous la tente à Muamar dans le jardin des tuilleries puis en faire un assasin de son peuple à bombarder d’urgence quand l’affaire commençait à menacer la rééléction du petit Nicolas à cause de quelques malheureuses malles Vuitton de bifetons.
    Pour ce qui est des évènements du Crocus, le rôle de l’Ukraine dans cette sale histoire a pu se limiter à fournir quelques armes en Russie, un itinéraire de sortie de Russie et un passage vers la Turquie. Une sorte de complice/coupable idéal. Trop idéal sans doute … le reste remugle la Nuland et le MI6…
    L’insistance de l’empire du mensonge à blanchir Budanov et ses cheums dans cette sale histoire est tellement suspecte que ça revient à inciter le monde a penser qu’en fait c’est eux … mais bon , ces derniers n’étant jamais que des sous-traitants , les mains des comenditaires ont parru plus qu’évidente à tous aussi.
    Bref , comme le disait Mollière dans les femmes savantes : “quand on veut noyer son chien , on dit qu’il a la rage.” et entre nommer le général boucher à la tête du hachoir à viande et “faire pratiquer le terrorisme d’état” au SBU , tout ceci pave bien la voie à une fuite à l’Afghane du Banderistan … un lâchage en règles difficiles : ça va saigner.

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  • Bien poussive l’analyse de Chambrun. Elle aurait gagné en force si elle avait été (beaucoup) plus courte. A vouloir trop expliquer, on n’explique plus rien.

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    • C’est votre point de vue ; il en vaut d’autres.
      Mais je crains qu’il y ait une confusion.
      1- Le but d’une analyse n’est pas d’être percutant mais plutôt d’être exhaustif. Il s’agit de fournir des informations ordonnées et autant que possible recoupées, à un lecteur qui se servira éventuellement de la synthèse des conclusions ( ces qq pages résument un nombre bien plus élevé de communications et de données) pour émettre une décision (ou se faire son idée).
      2-Dans ce cadre, si on raccourcit une affaire complexe on n’expose plus des scenari mais on assène une opinion. Or je ne suis stipendié par personne et je n’ai pas de narratif à développer pour convaincre.
      3-Compte-tenu de la sensibilité du sujet, un minimum d’explications et de précautions s’imposaient selon moi. 4-4-Ceux qui ont déjà certaines informations n’ont aucun besoin de moi pour forger leurs analyses, ni pour orienter la communication sur la question.
      Merci néanmoins d’avoir pris la peine et le temps de lire et de commenter.

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  • Tout ça s’est de l’esbrouf et de la logorée. La réalité c’est que les services occidentaux veulent foutre le bordel partout, car cela a toujours été une bonne recette pour récupérer les fruits tombés à terre.

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  • mouhais… il me semble que ça fait 800 ans que la Russie et l’Islam s’affrontent… ni les uns ni les autres n’ont attendu les hurluberlus du Mossad ou de la CIA… on parle d’histoire longue, donc parlons-en ! … cette affaire n’arrange pas la Russie dans le contexte actuel, et ça se comprend très bien. La Russie n’a pas besoin d’une ranimation de la guerre dans le Caucase en ce moment. Mais ça c’est le problème de la Russie, pas le problème de l’Islam. Au moment de l’attaque, toute aussi inopinée en Israël, certains ont réussi à nous expliquer que c’était “en même temps” une opération secrète du Mossad et un acte de la résistance palestinienne… faudrait savoir ! Le fait de refuser à l’Islam une autonomie dans l’Histoire est une fausse marque de respect : le véritable respect de l’autre consiste a minima à lui reconnaître une autonomie dans l’Histoire. Et, dans l’Histoire qui n’est pas terminée, l’Islam (toutes obédiences confondues) est engagé dans un projet de domination mondiale par le prosélytisme et la conquête depuis 1400 ans. Cette attaque met à mal les tiersmondistes qui croient à une “convergence des lutte” (à gauche) ou a une “alliance des conservatismes” (à droite). Elle met aussi à mal la Russie au beau milieu d’une guerre face à l’OTAN. Je comprends donc parfaitement que le pouvoir russe minimise les faits, c’est totalement logique de leur part. Par contre, j’ai plus de mal avec les tiersmondistes (de gauche ou de droite) qui refusent de voir les choses en face. Le fait que l’Islam, dans sa lutte pour la domination mondiale, passe des alliances ponctuelles avec tel ou tel ne change rien sur le fond. L’Islam aussi est dans la realpolitik. … Franchement, il n’y a que des naïfs qui ont pu être surpris d’une reprise des hostilités entre l’Islam ottoman/caucasien/centre-asiatique et la Sainte Russie… c’est simplement une donnée de l’Histoire classique.

