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La géopolitique des armements en Ukraine crée-t-elle une menace pour la sécurité intérieure en France ?

L’expression de « géopolitique des armements » s’applique généralement à des choix d’équipement étatiques, susceptibles de générer des modifications politiques en termes de puissance et de souveraineté, via des transferts et des marchés, en agissant sur l’économie.[1] On ne retient qu’un exemple d’arme légère ayant une telle empreinte sociale qu’elle a permis une action sur le fonctionnement des Etats, via révolutions, terrorismes et criminalité interétatique, c’est la large généralisation bon marché de l’automatisme individualisé,  par la diffusion de la famille Kalashnikov.

Le conflit en Ukraine a-t-il le potentiel de générer une menace de cet ordre pour l’Europe occidentale ? C’est une question soulevée par experts et médias, à la suite du « coulage » observé sur de nombreux armements transférés à l’Ukraine par l’Occident collectif pour prolonger le conflit contre la Russie, et permettre des profits économiques plus ou moins dissimulés.

Le sujet prend son sens dans le cadre d’une Union européenne qui connait des difficultés, notamment la France, car la simple présence d’armes ne peut à elle seule créer de situation de crise, comme en témoignent les années 1880 à 1939 dans notre pays[2]. En revanche, il est démontré que l’injection massive d’armes dans une société fragilisée est susceptible d’amplifier et de lourdement aggraver des situations déjà mal maitrisées[3].

L’afflux d’armes issues de l’Ukraine peut-il amplifier la menace terroriste ?

Le terrorisme est un moyen, un mode opératoire au service d’un objectif, et non une fin en soi.

Il s’emploie généralement dans le cadre des guerres révolutionnaires et/ou de la subversion (or, la subversion peut ne pas avoir une dimension politique, v.infra). Des Etats peuvent donc naître du terrorisme, comme La Révolution Française, la Révolution Russe, l’Ukraine, l’ont démontré[4].

Les facteurs de succès de la subversion armée et leur analyse pour la France de 2023

L’étude historique distingue des facteurs nécessaires pour le succès d’une stratégie révolutionnaire terroriste :

  • Une volonté politique définissant un but
  • Une masse de manœuvre minimale
  • Une adhésion au moins partielle d’un segment de la population (cause, credo, foi…)
  • L’existence d’un sanctuaire
  • Une assistance extérieure
  • Une organisation efficace au service de la stratégie
  • L’action directe doit donc être accompagnée de la construction d’une OPA (organisation politico- administrative), démontrant la possibilité de fonctionner socialement en parallèle du système en place, dont la destruction est l’objectif.

Sur ces bases, dans la France de 2023, l’afflux d’armes militaires peut-il réellement modifier le risque terroriste existant ?

  • On peut anticiper un emploi mesuré par le terrorisme islamique[5] au travers d’actions ponctuelles, contre des avions, des lieux symboliques ou les populations[6] ; mais il semble qu’il serait contre-productif dans le moyen long terme de multiplier ces actions. La « gestion de la barbarie » théorisée depuis deux décennies s’inscrit dans une vision historique bien plus enracinée, de conquête islamique. Dans ce schéma, les actions extrêmes sont des leviers déclencheurs ou démultiplicateurs, qui ne sont efficaces que lorsque certaines conditions sont réunies dans l’Etat-cible ; cela ne semble pas le cas en France actuellement. Les parties les plus extrémistes des islamistes procéderont sûrement à des frappes terroristes, aux effets majorés par les armements venus d’Ukraine. Mais une tendance générale reste improbable, dans le cadre de la stratégie de submersion de l’Europe. Outre les rivalités internes et la recherche d’un leadership sur tous les groupes islamistes, L’EI avait besoin de la terreur comme élément de bascule et de contrôle des populations, et devait démontrer l’impuissance de l’Etat. Le temps n’en est pas encore venu en France. En revanche, la constitution de stocks permettant de nourrir une guerre civile est envisageable, car les structures existent dans les cités et les réseaux criminels disposent de points de connexion avec les terroristes.
  • L’extrémisme de droite est par essence peu favorable aux actions contre l’Etat, du moins pour les partisans de la Tradition. Les tenants d’options plus révolutionnaires issus de philosophie des années 1930 sont néanmoins davantage disposés à la révolte, notamment parmi les couches plus jeunes. D’autant que dans la France contemporaine, sur fond de pessimisme teinté de nihilisme, elles ne sont plus bridées par la diabolisation. Les jeunes ne subissent pas non plus l’effet lénifiant du conformisme et de la recherche du confort propres aux vieilles générations. Et justement, depuis les deux mandats Macron, et par suite d’un sentiment croissant de dépossession de l’appareil d’Etat et du corps social en France, il y a un rejet d’un système perçu comme un outil de répression et de soumission de la population, de ce fait délégitimé[7]. On ne peut donc exclure un emploi des armements devenus disponibles dans des opérations anti-forces ou anti-pouvoir. Le stockage en vue de préparer la guerre civile est également crédible, mais sans influence directe à court-terme. La sociologie et la démographie françaises laissent toutefois penser que ce niveau capacitaire sera vraisemblablement inférieur, ou au pire égal, à celui de l’OAS dans les années 60. Il est donc assez peu probable que l’emploi des armes puisse devenir général et dépasser le cadre de barouds ponctuels, à l’instar des actions islamistes, mais pour des causes symétriquement opposées.
  • L’extrême gauche a une violence historiquement plus ancrée et idéologiquement mieux établie. Elle dispose également d’atouts, un capital de sympathie dans une partie de la population, se traduisant par une façade politique assez largement reconnue, une complaisance médiatique et culturelle encore très bien établie, et la tolérance politique correspondant, qui inhibe l’action policière. Les tenants de l’action directe sont assez nombreux et se recrutent à la fois dans les élites et les classes défavorisées de la population. Il paraît vraisemblable que des armements seront collectés et plutôt stockés, dans la perspective d’un emploi lorsque la situation sociale aura suffisamment mûri.  On ne peut exclure des hits ponctuels à l’aide de ces moyens, à l’image de ceux des Brigade Rouges, de la Fraction Armée Rouge, voire d’action Directe, mais un emploi massif parait subordonné à la perspective d’un « grand soir ». Dans ce cadre, encore hypothétique, des lance-missiles portatifs capables de détruire un char de bataille de 50 tonnes ne feraient qu’une bouchée des moyens des Forces de l’ordre (FDO). Ni les anciens fourgons de la BRINKS recyclés par la BRI, ni les PVP de la FIPN et des BRI, ni le Titus prêté au RAID, même pas les blindés Centaures qui vont remplacer les vénérables VBRG, n’auraient une chance. Il en irait de même des hélicoptères face à des MANPADS. L’injection de ces armements militaires aurait pour effet le plus nocif de réduire, voire neutraliser, le différentiel technologique existant en faveur des forces officielles. L’emploi des armes s’inscrit cependant dans un cadre global mature, et ne serait qu’un instrument d’une stratégie politique. Leur efficacité finale serait déterminée par la capacité d’organiser la sécession et de disposer d’une base numériquement suffisante. En l’état, on peut estimer le potentiel subversif de l’extrême gauche comme étant comparable à ce qu’il était dans les années 70[8] (l’opposition n’est pas plus forte au XXIème siècle, c’est la société qui est plus faible) grâce aux nouvelles générations contestataires.
  •  Le National-socialisme est une idéologie[9] des années Trente du siècle précédent, avec des racines au XIXème siècle, qui avait développé un important corpus moral, culturel, politique, juridique et économique. Condamné éthiquement et politiquement par l’assassinat de millions d’êtres humains et un système interne oppressif, ses bases historiques, scientifiques et sociales sont obsolètes et appartiennent au passé. Le Néo-nazisme[10] en Europe occidentale est une construction hétérogène bâtie sur des frustrations sociales plus ou moins justifiées, le culte de la force brute, un certain romantisme, notamment de forme, qui n’en font pas une idéologie mais plutôt un ensemble comportemental. En Ukraine en revanche, il s’agit d’un mouvement apparenté à une idéologie inégalitaire et antidémocratique appuyée par des lois raciales et reposant sur un ultranationalisme violent nourri par la nostalgie du Reich et la haine de la Russie. En ce sens, bien que les volontaires étrangers n’aient pas brillé par leur valeur militaire, et même si les enseignements d’une guerre de haute intensité sont peu transposables dans la subversion, on ne peut pas exclure que les retours d’Ukraine de certains volontaires posent les mêmes problèmes que celui des returnees revenant du Jihad.

Sous réserve, évidemment, il semble que l’arrivée d’armes en provenance d’Ukraine ne devrait pas immédiatement et radicalement modifier les comportements des acteurs identifiés dans le cadre du terrorisme en France. En revanche, des actions terroristes amplifiées sont prévisibles aux marges.

Les critères de réussite de la lutte anti-subversive

S’il existe des facteurs nécessaires au succès de la révolution, il y a aussi des conditions nécessaires à la victoire de la réaction antisubversive :

  • La volonté politique ; elle est indispensable pour fixer un but de guerre et déterminer les actions technico-opératives requises. Elle permet aussi de faire face aux pressions diplomatiques et médiatiques extérieures.[11]
  • Une masse critique démographique. Sans cela, même les appareils répressifs les plus efficients ne peuvent réussir.[12]
  • Une capacité économico-financière. Une souveraineté économique minimale est nécessaire pour soutenir l’effort de lutte et assurer le fonctionnement de la société, malgré les attaques.[13]
  • Une résilience de la population. Celle-ci peut notamment découler d’un fond historico-culturel partagé, d’une homogénéité ethnique, d’une adhésion majoritaire à une religion ou à une forme politique et institutionnelle.[14]

Ces critères impératifs peuvent s’accompagner de facteurs additionnels :

  • Soutien(s) extérieur(s) par un ou des Etats, directs dans le cadre d’alliances, ou indirects lorsque l’opposition fait l’objet d’une hostilité idéologique, ethnique ou politique, de la part d’Etats tiers.
  • Oppositions internes aux forces de subversion, spontanées ou provoquées.
  • Actions technico-opérationnelles efficaces. Législation d’exception, choix d’options extra-judiciaires, implication et coordination de tout l’appareil d’Etat incluant les moyens militaires et spéciaux, action de mobilisation/information/conditionnement et de contrôle du corps social, politique de séduction/contrainte et infiltration de l’OPA subversive.

Toutes ces décisions technico-opérationnelles sont comparables à des décisions tactiques, elles peuvent être extrêmement efficaces mais déboucher sur un échec.[15] S’il est une erreur commune de considérer le terrorisme en soi et non comme un outil, il est tout aussi fréquent et fautif de se concentrer sur les actions de répression. Un focus technique et juridique ne permet pas de répondre aux leviers actionnés en profondeur de la société par la subversion.

Le surarmement de la criminalité peut -il devenir une menace pour la société française ?

La subversion et l’outil du terrorisme peuvent ne pas répondre à un motif idéologique ou politique, mais tout simplement s’inscrire dans une stratégie criminelle, à finalité de profits.

Dans ce cadre, les éléments énumérés supra restent d’application et pertinents.

Dans une perspective large, on constate que des Etats prédateurs existent, et qu’ils ont utilisé la guerre comme moyen de réaliser des profits ; c’est le cas des USA[16]. Le cas de la République populaire de Chine se discute, mais l’entrisme pratiqué[17] s’apparente davantage au régime des traités inégaux que la Chine elle-même subi de la part des Etats européens, entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle. Le recours massif à la guerre, à la révolution et à la déstabilisation des Etats reste une spécialité nord-américaine à l’échelle mondiale.[18]

A une échelle plus réduite, les entreprises criminelles peuvent également recourir à des moyens de guerre et de subversion pour asseoir leur emprise économique sur des territoires.