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    • Les russes ont été musulmans avant d’être chrétiens… vers l’an 728, bassin de la Volga, avant Charlemagne…
      youtube%2Ecom/watch?v=Qj5hd8O_yR8
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      D’ailleurs “on te fout une baffe tends ton cul” est une religion pas terrible pour un empire…

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      • @ le sith vert : sauf qu’à cette époque le bassin de la Volga, surtout l’aval islamisé dont vous parlez, n’était pas la Russie qui a ses racines à Kiev puis Moscou… C’est bien le christianisme helleno-romain qui a permis à la Russie (“Moscou, la Troisième Rome”) d’être un grand pays civilisé capable de concurrencer les Etats-Unis et le COMECON bruxellois réunis, et non un vulgaire Khanat du punks-à-chiens tiermondistes… Mais, ce que vous dites confirme précisément ce que je dis : cela bien fait plus d’un millénaire que la Russie affronte en effet l’Islam (CQFD). La Russie helleno-chrétienne a soumis les terres islamiques au nord du Pont-Euxin, du Caucase et de la Caspienne… elle ne les a qu’en partie russifiées… si bien que ces Musulmans fédérés de ces régions, sont “à la Russie” et non pas “Russes” (ce que confirme d’ailleurs le code de la nationalité russe, qui distingue la nationalité de la citoyenneté). Les Sénégalais ou les Marocains de l’Empire français étaient d’excellents tirailleurs, ils ont servi la France avec honneur et fidélité, mais ils n’étaient pas Français. Voilà tout…

        Votre perception de la chrétienté exprime votre méconnaissance de cette religion… c’est plutôt le socialo-tiersmondisme qui consiste à allumer des bougies et bouffer du padamalgam quand il se fait trucider par la religion de la paix… l’Eglise reconnait la guerre juste (bellum justum) depuis l’Antiquité et les Pères (puis définitivement formalisé en droit canon par Saint Thomas d’Aquin au Moyen-Age)… l’amour de l’ennemi (d’ailleurs “inimicos” et non “hostis”, c’est-à-dire l’ennemi privé et non l’ennemi public) ne vous commande pas de “donner aux chiens ce qui est sacré”… il consiste à ne pas déshumaniser son adversaire, et, dans le royaume des cieux, à l’aimer… “La lettre tue mais l’esprit vivifie” (Saint Paul), ou comment passer de l’orthopraxie orientale à l’orthodoxie occidentale, et éviter de sortir une idée de son contexte. “Nous avons été créés de façon si admirable qu’en nous la raison doit gouverner l’âme, et l’âme à son tour posséder le corps. Mais l’âme se voit évincée de son droit à gouverner le corps, si elle-même cesse la première de demeurer sous le domaine de la raison” (Pastoral de Saint Grégoire le Grand – VIème siècle). “Logikê latreia” dit l’Eglise, une adoration sous la lumière de la raison grecque. La Foi catholique ne consiste pas à extraire des phrases de la Bible, mais au Crédo ; elle puise ses sources dans la Tradition, l’Ecriture et le Magistère de l’Eglise. Il est donc totalement vain de faire de l’orientalisme, en picorant des phrases hors-contexte dans l’Ecriture. La Foi byzantine puise aussi à la Tradition et à l’Ecriture, et je suppose auprès de son Patriarche.

        Petite question : comment se fait-il qu’ayant la religion la plus “débile” (selon tous les tiersmondistes), l’Occident soit la civilisation la plus brillante de l’histoire du monde ? C’est pas un peu paradoxal ?