Bien souvent[19], il y a porosité et alliances plus ou moins durables entre les forces criminelles et les agents révolutionnaires (pour financer, pour bénéficier de réseaux clandestins…). De plus, les troubles politiques sont favorables au développement de la criminalité. Parfois se met en place un système du type « seigneurs de la guerre » qui fusionne ces deux dimensions criminelles et politiques pour s’opposer à l’Etat.[20]

En Europe, le crime organisé, même puissant, agit davantage comme un parasite que comme un rival des Etats. Mais lorsque l’Etat apparaît affaibli ou défaillant, la situation peut évoluer. On peut l’observer en Afrique et en Amérique latine. Cela a été le cas après l’effondrement de l’URSS en 1991 et les efforts vigoureux du Président Poutine ont consisté à reprendre la main pour le contrôle de l’Etat russe, face aux mafias et aux oligarques sur fond d’ingérence occidentale[21]. Il n’a pu y parvenir que grâce au concours des structures de force, en particulier du Renseignement et en application des principes énoncés supra. Les connexions du crime organisé avec l’establishment politique de Washington sont bien documentées, mais prennent d’autres formes, comme au Japon.

Apparition de nouveaux facteurs de subversion criminelle

L’Europe, et la France en particulier, pourraient-elles être menacées par un essor criminel gonflé par des armes militaires venant d’Ukraine ?

En France, jusqu’en 1939[22], il n’y avait aucune prohibition et les particuliers pouvaient acquérir n’importe quelle arme. Il reste un fond dormant, vieillissant, de ce parc ancien, qui consistait surtout en armes individuelles d’auto-défense[23] sans capacité géostratégique.

La France a été relativement peu touchée par les deux grandes « braderies » qu’ont été la chute de la DDR allemande en 1989 et le pillage des arsenaux albanais en 1994. De même, la revente des armes détenues par la République fédérative soviétique d’Ukraine en 1991[24] a alimenté des guerres, sans réellement impacter les rues françaises. Les forces de sécurité publique de notre pays ont eu à gérer plusieurs vagues d’armements. Le parc de la défunte Wehrmacht, les armes issues des parachutages du SOE et celles laissées par les GI ont alimenté la criminalité de l’après-guerre, qui n’avait toutefois aucune vocation à déstabiliser l’Etat.[25] La guerre d’Algérie a naturellement nourri le trafic d’armes pour le FLN, et les détournements des stocks militaires pour l’OAS. Au final, l’effet sur la société est demeuré faible. Les guerres du Liban et de L’Ex-Yougoslavie ont permis au grand banditisme de s’équiper d’armes militaires (armes automatiques, lance-roquettes, explosifs) dont l’emploi est resté ponctuel et rationnel. Mais, de concert avec les conséquences de l’immigration et des troubles naissant dans les banlieues françaises, les armes en provenance des Balkans ont commencé à devenir disponibles. Elles se sont diffusées chez les délinquants non chevronnés, sur fond de règlement de compte et de litiges de deal et ont servi à des attentats terroristes menés par des agents souvent issus de cette même population. Actuellement, les USA ont laissé un formidable arsenal en Afghanistan, mais il n’est pas certain que le nouvel Etat islamique de Kaboul décidera des exportations criminelles massives, d’autant qu’il doit équiper son armée pour faire face à des impératifs locaux.[26] L’Ukraine reste donc le fournisseur le plus probable, d’autant que les routes nécessaires existent déjà et sont placées sous le contrôle d’Etats qui ne témoignent pas forcément de la meilleure fiabilité ; le trafic bénéficie en outre de la complicité des hautes autorités de l’Etat ukrainien et de passe-droits otano-européens.

Le recours aux armes dans une perspective territoriale constitue un enjeu sécuritaire important dans notre pays (v.infra). L’Europe est en effet sillonnée de mafias diverses, qui exercent leur prédation sur les fonds privés et publics. Une menace nouvelle est caractérisée par la conjonction d’une forte immigration, conjointement à la banalisation des armements militaires. Les organisations criminelles transfrontières exploitent ces flux, de même que le trafic de drogue et celui des êtres humains. La nouveauté tient à la possible importation de « cultures professionnelles » allogènes. L’imprégnation profonde et durable d’un fonds européen en crise (sociale, démographique, économique, morale et donc politique) par ces modèles extérieurs permet de craindre un transfert sur notre sol de paradigmes criminels élaborés dans des Etats faillis et jusque lors intransposables. Généralement mal estimée, voire négligée, l’Afrique est un géant du crime international, ce qui pose évidemment problème pour les Etats ouverts aux flux migratoires qui en sont issus. Dans le rapport (2021) de la Global Initiative Against Transnational Organized Crime sur l’état du crime organisé dans le monde, sur un score de 1 (meilleure situation) à 10 (pire situation), l’Afrique affiche 5,17, derrière l’Asie (5,30, mais devant les Amériques (5,06), l’Europe (4,48) et l’Océanie (3,07)[27]. En termes de résilience, c’est le continent le plus vulnérable (3,80 pour une moyenne mondiale de 4,82), à cause de mécanismes et cadres institutionnels défaillants. Selon l’ONUDC[28], depuis 2006, le marché mondial de la cocaïne a été bouleversé. La consommation de cocaïne des Etats-Unis d’Amérique a chuté très brutalement alors que celle de l’Europe a doublé. Pour contrer les efforts des services européens, les trafiquants latino-américains ont créé une zone de transit en Afrique de l’Ouest[29]. Alors que le profit de la cocaïne commence à fléchir, l’Afrique est capable de fournir de la méthamphétamine.

Les entreprises criminelles africaines sont présentes à Atlanta, Baltimore, Chicago, Dallas, Houston, Milwaukee, Newark, New York et Washington, D.C. Les « cultes » nigérians disposent d’un réseau de 80 pays[30] et sont très actifs en Italie et en France (trafic d’êtres humains, prostitution, drogue, cybercriminalité, délinquance financière).

Mais l’Afrique n’est pas la seule source criminelle. Plus de 5 000 “groupes criminels organisés” quadrillent l’Europe selon Europol. Mafias italiennes, russes ou chinoises côtoient bikers scandinaves[31], trafiquants de drogue espagnols, blanchisseurs allemands et mafias balkaniques.