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        • Il y a le marchand et le héros, le juif calviniste dans son échoppe et le mongol sous le ciel étoilé, bobo US obèse derrière son PC télécommandant le drone, canette de Coca à la main, et taliban en scandales, sans gilet pare-balle.
          L’un accumule la civilisation et l’Argent car il est l’heureux pauvre d’esprit, tandis que Zardoz éjacule sur le monde car il est riche de légendes. Hiver démographique du branleur doré qui sauve son âme devenue branlette, et surponte du djihadiste primitif qui meurt pour son Histoire.
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          Il n’ y a pas d’ennemi puisque tout le monde il est moi justement, l’âme de l’individu chrétien n’est pas le Geist de la tribu. Toute le monde il est français donc personne.
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          Entre la raison qui gouverne le bobo des Lumières et le résultat pratique il y a l’expérience humaine, entre Logos et Praxis, Mythos; entre la disputatio et le réel il y a la terreur de 93, Staline et le gland remplacement par ex. La raison chrétienne n’est pas la raison grecque, les valeurs chrétiennes devenues folles ne sont pas le rire des dieux se moquant de l’hybris d’Icare.
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          ” Quand on veut analyser un phénomène, il faut tout d’abord l’isoler. En isolant celui-ci, nous voyons à quel point la douceâtrerie humanitaire est contiguë au sectarisme sanglant. J’en conclus qu’il faut éviter cette douceâtrerie, et que le meilleur moyen d’éviter 1793 sera toujours de s’opposer à 1789. »
          Maurras
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          «Tous les mystères dans lesquels s’égare une mythologie en mal de mysticisme trouvent leur solution rationnelle dans la praxis rituelle et dans l’intelligence de cette praxis» Marx
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          La riche Troie impériale d’Hector, plein de mercenaires otaniens et de raison, était plus brillante que le ramassis de petits seigneurs pirates d’Achille, juste plein de vergogne holiste et de rêves. Et le chinois que le mongol, Persépolis que le berger macédonien, Rome qu’Alaric etc. La Nature ne sélectionne pas la fourmilière la plus brillante mais la plus jeune d’esprit. Et le mercenaire suréquipé afghan du bourgeois, à l’image de son client, se barre en boboeing face à l’hoplite punk-à-chien d’Allah.
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          Le chrétien a initié le bien individuel, son âme (devenue son corps avec bobo son avorté), contre le bien commun, le Geist, la vie de la horde de punks à chiens. Tant que le roi chrétien était au dessus du pape ça passait, maintenant le roi est mort et sa nation avec, le pape marchand est chrétiennement cosmopolite.
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          Les gospels débiles des sectes chrétiennes auto-proclamées de l’ancienne US ont été la plus puissante et technicienne armée occidentale. Du mépris d’ailleurs pour la vieille Europe, dont les nations brillantes civilisées ont été toutes battues par les cowboys acculturés, Angleterre, Espagne, Hollande, France, Allemagne… Mais le Geist des grecs libres du nouveau monde disparaît avec son credo américain, la guerre civile larvée des wokes si pieux chrétiens contre le KKK si tribal. L’esprit pirate demeure encore.
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          « Les Arabes sont des nomades, fidèles aux traditions de leurs ancêtres, et restent en dehors de toute évolution et hostiles à la civilisation » Marx
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          Le russien musulman est djadidiste (à pas confondre avec djihadiste), aussi il cache de la vodka dans son Coran en allant à la mosquée du Tsar.
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          La horde d’or russe de Kadirov prend Mariupol la grecque en beuglant “Allah akbar” sur Tik-Tok chinois, sous les applaudissements de la mémé communiste athée. Ainsi Darius Poutine peut concentrer toutes ses armées vassales en seul point des marches de l’empire. KGB futuriste et caméras chinoises IA l’imperium, avec sacerdotium du réchauffé archaïque: la grandeur de la Russie et la Tradition. C’est encore dans les vieilles marmites mongoles qu’on s’essaie aux soupes archéo-futuristes.
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          Le Grand Khan veut vendre au Tsar 100000 utérus artificiels pour repeupler la taïga de clones blonds enfants hoplites.
          Cyril du KGB va faire une réforme orthodoxe (on n’est pas dans l’orthopraxis, comme pour le Pape et ses mariages de prêtres).
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          “C’est des profondeurs d’instincts vitaux authentiques, non d’un raisonnement ni d’une autre évaluation de l’opportunité que surgissent le grand enthousiasme, la grande décision morale et le grand mythe. C’est par une intuition immédiate qu’une foule enthousiaste crée l’image mythique que draine son énergie et qui lui donne autant la force pour le martyre que le courage pour employer la violence. C’est ainsi seulement qu’un peuple ou une classe deviennent les moteurs de l’histoire universelle.” Carl Schmitt
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          “Si Zardoz joue virtuose de la Raison, il n’y a pourtant que le mythe, l’image, qui donne vie à l’action.” Feric Jaggar, Grand Khan des cyborgs immortels de la steppe.