C’est du côté des Balkans qu’un modèle criminel inquiétant a été élaboré, profitant de la guerre, puis de la faiblesse des nouveaux Etats. L’Albanie est une plaque tournante du trafic d’héroïne et un lieu de production de cannabis et de drogues de synthèse. Les réseaux albanais dans toute l’Europe gèrent aussi d’autres activités criminelles (70% de l’industrie du sexe au Royaume-Uni). Les organisations criminelles transcendent les clivages politiques, ethniques et historiques, et on peut voir des groupes Serbes et Monténégrins collaborer avec des Albanais ou des Bulgares. Et même des Ukrainiens avec des Russes. La corruption permet au crime organisé de gangréner les Etats. La collusion permet de confondre autorités politiques et criminelles et de subordonner l’appareil d’Etat[32] en obérant les efforts de lutte contre le crime. Cette mafia albanaise est associée à la Ndrangheta, la Camorra, la Mafia turque et la mafia corse. Elle s’oppose à la Cosa Nostra, aux Jamaïcains, à la Mara Salvatrucha (MS13), aux mafieux mexicains du Cartel de Juárez.

La question est donc de savoir si les associations transnationales criminelles qui prolifèrent en Europe ont désormais les moyens d’imposer le modèle développé au sein d’Etats faillis ou affaiblis, comme en Afrique, en Amérique latine et Centrale, et dans les Balkans, notamment en instaurant une subversion armée.

Evaluation du niveau de résilience et de la capacité de résistance étatique en France

La conjonction d’une tradition étatique forte et ancienne et d’une grande capacité d’amortissement social, ont longtemps exclu l’évolution évoquée supra, en France. L’homogénéité ethnique et culturelle, la construction ancienne d’un appareil répressif efficace, un modèle politique stabilisé depuis plus d’un siècle, et l’absence de tradition de mouvements criminels organisés[33], étaient des facteurs de résilience du pays. Cela est-il encore vrai actuellement ? comment se définit la menace ? et quelles sont les capacités de réponse ?

La fameuse « archipelisation » de la France crée un évident affaiblissement, d’autant que l’injection de personnes allogènes se poursuit, et que celles-ci semblent de moins en moins enclines à renoncer à leurs modèles socio-culturels et religieux, qu’ils recréent autant que possible sur le sol français. Cela s’oppose naturellement aux efforts de conversion des institutions, éducation nationale en tête. La crise économique affecte non seulement la capacité à intégrer par le travail, mais réduit aussi le « coussin social » qui étouffe actuellement les revendications violentes. Le malaise idéologique et existentiel interdit de séduire et convaincre les nouvelles populations, autant que de mobiliser et raffermir les anciennes. D’autant que les valeurs et paradigmes proposés ne suscitent qu’un faible écho, voire un véritable rejet- chez la plupart des nouveaux citoyens, allogènes comme indigènes.

Ces évidences sociologiques témoignent d’un évident affaiblissement de l’Etat, mais ne seront des critères effectifs d’échec que confrontés à une subversion suffisamment puissante. Actuellement malgré des indices de fissuration sociale, cela n’est pas le cas. La crainte vient donc de l’importation d’un modèle jusque lors inconnu, permettant à des organismes criminels de neutraliser le monopole et la prérogative de puissance publique d’emploi de la force. La simple disponibilité d’armes n’y suffit pas. Il faut que cela s’accompagne de l’acceptation d’un nouveau cadre de pensée qui affecte les superstructures des institutions autant que les fondements intellectuels de la société. Cela est généralement possible lorsque les formes légales ne répondent plus aux attentes de la population qui les a investies de mandats et de pouvoirs particuliers, soit par raréfaction de la ressource économique, soit par décrédibilisation complète des formes politiques officielles. Ainsi, lors de l’agression de la Serbie par l’OTAN en 1999, la population serbe du Kosovo disposait largement d’armes individuelles en accès direct ; la politique de TO territoriale et la volonté d’autodéfense garantissaient que chaque famille ait au moins un fusil Zastava M70 à domicile. Pourtant, après le retrait de l’armée, de la MUP et de la police serbe, les habitants Serbes ne purent se défendre contre les rétorsions et les exactions de l’UCK et des Albanais du Kosovo. Ils furent rapidement réduits à se rassembler dans les enclaves sous protection KFOR, ou dans la zone encore majoritairement serbe, au Nord. La seule possession d’une arme n’est donc pas en soi un facteur décisif et suffisant pour induire des effets sociaux majeurs. Le succès d’une opération de déstabilisation à grande échelle est conditionné aux facteurs énumérés supra.

Dans ce cadre, pourquoi les minorités allogènes ou issues de l’extérieur, qui manifestent une résistance à l’intégration et revendiquent des facteurs de séparatisme n’ont-ils pas basculé dans une opposition armée ? La mise à disposition d’armes de guerre pourrait-elle modifier cette attitude ? Il est probable que les générations successives témoignent d’une acculturation involontaire et partielle mais néanmoins réelle. Selon les théories gramsciste et trotskyste, un pourcentage réduit de la population peut être qualifié d’activistes. La plupart souhaitent généralement vivre tranquillement et rares sont ceux qui demeurent ardents autrement que par des mots, l’âge venant.[34] Les masses sont donc un enjeu, mais seulement après que des minorités ont pu déclencher la bascule. Tant que la vie reste supportable, voire confortable à l’aune de celle subie dans certains pays de départ, le risque demeure relativement mesuré. Cependant la menace reste latente, et l’effet de tribalisation ainsi que l’émergence de revendications géographiques[35] sapent incontestablement l’édifice républicain de la « chose commune ».[36]

En matière d’effets pervers de la banalisation des armes militaires, la difficulté à contrôler les plus jeunes,[37] dans le cadre d’une délinquance prompte à basculer immédiatement dans la criminalité sommitale (assassinat de rivaux), se conjugue à l’adoption du modèle des cartels. En effet, les terroristes « patentés », les criminels « installés », et les idéologues extrémistes devraient mesurer leur recours aux nouveaux armements, dans une perspective rationnelle[38]. Tel risque de n’être pas le cas des criminels les plus jeunes et conquérants. On observe que, bien qu’abondantes, les armes de guerre (l’emblématique Kalashnikov) sont utilisées pour régler les conflits entre criminels, mais très rarement contre les Forces de l’ordre.[39] Celles-ci subissent une intifada quotidienne. Mais, comme celle des Palestiniens, cette révolte a intérêt à conserver un profil limité, afin de ne pas autoriser le déploiement dune force coercitive supérieure. Il est bien plus pertinent de maintenir l’agression des FDO en deçà du seuil des armes à feu, car sinon l’issue ne fait pas de doute. Le harcèlement aux mortiers agricoles, aux feux d’artifices, aux bouteilles incendiaires[40], voire aux armes de chasse, est suffisant pour disputer le terrain et inhiber la présence de l’Etat, sans pour autant permettre une réaction drastique qui serait jugée disproportionnée. Comme en 2005 et en 2007, les émeutes de l’été 2023 confirment que l’emploi d’armes à feu reste restreint à des armes de chasse (pudiquement baptisées du néologisme ridicule « d’armes à grenaille » par la presse), d’armes d’alarme modifiées, de quelques armes de poing et d’un très faible nombre d’AK, surtout exhibées plus qu’utilisées. Néanmoins, il n’est pas du tout inconcevable que, disposant d’armes militaires, une frange des jeunes les utiliserait, par manque de réflexion et désinhibition.

Mais il serait bien plus grave que, sur le modèle latino-américain, les délinquants estiment être capables de challenger les forces de l’Etat pour sanctuariser leurs territoires. Pour l’instant, cette option est écartée, car une trop grande opposition s’avère contre-productive en mobilisant et attirant les forces de sécurité, ce qui trouble le trafic. Il pourrait en aller autrement si un nouvel arsenal supprimait l’actuelle supériorité des forces étatiques et si les têtes brulées se trouvaient en capacité de s’opposer aux « grands frères » régulateurs et têtes des trafics. Les troubles que connait la France après qu’un jeune délinquant routier ait été abattu à Nanterre confirment cette analyse et ce risque. Les émeutiers sont souvent des mineurs de 12 à 17 ans, agissant en prédateurs d’opportunité, peu conscients des différences entre réalité virtuelle et réalité réelle, mais ayant bien compris les avantages de l’impunité. Ils constituent une force de manœuvre capable d’user les forces de sécurité et de mettre le gouvernement devant une aporie : réprimer efficacement au risque de tuer des mineurs (et prêter le flanc aux critiques internes et internationales) ou démontrer une impuissance de plus en plus grande, d’autant que des délinquants d’habitude et asociaux divers se joignent aux émeutiers juvéniles. Les caïds et « grands frères » utilisent cette masse pour pousser leurs avantages stratégiques (en termes de contrôle des quartiers et des populations) et économiques. Malgré des tentatives de l’extrême gauche de récupérer ces mouvements, et bien qu’il existe un élément fédérateur autour de la revendication ethno-religieuses (avec une tendance à s’approprier la violence sur le modèle de Black lives Matter aux USA) et du rejet du modèle français, la sédition n’a pas un caractère structuré dépassant le cadre de la prédation économique et de la violence libertaire débridée. Il en ira probablement différemment d’ici une décennie compte tenu de l’évolution démographique. Machiavel, Marx et Engels ont écrit sur la théorie de la Révolution ; Blanqui, Lénine et Trotski ont défini des critères méthodologiques. Les Nihilistes et Anarchistes ont mis au point des schémas d’organisation et des procédés techniques. Bakounine a suggéré de recruter dans les prisons et Staline a exploité une expérience de criminel de droit commun pour financer les actions politiques. L’examen critique révèle que ces différentes méthodes ne fonctionnent que si l’Etat-cible est vulnérable[41]. Le coup d’Etat s’appuie sur l’infrastructure étatique et opère un déséquilibre de l’Intérieur, le putsch et le pronuciamento nécessitent des conditions spécifiques, actuellement absentes en France. La menace est donc plutôt celle de la révolution / de la guerre civile. C’est le projet des extrêmes idéologiques à Gauche et à Droite. En revanche, il est fort peu probable que les tenants de l’Islamisme adoptent ce modèle et cet objectif qui présente un fort potentiel de contre-productivité. Les agents de la sédition depuis la fin juin 2023, manquent quant à eux de la maturité politique et de la réflexion nécessaires pour aller au-delà de l’émeute. La première guerre mondiale a démontré qu’aucune victoire tactique ne permettait plus de vaincre un Etat industrialisé. Cela a conduit (notamment les Soviétiques) à une réflexion sur l’art opératif et la capacité de mener des actions combinées et enchainées frappant au cœur de l’appareil de production et de décision, afin de vaincre la résilience d’un Etat moderne. Il en va de même en termes de subversion : Les Etats modernes démontrent une très grande capacité de survie et d’absorption des crises. Cela ne signifie cependant aucunement qu’ils soient invulnérables, et des effondrements inattendus ne sont pas rares.[42]

Ainsi, les criminels qui gèrent des structures transnationales, fortement organisées et hiérarchisées paraissent avoir la capacité stratégique et l’expérience requises pour violemment impacter la société française.