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          • Le sanglot de l’homme blanc fait des ravages. Fantasmer d’être “un sous-développé comme les autres” (rêve commun des bolchos, des bobos et des fachos, tous relativistes, tous anti-helleno-chrétiens)… en vérité, n’être pas capable d’assumer l’élitisme occidental (le glaive des ancêtres est trop lourd à nos mains, alors on préfère nier son existence). Accuser la doctrine chrétienne des impasses de ses propres doctrines. Etudions, au lieu de nous nourrir exclusivement des nihilistes de gauche, de droite et du centre ! Ceux-ci passent leur temps à cracher sur le christianisme en racontant n’importe quoi (“qui veut abattre son chien l’accuse de la rage”). Ce sont des militants de l’absurde et du néant. Plus l’Occident abandonne sa foi chrétienne, plus il s’enfonce dans cette décadence que vous dénoncez.

            Non, le corps du bobo, du bolcho, du facho (les 3 relativismes nihilistes tiermondistes) n’est pas l’âme du chrétien… et c’est bien là une cause de chute, et de décadence. C’est pour cela qu’on se retrouve parfois en infériorité face à des tribus exotiques, qui, comme vous le dites, cultivent au moins un semblant d’esprit. Ce n’est donc pas le christianisme le problème, mais son absence.

            Les Mongols ont adopté la civilisation chinoise, les Germains ont adopté la civilisation romaine, et les Arabes ont adopté la civilisation judaïque sous une forme mondialiste. Ce n’est pas la jeunesse mais la vérité qui fait l’Histoire, en dernier recours. Le Geist de la tribu a créé la hutte du punk-à-chien zadiste, et l’âme du chrétien a édifié le monde moderne en touchant la vérité. Le problème actuel de l’Occident n’est pas la science mais la conscience.

            Le Logos n’est pas “notre chose”, une vérité parmi d’autres, une civilisation parmi d’autres… elle est la chose, la vérité, la civilisation… Il nous transcende par sa vérité, et par rien d’autre… la vérité n’est pas au service de notre groupe, mais notre groupe est au service de la vérité. L’Occident fut rayonnant quand il servait la vérité. Quitter la vérité pour le relativisme, c’est quitter la proie pour l’ombre. C’est en revenant à la vérité que l’on reviendra à la vie. D’ailleurs, cette vie, au moment où elle quitte le Couchant, se répand dans le monde entier plus que jamais, conscience nouvelle et un jour certainement irrésistible ; elle y sème les ferments de ce sera la moisson future.