Si (ou quand ?) les cartels importent leur modèle en Europe, c’est non seulement l’usage de la violence et des armes, mais un autre paysage mental qui va être transféré dans nos sociétés. L’Etat y est discrédité, car les autorités et les services publics y sont l’objet de détournement et de captation, par corruption ou menace (la subversion). L’assassinat et la torture y sont généralisés comme leviers de contrainte. Parallèlement, une action sociale est menée pour séduire et « acheter » la population afin de constituer des sanctuaires, à l’image de la pratique islamiste, substituée ou complémentaire du terrorisme. En outre, les affrontements entre cartels finissent généralement par s’étendre aux forces étatiques, la police n’étant perçue que comme une faction parmi les autres dans ses efforts pour tenter de contrôler les oppositions. Le cas de Grenoble en 2012 est significatif ; il fut nécessaire de déployer la FIPN pour protéger les policiers « normaux » face à la menace de bandes organisées qui tenaient la ville, avec l’appui de celles des quartiers « sensibles »[43]. C’est la généralisation de telles démarches, aggravée par le recours à des armes modernes qui constitue le risque majeur. Il s’avère que l’Europe fait l’objet d’une démarche de la part des cartels latino-américains. A Rotterdam, le maire de la ville est sous protection policière permanente, en Belgique la famille royale a dû être protégée du risque d’enlèvement. Au Havre, un syndicaliste a été torturé et assassiné, dans les aéroports internationaux des douaniers ont été arrêté pour faits de corruption. Dans tous ces cas, il d’agit d’interventions de narcotrafiquant qui entendent recourir à leurs méthodes traditionnelles sur notre sol. D’autres entités criminelles ne sont pas en reste, on connait ainsi la “Mocro-Maffia” de la cocaïne, d’origine marocaine, basée à Dubaï, et implantée en Belgique et aux Pays-Bas, les ports d’Anvers et de Rotterdam étant les portes de l’Europe[44]. La criminalité à ce niveau prend un caractère géopolitique. Ainsi, l’opposition traditionnelle entre l’Algérie et le Maroc semble devoir être amplifiée par des choix adverses (rapprochement atlantiste de Rabat et attitude pro-russe d’Alger). Les deux pays se disputeront le contrôle de la voie littorale atlantique de l’Afrique, actuellement dominée par le Maroc, mais confrontée à l’épine du POLISARIO soutenu par Alger ; d’autant que dans le Sahara, le départ français du Mali a accru l’influence algérienne. Les cartels de la drogue ont déjà débarqué sur le littoral Ouest-africain et les flux se conjuguent à ceux de la production locale de cannabis au Maroc, vers l’Espagne. Cet axe par Gibraltar est la troisième voie de pénétration (avec le Centre méditerranée vers l’Italie, et la route des Balkans) migratoire, criminelle et terroriste. Curieusement ( ?), les ministères de force français sont dépouillés de leurs outils les plus efficaces : la suppression des prérogatives de l’article 60 du Code des Douanes est concomitante à une réorganisation de la police judiciaire qui placera cette dernière sous la coupe préfectorale, mais lui fera perdre son caractère spécialisé, indispensable pour la lutte contre le crime organisé. Globalement, l’évolution des forces de sécurité intérieure françaises semblent aller dans le mauvais sens[45], en diminuant leur capacité d’action face aux menaces émergentes. Les affaires de corruption qui fleurissent dans le monde politique, qu’il soit français, de l’Union européenne[46] ou des Etats Unis d’Amérique[47], ne sont pas davantage rassurants en matière prospective.

Conclusion

Tenter un exercice de prophétie n’aurait pas de sens ; on peut toutefois proposer trois axes de réflexion crédibles.

  • La revente de nombreuses armes[48] fournies par l’Occident collectif au régime de Kiev crée un risque d’attaques à haut profil médiatique, mais d’ordre ponctuel et limité, tant dans le cadre terroriste qu’en matière criminelle de droit commun.
  • A moyen terme, il existe un risque que ces armements favorisent l’émergence de modèles criminels encore inconnus en Europe. Ceux-ci mettraient en péril les Etats les plus fragilisés économiquement et socialement ; ils amplifieraient le processus de séparatisme autour d’isolats allogènes, alimentés financièrement par le crime, et capables de s’opposer à l’Etat[49], suivant le paradigme des cartels latino-américains ou des mafias balkaniques. Cette évolution accélérerait la bascule de nombreux petits délinquants locaux vers le crime avec emploi mortel des armes, tendance déjà observable.
  • A plus long terme, la constitution d’arsenaux clandestins pourrait mettre à mal la supériorité des forces étatiques en matière de monopole de la force et alimenter une guerre civile.[50]

Ces évolutions ne sont envisageables que si l’Etat dépérit ou se fragilise encore davantage. Il y a un risque plus insidieux : Les clivages de la société française sont déjà nombreux (ethniques, générationnels, économiques, sociaux, culturels, religieux…). Or, la guerre d’Ukraine, en opposant les traditionnalistes qualifiés de « poutinolâtres » ou prorusses, aux tenants des nouvelles idéologies (Wokisme, LGBT, décolonialistes, écologistes punitifs…) généralement pro-Ukraine, crée une fracture supplémentaire. Cette dernière est d’autant plus grave que la non-acceptation de la ligne gouvernementale, qui se confond avec le refus de la Doxa médiatique, est désormais susceptible d’acquérir une dimension d’illégalité, sur un fond de trahison en temps de guerre. Ainsi, sans validation parlementaire ni démocratique, en s’appuyant sur un effort de propagande digne de la Seconde guerre mondiale, une importante partie de la population se trouve sous la menace d’une législation d’exception et d’une répression totalitaire, justifiées par la guerre extérieure[51]. En ce sens, la multiplication des armes entrant sur notre territoire pourra être l’argument justificatif de nombreuses opérations liberticides, selon une procédure plutôt bien rôdée. Ainsi, un risque sécuritaire, pas inexistant mais potentiel, lié à ces armes, créee une menace bien réelle pour les libertés des citoyens.


[1] Les Etats acquéreurs exigent de plus en plus des compensations industrielles, sous formes diverses (offsets), sur fond de guerre économique ; les USA exploitent leur position dominante et le cadre de l’OTAN ainsi que l’emploi d’un Dollar « weaponisé » pour peser sur les choix d’équipement de leurs alliés et clients (au sens latin du mot).

[2] On pourrait aussi évoquer Confédération helvétique et Finlande ou Tchéquie.

[3] C’est le cas en Afrique où les programmes de l’ONU tentent sans succès de lutter contre la prolifération des armes légères.

[4] On pourrait y ajouter tous les Etats nés d’une révolte et d’une scission a-nationale, ce qui est la malédiction d’une Afrique héritée de la Colonisation

[5] Il va sans dire, mais encore mieux en le disant, comme le rappelait Talleyrand que l’on peut avoir des opinions politiques affirmées et une foi religieuse profonde sans cesser d’être un excellent citoyen, respectueux d’autrui et des lois.

[6] On peut légitimement s’inquiéter des conditions de sécurité des JO de 2024 notamment.

[7] Certains évoquent l’entrée de la France dans le cercle des Etats « illibéraux »

[8] Mobilisation massive d’insurgés juvéniles et syndicalistes en 1968, puis persistance d’une subversion encadrée idéologiquement, pratiquant un entrisme Gramsciste toujours efficace 50 ans après et coexistant avec des mouvements terroristes, Rote Armee Fraktion  allemande, Brigate rosse italiennes, Action directe Française, GRAPO espagnols, associés avec une nébuleuse terroriste, OLP, FATAH, FPLP et  IRA, ETA, à l’époque bénéficiant d’un soutien -en réalité limité et régulateur- des pays du pacte de Varsovie.

[9] De gauche, comme le Fascisme italien. L’Europe n’a connu que deux régimes autoritaires de Droite dans la péninsule ibérique, le Portugal de Salazar et l’Espagne de Franco ; l’Etat français vichyssois promouvait une révolution nationale et ses penseurs étaient issus de la gauche des années 30.

[10] A noter que le président Poutine fait toujours référence aux Néo-nazis ukrainiens, et que les objectifs de démilitarisation et de dénazification de la SVO font référence aux objectifs définis lors de la Conférence de Potsdam du 17 juillet au 2 août 1945 « Démilitarisation, Dénazification, suivis de Décartélisation, Décentralisation, Démocratisation » les journalistes francophones ignorent cette filiation historique qui éclaire le discours poutinien.

[11] L’échec français de la lutte contre les mouvements coloniaux, a des explications complexes mais se caractérise notamment par l’absence de cette volonté et de buts de guerre clairs et réalistes

[12] Cas de la Rhodésie

[13] Cas de la République d’Afrique du Sud

[14] Cas de Byzance, qui a permis de survivre un millénaire à la chute de l’empire d’Occident

[15] Cas britannique en Irlande du Nord

[16] Bien sûr, selon la lecture historico idéologique retenue, on peut aussi considérer dans une certaine mesure que c’était aussi le cas des Etats coloniaux et de la politique de mise en place de régimes « amis » par l’URSS.

[17] Il y a davantage de « cibles » chinoises à surveiller en France que d’agents pour toute la DGSI et les RT

[18] De manière symptomatique, un Etat fédéral US sans colonies et qui ne subit pas de risque de séparatisme sur son sol (Puerto Rico et Tribus natives étant des épiphénomènes) a développé un considérable corpus de Counter Insurrection (COIN)

[19] Pour ne pas dire toujours. Les exceptions sont d’ordre idéologique lorsqu’il s’agit de se concilier une population ou si un soutien extérieur très puissant permet de s’exonérer du besoin d’alliances internes contre le pouvoir en place.

[20] Cela a été le cas en Chine avant 1949, c’est le cas en Afrique, cela affecte encore partiellement l’Amérique latine.

[21] Certains considèrent qu’il a imposé sa propre mafia et vont même jusqu’à considérer le conflit en Ukraine comme une guerre de clans.  C’est généraliser des détails et négliger le fond psychologique et idéologique au profit de la seule économie, vision typiquement occidentale et même yankee.

[22] Date de promulgation d’un décret-loi d’exception, évidemment jamais revenu à la normale, jurisprudence administrative constante en matière de réduction des droits (effet « cliquet »)

[23] Dont on a mesuré toutes les limites d’emploi lorsqu’il a fallu armer la Résistance à l’occupant nazi

[24] Seul l’arsenal nucléaire a fait l’objet d’un accord international plaçant sous la tutelle de Moscou comme successeur de la RSFU, les têtes nucléaires ukrainiennes.

[25] La guerre d’Indochine a en outre permis une purge sociale, comme celle de 1914 l’avait fait pour le phénomène des Apaches parisiens

[26] Notamment vis-à-vis du voisin iranien

[27] République démocratique du Congo (RDC)= 7,75 Nigeria= 7,15 et Centrafrique= 7,04

[28] Office des Nations Unies contre la drogue et le crime

[29] Il y avait un terrain favorable depuis les années 70, les Nigérians Igbos passaient de la cocaïne et de l’héroïne depuis les diasporas vivant à proximité des zones de production (Karachi, São Paulo et Bangkok) vers les diasporas des pays consommateurs. Ce rôle de simple escale est devenu beaucoup plus important à partir de 2010.

[30] En relation avec les Yakuzas au Japon, les cartels brésiliens. A Marseille et Palerme s’affrontent Vikings, Eiye et Black Axe, qui combattent aussi les autres réseaux locaux

[31] Ces groupes s’affrontent déjà à coup de lance-roquettes et armes automatiques

[32] Au Kosovo, depuis la fin de la guerre, quinze clans se partagent le pays

[33] La France est la proie de mafias internationales (italiennes, russes, bulgares, roumaines…) mais pas indigènes

[34] Une des politiques de l’Arabie Saoudite pour déradicaliser les éléments lambdas des groupes islamistes consiste à fournir épouse et commerce à l’individu concerné, avec un fort taux de réussite.

[35] Qu’un président français a qualifié de séparation

[36] La Suède est désormais le pays de l’UE qui déplore le plus grand nombre de morts par arme à feu rapporté au nombre d’habitants, du fait des actions criminelles d’une quarantaine de clans d’origine extra-européenne

[37] Un problème, puisque l’immigration concerne de jeunes males à près de 80%

[38] L’attaque de fourgons blindés, de centres forts, même de prisons, comme à Fresnes, à l’aide d’explosifs et de lance-roquettes, entre dans ce cadre

[39] Il y a des exceptions, comme lorsqu’une « nourrice » a utilisé des armes qu’il devait conserver, une AK pour tuer un adjoint au maire qu’il avait pris pour un policier à cause du gyrophare de sa voiture, puis un RPG7, dont la roquette n’a pas eu le temps de s’armer, sur un véhicule du commissariat de Montpellier avant de se faire abattre par le GIPN local.

[40] Largement banalisées malgré le risque létal et leur classement légal qui permettrait l’ouverture du feu en réponse

[41] Malaparte a écrit sur la nécessité de confier le coup d’Etat à des professionnels, dans le cadre d’Etats modernes ; Luttwak a précisé le propos, mais en étudiant les coups contemporains dans des Etats sous-développés. Il distingue le coup d’Etat, de la Révolution, du putsch, de la guerre civile.

[42] En témoignent tous les échecs successifs de « State building » depuis trois décennies.

[43] Le déploiement des forces d’intervention, dont le MO n’est pas le métier, pour rétablir l’ordre public, est un signal inquiétant.