            “En outre, comme j’ai essayé de le montrer, la raison scientifique, avec son élément platonicien, porte en elle-même une question qui tend au-delà d’elle et des possibilités de sa méthode. Elle doit tout simplement accepter comme un donné la structure rationnelle de la matière, tout comme la correspondance entre notre esprit et les structures rationnelles qui règnent dans la nature, un donné sur lequel est fondé sa méthode. Mais la question ‘pourquoi il en est ainsi’ demeure, et doit être transmise par les sciences de la nature à d’autres niveaux et à d’autres manières de penser – à la philosophie et à la théologie.” (Benoît XVI)

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          • il n’y a pas de “frontière” entre la raison et la réalité, sans quoi ce n’est pas la raison… Par ailleurs, “tout le monde” n’est pas Français : Français c’est être roman gallican (notre civilisation dans son caractère national). Le “tout le monde c’est personne” n’est que l’expression du vide des relativismes, qui conduit justement à ce nihilisme que nous connaissons tous. Le fait que les historiens relativistes (de tous bords) soient, en effet, incapables de définir le Français ne prouve pas que le Français soit indéfinissable, mais simplement leur incompétence et le faux de leurs prétendues doctrines.

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            • Bah… vous n’êtes pas un vrai théologien chrétien comme le Pape… plutôt un shaman superstitieux.
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              « Vous qui séparez la raison et la religion, sachez que vous détruisez l’une et l’autre. La religion est la santé de la raison ; la raison est la force de la religion. La religion sans la raison devient de la superstition. La raison sans la religion devient de l’incrédulité » Antoine Blanc de Saint-Bonnet
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              A la question du Pape la réponse est “sélection naturelle”. Un animal qui verrait de travers la logique physique du monde ne survivrait pas. Mais alors aussi “l’homme n’étudie que son entendement”.
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              Tjrs penser à la différence entre expliquer et connaître. Comme Newton disait, la gravité pourrait s’appeler “un ange qui pousse” (un truc du genre), juste un nom sur une loi des aires et sur la chute des corps mais qui ne dit rien du “par quoi, comment réellement”, personne n’a jamais vu une gravité.
              D’ailleurs ces forces à distance miraculeuses énervaient des scientifiques juifs comme Hertz (lois élastiques du contact) où Einstein (espace-tps), pas de miracle ds la judaïsme… Comme Spinoza refusait les miracles. Bref gravité juste une loi mathématique car l’entendement de l’homme est mathématique. Le perroquet s’arrêter lui de compter à 12 car aucun perroquet dans la Nature n’a jamais eu plus de 12 cacahuètes à la fois, donc l’entendement jusqu’à 12, suffisant, a été sélectionné par la déesse Gaïa.
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              Alors comme Kant, le Pape limite le pouvoir de la Raison (comme Blanc de Saint Bonnet aussi et autres témoins du début de la chute finale dans le nihilisme). Classique. Heureusement arrivèrent Hegel et son fils Marx pour donner à la Raison tout pouvoir, et permettre ainsi d’empiler les crânes des bobo dans l’erreur scientifique, à la khmer rouge. Le vrai Occident. Prométhée. Mongol dorénavant.
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              Oui, l’Esprit du Monde parti de Chine, passé par Persépolis, Babylone, la Grèce, Rome, pour finir au Boobaland en a marre des wokes, Sissy des Caraïbes, et autres glands remplacés débiles et repart en Chine en passant par la Russie.
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              La conscience de sa décadence est le premier pas vers le coté obscur. C’est pour ça qu’il faut expliciter sa chiurité à la chiure finale d’Occident. Ensuite il faudrait qu’un haut-parleur advienne, mais ds le décadence libidineuse et le gland remplacement peu de chance… D’où l’allégeance au Grand Khan mongol.
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              «L’homme blanc va disparaître […] il y a une augmentation de la population ‘française’ et une baisse du taux de fécondité [cherchez l’erreur…] les civilisations quand elle sont fortes, elles sont brutales [nous on est soumis…]» Michel Onfray fait son Thilo Sarrazin (livre L’Allemagne disparaît)
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              Viva la muerte !

              Répondre
  • “Al-Nosra fait du bon boulot !”

    a dit un célèbre bourge, un pseudo-juif mais vrai négrier boobalandais glands remplaciste de la souchiennerie, houri des barbus et ami des p’tits juifs du 93. Nixon avait raison quand il disait que les seuls vrais juifs étaient en Israël.

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    • Les juifs n ont jamais foutu les pieds en Israel, ceci est une legende urbaine developpe par l empire britanique apres la premiere guerre mondiale… Point barre.

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