[44] 20 à 25 % des entrées de cocaïne en Europe passeraient par Anvers

[45] Recentrage autour de la préservation des institutions au détriment des populations, décentralisation de la sécurité publique auprès des collectivités locales, atomisation et mise sous tutelle administrative des pôles d’enquêtes, politique à court-terme du Renseignement dont les priorités changent trop rapidement et systématiquement et au détriment de l’analyse, affaiblissement idéologique et politique du modèle policier, complexification juridique, incapacité à maintenir le budget nécessaire aux paies et aux investissements immobiliers et d’équipements. Comme les entités biologiques, les organismes sociaux gèrent la perte en ressources en se recentrant sur la tête et en sacrifiant les extrémités.

[46] Corruption de la vice-présidente du Parlement Européen par le Qatar, interrogations sur les marchés imposés par l’actuelle présidente de la commission européenne, gestion opaque en tant que maire du Chancelier allemand

[47] L’implication de la famille Biden en Ukraine et ses ingérences sont bien documentées

[48] De 25 à 30 % des livraisons, d’après différentes sources, notamment nordaméricaines

[49] De telles zones grises existent au Pakistan ou au Mexique par exemple, et sous forme embryonnaire au Royaume-Uni, en Suède, en Belgique voire en France

[50] Toutefois, les armements les plus avancés technologiquement ne sont pas éternels. Les unités de refroidissement des MANPADS, les unités de commande des ATGM ont une durée de vie finie. En outre les armements livrés à Kiev sont souvent en dépassement de leur péremption théorique.

[51] Ou intérieure, il est vraisemblable que les troubles civils qui agitent les villes françaises serviront de justification à un accroissement du contrôle social, des réseaux sociaux, des rapprochements idéologiques et culturels.

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Olivier CHAMBRIN

5 thoughts on “La géopolitique des armements en Ukraine crée-t-elle une menace pour la sécurité intérieure en France ?

  • C’est profond et innovant comme analyse.
    Et après… on fait un scrabble ?

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    • Bonjour Madame, Monsieur,

      Je vous remercie de votre commentaire, s’il n’est pas ironique (cf celui de CDE).

      J’avoue ne pas comprendre votre question. Une analyse a pour vocation d’informer. Il ne s’agit pas d’un éditorial/billet d’humeur, ni d’une exhortation politique ou d’une proclamation administrative. En démocratie, les adultes responsables et citoyens font ce qu’ils estiment devoir faire. Si vous m’attribuez une forme de responsabilité indirecte en tant qu’auteur de cette étude, sachez que ne suis pas encarté et ne me sens aucun droit, légitimité, ni pour tout dire, aucune envie de donner des conseils ou encore moins des instructions. Poser les sujets, fournir des éléments de réflexion, c’est un premier pas nécessaire (que les médias mainstream ne font plus ; mais on a jamais attendu des journalistes -sauf sous les première et deuxième Républiques, avec des résultats qui laissent dubitatifs- qu’ils prennent en main les décisions concrètes découlant de leurs enquêtes). Les pas suivants sont du ressort de chacun et je n’ai aucun magistère pour tenter de les influencer.

      A titre personnel, je ressens une certaine inquiétude au regard des évolutions que je constate, et surtout de celles que j’anticipe.
      J’en ai aussi à l’encontre du cancer. On fait quoi ? un scrabble?

      Merci d’avoir pris la peine de lire l’article.

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  • 12 pages pour brasser de l’air sur des sujets que le moindre quidam s’intéressant à ceux-ci connaît !

    On sent là le gratte papier qui derrière son bureau entre la photocopieuse et la machine à café connaît tout !

    Mais en le lisant il ne me vient une seule expression : “has been ! ”

    Comme majorité d’officiers, ayant toute leur belle carrière fait la guerre sur les moquette épaisse de la république à faire des brunch et de l’entre-soi !

    Une sorte de Gamelins, en fait !

    Je n’ai même pas lu l’article tellement les premières lignes laissaient envisager ce genre d’analyse !

    Allez, sans rancune !

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    • Je n’ai aucunement à me justifier devant vous, mais si le fond de votre commentaire relève de votre liberté d’opinion (j’allais écrire de votre droit de lecteur, mais puisque vous n’avez pas lu…), sa forme, insultante, m’a déplu. Personnellement si un écrit ne m’intéresse pas, je me contente de ne pas le lire, et justement, vous faites tout un développement sur un texte que vous dites n’avoir pas lu. Cela retire tout intérêt à votre intervention. Je pense au contraire que si la masse des informations compilées a déjà fait l’objet de publications, certains points que j’ai abordé (sans sensationnalisme apocalyptique, ce qui est déjà relativement original sur ce sujet) n’ont pas fait l’objet d’autres analyses comparables. Du moins à ma connaissance, et sans aucunement “tout savoir”, j’en lis beaucoup. Car le “brassage d’air consiste plutôt à brasser beaucoup d’idées et de points de vue, pour les étudier et en tirer des éléments exploitables. 90 % des sources employées pour le Renseignement ne sont pas “secret”. Et vous savez bien que si la collecte opérationnelle est l’aspect le plus dangereux de la boucle, c’est bien l’analyse finale sur les “épaisses moquettes” qui lui confère son intérêt d’exploitation, ou le plus souvent de compréhension globale pour l’aide à la prise de décision. Puisque vous vous lancez dans la psychologie de bazar, je trouve que votre commentaire est empreint de la malveillance aigrie typique de subalternes frustrés ; quant à mes états de service, ils ne vous regardent en rien. Je n’en fais pas état pour légitimer mes études qui restent des exercices intellectuels en source ouverte, proposés à qui veut les lire pour étayer sa propre réflexion. Si vous en connaissez déjà toutes les informations, je ne peux que vous féliciter et vous suggérer de vous lancer dans la rédaction vous-même, je suis toujours intéressé d’apprendre des autres, fussent ils le “moindre quidam”, et je pense que c’est le cas des autres lecteurs également. J’ai déjà perdu beaucoup de temps à vous répondre et la polémique n’ayant aucun intérêt j’y mets un terme définitif.

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  • Bravo Olivier !
    Une fois de plus, tu as mis dans le mille. Dommage que tes articles et analyses ne soient pas publiés en France pour
    ouvrir les yeux à tous ces moutons !!! Mais d’autres Français les lisent tout de même…. Heureusement ….

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